lundi 23 mars 2020

véhicules « allogènes » vandalisés en Bretagne

La piste brandebourgeoise n’est pas privilégiée

Des véhicules ayant été immatriculés hors de Bretagne ont été vandalisés dans les Côtes-d’Armor. Au nombre des dégradations : pneus crevés, carrosseries rayées du sigle de la Ligue de football du Brandebourg (FLB).
On imagine mal des Prussiens munis de casques à pointe s’en prenant à une voiture immatriculée au Luxembourg. Elle avait été prêtée à un médecin de Plougrescant (Ploegresquen), près de de Penvénan. D’autres véhicules immatriculés hors de Bretagne ont été vandalisés en diverses localités de la Côte de Granit proches de la communauté de Lannion-Trégor. Un habitant-résident permanent de Port-Blanc, qui avait acheté une voiture d’occasion en Île-de-France a de même constaté des dégâts.
Il serait insolite qu’un ou des membres d’un club de la Fußball-Landesverband Brandenburg se soi(en)t livrés à de tels actes. D’où l’empressement d’une presse sensationnaliste de les attribuer à des individus se revendiquant du Front de libération de la Bretagne, un mouvement formé dans les années 1960.
Les anciens de ce mouvement n’ont pas daigné démentir cette usurpation ni protester que « nés quelque part », parfois à l’extérieur (soit, comme disent les Alsaciens « à l’intérieur »), ils peuvent acheter leurs véhicules partout en France ou à l’étranger selon leur bon gré.
Serait-ce bien la crainte d’une contagion virale qui a motivé ces agissements que je ne qualifierai pas (mais je le pense très fort) ? Ce n’est pas si évident.
Les Côtes-d’Armor, c’est le département de la Bretagne administrative resté le plus abordable financièrement pour l’immobilier, enfin, au sud, en lisière du Morbihan. Mais les prix ont flambé le long de la Côte d’Émeraude et dans une moindre mesure de la Côte de Granit.
Le gars du coin, qui lorgnait la longère de la tante Yvonne qui n’attendait plus près de l’âtre son matelot de mari péri en mer (« qui voit Cézembre ne passera pas décembre », c’est bien connu), se la vit ravir par un résident secondaire plus fortuné. Coiffé sur le poteau marquant l’entrée de l’étude du notaire.
Ah, nos bons recteurs bas-bretons vont en entendre de belles à confesse. Les privations de procession lors du Grand Pardon vont pleuvoir.Tels celui du Bréno, « plus respecté que le bon saint Tugen qui guérit » (relire le conte Monsieur le recteur, d’Octave Mirbeau, un Calvadosien établi dans le Morbihan), ils vont fustiger les vandales.
Dans Marianne, Natacha Polony (se) pose la question : « Y a-t-il une spécificité française de la connerie ? ». Elle est en tout cas contagieuse, alors même que Plougrescant est distante de plus de 150 km de Fougères et du fol Couesnon. Dans le même numéro, Jacques Julliard s’en prend pêle-mêleaux branquignols, barjots, et autres gugusses. Il relève que « les Français se rendent odieux à l’étranger ». Julliard restant confiné chez lui, à Paris, il ne va pas se rendre odieux en Bretagne. 
En Bretagne, des Bretons le font très bien à domicile. Odieux au pays. Comme d'ailleurs odieux au Larzac ou là où ils migrent à l'occasion. Dans son billet, Jean-François Kahn consigne quelques bonnes blagues de connaissances et conclut par le slogan « La Corona, la meilleure façon de mettre en bière ! ». Si vous trouvez un slogan sur l’abus de chouchen (synonyme : dourvel), ne vous retenez pas. Le saviez-vous ? À Rosporden, il était surnommé le « chasse grippe ». car consommé en grog.
Enfin, faut-il indiquer aux habitants du Trégor que les Franciliens venus se confiner à leurs côtés n’avaient ni l’intention de désencombrer les centres hospitaliers de leur région et encore moins d’encombrer celui de Lannion-Trestel, qui éprouve quelques difficultés à recruter des médecins et du personnel soignant. Et si ce dernier venait à être saturé, empêchera-t-on le débarquement des équipes soignantes « allogènes » venues à la rescousse ou apporter du matériel ? Un surcroît de jugeote sous certaines coiffes, chapeaux ronds et bonnets rouges ne serait pas superflu. Et puis, saboter l’essieu du cabriolet parisien du vicomte de La Villemarqué, le Barz Nizon, ce n’est pas très malin.

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