samedi 22 août 2020

Oradour : une affaire à la Steve Bannon ?

 Pub exécrable pour faire des sous…

Donc, le mémorial d’Oradout-sur-Glane a été vandalisé afin de faire de la publicité à un certain Vincent Reynouard. Que l’acte soit le fait d’illuminés ou de gogos (l’un va souvent bien avec l’autre), c’est bien à ces Reynouard et consorts qu’il profite.

Autant demander de suite une possible indulgence pour ce qui pourrait passer pour de l’humour exécrable. Mais on a bien fini par comprendre qu’un Steve Bannon n’était pas qu’un escroc intellectuel mais un aigrefin tout court. Lequel, après sa condamnation, n’a pas manqué de dénoncer « un complot politique » contre lui-même et ses associés, dès sa sortie du tribunal. Il a développé ensuite cette thèse, relayée par des médias divers : il s’agirait de discréditer ceux qui veulent limiter l’immigration mexicaine et faire cesser la construction du mur frontalier. Et bien sûr, l’avenir lui donnera raison.

Dans cette affaire d’association caritative « bien ordonnée », il n’y avait pas que Bannon et ses deux co-inculpés mais aussi du beau linge : Kris Kobach, Erik Prince, David A. Clarke, et diverses personnalités pro-Trump, souligne The New Yorker. Ce qui fera qu’aux yeux de la Trumpland, Bannon et consorts passeront pour des symboles d’idéalistes injustement calomniés, par l’État profond, évidemment.

Je ne vais pas présumer de l’identité des vandales d’Oradour, ni de leur proximité avec Vincent Reynouard. Lequel a tenté de faire son beurre avec un livre laissant entendre que la responsabilité du massacre incombe davantage à la Résistance qu’aux troupe d’un détachement de la division Das Reich incluant 14 Malgré-nous alsaciens. Cette présentation des faits est assez bien résumée par le site Paris Dépêches (même si la conclusion est discutable).

Comme sur les sites du Monde et du Figaro l’inscription « Reynouard a raison » n’était pas mentionnée (sans doute pour ne pas contribuer à sa renommée), j’ai tenté d’en savoir un peu davantage. Et puisque, en janver 2014, la justice italienne avait ouvert une enquête sur le massacre d’Oradour (parmi les victimes, sept  enfants italiens de Lucia Zocvcarato et Giuseppe Miozzo), j’ai tenté de me tourner, en vain, vers la presse italienne de ce jour.

En revanche le Corriere della sera fait grand cas de Juan Romero Romero, dit El Codobes car natif de Courdoue, né en 1919, vivant à Aÿ (Marne), qui semble être l’un des tout derniers survivants du camp de Mauthausen. La ministre Carmen Calvo est venue à Aÿ lui rendre hommage.

Au passage, au lieu de faire des effets de manche sur l’infamie des dégradations, Castex et Darmanin auraient gagnés à s’associer à cet hommage, mais il n’y a pas de quoi leur en intenter un fort mauvais procès.

J’estime que s’il n’est pas superflu de retrouver et condamner le, la ou les individus ayant fourni à Reynouard une publicité gratuite (pour lui, non pour le contribuable qui restaurera la façade en son état initial), il serait tout aussi indiqué de mettre tout en œuvre, formule d’usage, pour tarir les soutiens des Vincent Reynouard et émules. Lesquels alimentent les imaginations de crédules qui les font plus ou moins prospérer. Dont, par exemple, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X qui employa Reynouard et d’autres.

Je conçois que l’historiographie soit mouvante. Parmi les derniers exemples, récemment, on semble mieux se souvenir des faits d’armes des troupes indigènes et de celles des Républicains espagnols de la DB de Leclerc ayant libéré Paris. La vulgate dominante reste cependant celle d’une France majoritairement par elle-même libérée. Ce que des Résistants des premières heures, dont beaucoup ont préféré rester anonymes et décliner tout honneur ne contrediraient pas non plus, à très juste titre en ce qui les concerne.

Aucune et aucun des survivants d’Oradour n’a corroboré l’affabulation de Reynouard, pas d’explosions, sinon celles de grenades. Mais bien évidemment un affabulateur trouve toujours une explication, avance un élément de réfutation. Comme Bannon à présent.

La dernière intervention de Reynouard, sur YouTube ,car l’auditoire favori de ces escrocs, auditoire qui recommande à son entourage soucieux encore de lire d’acheter les ouvrages de l’orateur, avait pour slogan « devoir de mémoire égale embrigadement politique ». Certes Reynouard fut plusieurs fois condamnés, mais il s’est toujours trouvé des soutiens pour rétribuer ses avocats ou régler ses amendes.

Tout comme Hervé Ryssen, Boris Le Lay et d’autres, Reynouard s’appuie sur un réseau et beaucoup de gogos auxquels ils demandent de les soutenir (en bitcoins pour Bruno Le Lay).

Tous ces gens ne sont au service que d’eux-mêmes et de leurs propres intérêts, quelle que soit la cause qu’ils prétendent défendre ou illustrer. Bons faiseurs et malfaisants, ayant toujours un ennemi de « nouzôtres » à désigner. Et toujours la même explication simpliste : « on (les médias) nous cachent tout, on ne nous dit rien du réel. Moi seul vous révèle le vrai dessous des choses ».

Cela a fort bien réussi à Donald Trump qui soutient maintenant que le covid est propagé par l’État profond pour contrecarrer sa réélection. Et la peste, et la grippe dite espagnole, et le pleistocène (époque glaciaire), c’était l’État profond de ces époques ? Cela étant, je soutiendrai que le massacre d’Oradour n’était pas le fait des SS mais d’extra-terrestres, je suppose avec de fortes probabilités qu’il se trouverait des gens pour vouloir me croire.

Pour ne pas sombrer dans un humour nauséabond, peut-être faudrait-il remémorer aux Reynouard et consorts l’exposition d’Annes Heer de 1995 « La guerre d’anéantissement, les crimes de guerre de la Wermarcht 1941-119944 ». Elle était composée de photos de massacres prises par les soldats eux-mêmes, posant complaisamment devant des scènes d’exécution, des pendus, des cadavres. Ardu à réfuter, mais c’est un peu comme l’alunissage de Neil Amstrong et Appollo 11 en 1969, des montages, rétorquerait-il. Ces gens ont réponse à tout. Et puis, la Terre est plate, c’est l’évidence même, n’est-il point ? On vous a donc menti. Pour que l’ovalité terrestre se raplatisse : donnez, donnez, achetez, achetez.

vendredi 21 août 2020

Brexit explained : George Soros stipendie Michel Barnier ?

Enfin, tout est clair : Soros fait capoter le Brexit

On s’en doutait très fort. Il ne pouvait en être autrement. Si le Brexit tourne au détriment du Royaume-Uni, inutile de chercher plus loin. C’est la conséquence du « plan secret » de Georges Soros pour faire capoter la sortie du Royaume-Uni du carcan fasciste de l’Union européenne.

Michel Barnier et David Frost, le négociateur britannique, se renvoient la balle et s’accusent mutuellement de ne pouvoir parvenir à un accord de sortie négociée du Royaume-Uni de l’Union européenne à propos des droits de pêche et des subventions gouvernementales aux entreprises ? Ne cherchez pas plus loin. The Daily Express a la réponse. C’es George Soros qui sabote les négociations et pousse Michel Barnier à rester intransigeant. Mais bon sang, mais c’est bien sûr. Même si les Illuminati, Donald Trump et Vladimir Poutine ont poussé le Royaume-Uni à se prononcer pour un Brexit due (je n’invente rien puisque le Daily Express dénonce l’affabulation des anti-Brexit arguant que le Kremlin aurait influencé le référendum sur le Brexit), la volonté du peuple britannique (enfin, surtout anglais) est battue en brèche par les menées secrètes d’un sombre individu, George Soros.

Martina Bet, de l’Express, a déniché des documents secrets, forcément secrets jusqu’à ses trouvaillles qui prouvent pourquoi « de nombreux parlementaires et politiciens ont tenté de faire fi de la volonté du peuple ». Encore une fois, la force des baïonnettes morales se serait brisée (quoi ? Les dents, les gonades ?) contre le mur de l’argent d’un vil spéculateur. George Soros, encore lui. Elle ne fait que répercuter un article du Telegraph au titre explicite “Goerge Soros, le man who ‘broke the Bank of England’, backing secret plot du thwart Brexit’ ». Plus si secret que cela, le complot. Cela remonte à février 2018, et Le Courrier Intenational en avait fait état. Soros avait contribué à une campagne anti-Brexit.

Mais comment peut-on imaginer qu’il en soit resté là ? Si le Brexit se solde par un accord défavorable au Royaume-Uni, ce sera lui, et nul autre ; si une sortie sans accord s’avérait au détriment du Royaume, n’allez pas chercher plus loin. D’ailleurs, ne serait-il pas derrière la passation de pouvoir de Kim Jong-un à sa sœur, en vue de déstabiliser l’Antarctique et le Groenland (et Ségolène Royale restant coite, n’est-ce point une preuve ?). Ouh-ouh, méfions-nous, la main de Soros est partout !

Tout cela en vue d’obtenir un rapport euro/livre à 0,92. Vous ne voyez pas ce que cela implique ? Moi non plus, mais cela fait plus sérieux, documenté. Croyez-moi, retwittez : personne ne vous contredira d’autant que vous me présenterez tel un expert auprès de divers présidents-autocrates africains (tel un Luc Michel). Le saviez-vous ? Le Moro Naba mossi ne jure que par moi. Divers photo-montages l’établissent.

L’un des derniers entretiens de Soros fut le fait de Mario Platero, de La Repubblica, L’Obs l’a traduit. On (moi) comprend vaguement, confusément, qu’il ne se soucie plus de faire du pognon. Mon impression est que c’est justement cela qui lui est constamment reproché. Bon, accordez-lui des circonstances atténuantes : il ne s’est pas prononcé contre le Pr Raoult. Qu’à cela ne tienne : avec un prochain billlet «  Soros veut la peau de Raoult », le succès est d’avance garanti. Attendez-vous à savoir que… Une petite recherche sur les investissements de Soros dans le capital des laboratoires de pharma, pas mal de suppositions et de conditionnels suffira. Le saviez-vous, la désuétude des suppositoires, des synaspismes, des ventouses, des sangsues ? Mais évidemment, c’est Soros. Que vous faut-il de plus pour vous déclarer convaincus (et surtout assurer la promo de mon prochain livre) ? 

Pub : les confessions de Jane Birkin à son doudou

 Serge Gainsbourg et Jane Birkin nus (pas en rêve)

Comme pratiquement tous les Français de mon âge, je suis fond (et non fan) de Jane Birkin. Je m’accorde donc l’indulgence de faire un peu de publicité pout son bouquin (Orion publ.) de confessions faites à son doudou, Munkey, axé sur sa vie avec Serge Gainsbourg.

The Evening Standard, The Daily Mail et d’auttres titres semblent avoir clôné le communiqué de presse de l’éditeur (Orion) et le prière d’insérer. Pas The Guardian, dont la chtroniqueuse, Kathryn Hugues, semble avoir bénéficié d’un service de presse. Il s’agit des Munkey Diaries, qui couvrent la période 1957-1982 de Jane Birkin. Soit les journaux intimes adressé à Munkey, que j’imagine être un singe en peluche. Fayard, en 2018, avait sorti le même livre sous le même titre ; suivit, l’année d’après, chez le même éditeur français, Post Scriptum (période 12982-2013). Les deux ouvrages intéresseront donc les traductologues, surtout si, comme je le présume, auteure et traductrice ne font qu’une (avec l’aide d’Erin Floyd pour les passages en français dans le manuscrit original bilingue).

L’historiologie des biographies se penchera aussi sur ces deux versions. Il semble que Jane Birkin ait reproduit, sans les retravailler, des passages entiers de ses journaux intimes. Un tantinet vacharde, Kathryn Hughes considère que la prose s’apparente à de la word soup (verbiage semble faible, garrulité plus proche, mais je pencherai pour monologue décousu). Ce qui semble plaider pour une certaine authenticité : écrivant pour soi-même, la méticulosité auto-explicitative ne s’impose pas : on sait combler les vides.

Donc, si Gainsbourg ne prenait qu’un bain tous les trois mois, il est possible que, dans l’intervalle, il ait eu recours à des douches, ou au moins, à se laver à l’occasion les pieds dans un bidet, comme consigné. Et puis franchement, qu’il ait ou non pris le soin de changer de slip avant d’aller à l’hôpital, peu nous chaud. Et j’imagine fort bien que si je continue à vous entretenir de traductologie ou du genre biographique, vous n'allez pas tarder à reprendre des activités normales. D’où le sous-titre.

Et oui, en compagnie d’Odile Leclaire et de Marc Noyaret, je vis, depuis une chambre de bonne de la rue des Saints-Père (il me semble que l’entrée de l’immeuble donnait dans cette rue, ou était-ce rue de Lille ?), le Serge et la Jane échanger, à l’étage de leur demeure de la rue de Verneuil, des coups d’oreillers et ce dans le plus simple appareil. J’avais, comme toujours, le mien, mon Pentax LX, à portée de main, mais muni de son excellent 20 mm ou du 40 mm ultra-plat de cette époque. Et puis, franchement, ce moment de curiosité passé, nous n’allions pas restés scotchés à la lucarne, d’une, et je n’étais pas, de deux, versé dans ce genre « d’actualité ».

En revanche, avec le même, le réflexe Pentax, je me rendis des années après (fin 1989), dans cette même rue de Verneuil. Gainsbourg m’accordait un entretien sur son film Équateur, adapté du roman Coup de lune, pour Simenon Travelling (édité par le festival du polar de Grenoble). Histoire d’imputer les frais de déplacement à mon quotidien, je lui empruntais une voiture du journal. Et comme c’était le jour anniversaire des 18 ans d’un pigiste, Frédéric Chef, dit Chouf, je l’embarquais en catmini, car il avait beaucoup insisté pour m’accompagner. Je n’ai pu que m’en féliciter. C’set en faisant valoir cet anniversaire, après avoir recueilli quelques propos sans grand intérêt pour L’Union, que je parvins à persuader Gainsbourg de sortir faire une photo en la compagnie de Chouf devant son mur de la rue de Verneuil. J’allais la retrouver, créditée uniquement L’Union, quelques années plus tard, dans un album, Gainsbourg et cætera, de Verland et Salmon (éds Vade Retro, lequel s’accompagnait d’un CD incluant la chanson La Noyée. Bien évidemment, le recadrage expurgea Chouf de la photo publiée (il avait pris place, en passager clandestin, donc sans assurance ni ordre de mission). Je dois avoir encore d’autres vues, plus larges, dans la cave de mon fils, en Bretagne.

Il me fut indiqué, encore beaucoup plus tard, que le chanteur n’avait posé qu’une fois auparavant devant ce mur. Je n’ai pu savoir en revanche si ce fut l’une des toutes dernières photos de presse écrite publiée de son vivant (celle de la première page du Parisien, de mars 1991, fut une photo d’archives du « fumeur de gitanes » qui ne s’en accordait plus que dix quotidiennes lorsqu’il nous reçut).

En anglais, le livre de Jane Birkin s’accompagne de la mention : « mon amour pour un DOM’ » (Vieux salace, ou vieux dégueulasse, dirty old man). Mais on se doute bien que l’homme ainsi catalogué par un calembour (voir supra son hygiène supposée) était surtout un grand sentimental. C’est en tout cas le souvenir que j’en conserve. Il s’inquiétait du devenir de Lulu (Lucien), le fils qu’il avait eu avec Bambou (la carrière naissante de Charlotte lui semblait déjà bien orientée avec neuf films à son actif d’actrice).

Si j’en crois la note de lecture du Guardian, le livre de Jane s’apparente à une suite de gossip topics. Katie Rosseinsky, du Standard, gage que les lecteurs resteront sans doute un peu sur leur faim. Comprenez que l’auteure se révèle attachante, pleine d’humour (franglais peut-être), mais fort peu trash. Bref, telle qu’on veut s’en souvenir. Proche de la photo de la couverture de l’édition anglaise. Et, comme elle le consigne en sa préface, « restée puérile » (très infantile, dans la version française).

Les deux préfaces (la française et l’anglaise) sont consultables en ligne. Et il semble bien que certains détails d’une version soient omis ou élidés, dans l’autre, d’autres rajoutés ; rien d’essentiel. Des deux émane la même sincérité teintée de candeur. Nostalgie…

vendredi 14 août 2020

Trump adepte des douches dorées ?

 Un pré-ado dirige-t-il les États-Unis ?

Après les histoires de cacas d’Amber Hear et Johnny Depp, voici que la presse anglophone se penche sur une question cruciale : le Prez, le Potus, le Donald, est-il ou non adepte des douches dorées ? Tant qu’à toucher le fond, de la cuvette, risquons la plongée en immersion.

Hier, Donald Trump s’illustrait une fois de plus (entrée « Donald Trump défrisé par le débit des douches »). Ce jour, retour sous la douche pour le Donald, mais cette fois version dorée.

Cela en raison de la sortie du livre de son ex-avocat et comparses de frasques, Michael Cohen, qui laisse entendre que son ex-client était (ou serait) adepte des douches dorées. Un peu de médialogie élémentaire. Quand vous lirez qu’en compagnie de Donald Trump, Michael Cohen fut témoin d’un épisode de douche dorée, munissez-vous d’une serpillière.

De toute façon, quoi que fasse Trump, ses partisans évangélistes (parmi les plus assidus amateurs et amatrices de contenus pornographiques des États-Unis) ne vont certainement pas le lâcher. Il faut donc relativiser la portée de cette allégation.

Micheal Cohen, de son propre aveu, a tellement menti pour favoriser sa carrière auprès de Trump qu’il est loisible de se demander si, dans Disloyal, son autobiographie de ses années Trump, il n’exagère pas un tantinet pour en décupler les ventes.

De multiples psys, dont sa nièce, Mary Trump, ont considéré que le Prez était un sociopathe, un pervers narcissique, et je vous en passe.x Admettons volontiers qu’on puisse le ranger, comme d’innombrables autres, dans la catégorie fourre-tout des « pervers polymorphes », soit des pré-ados attardés.

Lesquels, version mâle, prépubère, sont parfois enclins d’épier des filles en train de se soulager. Cela peut perdurer. Je me souviens ainsi vaguement d’une scène du film de Molinaro, Mon oncle Benjamin, avec Jacque Brel et Claude Jade. Deux femmes, peut-être la marquise de Cambyse (Dianela Surina, m’indique Wikipedia) et une suivante ( ???) ou amie, descendent d’un carosse, s’enfoncent dans un haut champ de blé, s’accroupissent pour se soulager. C’esqst sans doute l’une des scènes les moins « coquines » de ce film, mais leurs sourires extatiques faisaient plaisir à voir. Rien qui puisse effaroucher la censure épiscopale en 1969.

Il fut un temps allégué qu’en 2013, à Moscou, lors des célébrations du couronnement de Miss Univers, Donald Trump rétribua des ribaudes pour uriner sur un lit d’hôtel qui fut utilisé précédemment par Obama. Vraie ou fausse, l’anecdote voyeufiste reste puérile et ne peutsu Ritz-Carlton s’apparenter à une douche dorée, pratique impliquant de se faire asperger (en termes assez délicats ses choses sont-elles assez dites ?).

Du livre de Cohen, on peut tout au plus déduire que Donald Trump se serait rendu en sa compagnie (ou plutôt l’inverse : Cohen accompagnant Trump) dans un club de Las Vegas, lequel, comme The Act (2012-fin 2013), se spécialisait dans les specialty acts et promettait une debaucherous nightlife. Mais que l’on sache, l’auditoire n’en ressortait mouillé de jus de citron ou d’’ananas.  

En fait, la « révélation » de Cohen est peut-être issue du livre Russian Roulette (de Michael Iskof et David Corn) qui relate la présence de Trump dans ce club au lendemain de son soixante-septième anniversaire en juin 2013.

Ce qui semble certain, c’est que Trump ait fréquenté ce club en compagnie d’Emin Agalarov, fils d’un oligarque russe et de Rob Goldstone, un publiciste britannique, du moins selon les dires de ce dernier.

Selon Cohen, ce serait pour éviter de se retrouver en prison que Trump s’accrocherait à la Maison Blanche. Cela semble corroboré par l’intéressé qui vient d’admettre implicitement qu’il empêcherait la poste américaine (US Postal Service) de traiter la masse des votes par correspondance qu’il estime d’avance propice à de multiples fraudes de la part des démocrates.

Quelle que soit l’issue du scrutin, il semble qu’il soit disposé à s’en déclarer le vainqueur et à rester en place tout au long d’interminables débats juridiques.

Tout cela glisse sur l’électorat de Trump. Cohen et tant d’autres peuvent multiplier les critiques, cela revient à pisser dans un violon.

jeudi 13 août 2020

Trump défrisé par le débit des douches

 9,4 litres/min, il s’en faut d’un cheveu

Jérôme Cahuzac, implantologue capilliculteur, va-t-il obtenir un poste de conseiller technique à la Maison Blanche ? Donald Trump se plaignant que le débit des pommeaux de douche est insuffisant pour rincer ses cheveux, il est question de leur faire débiter quelques gallons de plus par minute. Combien ? C’est là que l’expertise d’un Jérôme Cahuzac serait précieuse…

Ne dites plus « diminutif » mais « artiste capilliculteur ». Longtemps, Donald Trump s’en était remis à son épouse, Melania, comme il le confiait en 2004 à Playboy Magazine. Mais selon The Hollywood reporter, en 2036, Tiffany Dkajic, du salon l’Appartement, aurait pris la relève. Au passage, on remarquera que la capillicture étasunienne est moins inventive que la française mais à recours aux subtilités langagières de manière moins rentre-dedans que de ce côté de l’Atlantique. Le mensuel Fluide glacial s’est fait une spécialité du recensement des meilleures enseignes françaises. Je n’ai pas cherché à déterminer si celle d’un salon de centre commercial axonais, Revolution’Hair (sans accent sur le e pour faire plus anglophile) avait été déjà recensée.

Tout comme les pieds sont l’objet des soins constants du fantassin (Raynaud, Fernand), question chevelure, pour Donald Trump, il ne faut pas qu’il y soit comme un défaut (id.) et que tout soit « étudié pour » (ibid.). Et sous la douche, le Donald s’est rendu compte que le « débit de l’eau » (Trénet, Charles) risquait de lui faire ressentir un dépit de laid à se mettre la tête dans le bidet (« qu’il est laid le bidet », Lagaf).

Donald Trump, qui n’en manque pas une pour critiquer les dispositions favorables à l’environnement prises sous Obama, s’en prend à présent à l’une de celles adoptée en 1992 (sous George W. Bush, avec lequel le Donald est à présent en froid). Depuis 1992, une pomme de discorde de douche ne peut pas débiter plus de 2,5 gallons (9,4 litre) à la minute. Alors, pour votre chevelure, que faire ? « Vous restez plus longemps sous la douche ? Pour vous, je ne sais pas, mais pour moi, ma chevelure doit être parfaite ! ». Tel que. Comprenez aussi qu’en maintenant ces dispositions, les démocrates font perdre un temps précieux au Potus, lequel, même au golf, réfléchit mieux aux besoins des États-Unis que sous la douche.

Surtout qu’il y a plus efficace : « des gens tirent la chasse d’eau des toilettes dix, quinze fois, au lieu d’une ». Adaptation fidèle de propos authentiques tenus à la Maison Blanche. Ne déformons pas les propos du Potus comme le fait trop souvent la lame press. Il ne préconisait pas de ne tirer la chasse qu’une fois par 24 heures, mais de s’abstenir de la déclencher plusieurs fois de suite, en raison d’un trop faible débit. Paroles de bon sens. Mais encore une fois, des malveillants de l’état profond (du marais fétide) du temps d’Obama ont démenti le président. L’infâme David Friedman, du ministère de l’Énergie, a considéré que tout était bien en l’état dans le meilleur des mondes.

Comprenez que le Deep State bloque toute initiative novatrice ou corrective.

Le président est pourtant soucieux du consensus et ne voudrait pas que les industriels se voient obligés d’élargir les orifices de toutes les pommes de douche. Pour les soutenir, Donald Trump préconise que de multiples pommes puissent être raccordées aux futurs tuyaux. Rien que pour chipoter, Andrew DeLaski, de l’Appliance Standards Awareness Project, organisation chère à l’aware Jean-Claude Van Damme, a considéré que quatre ou cinq pommes débiteraient jusqu’à 15 gallons la minute, ce qui risquerait d’éclabousser toute la salle de bains. Il y a vraiment des gens qui parlent impulsivement sans réfléchir ni s’être donné la peine d’expérimenter.

Le président s’est aussi targué d’avoir fait améliorer l’efficacité des lave-vaisselles. De toute façon, a-t-il estimé, dans la plupart des États-Unis, l’eau n’est pas un problème car la solution est disponible « on appelle cela la pluie », a-t-il conclu. Fortes paroles. Levez-vous, orages désirés pour la santé capillaire.

Pn pensera que toute cette histoire tient  du réchauffé puisque ces propos furent tenus le 16 juillet dernier. Oui,  mais le ministère de l’Énergie a voulu se démarquer de l’État profond précédent et divulgué des propositions conformes aux vœux présidentiels. Comme le résume l’agence Bloomberg : Make Shower Heads Great Again !

En tout cas, avec déjà 166 000 morts du covid, cityonnes et citoyens de États-unis d’Amérique, continuez à vous laver les mains sous le maigre filet d’eau du robinet de l’évier ou du lavabo.

mercredi 12 août 2020

Le stilton empuantit le traité Japon-Royaume-Uni

 Un anglo-bleu qui doit puer plus bleu que bleus (continentaux)

Selon le Nikkei Asian Review, les négociations d’un traité de libre-échange entre le Royaume-Uni et le Japon bloqueraient sur la question des fromages. Car, pour faire valoir ses talents, la négociatrice britannique voudrait trouver pour les stiltons de meilleures conditions tarifaires que celles en vigueur entre le Japon et l’Union européenne.

Liz Truss a posé le stilton sur la table
Pour les voitures, ce serait réglé… en 2026, entrée libre pour les voitures japonaises au Royaume-Uni. Oui, mais auparavant, le Royaume-Uni voudrait obtenir un meilleur droit d’entrée pour ses bleus au Japon que celui bénéficiant aux bleus continentaux (ceux de l’Union européenne). Pour la presse britannique tout tourne autour de l’emblématique stilton (la variété bleue, étant plus connue que la confidentielle blanche). Et pourquoi pas ne pas obtenir en plus que les stiltons destinés au Japon puissent être refabriqués au lait cru (et non plus pasteurisé comme l’impose la totalitaire obligation européenne) ?

En fait, Liz Truss, chargée du commerce international, est une ardente partisane des producteurs de fromages anglais. Pour ceux à pâte dure, elle aurait obtenu gain de cause avec 2023 pour échéance. Mais pour les pâtes molles et en particulier le stilton, ce serait le fromage de discorde.

Le Japon ne voudrait pas que le Royaume-Uni bénéficie de meilleurs quotas et tarifs que ceux en vigueur avec l’Union européenne pour les fromages. En sus, la date devrait être repoussée à 2033 pour ces variétés concurrentes des bleus d’Auvergne et de Gex (entre autres).

Bizarrement, les titres les plus véhéments en faveur d’un Brexit sans accord, comme le Daily Express, ne se sont pas du tout attardés sur ce type de détail. Après avoir proclamé qu’un accord commercial avec les États-Unis était dans la poche incessemment sous avant peu, les négociations avec le Japon ont été constamment vantées. Mais voici qu’il y aurait quelque chose qui pue au royaume de la Queen.

Megahan Markle, non, read my lips, it’s the stilton, stupid! Hautement symbolique, vu depuis « le pays des fromages qui puent ». 75 ans après Hiroshima, il est grand temps de rappeler aux Britanniques que pour avoir raison du Pays du Soleil levant, le largage de tonnes de stilton suffira-t-il pour l’empuantir ? Ou ne faut-il pas le renfort des roqueforts, bleus d’Auvergne et de Gex ? Le Vatican, combien de divisions ? Le stilton, combien de tonnes ? Il fallait y réfléchir avant le Brexit.

Je pourrais filer plus loin la métaphore, remémorer les Monty Python et Sacré Graal, qui vit Arthure Kuninge, confié. Ma formation diplomatique me retient.Mais il faudra bien répliquer à l’invasion des choux shi par la promotion des choux de Bruxelles.

Je ne sais plus où j’ai retrouvé des estampes japonaises mettant en scène des duels de flatulences (authentique, je n’invente rien). Messieurs les Japonais, flatulez les premiers ! Le sieur Charles Hay et le comte d’Antochee, des Gardes françaises, lors de bataille de Fontenoy, s’invectiveraient ainsi. Face au barrage nippon  des stiltons, il faudrait s’en souvenir.

En fait, le Brexit a tellement été vendu comme l’espérance de lendemains mieux chantants qu’il faut absolument faire valoir des avantages supérieurs à ceux obtenus via l’Union européenne. Le Japon absorbe environ pour  18 millions de livres de stilton. Contre 2,13 millions d’euros de fromages à pate persillée français (divers bleus, roquefort, saint-Agur, persillé des Aravis, carré d’Aurillac…).

En 2034, l’accord européen prévoit que ces fromages ne seront plus taxés au Japon (ils le resteront à hauteur de 27,0 % jusque là, ce qui vaut aussi pour les stiltons jusqu’au 31 décembre, date d’entrée en vigueur du Brexit). Et quoi pour le haggis, la panse de mouton farcie ?

Sur un autre front, le Royaume-Uni s’est mis à dos Ben Cohen et Jerry Greenfield (crèmes glacées Ben & Jerry, filiale Unilever) au sujet des migrants traversant illégalement la Manche. On ne sait si, en mesure de rétorsion, le glacier prépare une glace « goût roquefort ». “Freeze them out” a titré le Daily Mail qui prêche déjà le boycott. Pas de quoi cependant bloquer les négociations avec les États-Unis, pour le moment au point mort.

Pour paraphraser le Courrier international, il faudra « comté (pardon, compter) » de nouveau ave le stilton qui devra affronter l’Humboldt Fog californien qui plagie le morbier et le Maytag blue cheese de l’Iowa qui s’inspire du roquefort.

samedi 8 août 2020

Quand le Réseau Voltaire contredit Thierry Meyssan

  Mais Beyrouth détruit, c’est forcément Israêl, forcément

Sur le site du Réseau Voltaire Thierry Meyssan, accompagnant sa « démonstration » d’images détournées, voire trafiquées, attribuait la destruction de Beyrouth à « une arme nouvelle israélienne », atomique, forcément atomique. Depuis, le site a rectifié ou plutôt démenti certaines allégations, mais s’accroche toujours à l’observation d’un champignon atomique, photo à l’appui.

L’adage « une information puis un démenti, deux informations » vient de se vérifier sur le site du Réseau Voltaire. Je ne sais d’où provient la photo d’un nuage de fumée  qui « formait un champignon comme lors des explosions atomiques » au-dessus d’immeubles situés je ne sais où. Mais le site la considère toujours authentique depuis le 5 aoûit dernier.

En revanche, le 7, sous le titre « Correction et précisions », des correctifs ont été apportés à l’élucubraton de Thierry Meyssan de la nuit précédente. L’illustration, montrant un tout autre nuage « est apparue être un faux réalisé à partir d’une séquence de CNN ». Faux réalisé par qui ? On ne vous le dit pas mais on peut vous laisser penser : qui a intérêt à masquer, manipuler « la vérité », la vraie de Chez Vrai ?

En sus « la photo de Benjamin Netanyahou n’est pas la bonne » car l’Israélien ne pointait pas l’emplacement du port mais « un site du Hezbollah sur le bord de l’autoroute à proximité de l’aéroport ». Qu’à cela ne tienne, la « bonne photo » doit certainement exister quelque part (soit celle de Netanyahu désignant le port). Aux lecteurs de la fournir au site qui la fera figurer « à la place de l’actuellle ».

Meyssan avait tittré « Isarël détrtuit Beyrouth-Est avec une arme nouvelle ». Pourquoi seulement la partie orientale de la ville ? Bizarrement le nuage provoqué sur un site désertique syrien ayant servi de test préliminaire a beaucoup plus d’ampleur que celui censé s’être élevé au-dessus du port de Beyrouth. Mais gageons qu’on ne tardera pas à imaginer une explication plausible. Au lecteur de s’en remettre à sa sagacité. Pour Meyssian, les engrais incriminés sont « supposés être la cause l’explosion ». Il y avait pourtant du nitrate, sans doute entreposé aux fins de masquer « le tir d’un missile comportant une autre arme nouvelle ». Du nitrate israélien ? À vous de broder la suite.

Ni le Mossad, ni les Gardiens de la révolution, ni même la CIA ne me glissant à l’oreille des informations confidentielles, ne comptez pas sur moi pour vous éclairer sur le sujet. Je veux éventuellement bien croire que des lampistes devront endosser la responsabilité la catastrophe, comme le laisse présumer Thierry Meyssan dont je salue au moins la forte réactivité. Dès que le reste du monde reste dans l’expectative, lui encore plus prompt qu’un Donald Trump à twitter, trouve la réponse.

Meyssan est loin d’être le seul à soutenir la thèse d’un missile. Le quotidien québécois Le Devoir a rencensé des dizaines de faux documents visuels, tous, comme la thèse de Meyssan, oubliant qu’un impact nucléaire dégage une forte vague de chaleur.

Mais Meyssan ajoute un grain de sel, ou de senevé, d’avoine, on ne saurait se prononcer : si Beyrouth-Ouest aurait été, selon lui, préservée (je me dispense de vérifier), c’est que cette partie Ouest aurait « été largement protégée par le slio à grains ». C’est bête, l’armée israélienne aurait négligé ce léger détail : la formidable résistance des silos à grains. Qu’on me permette de proposer d’ériger des silos à grains sur le périphérique parisien afin de protéger la ville des assauts de l’aviation prussienne, laquelle dispose, d’une version nouvelle de dirigeables.

Voici moins d’un mois, le 21 juillet (toujours sur le Réseau Voltaire), Meyssan casait cet intertitre : « Washington et Tel-Aviv ne veulent pas détruire le Liban ».  Suivi de cette fulgurante appréciation : « Personne n’ourdit de guerre contre le Liban et surtout pas Israël ». Cherchez la logique.

Meyssan est un ancien « cul-bénit », comme on disait de mon temps, il n’a jamais été journaliste et il ne reste que chroniqueur invité par les médias iraniens. Mais bon sang,c’est bien sûr, le silo salvateur était empli de grains de moutarde (sénevé) qui déplace les montagnes. Il suffit de croire, au prophète Meyssan (et surtout d’acheter ses livres, assurer son confort matériel) et l’oligarchie mondiale ne sera plus qu’une modeste colline, que dis-je ? un tertre, une butte, un dérisoire monticule. Voire la pelouse d’un golf de Donald Trump gagné sur la mer du Gro enland ou du Labrador.

vendredi 7 août 2020

Nicole Esterolle et la daube artistique contemporaine

Encore un spécial copinage canin !

Jusqu’à tout à l’heure, j’ignorais tout de Nicole Esterolle. Autant dire que ma fin prochaine m’adviendra un tantinet moins idiot. Je le dois encore une fois à l’ami Jiji (Jean-Jacques) Tachdjian des éditions de La Chienne. Comme tout prétexte m’est bon pour faire sa réclame, je saisis illico celui-ci.

Je ne sais si Jiji Tachdjian est l’un des plus grands artistes mondiaux synchrones (de ce siècle et de la seconde moitié du précédent) ou l’un des plus géniaux graphistes-illustrateurs actuel depuis diverses civilisations fort anciennes. Je l’avais, enthousiaste, découvert en tant que prolifique créateur de polices de caractères. De ce point de vue, son talent est reconnu par les plus exigeants. Je ne suis pas pour autant un fanatique de toute sa surabondante création. Je salue à chaque fois le talentueux saltimbanque, mais pas au point de m’écrier bis ou ter constamment. Vu la fréquence qu’il s’impose, je ne vais pas risquer l’extinction de voix, si ce n’est le carcinome laryngé (l’ablation de mes amygdales sous anesthésie insuffisante m’incite encore à la prudence).

En fait, je suis un admirateur mitigé (j’en prends, j’en laisse, de La Chienne et du reste). L’art, en général me laisse d’ailleurs aussi tiède que l’eau du Tube de Toilette de Boby Lapointe). Je me suis un temps intéressé à la gravure, car si la terre ment rarement, la gravure dure… durablement. Le figuratif décoratif conserve mes ringardes préférences. Or donc, le foisonnement de Tachdjian s’en écartant fréquemment, je m’autorise quelques réserves à l’occasion.

En revanche, j’ai été bluffé par les chroniques de Nicole Esterolle, contemptrice non point de l’art contemporain dans son ensemble, mais de la plupart des créations des financial artists prisés des « grands circuits élitistes de l’art muséal » dont les plus riches collectionneurs poussent les cotes (par réflexe mercantile, souci d’optimisation fiscale, ou goût d’épater la galerie, allez tenter de comprendre). Bon, l’Angel Bear de Richard Texier, sur le parvis de la gare du Nord n’offense pas mon regard mais le baratin sentencieux le faisant valoir me donne encore plus envie de lire Nicole Esterolle. Vacharde. Vous trouvez ses textes sur le site du Vadrouilleur urbain,  ou celui du Magazine du Schtroumpf émergent. Entre autres car il advient que la presse la sollicite. Cela donne, pour ne citer qu’un exemple, ce commentaire d’une sorte d’installation de Mac Adams : « cette œuvre avec pot de fleur renversé est celle que je préfère car elle est la plus illustrative de la violence symbolique et de la puissance terrorisant d’un discours capable d’imposer en tant qu’art une telle évidente stupidité » (c’est en tout cas l’une des dernières en date mais comme son prix n’est que de 8 300 euros, elle ne devrait pas tarder à régresser dans le palmarès).

Bien, Nicole Esterolle peut écrire ampoulé-classieux à propos des artistes « conceptualo-bidulaires ». Mais aussi qualifier d’étrons grotesques deux sculptures transportant vers un « au-delà de la laideur ». En gros, elle s’insurge contre le courant daubiste, lequel repousse les limites du « gaucho-duchampisme bidulaire », qu’il soit soumis ou insoumis, peu lui chaud, et autres tendances magnifiées par divers esthéticologues. Parmi ses têtes de turc, Buren, ou Koons et ses croquignolades.

Pour résumer, même hors de la compagnie complice de Tachdjian (dont La Chienne fournit les exemplaires imprimés de ses gazettes, consultables sur le site yumpu.com), elle tient sacrément la route, la Nicole. Ses gazettes renommées niouzes en sont au trentième numéro, daté d’août.

Elle enrichit aussi un Nicole’s Museum (en ligne), un blogue-notes, une page FB. Sur laquelle je constate que Cécile Carière (artiste « singulière », quand vous n’êtes pas du milieu des critiques d’art, casez l’épithète, on vous le reprochera rarement) est du nombre de ses abonnées. Vous êtes ici aussi chez vous, Cécile, revenez quand vous voulez...

Un autre ami, l’écrivain Alain (Georges) Leduc, qui finalise un livre fort peu complaisant sur Yves Klein, a peut-être consulté l’ouvrage La Bouffonnerie de l’art contemporain (J.-C. Godefroy éd.), de la dite. Je ne sais s’ils se trouvèrent des goûts en commun, mais des dégoûts, assurément.

Pour en revenir à Jiji Tachdjian, créateur déconcertant (c’est comme singulier, vous pouvez abondamment le caser sans risque), je constate avec plaisir qu’il sait toujours judicieusement s’acoquiner (entendez : copiner). Qu’il en soit ici, une fois de plus (et là, de mieux encore) remercié. Il déplaît aux tartufes mais est apprécié aussi dans les HLM (clin d’œil à Pierre Perret, poète sensible — pardonnez l’apparente redondance, certains le sont peu). Mais comme il est susceptible de plaire aussi aux publics d’un Patrick Sébastien, auquel je rends aussi hommage au passage en raison de sa grande culture éclectique) ou des films du regretté Jean-Pierre Mocky, on se doute bien que le ministère de la Culture ne lui commandera pas une fresque urbaine ou l’habillage de Beaubourg lors des prochains travaux d’entretien. Le pire est qu’il s’en honore. Ce qui n’est pas le moins du monde respectable. Bien au contraire, comme pourrait sans doute le conclure Nicole Esterolle. Mes compliments, Madame ! 

jeudi 6 août 2020

Médialogie : Macron hué ou fêté à Beyrouth ?

Macron, Aoun, consorts : même engeance ?

Emmanuel Macron saura peut-être retenir cette leçon de sa visite à Beyrouth. Plus personne ne croit aux bonnes intentions de quelconques dirigeants. Mais ce n’est qu’une opinion. En revanche, il est facile de constater qui, de la presse française ou britannique, peut la conforter ou non.

Je ne vais pas vous bassiner de considérations d’éditorialiste. Simplement, vous pouvez vous demander quel traitement la presse française (au moins Le Figaro et Le Monde) a réservé et comparer avec ce que retire le titre britannique The Independent du même (non-)événement.

Pour l’ensemble de la presse britannique, qu’Emmanuel Macron se soit rendu à Beyrouth importe fort peu, ce qui est logique. Si Angela Merkel avait précédé le co-prince d’Andorre et chanoine du Latran à Beyrouth, il en aurait été sans doute de même. The Independent a toutefois fait exception. À Beyrouth, Emmanuel Macron a été l’objet d’incessantes interpellations de la population devant laquelle il lui a fallu démentir qu’il venait en soutien du régime libanais. Il lui a fallu faire entendre qu’il y avait quelque chose de pourri au « royaume » du Liban. C’est sous la pression populaire incessante qu’il a dû promettre que l’aide française serait conditionnée par des réformes. En déduire que l’aide française ne parviendra jamais au Liban serait trop s’avancer.

D’ailleurs, des équipes de secours françaises et un poste sanitaire mobile français ne devrait pas trop tarder à devenir opérationnel dans la capitale libanaise. Pour le reste., on relèvera que Le Figaro a relaté maintes bonnes paroles. Le Monde a plus ou moins fait de même tout en relatant que Jean-Luc Mélenchon mettait en garde contre « une ingérence dans la vie politique du Liban ». Ce qui doit valoir aussi pour tous les gouvernements ayant proposé leur aide financière ou matérielle. Autant être clair et dénoncer toute forme d’aide ou indiquer quels doivent en être les destinataires. Compliqué : si la France était frappée, à quels chef·fe·s de file des Gilets jaunes confier des fonds internationaux ?

Je ne vais pas critiquer les spin doctors de l’Élysée d’avoir raté la photo op idéale : Macron survenant dans Armenia Street au moment où un chien était extrait des décombres. Envoyé spécial, je n’aurais sans doute pas fait mieux, m’accrochant bêtement aux pas du président français.

Un impair majeur a nonobstant été évité : se rendre au chevet de la famille de Carlos Ghosn dont la demeure, située à cinq kilomètres du port (ou moins selon d’autres sources, mais le Japan Times maintient cinq), serait entièrement détruite, selon l’ex-Pdg de Renault. Par chance, le roi honoraire  Juan Carlos d’Espagne, en exil, ne s’était pas réfugié dans la « maison rose ».

Ce qui est sûr, c’est que les reportages de BFMTV corroborent totalement le compte-rendu de l’Independent. Au moins, Le Parisien a titré « À Beyrouth, Macron promet de l’aide et met la pression sur les autorités ». Bien, on verra si le prompt renfort d’un Macron parvenant au port de Beyrouth fera que les plus épouvantés Libanais reprendront de courage.

J’ai eu l’avantage et le plaisir de compter deux amies libanaises (une universitaire spécialiste de typographie, une belgo-gréco-libanaise résidant aux États-Unis). Femmes de grandes cultures, polyglottes ; j’ai aussi fréquenté un peu la diaspora libanaise en Afrique subsaharienne. Daniel Rondeau, académicien, m’avait sensibilisé aux problèmes libanais. Je ne les imagine pas critiquer Emmanuel Macron pour s’être précipité à Beyrouth. Ses prédécesseurs auraient sans doute agi de même. Quitte à se faire huer en les circonstances actuelles. Reste à savoir si l’aide française sera saupoudrée, y compris en direction du Hezbollah. Eh bien, je veux bien que l’on songe d’abord à la Corrèze avant de se préoccuper du Zambèze (dont le bassin ne fut jamais colonisé par la France), Mais le Liban… Même si la France devait commettre des erreurs d’appréciation, autant faire que trop peu faire.


mardi 28 juillet 2020

Amar Benhomhamed diffamateur, forcément diffamateur ?


Malversations policières, l’infâme affabulation !?

Ministres, hauts fonctionnaires, caciques syndicaux de la police ont été unanimes : les malversations et violences policières relèvent du mythe propagé perfidement par des réseaux sociaux et ceux que sait si bien qualifier Donald Trump. Dans ce cas, un peu de courage, et poursuivez nommément le l’OPJ Amar Benmohamed qui semble — pernicieusement, forcément — vous apporter la contradiction. C’est simple, soit il ment, soit vous avez menti et persistez dans le mensonge. Un peu d’honneur dans votre défense et illustration de la police.
Je ne vais pas vous bassiner avec une info ô combien peu exclusive. Recherchez, entre guillemets « Amar Benmohamed ». Toute la presse en fait état. Mais ô combien avec tant de circonspection et de restriction mentale ces choses là sont dites ! Le médialogue de comptoir confrontera les divers articles avec celui de Street Press signé Mathieu Modard, Christophe-Cécil Garnier et Yann Castanier. Ceux-là, s’ils se recasaient en presse locale et régionale seraient tricards à jamais de main-courante et devraient s’en remettre à la confraternité pour être avertis du moindre fait-divers. J’ai connu cela (à Belfort, du temps du commissaire Tanière ; par la suite, j’ai su faire comme les intérêts commerciaux du titre employeur me le dictaient, enfin, en louvoyant).
Comme usuel, je rajoute que je ne suis pas du tout « anti-flic » systématique, déontologie oblige comme mes propres constatations. Et il me plait de signaler qu’encore récemment, j’ai eu à faire avec trois équipes policières — en tant que témoin — d’un comportement exemplaire. Courtois et tout et tout. De ma longue expérience, plus représentatifs de l’ensemble des forces de l’ordre (police, gendarmerie) que de celles et ceux des « promos Valls » et certaines antérieures qui inspirent au brigadier-chef Benmohamed cette réflexion : « si je ne dénonce pas mes collègues policiers, je suis complice ».
C’est là l’essentiel. Qui moralement oblige les non-dénonciateurs (ministres, hauts-fonctionnaires, &c.) à laver leur honneur. Donc à poursuivre Amar Benmohamed pour calomnies, dénonciations diffamatoires, &c. Ou à revenir sur leurs impétueux propos, pour les nuancer. Pour ne pas donner l’impression d’être et se comporter comme ces épurateurs de la police peu après la Libération de Paris qui se sont débarrassés des Amar Benmohamed de l’époque (beaucoup de subalternes révoqués, voire exécutés, fort peu de responsables — je ne vais pas revenir sur Bousquet ou Papon et consorts).
Voici peu, Patrick Chaimovitch, ayant évoqué la « police de Vichy » et la présente amalgamée trop vite, s’est vu opposé les protestations indignées de Synergie-Officiers et du syndicat des commissaires, ainsi que d’Alliance qui veut se porter partie civile conjointement à la plainte introduite par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lundi 27 juillet. Soyons logiques : les faits rapportés par Amar Benmohamed ne s’apparentent-ils pas  à ceux évoqués par le maire de Colombes ? Soit ils sont établis, et le ministre doit revoir ses prises de position, soit ils ne le sont pas, et il doit laver son honneur et ne pas passer pour complice d'un diffamateur. Mais il est fort loin d’être le seul. Il se trouve en excellente compagnie.
Je me souviens de ces communistes belfortains jugés pour avoir estimé que Mitterrand avait « pacifié l’Algerie au lance-flamme ». Très belle prestation de Robert Badinter pour le Parti socialiste. Avec l’ami Jean Gonnin (qui fut, avant Dupont-Moretti, aussi l’avocat de Patrick Brice), j’avais ensuite félicité Badinter pour la prestance de son plaidoyer. Nous n’en pensions pas moins. Mais vérité partielle ne s’exprime pas à l’emporte-pièce. Je conçois donc fort bien que le maire de Colombes ait par la suite apporté un bémol à ses propos. Mettons que certains faits aient pu le porter à s’emporter.
C’est donc aussi avec pondération qu’il faut mettre en perspective cette affaire Benmohamed. Par exemple en remémorant que le chef de la police de Hesse, Udo Münch, n’avait pas attendu une sanction pour démissionner (et se mettre en retraite anticipée) lorsqu’il fut patent qu’il couvrait les agissements de certains subordonnés.
Amar Benmohamed souligne aussi que, dans le même service, des collègues vraiment très bien, très corrects, exemplaires, doivent cohabiter avec les éléments incriminés. Dont des gradés très convenables, certains de ses supérieurs ne couvrant pas les faits allégués (mais recoupés, vérifiés, recroisés). Dont acte.
Il convenait de rapprocher cette affaire du maire de Colombes de celle-ci. Je pensais avoir eu cette originalité. Or, sur Twitter, voici que je découvre ce message d’Arié Alimi, avocat de M. Benmohamed qui relève : « je regrette profondément que la Licra décide délibérément de ne pas communiquer sur des délits racistes et antisémites au dépôt du TJ de Paris tout en devenant officiellement un organe de communication du ministère de l’intérieur » (à propos du maire de Colombes). Aurait-on, à la Licra, des contredanses à faire sauter ? Connivence ou complicité ?  Ou simple retard d'allumage ? Cependant, Mario Stasi, de la Licra avait déclaré attendre de la police, en matière de racisme, « un devoir d’exemplarité ». Mario Stasi, dans L’Obs ((29 mai dernier) relevait à juste titre que certains « s’enferrent dans une défense irraisonnée des incidents de racisme dans la police » en « accordant des brevets d’immunité corporatiste et figée ». Des noms, des noms ! Et aussi des faits… Et en sus de voir un front syndical policier conspuant le maire de Colombes, on souhaiterait une unité syndicale de soutien au brigadier-chef Benmohamed. Cela clarifierait les choses, on serait mieux à même de savoir à quoi s’en tenir sur les uns et les autres… Et de quel côté penche le ministre. Donc, par ricochet, MM. Castex et Macron.