jeudi 24 octobre 2019

Real Donald Trump : un président très distancié

Trump rapproche, Trump déplace, Trump remplace...

Safelite repair, Safelite replace... Avec Donald Trump, c'est un peu la même chose, il rafistole l'histoire, et est doté de la latitude de rapprocher des lieux situés à des milliers de kilomètres. Quel homme, quel génie (lui-même s'est qualifié ainsi), c'est le président magicien des États-Unis.
Les pataquès, bourdes, confusions du Donald se succèdent à un rythme toujours soutenu. Toutes ses idées ont du génie, et tel Carglass™, il répare, dépare, place et remplace...
C'était la semaine dernière à Rome... La traductrice italienne de Donald Trump eut un moment d'hésitation, voire de sidération. Elle s'est reprise et ayant entendu le Donald énoncer que les États-Unis (fondés en 1776) et l'Italie (constituée un siècle plus tard, devenue république au siècle dernier) sont liés "by a shared cultural and political heritage dating back thousands of years, to ancient Rome'', elle a, sans plus sourciller, donné sa version de cette alliance datant «dai tempi degli Antichi romani».
Comme on ne prête qu'aux riches, il lui est aussi attribué le fait (erroné) qu'il aurait évoqué un certain président Mozzarella (en fait Sergio Mattarella). Il Messaggero l'affirme, ainsi que d'autres, mais il semble bien que le Donald à la langue fourchue aurait bien prononcé correctement par quatre fois le nom de son homologue. 
En revanche, on ne sait trop à qui attribuer ce singulier retour vers le futur... Donald Trump a tellement viré de collaboratrices et collaborateurs qu'on ignore qui lui rédige des discours pour ses visites officielles à l'étranger.
C'est le légendaire des siècles, au verbe à l'occasion hugolien (de Victorino, euh, Vittorio Hugo).
Dans un cadre plus informel, le Donald se lâche, improvise. Il rapproche les lieux presque à la vitesse du mur du son...
"We're building a wall in Colorado", s'est-il félicité. Le Colorado, The Centennial State, s'y prête : ses limites forment un rectangle quasi-parfait. Mais c'est du mur frontalier du Mexique qu'il s'agissait. Lequel s'érige au sud de la Californie, de l'Arizona, du Texas et du Nouveau-Mexique.
La distance entre Denver, Colorado, et El Paso (Texas, mais jouxtant le Nouveau-Mexique) n'est que de... près de 900 km à vol d'oiseau (et plus de 1 100 par les meilleures routes).
Le gouverneur démocrate du Colorado s'est, lui, félicité que les enfant du primaire, dans son État, peuvent apprendre la géographie.
Cette singulière remarque n'est pas tombée dans les oreilles de sourds, qui se sont empressés de la répercuter. Mais en fait, Donald Trump a peut-être confondu l'État et la Colorado River, qui longe la frontière sur environ 30 km. Un mur la base dans l'eau, cela s'est déjà vu. 
Donald Trump a ensuite lâché un tweet selon lequel il se serait exprimé «​ facétieusement » (kiddingly).  Et farceur, avec cela...
Voici deux jours, en conférence de presse, il affirmait avoir perdu entre deux et cinq milliards de dollars depuis son accession à la Maison Blanche. Il s'en balance. Il préfère servir son pays plutôt que d'amasser des millions quotidiennement. Sauf que sa fortune est estimée à 3,1 milliards de dollars (contre 4,5 en 2015 selon Forbes). Bah, il n'en est pas à cent millions près (ce qui lui resterait, à moins qu'il ne soit déjà surendetté).
Il va bientôt falloir réécrire la fameuse blague sur les blondes... C'est dans un grand stade, des milliers de blondes sont réunies pour assister à un jeu-concours. La finaliste est une blonde à laquelle est posée des questions plutôt faciles. Genre « où se situe Denver ? ». Réponse « en Alaska ». Mine consternée du public entendant énoncer la bonne réponse puis s'élève une clameur : « Laissez-lui une chance ! Laissez-lui une chance ! ». Les questions se succèdent, de plus en plus élémentaires... Puis celle-ci « un plus un égale... ». Réponse : « deux ». Et avant même que l'animatrice se soit prononcée, la clameur reprend : « Laissez-lui une chance ! ». 
En fait, avec la procédure de destitution en cours motivée par l'affaire ukrainienne, et la succession de témoignages toujours plus précis et accablants, c'est ce que réclament les partisans de Donald Trump. Gaffe après gaffe, mensonge après mensonge.
Aux deux astronautes, Jessica Meir et Christina Kock, sorties ensemble de la station spatiale vendredi dernier, le Donald adressait ainsi ses félicitations : « Vous êtes des femmes très courageuses (...) les premières à le faire ». Elles sont respectivement la seizième et dix-septième à l'avoir fait.
Lui peut se targuer d'avoir été le premier président à pouvoir converser par téléphone avec Kim Jong-un (alors qu'il soutient que Barack Obama avait tenté par onze fois, sans succès). Le dictateur nord-coréen lui adresserait de magnifiques cartes postales. Un vrai « gentleman », comme la qualifié le Donald.
Il accuse aussi la marque Renault d'inonder le marché américain d'automobiles (« eux, ils nous envoient des Mercedes, des BMW, des Volkswagen, des Renault, dans le cas de la France »). Pour Renault, qui s'est retiré du marché en 1989, il est difficile d'estimer combien de voitures de collection  au losange roulent encore sur les highways.
Chaque jour, voire, à point d'heure, toutes les trente minutes environ, le Donald fait des siennes. Et encore, on ne peut savoir ce qu'il raconte en privé ou ses proches collaborateurs.
Mais il semblerait que l'électorat américain lui laissera sa chance... Selon Moody's Analytics, Donald Trump sera réélu, confortant même son avance en remportant les votes des grands électeurs du New Hampshire et du Minnesota. La ou le candidat démocrate ne l'emporterait que si une très forte participation était constatée (condition difficile à réaliser).
Sa toute dernière ? Enfin, tout le monde a du mal à suivre. Voici quelques heures, USA Today rapporte que Trump a estimé qu'en vertu du deuxième article de la constitution, il avait, en tant que président « le droit de faire tout ce qu'il souhaitait ». Il ne s'en prive pas. Ce qui remémore la fameuse déclaration de Richard Nixon de mai 1977 : « si le président le fait, cela veut dire que ce n'est pas illégal ».
Il a cependant renoncé à accueillir le futur sommet du G7 dans le Trump National Doral, son complexe de Miami. La facture (dans les 40 millions d'euros, estimation basse) aurait été encaissée par la famille Trump et adressée à la Maison Blanche. Ce pourrait être finalement Camp David, propriété fédérale, équivalent de La Lanterne ou du fort de Brégançon, entretenue par la marine américaine. Car, c'est évident, le Donald se contrefiche de perdre des milliards...








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