vendredi 25 octobre 2019

Brexit : les parlementaires britanniques serrent leurs fesses...

Report, élections, et pugilats pour/contre le Brexit ?

N'oublions pas que, lundi, Boris Johnson cherchera à déclencher des élections générales... Mais est-ce, vu de ce côté, après la crise des Gilets Jaunes, le plus important ? Un sondage inquiétant laisse penser que la majorité des Britanniques estime que le recours à la violence pour parvenir à leurs fins est légitime...

Évacuons la question des élections anticipées... Lundi, Boris Johnson le proposera aux députés des Commons. Il a deux options pour tenter de les obtenir. Une motion de censure, qu'il perdrait en faisant voter la défiance aux conservateurs (mais ces derniers seraient partagés moit-moit sur l'opportunité de déclencher des élections). Un vote classique, nécessitant une majorité de deux-tiers des voix. On ne voit pas le SNP écossais se déjuger et repousser cette perspective... Mais les travaillistes ? 
Les travaillistes n'ont jamais dit qu'un report de la date de sortie du Royaume-Uni de l'UE était la seule condition conditionnant leur accord pour engager des élections anticipées (au 12 décembre, seule date possible pour les organiser avant 2020).
Ils veulent que soit définitivement écartée la possibilité d'une sortie sans accord. Encore faut-il débattre, aux Commons, chez les Lords, de cet accord en toute connaissance de cause. Or Boris Johnson subordonne un examen minutieux de son projet d'accord au déclenchement de ces élections...
Les travaillistes sont aussi divisés sur la question. Ils ont reçu une consigne de vote pour celui de lundi : abstention.
Toutes et tous ne suivront pas cette consigne, mais cela signifie qu'il faudra passer à cette paradoxale motion de censure voyant la majorité des conservateurs cherchant des alliés pour renverser leur propre gouvernement.
Cela reste conditionné au délai qu'accordera l'Union européenne... De quinze jours, comme la France fait savoir qu'elle le souhaite, jusqu'au 31 janvier, comme sans doute la majorité des 27 l'envisage ? Il semble douteux que la France, ce vendredi, maintienne sa position, mais sait-on jamais ?
Pour être clair : les positions respectives reposent sur des sondages britanniques. Soit sur l'espoir estimé ou non illusoire de voir les conservateurs défaits, une nouvelle majorité ratifier un accord très proche de celui projeté par Boris Johnson, ou déclencher un second référendum... En attendant, le Royaume-Uni contribue au fonctionnement de l'Union européenne (verse sa « redevance »).
Surprenant
N'oublions pas non plus qu'une députée britannique fut tuée, en raison de ses prises de position anti-Brexit, par un dérangé-extrémiste (rayez la mention inutile)... Et que, ces derniers jours, d'autres parlementaires ont été l'objet de menaces, obligés d'être escortés par la police, violemment pris à partie.
Une enquête des université de Cardiff et d'Édimbourg (ce n'est pas anodin que ce soit des universités galloise et écossaise) et on sondage YouGov concluent que, tant les Leavers (pro-Brexit) que les Remainers considèrent que le recours à la violence contre les parlementaires est légitime.
On a connu cela en France avec des saccages de domiciles ou de permanences d'élus lors de la crise des Gilets Jaunes. Là, il s'agit aussi — un cran au-dessus — d'atteintes aux personnes.
Côté Remainers, majoritairement urbains et classes moyennes, les pourcentages sont les suivants : 57 en Angleterre, 56 en Écosse, 57 au Pays de Galle... Quant à l'Irlande du Nord, qui a voté majoritairement pour le maintien dans l'Union européenne, on ne sait. 
Versant Leavers, c'est pire : Angleterre 69, Écosse 62, Pays de Galles 70.
Sortir de Westminster sous escorte policière, fastoche. Mener campagne dans les circonscriptions pourrait exposer à des risques de se retrouver pris en des rixes, ou guetté au coin de la rue.
Entre l'enquête universitaire et le sondage, on constate des écarts. Le sondage YouGov donne des pourcentages encore plus alarmants (71 % des Leavers anglais estiment que le recours à la violence serait "worth paying", justifié). Pour les Remainers, l'écart est moins marqué (58 % en Angleterre).
Et bien évidemment, les parlementaires ne seraient pas les seuls visés.
Ce n'est pas que surprenant, c'est, sauf erreur (si des études antérieures ont porté sur des sujets voisins), inouï. Et même atterrant...
« Black » blocks, contre « White » blocks ? La ligne rouge allègrement franchie ? Action directe, Rote armee fraktion, brigadisti... face au SAC, et ultras d'extrême-droite ?
Reste à estimer ce que l'étude et le sondage entendent par « violence ». Intimidations, menaces ou pire ? Blessures ou décès ? Attentats, explosifs, comme aux temps de l'OAS et des ratonnades, des fellagas égorgeant des familles ? Non, tenez-vous bien : il ne s'agit que de grièvement blessés... Une paille...
En réalité, une large majorité des Britanniques ne veut plus entendre parler du Brexit, s'en tient à ne plus parler à des proches ou des voisins, et hormis ce meurtre, celui de l'honorable Joanne Cox, députée travailliste Remainer (tuée en juillet 2016), les cas de lynchage sont restés rares (quoique... la police n'a pas forcément consigné les motivations et des ministres conservateurs ont évoqué un risque de civil war, et la possibilité d'instaurer les pleins pouvoirs pour faire face à d'éventuelles révoltes, comme je l'avais précédemment signalé sur ce blogue-notes).
Jo Cox, Anna Lindh (ministre suédoise) assassinées... Pour des raisons, mettons, voisines (je vous laisse élucider cette approximation).
C'est plus qu'inquiétant alors même que la partie la plus droitière et souverainiste des conservateurs et le Brexit Party de Farage se sont distancés de la fachosphère britannique (elle subsiste, reste, comme en France, marginalisée). Mais inspiré par cette étude et de ce sondage, un « homme fort » pourrait être tenté d'en tirer profit. Non le Bojo. Sauf bien sûr s'il en tirait prétexte à faire décréter par la reine l'état d'urgence. Mais il ne mènera pas une campagne incitant à la haine. Enfin, cela reste plausible.
Non, la Grande-Bretagne (pour l'Irlande du Nord, restons circonspects) n'en est pas revenue au temps d'Oswald Mosley et de la Britsih Union of Fascists. Quoique... Allez comprendre.
Revenons à nos moutons : Boris Johnson a fait approuver son programme législatif (détaillé par le discours de la reine, The Queen Speech) par 310 voix contre 294. Les unionistes irlandais (DUP) et les conservateurs évincés revenus (provisoirement) au bercail lui ont accordé ce sursis. La suite reste incertaine...

  









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