mardi 7 janvier 2020

Daily Express : après l’Australie, la France en flammes !

Presse anglaise & French bashing, attendez le post-Brexit…

Cela ne date ni d’avant-hier, ni du pénultième siècle (voire d’avant les guerres napoléoniennes ; “Always blame the French” est fort antérieur), la presse anglaise — et non britannique — exagère tout élément campant la France et les Français sous un jour défavorable.
Certes, la France tient le haut du classement de l’index QNI (Quality of Nationality Index), devant l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves et l’Italie (le Royaume-Uni était huitième, et le Soudan du Sud bon dernier, au 157e rang).
Ce classement, établi par un néerlandais et un suisse, vaut ce qu’il vaut… Ce qui est sûr, c’est que pour les Anglais, la France reste un merveilleux pays, mais hélas peuplé de Français.
Comme l’exprimait le duc de Wellington, « j’espère que nous seront toujours détestés en France ». Ainsi que le résumait plus récemment Antony Lane dans le New Yorker, l’amour des Anglais pour la France peut ainsi se résumer : “take away the people and leave the buildings standing”.
Ou, comme le professa Robert Morley, la France est un pays que les Anglais considèrent immérités pour les Français (“a country which we have always thought to be much too good for them”).
Bref, les variantes des propos de l’historien oxfordien Richard Cobb (“Wonderful country France… pity about the French”) abondent.
En fait, lecteur souvent assidu de la presse anglaise (et écossaise ou irlandaise à diverses occasions), cela fait des années que je me délecte des exagérations de ses titres « populaires » (The Sun, The Daily Star, quelques autres) traitant des actualités françaises. J’aurais dû les collecter, il n’est jamais trop tard pour débuter...
Juste un rappel : Boris Johnson avait déclaré ne pas se souvenir d’avoir qualifié les Frogs de turds (étrons). En fait, le Foreign Office avait prié la BBC de couper ses propos (pour un documentaire de BBC Two en novembre 2018).
Chassez le naturel, il reviendra au galop… Et avec le Brexit, je gage qu’on peut s’attendre à ce que le corpus s’enrichisse.
Voici donc, en entrée inaugurale, le titre (adapté) du Daily Express : La France en flammes alors que de furieux grévistes anti-Macron bloquent l’accès à la gare de Lyon par un immense embrasement…
On comprend par la suite qu’il s’agit de gare parisienne dite « de Lyon » mais on ne voit pas trop comment mettre en flammes quelques gros cartons peuvent empêcher les usagers de se rendre sur les quais.
Peu importe. Paris brûle-t-il ? Pas loin. Claire Anderson n’est pas allée jusqu’à préconiser de contourner la France en passant en Belgique pour gagner le continent, mais d’autres s’en chargeront à la prochaine occasion.
Cela ne touche certes que les titres favorables au Brexit (et donc, aussi, The Times, l’ex-vénérable quality paper), mais ce sont les plus lus, tant en ligne qu’en version imprimée gratuite.
Mais même The Guardian n’est pas exempt à l’occasion de critiques acerbes. Ou même The Economist.
C’est rafraîchissant… Les Anglais ont progressivement abandonné les « blagues irlandaises » (l’équivalent des « blagues belges » françaises tombées en désuétude), mais la tradition de dénigrer les Français demeure vivace outre-Manche : elle est particulièrement vivace au sein de l’électorat populaire anglais (et non gallois ou écossais) ayant assuré à Margaret Thatcher et à Boris Johnson leurs succès. Celles et ceux qui venaient en France acheter leurs bières et leurs cigarettes (pour les consommer ou les revendre) et qui se fourniront en Belgique.
Cela étant, le dénigrement de la France est aussi un sport national français : pays en déclin, intellectuels et écrivains nombrilistes de seconde zone, râleurs impertinents farouchement conservateurs (si ce n’est « vichystes » dans l’âme), j’en passe et des pires. Un peu ce qu’ils, les Anglais, nous envient. Car une majorité d’Anglais pense de même : l’Angleterre n’est plus ce qu’elle était, devient un pays violent, état désastreux des hôpitaux et des liaisons ferroviaires, &c.
C’est d’ailleurs l’une des causes essentielles du Brexit : build England great again.
Et si cela se vérifiait utopique, restera le French bashing pour se rassurer. C’est pire de l’autre côté du Channel. Restons souriants sans se montrer trop condescendants : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ». (comte d’Antroche, Fontenoy, mai 1745, selon le seul Voltaire).
Hélas, avec la Seita (devenue Imperial Brands), les cigarettes Fontenoy (comme les Caravelle, les P4, les Gauloises roses, les Balto, les Boyards, les Scaferlati Caporal, maïs, mais aussi, oh, faute de goût impardonnable, les High Life) ont disparu. Tout comme d’ailleurs les Player’s Navy Cut (Imperial Brands aussi) que les marins anglais fumaient au large de Mers el-Kébir en juillet 1940.
Cela étant, je comprends fort bien le French bashing… L’Angleterre se prive plutôt de ses meilleurs éléments, ses expats se fixant en France, et la réciproque n’est pas tout à fait équivalente (eh, je suis Breton, et le “To let — no dogs, no French” me semblait particulièrement injuste : les chiens sont de très bons compagnons et voisins).
Allez les Rosbifs, sauvez votre reine et votre futur roi : ils sont trop choupinets (et délicieusement ridicules).

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