dimanche 26 avril 2020

Le sort de Kim Jong-un, version France Dimanche


Donald Trump et Kim Yo Jong unis dans la douleur !

Kim Jong-un, commandant suprême de la Corée du Nord serait-t-il l’unique victime du covid de tout son pays ? Cardiaque et quelque peu enrobé, aurait-il succombé. Non pour Donald Trump qui lui a souhaité un prompt rétablissement, oui, selon diverses sources. Au train où vont les choses, il est temps de préparer sa nécrologie.
Kim Jong-un batra-t-il le record du maréchal Pétain, annoncé mort plusieurs fois depuis 1946 avant son décès en 1951 ? Tout laisse plutôt penser qu’il sera déclaré bien vivant post-mortem… Le temps de préparer ses funérailles et de promouvoir qui lui succédera. Successivement, son épouse fut écartée, son frère aîné de même, des généraux limogés, et ses enfants estimés trop jeunes. Divers noms de généraux ont été avancés, mais au final, les médias s’accordent pour donner favorite la sœur, Kim Yo-jong. Il était spéculé en février 2018 qu’elle était alors enceinte d’un second enfant, mais à part cela, et le fait qu’elle fut scolarisée à Berne, personne n’en sait trop rien sur sa personne.
Il est d’autant plus hasardeux de spéculer sur elle qu’on n’a aucune certitude sur l’état de santé de son frère. Tout au plus relève-t-on, comme The Korea Herald qu’un satellite a localisé un train spécial dans une station balnéaire
Comment donc en traiter intelligemment ? Je suggère confraternellement d’aller consulter les archives d’Ici Paris (d’avant l’été 2009) et de France dimanche. Ou leurs équivalents étrangers.
C’est, semble-t-il, ce qu’a fait la rédaction du New York Post qui, en une, assortit son titre d’un point d’interrogation et titre à l’intérieur : « le dictateur nord-coréen donné mort, en mort cérébrale ou vaillant » (dead, brain dead or just fine). Ce qui n’empêche nullement de ressortir des photos d’archives de sa sœur en visite à Séoul.
L’article s’en remet à des sources anonymes ou à des experts n’excluant pas que la sœur puisse succéder à son (présumé) défunt frère.
Si jamais la nouvelle de son décès se confirmait, je suggère de titrer « Donald Trump et Kim Yo-jong unis dans la douleur ». Une façon élégante de ne pas focaliser sur la réaction des dirigeants chinois et de ménager l’avenir.
Histoire de faire de même, je glisse ici le nom de Choe Ryongt-hae en tant qu’improbable successeur du « représentant suprême de tout le peuple coréen » (entendez : aussi celui de la Corée du sud).
Ce qui m’étonne un peu, c’est la moindre attention des médias occidentaux pour le site du Rodong Sinmun qui, ce jour même, liste les activités du Leader suprême. Il est vrai que la dernière en date remonte au 12 avril dernier. Et que le fait que G. A. Zhuganov, du parti communiste russe, ait adressé un message de félicitations par plus tard que le 24, ne garantit pas que son destinataire l’ait lu.
De plus, une dépêche du 24 sur les grands leaders en tant que locomotives (voici peu, en Chine, lancé à toute vapeur sur les rails du socialisme) mentionne bien Kim Il-sung et Kim Jong-il, mais non Jong-un. Je note aussi que l’annonce de la mise au point d’un nouveau désinfectant « anti-épidémie » n’est pas attribuée aux efforts du leader suprême. Après les avancées étasuniennes sur les désinfectants, il était normal que la Corée du nord ne reste pas en retrait.
Et pour le moment, en bas de page, la galerie de photos n’en montre aucune de Kim Yo-jong.
Bon, il est temps de se rappeler que l’hebdo Ici Paris, en octobre 2018, titrait : « Michel Drucker : il lutte contre la mort ! ». Tandis que Michel Sardou ne pouvait plus marcher. Aux dernières nouvelles, selon Voici (2 avril), Michel Drucker était « en pleine forme » et le fils Sardou envisageait de remonter sur les planches avec son père. Allez, bientôt, Kim et Donald en duo sur One America News Network (désormais OAN est la chaîne préférée du Donald, qui boude Fox News).

samedi 25 avril 2020

Trump, rancunier, fait le vide de ses ex-partisans

Rien ne va plus entre le Donald et le Piers (Morgan)

Je n’allais pas vous seriner que le sarcastique Potus est revenu sur ses injonctions d’avaler des désinfectants et de fréquenter les salons de bronzage. Toute la presse a fait état de ses revirements. Mais un peu moins du décès de Gary (un technicien de l’Arizona) qui a pris Donald Trump au mot.
Feu Gary, et son épouse Wanda, s’étaient déjà automédicamentés à la quinine. Leur bien-aimé président leur conseillant les désinfectants, ils ont bu celui destiné à curer leur aquarium. Le Daily Mirror, qui rapporte le drame, indique aussi le nom du produit Magna CPMedic, un antiparisitaire présentant le double avantage d’incorporer du phosphate de chloroquine et de nettoyer profond. Bien évidemment, la Trumpland relève que Trump avait averti que tout traitement doit être pris sous la supervision d’un médecin et que le couple ne peut s’en prendre qu’à lui-même. C’est their OWN choice clament victorygirlsbloc (.com) et d’autres sites qui s’insurgent que la presse dominante (ou ex-dominante) impute au Potus de les avoir conduits en erreur.Haro sur la lame press qui a monté ce drame en épingle. Les victimes ne sont pas des deplorables mais leurs propres victimes.
Mais cette polémique est dérisoire comparée au retentissement, au Royaume-Uni, de la brouille entre Piers Morgan et Donald Trump. Piers Morgan, un conservateur bon teint, éditorialiste du Daily Mail et très suivi animateur d’une émission de télévision, ne compte plus Donald Trump parmi ses suiveurs sur Twitter. Le Donald s’est désabonné de son fil.
Il est vrai que suffisant Piers, qui se targuait depuis longtemps, comme Farage, de sa proximité avec Trump, n’y était pas allé de main morte. Il se peut qu’interpellé dans les couloirs de la rédaction et de la station, il aurait pu céder à la pression de celles et ceux se demandant s’il n’allait pas une nouvelle fois applaudir les initiatives de Trump. Ainsi que tout un chacun, il n’a pas su déceler l’ironie si subtile des propos du président. Lequel vient de virer de la tête d’une agence un directeur qui se refusait à démultiplier les essais associant la « quinine » à des poudres de perlimpinpin.
Trump a viré des tas de collaboratrices et aides ne lui paraissant pas assez complaisants. Presque tous les jours, il indique qu’il s’abstient de regarder telle ou telle émission car ses animateurs ne lui tressent pas des lauriers. Même Fox News ne lui semble plus fiable.
Morgan qui anime Good Morning Britain, avait été l’un des finalistes de l’émission de Trump, The Apprentice en 2008. À présent, he got fired. Mais il n’en veut pas à son ancien ami : « je veux juste qu’il écoute et infléchisse son attitude », a-t-il déclaré à CNN. Morgan n’avait pas ménagé ses louanges (et retrouver ses interventions pro-Trump ne manque pas de divertir). Mais le moindre écart se paye. Dire que Tump ai eu tort de dire ce qu’il a déclaré est une chose, nier qu’il ait pu se monter sarcastique, c’est trop.
Cela étant, Morgan est peut-être parvenu à ce résultat : faire renoncer Trump à ses conférences de presse sur le corona modèle Fidel Castro. En effet, pourquoi donc offrir à une presse hostile deux heures d'antenne comblées ainsi, si c'est pour ne recueillir en retour que citations extraites « hors contexte », sarcasmes et fake news ? Et si c'était Morgan qui lui avait fait jeter l'éponge ? 

mardi 21 avril 2020

La minute inessentielle du Pr. Jef Tombeur de Piétemcap

C’est Donald Trump contre la Bête immonde

J’espère un chèque mentionnant “Economic Impact Payment, President Donald J. Trump”. J’avais bien imaginé lancer un concours réservé aux jeunes filles et femmes à la forte ou menue poitrine doté d’un dîner en ma compagnie avec nems de Chez Ann en entrées. Histoire de soutenir une TPE. Trump, qui dispose des moyens des contribuables américains et peut faire croître la dette, fait distribuer des petits chèques portant son nom (qu’on retrouvera sur e-Bay), mais l’essentiel de l’argent part en gros virements. Autant tenter d’en sourire.
Piétemcap ayant été rasée par mes ancêtres, descendus par les croisées de leurs soucoupes volantes, des fâcheux se gausseront : que cette localité disparue soit totalement exempte de contaminés par le covid-19 coulerait de source. Niais, sycophantes, dont les baguettes de noisetiers n’ont su détecter la menace, celle de la bête immonde qui vient de submerger les États-Unis. Soit le complot socialiste ou crypto-communiste fomenté par les adversaires de “God Trump” (si, si, l’expression a déjà été employée par l’un de ses médiatiques partisans). C'est cette contagion que je redoute : aidez-moi à construire un mur autour de Piétemcap.
Lequel Tump, après avoir vainement exorcisé les sorcières démocrates, encourage ses partisans à faire profession de leurs convictions. Du genre « Mon vaccin, c’est Jésus ». Sous quelles espèces ? Donald Trump à poussé toute l’industrie pharmaceutique américain e» à concevoir le suppositoire chabrot (à base de pain et de vin) du Pr. Raoult consacré par un évangéliste monseigneur. In God Trump we trust.
Cela suffira-t-il pour repousser la bête immonde Joe Biden (qui, comme chacun sait, rejoignait l’escroc Hillary Clinton dans le sous-sol d’une pizzeria pour se livrer à des bacchanales pédophiliques, c'est du moins ce qui fait encore bruisser la Trumpland) ?
Non, encore faut-il défiler coude à coude, avec rubans Trump 2020 en sautoir, pour exorciser qui veut tisser le linceul du de l’heureux monde garanti par le deuxième amendement de la Constitution. Le Minnesota Gun Rights Group et les vrais patriotes ont su mobiliser toutes celles et tous ceux qui pensent que la bête immonde est importée de l’étranger avec la complicité d’un ennemi intérieur, la troisième colonne des démocrates et des opposants à Donald Trump.
Certes, Donald Trump n’en est pas déjà à inciter ses partisans à graver au fer rouge le front de ses opposants du chiffre 666 ou « chiffre de Satan », mais sa mentalité de marmot précocement sénile finira bien par l’emporter : cela ne saurait trop tarder. Pour le moment, la Trumpland brandit des pancartes “Libety or Tranny?” (sic). En Californie, on chante du Springsteen, Born in the USA. Sans doute en raison de la strophe “So they put a rifle in my lap/ to go and kill the yellow man”. Car cette chanson très critique a été interprétée comme une variation du fameux My country, right or wrong.
Et puis, aux contradicteurs, on lance « va donc en Chine, communiste  ! ». Quant à Brad Little, le gouverneur de l’Idaho, c’est désormais “Little Hitler” selon la députée républicaine Heather Scott.
On comprend fort bien que Trump ait un urgent besoin de relancer l’économie. Il a fait voter une aide de 349 milliards de dollars pour, supposément aider les petites entreprises. Sauf que 300 milliards ont été absorbés par seulement 75 grosses compagnies ou firmes. Les petites entreprises reçoivent environ 150 000 dollars en moyenne, mais Shake Sharck Burger (189 restaurants) et d’autres comme Quantum reçoivent 10 millions, et ce ne sont pas les plus employeurs d’entre elles qui reçoivent le plus. Le croisement entre les bénéficiaires et les entreprises dans lesquelles la famille Trump a le plus d’actions attendra. Qu'importe, les grosses chaînes de restaurants rachèteront les locaux des indépendants à bas prix.
En fait, encourager ces manifestations peut pousser les gouverneurs démocrates à prolonger le confinement dans ces États en raison des risques accrus de propagation du virus, et donc à exacerber encore les tensions. Bah, dieu pourvoira la solution et l’essentiel sera sauvé : les firmes et les banques qui les financent, et leurs actionnaires, dont les Trump. Et puis 43 000 morts, la belle affaire, cela n’influe guère sur l’audimat du président -8 ,5 millions) et sa cote de popularité parmi ses partisans (selon lui, 96 %).
Évidemment, ce qui précède semble outrancier. Il s'agit en fait de pasticher Trump. Lequel aura toujours une longueur d'avance. Sa toute dernière : ne plus accorder de l'aide étasunienne aux pays amis sans être assuré d'être remboursé. On pense bien sûr aux pays de l'Otan sommés d'acquérir de l'armement américain. Mieux vaut traiter, commercialement, avec l'adversaire. Pour appuyer son propos, il a adressé ses vœux au président de la Corée du Nord, Kim Jong-un.
En fait, après avoir stigmatisé la Chine, Trump s'en prend à présent à l'Europe qui contamine le continent nord-américain. Boris Johnson appréciera. On souhaite le meilleur au Royaume-Uni pour ses négociations d'un traité commercial avec les États-Unis.

lundi 20 avril 2020

Fabrice Grimal : Journal d’un gilet jaune

Vers la démultiplication des bavures policières ?

Voici un… certain temps que je me devais de chroniquer le livre de Fabrice Grimal, Vers la révolution . J’abdique. Mais je saisis l’occasion d’un grave incident impliquant des policiers pour évoquer son Journal d’un gilet jaune (en ligne sur le site de l’auteur).
Les faits ou prétextes immédiats. Selon « une certaine presse » (Le Figaro), un jeune motard aurait percuté la portière ouverte intentionnellement d’une voiture banalisée de police à Villeneuve-la-Garenne en « des circonstances troubles ». Comme d’habitude, les policiers ont argué du comportement du motard. Comme parfois des vidéos accréditent l’hypothèse « que la portière avait été délibérément ouverte pour stopper le motard  ».
Ni un journaliste de l’AFP, ni un localier du Figaro, ni moi-même n’étions sur place. Et je ne vais pas vous rabâcher ce que je pense du recrutement des policiers (soit l’histoire d’un docteur en sociologie méchamment recalé à l’oral du concours).
Ex-fait-diversier et chroniqueur judiciaire, je considère avoir « bien connu la police » et que « c’était mieux avant » (des années 1950 à 2000). J’ai foultitude d’exemples personnels élogieux ou amicaux à l’égard non des mais de policiers, nuance.
Il faut bien sûr aussi considérer que, pour la police aussi « c’était mieux avant ». Un peu partout d’ailleurs. J’en veux pour preuve les fortes majorations des montants des amendes en Espagne (1 500 euros pour se rendre en résidence secondaire pendant le confinement, beaucoup, beaucoup davantage si on tente simplement d’argumenter avec insistance ou, pire, d’insulter ou menacer).
Soit dit en passant, la qualité du recrutement est en relation avec l’attractivité et les (pénibles) conditions d’exercice du métier.
Pour vous évoquer Le Journal d’un gilet jaune, de Fabrice Grimal, il convient d’énoncer que les porteuses et porteurs de gilets jaunes m’ont parfois gonflé grave. Le type à 4 000 euros de revenus mensuels descendant dans la rue en jaune, le couple avec pavillon impeccable et 4×4 neuve criant misère, les manifestants en jeans de marque qu’on ne trouve pas sur les marchés, eh bien, cela ne crédibilisait pas trop ce mouvement. Lequel, par ailleurs, pour tant d’autres, se justifiait amplement. Ingrid Levavasseur m’inspirait une forte sympathie.
Je veux admettre, comme me le disait un ami fort autorisé à le dire que de notre ancien temps « les pauvres savaient vivre comme des pauvres ». Mes potes toujours dans les sous-sols de la dèche et dont la « garde-robe » consiste en trois jeans à dix euros pièce n’ont pas ressenti l’urgence d’acquérir ou de faucher un gilet jaune.
Autant dire que cette évocation de ce Journal et du livre Vers la révolution (J.-C. Godefroy éd. ; larges extraits en ligne sur le site de Fabrice Grimal) n’est pas tout à fait une spéciale copinage.
J’ai pourtant vaguement connu le jeune et charmant Fabrice Grimal, batteur plus qu’amateur en garage et bosseur en prépas écoles de commerce. J’étais loin d’imaginer qu’il pondrait un bouquin si soigneusement documenté et argumenté.
Mon impression première  : c’est du niveau d’un Raymond Aron — pour ce dont je me souviens confusément ; pas relu de longue date — et de nombreux crans au-dessus de ce qui se publie d’à-peu-près similaire, rayons éco et scpo. Pour Grimal « une éventuelle nouvelle révolution française » reste une hypothèse, non un postulat. Mon appréciation de son travail est d’autant plus sincère que je suis en net désaccord avec l’auteur sur l’Union européenne.
L’UE, comme pourrait l’écrire Yuval Harari, est une religion comme tant d’autres. Faute de mieux, cela reste la mienne et ce livre vaut pierre de touche. De quoi remettre quelques présupposés en question. Ce que, pour mon compte, la presse anglaise (je ne parle pas des affabulations et rodomontades d’un Boris Johnson, de la prose du Daily Express, mais de critiques sérieuses et fondées, étayées) ne parvint pas à faire, Grimal y échoue de fort peu (l’apostasie épouvante souvent, y compris les plus lucides, je laisse à l’UE le temps que Roger Vailland laissa à Staline).
Ce Vers la révolution, sous-titré « Et si la France se soulevait à nouveau ? » est un lourd pavé. (330 pages) structuré, soigneusement argumenté. 
Pour qui ne se sentirait pas la capacité de s’y plonger, les larges extraits sur le site sont abordables. Et vous retrouverez aussi aisément l’entretien donné par l’auteur à David L’Épée de la revue Éléments.
Quant au Journal, il ne se résume pas à l’anecdotique ou à une énième dénonciation des bavures (euphémisme) policières. S’y glisse par exemple une référence à « l’imperium que Lordon [Frédéric] emprunte à Spinoza ». Fabrice Grimal puise à de multiples références en rappelant que « le camp d’en face possède toujours une partie de la vérité » et revendique d’avoir mené « une quête d’honnête homme » s’étant décantonné de ses présupposés. On ne pourra le lui disputer ou l’accuser de restriction mentale. Pour qui se veut soucieux de ne pas proférer sans nuance ou nécessaire correctif des jugements à l’emporte-pièce, ces deux ouvrages confinent au nécessaire. Grimal fonde peu d’espoir en une insurrection qui viendrait inéluctablement. La convergence des refus n’est sans doute pas pour demain. Mais, comme il l’énonçait lors d’une conférence du Cercle Aristote : « pourquoi s’interdire d’y penser ? ».

P.-S. — sur cette histoire de motard et de portière, Le Monde est beaucoup moins affirmatif que Le Figaro. Bref, on ne sait trop si l'ouverture de la portière, par un commissaire, fut intentionnelle (pour stopper le motard, non pour le blesser) ou accidentelle (soit une imprudence que signalent tous les moniteurs d'auto-école).

dimanche 19 avril 2020

Correction : du « hiatus » temporel et positionnel

Pierre Lemaitre écrit-il assis par terre ?

Dans quelle position ou situation Pierre Lemaitre (sans flexe sur le i) a-t-il rédigé le chapitre 42 de ses Couleurs de l’incendie (Albin Michel éd.) ? Assis par terre ou depuis une mezzanine ? Toujours est-il qu’il m’offre l’occasion de vous entretenir de correction.
Il ne saurait durablement m’en vouloir. Relever dans son roman, Couleurs de l’incendie, une incohérence qu’une scripte saurait rectifier s’il était porté à l’écran ne me vaudra pas sa vindicte.
Point de « Ah, ah, ah », s’écria-t-il en espagnol (en réalité, « Ah ! ah ! cria-t-il en en portugais », Dumas père ou son prête-plume), ou d’autre perle littéraire dans la prose « colorée » de Pierre Lemaitre.
Beaucoup d’auteures et écrivains considèrent, à tort, que la correction se limite à se montrer pointilleux quant à l’orthographe, la syntaxe, et l’orthotypographie. Soit, pour ce dernier vocable, en son acception première, le respect des règles régissant l’emploi de la ponctuation et d’autres signes de composition, ou l’emploi des graisses (romain, italique), des petites capitales, des espaces, &c. L’autre emploi correspond à l’étude des marches et codes typographiques, ou à  collaborer pour les élaborer.
En fait, la correction va très largement au-delà. Il s’agit par exemple, pour tel ou tel personnage d’un roman, à veiller à la cohérence du niveau de langue. Ainsi, en titre, j’emploie «  hiatus » au sens figuré de décalage, voire, plus largement d’impair, maladresse. Je placerais peut-être ce hiatus dans la bouche d’une professeure de lycée, mais non dans celle d’un instituteur s’adressant à ses élèves.
Les décalages à déceler les plus fréquents sont les temporels. Par exemple, situer un événement antérieur ou ultérieur sous le règne de tel ou tel souverain accédant plus tôt ou tard au trône. Employez, selon le cas, parachronisme ou prochronisme
Le géographique se rapporte à la confusion des lieux. C’est parfois subtil lorsque, par exemple,  voici peu, Donald Trump attribue à Séoul la population de l’agglomération de Tokyo. Ce tout en se targuant de connaître la Corée mieux que quiconque (relevé dans un précédent billet de ce blogue-notes). Ne pas employer : analocalisme.
Et le positionnel ? Difficile à définir. Confusion spatiale ? Risqué... S’applique-t-il à ce qui m’a sauté aux yeux en lisant le chap. 42 des Couleurs de l’incendie ?
Deux protagonistes, Madeleine et André, unité de lieu, la brasserie Lipp.
Bas de page 502 (éd. LdP) :
— Pardon, cher André, cela ne vous gêne pas de m’abandonner la chaise, les banquettes ne me réussissent guère.
Haut de pagre 507 (id.) :
« (…) utilisant un argument que lui-même [André] aurait pu employer. Il recula insensiblement sa chaise. ».
Il me sera rétorqué qu’André, de la pointe d’une chaussure, aurait pu écarter légèrement la chaise de Madeleine. Vade retro, satanée Madeleine. La correction consiste aussi à l’envisager, à soupeser la plausibilité d’une telle éventualité.
Cela va en tout cas au-delà de s’interroger s’il fallait, p. 419, italiser ou non un Bitte ! Bitte !, de vérifier l’usage allemand des guilles et des espaces avant les points d’exclamation.
L’action se situe dans les années 1930. Que nous indique le Code typographique (douxième éd., printemps 1977) ?
« La tendance moderne de la typographie allemande est d’employer deux (…) virgules retournées pour le guillemet fermant ». Passent encore les guilles françaises («  Bitte ! »), mais après le Mein Herz schwimmtt im Bult et un a capella suivi de Meine Freiheit, meine Seele. Cela suscite réflexion…
En revanche, est-il admissible que les nombreuses translittérations du polonais (Vladi la Polonaise ne s’exprime qu’en cette langue) restent ou non en romain ? Je vais de ce pas (en fait, de ces mêmes doigts) consulter des expert·e·s. Les mêmes qui ont débattu des heures à propos de l’emploi du ou de la covid (le virus, la maladie provoquée par le dit virus). La correction est une activité confinant à la macération (quasiment aux deux sens puisqu’il s’agit d’extraire, filtrer avant la mise en encre d’imprimerie ou de reprographie).
Pierre Lemaitre est par ailleurs un écrivain vétilleux quant à la vraisemblance, sachant subrepticement risquer, licence romanesque, «  une entorse à la vérité historique », la plus souvent indécelable ou fort mineure (en tout cas, elle[s] m’a, ou m’ont échappé). Son livre s’achève par une abondante « reconnaissance de dette ». Ce qui laisse présager que de très nombreuses pages furent soigneusement relues.
Ce qui vaut par exemple que nervosisme soit employé à la place de sa variante alors admise, névrosisme qui évoquerait trop la moderne névrose (fort peu usitée à l'époque).
Ce genre de bévue vénielle (cette malencontreuse chaise «  musicale ») peut échapper aux plus scrupuleux, de celles ou ceux du genre à vérifier si, vers 1930, la brasserie Lipp comportait bien des banquettes similaires à celles d’à présent. Et présentement comme hier ou naguère, voire antan, je considère que c’est davantage essentiel, ou primordial, que de traquer le trait d’union incongru.
L’un n’empêchant évidemment pas l’autre

samedi 18 avril 2020

Virus : Trump mise sur la part de l’ange noir


Dati appellera-t-elle à LIBÉRER PARIS ?

Jeudi dernier, je signalais que Donald Trump poussait ses partisans à manifester dans les États démocrates et je répercutais par ailleurs qu’un certain Dr Oz considérait que 2 à 3 % de morts infantiles valait de faire la part du pour et du contre. Il semble que Donald Trump l’ait pris au mot…
Cela devait s’amplifier. Jeudi denier, je signalais que des manifestants armés étaient descendus dans les rues aux États-unis pour exiger la démission et l’arrestation des gouverneurs des États démocrates avec pour slogans lock’em up (voir « Ubu Trump incrimine la mouche Xixi »).
Parallèlement, sur FB cette fois, je répercutais les propos d’un certain Dr Oz sur Fox News, selon lesquels rouvrir les écoles pourrait entraîner de deux à trois pour cent de mortalité infantile, mais que, tout bien considéré, cela se concevait.
Depuis, le Dr Oz est revenu sans trop se couvrir la tête de cendres, sur ses propos. Qui n’ont sans doute pas échappé au Donald. Lequel exhorte désormais la Trumpland à descendre en armes dans les États démocrates.
Mise-t-il sur la part de l’ange noir ? Soit une petite perte d’électeurs républicains mais qui auront contaminé beaucoup plus d’électeurs démocrates qui ne voteraient pas pour lui ? Un mal pour surtout les démocrates et un bien pour Trump, pourquoi donc hésiter ?
Trump a cette fois appelé à des manifs massives, de nouveau au Michigan, au Minnesota, mais en particulier en Virginie. Pourquoi la Virginie ? Parce que son gouverneur Ralph Northam, s’il n’avait pas osé décréter la fermeture des armureries, voulait interdire la vente des fusils d’assaut (en se gardant bien d’exposer la police à inspecter pour faire respecter cette décision). Intolérable pour Donald Trump qui a longuement vaticiné sur le respect du deuxième amendement, en usant de sa fameuse syntaxe : « Ils ont commis une chose horrible, le gouverneur ». C’est même «  une peste horrible ».
En résumé, mieux vaut un choléra-covid qu’une peste restreignant la liberté de s’armer lourdement : ce gouverneur « il faut l’assiéger » [le gouverneur]. Tous contaminants mais lui restant confiné. Le Donald n’en est plus à un paradoxe près.
Pourtant, le confinement lui donne une autre occasion de se réjouir : la chute des ventes et des revenus de la presse écrite. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre, lever le confinement ne suffira pas pour qu’une presse hostile moribonde se redresse.
Trump a toutes les bonnes raisons de s’en prendre à Ralph Norman, ancien médecin militaire et ex-républicain devenu démocrate qui avait affronté un pasteur républicain proche de la droite intégriste (anti-avortement, anti-gays, &c.)
D’autres manifs anti-démocrates et pro-Trump sont aussi organisées dan le New Hampshire, le Maryland, le Texas et le Colorado.
Dans un autre registre, le Donald est en passe de faire concurrence à la mémoire de feu Fidel Castro. Les allocutions du Potus s’étendent des heures durant (deux hier) et rabâchent ses vieilles obsessions, Obama en particulier, et à présent son ex ami, le président chinois Xi.
Pour le moment, il n’a pas félicité la Corée du Nord pour sa faible mortalité, mais cela ne saurait tarder.
Comparaison n'est pas raison, et non, Rachida Dati n'appelle pas à descendre dans les rues parisiennes pour déconfiner au plus vite et assigner Hidalgo à résidence. Ce n'est qu'une sorte de métaphore. Mais quand on sait que le sénateur RN Stéphane Ravier vouloir faire traduire Édouard Philippe devant la Cour de justice de la République, on peut penser que le slogan lock her up a trouvé un écho de ce côté de l'Atlantique. Et là, je m'imagine rien (voir les « confinés de Canard » du dernier Canard enchaîné). En fait, il doit bien se trouver d'excellents Français et soldats d'un nouvel ordre pour trouver des qualités aux méthodes de Trump, Bolsonaro ou Rodrigo Duterte. Et il ne faut pas être grand devin pour présager qu'on ne tardera pas à s'en apercevoir.
Et les arguments seront sans doute les mêmes qu'aux États-Unis, genre l'interdiction de l'avortement compensera la mortalité infantile, « Dieu ne nous a pas donné l'immunité pour rien » (slogan réel, vu sur un panonceau), ceux d'en face sont responsables de la pandémie (genre : Bill Gates aurait contribué à créer le virus, Soros suivra sans doute). Dieu et les colts.
Une image a fait sourire une partie des Étasuniens. Un type calfeutré de la point des cheveux à la pointe des ongles des orteils, brandissant un panneau "Covid-19 is a lie" (c'est un mensonge).
De toute façon, Trump sera gagnant : s'il y a de nouveaux décès, ce sera en raison du confinement. Et puis, en faisant marcher la planche à billets, il s'assurera un maintien de sa popularité. Si la dette augmente encore il pourra toujours proclamer que la Chine devra payer.

jeudi 16 avril 2020

R.I.P. Mgr Gerald Glenn, ministre du culte chrétien


Dieu au covid : « croissez et multipliez »

Un évêque étasunien est décédé, léguant le covid à sa famille. Les voix qu’il entendait étaient-elles si impénétrables ?
Monseigneur Gerald O. Glenn, évèque de La New Deliverance Evangelistic Church de Chesterfield (Virginie), est mort selon la volonté de son dieu qui a intimé au covid-19 de croître et multiplier. Mgr Glenn, l’a pris au mot : il a contaminé quatre membres de sa famille et divers de ses paroissiens.
Je sais à peu près à quoi m’en tenir sur le clergé étasunien, ayant recueilli les confidences du regretté révérend Billy Hults de la Church o the Rastified cowboy Buddha, of Upper Left Eddge fame, qui ne prêchait qu’en jouant de la planche à laver. Contre, éventuellement, les seuls fruguaux gîte et couvert. Mais échappait ainsi à l’impôt qu’il aurait été bien en peine de régler.
Je n’ai aucune raison de penser que les motivations de Mgr Gerald Glenn étaient vénales. Il est décédé après avoir rassemblé ses ouailles, comme préconisé par Donald J. Trump, fin mars dernier.
Sa fille Margerie, épouse Crawley, et divers parents, dont son mari, sa mère, Marcieta, et sa sœur, ont depuis contracté le virus que son père ne craignait pas car il mettait sa foi en son seigneur.
Cela étant, était-ce un homme de peu de foi, puisqu’il rassemblait son troupeau en les incitant à respecter la distanciation sociale ? Ce que firent la plupart. C’était donc plutôt « aides-toi, le ciel t’aidera » en quelque sorte. Contrairement à d’autres religieux moins informés, il avait aussi préconisé de se conformer aux recommandations des facultés. Mais considéré que le risque de ne pas louer son seigneur l'emportait sur tout autre.
N’empêche, il subsiste un truc que je n’ai jamais compris. Pourquoi un dieu créateur ne s’est jamais adressé qu’aux habitants de la Palestine ou des confins de l’Arabie heureuse, ou du Vermont (Joseph Smith en était natif), négligeant les Papous ou les Amérindiens, les Aborigènes et tant et tant d’autres. Et s’il est tout puissant, pourquoi n’aurait-il pu changer d’avis, laissant le temps à un virus de recevoir la révélation « croissez et multipliez ». Pourquoi le covid ne serait-il pas devenu l’un des saints des derniers jours ? Va-t-il muter, être doué de parole, et se doter d’une genèse ? Rien, dans ce qui l’a précédé et fut entendu par d’autres prophètes ne l’exclut formellement. Il lui a certes été prêté que poissons, volatiles et autres bestioles pouvaient être assujettis. Mais nulle mention de virus ou de bactéries. Cette omission en dirait-elle long sur ses intentions ultimes ?

Ubu Trump incrimine la mouche Xixi


La quille viendra, les vieux resteront

Alors que des scientifiques voient les États-Unis confinés ou socialement distanciés jusqu’en 2022, Ubu Trump se tape sur le bidon : il se voit, avec quelques raisons, réélu les doigts dans le nez (et pas sous le masque).
La quille viendra, mais, selon la ministre de la Santé britannique, mais les vieux resteront confinés jusqu’à la mise en circulation massive d’un vaccin contre le covid. Il faudra donc leur laver les gamelles et vider leurs bidons jusqu’à… l’ordre nouveau ? Incarné par un Nigel Farage, seul personnage politique européen ayant félicité Donald Trump pour avoir coupé les vivres (17 % de son budget) à l’OMS ? Lequel Farage, comme ses consorts, ne sera pas long à entonner « La Chine paier ».Et l’Italie quittera l’Union européenne, rachetée par l’Empire du Milieu ?
Quand j’évoquais récemment l’hypothèse éventuelle qu’une fuite accidentelle du virus depuis un laboratoire chinois je n’en faisais pas un postulat. Trump et Pompeo, son affidé, ont franchi le pas.
Ils font mieux : ils appellent la Trumpland à se rassembler dans les États démocrates pour réclamer la démission des gouverneurs et la levée du confinement.
Je n’aime pas faire état ici d’infos que tout le monde est censé connaître, mais celle-ci n’a pas déjà vraiment filtré dans la presse française. Le but de la manœuvre semble claire : Trump pourra se targuer de ces mouvements de protestation pour s’octroyer les pleins pouvoirs, en ajournant les sessions des deux chambres pour éviter de devoir affronter des critiques ; Les manifestant pro-Trump sont descendus dans les rues san masque mais armés, de drapeaux et aussi pour certainsde fusils d’assaut.
Trump, qui avait déjà graissé la patte de juges avant son élection, réclame de pouvoir procéder à de multiples nominations de ses partisans, sans avoir à pendre des avis ou rendre des comptes.
J’avais songé à un photomontage Ubu/Trump. Des centaines d’autres y ont pensé avant moi.
Trump, qui confond virus et bactéries, va bientôt nous soutenir que la mouche Xixi (du nom du président chinois), fut le vecteur de la pandémie. Que l’OMS a relâché des mouches Xixi infectées un peu partout dans le monde. Qu’ils se sont glissés parmi les 40 000 Étasuniens qu’il a autorisés à rentrer de Chine, trompant la vigilance des autorités gangrenées par les démocrates.
Dans un tweet, realDonaldTrump considérait qu’une bonne mutinerie avait du bon. Bien sûr, sauf qu’il s’agit de réclamer que le capitaine reste à la barre.
La TrumpLand ne réclame pas seulement que les gouverneurs démocrates démissionnent, ils les veulent derrière les barreaux : lock’em up !, scandent-ils. Ce n’est pas encore la loi du lynch que Trump incite ses partisans à réclamer, mais cela saurait-il tarder ?
En coulisses, pendant la pandémie, la famille Trump continue à faire des affaires et à se créer des obligés. Trump veut voir disparaître l’USPS (le service postal) ou à tout le moins le voir privatisé.
Comme disait l’autre (un peu tout le monde) : jamais on aurait imaginé voir et vivre tout cela… Et cela ne semble pas près de s’arrêter.
Attendez-vous aussi à savoir que les seniors ayant été testés positifs et été considérés guéris seront peut-être les plus nombreux à réclamer que les autres restent confinés le plus longtemps (Nadine Dorries, la ministre britannique de la Santé est dans ce cas ; elle n’est revenue que partiellement sur ses propos et n’exclut plus d’envisager un assouplissement du lockdown quand… les conditions seront réunies).

mardi 14 avril 2020

Confinement : de la réception peu mondaine du Pr. Raoult


Salve de réplique aux sommations croisées

Sommé par deux ami·e·s de me prononcer sur le confinement et le Pr. Didier Raoult, je ne peux plus arguer que je suis trop occupé à voir passer le défilé (prohibé). Mieux vaut accepter de se faire engueuler.
Histoire d’accréditer que je vais m’efforcer de contenir ma subjectivité, envoi avec cette citation de Me Gilles W. Goldnadel. « la “Raoulphobie” siège dans la détestation du peuple et du populisme dans son aspect le plus détestable et dans la méfiance pour la démagogie dans son côté le plus nécessairement légitime. ». En général, j’exècre les prises de position du sieur Goldnadel. On ne me reprendra donc guère à l’approuver.
D’une part, l’amie Zaz, qui n’a rien d’anonyme mais tient à le rester m’adresse un vibrant éloge du Pr. Raoult, assorti d’une charge visant le couple Yves Lévy-Agnès Buyn. Je vous imagine canette ou comme moi, assidu caneton (lisant Le Canard enchaîné), donc, je ne développe pas. Vous savez à quoi vous en tenir. Il est tout à fait exact que le chercheur marseillais enquiquine avec sa quinine (pour ne pas avoir à saisir diverses fois le terme exact). Aussi par ses propos du style : si on a recours « à des molécules anciennes qui ne coûtent rien », le manque à gagner du landerneau pharmaceutique fait tiquer ses actionnaires. Dénoncer l’abandon de la production de médicaments peu chers ne vous vaut guère de popularité en certaines sphères.
Cela étant, je ne mets pas en doute la sincérité et le désintéressement de toute ou tout détracteur ou sceptique. Sur le fond je me suis rapporté à la visio-conférence des prs Anita Simonds de l’Imperial College de Londres et Zhong Nanshan de l’Académie chinoise. Que le Pr. Raoult ait amélioré la méthode de Zhong Nanshan ou trouvé un substitut convenable à « divers produits de médecine traditionnnelle choinoise » me semble plausible. Il se peut d’ailleurs que l’antibio qu’il emploie soit moins coûteux que les dits produits divers et variés.
Au-delà, je ne m’avancerais pas à soutenir que le coronachose soit ou non sorti « d’un laboratoire de Wuhan », comme ce fut envisagé par d’aucuns (dont semble-t-il des gens sérieux, qui ne présument pas que cette sortie ait été intentionnelle).
Le seul ami, Patrick B., pour ne pas le nommer, qui soit un peu au fait de la question des épidémies, considère que prescrire de la « quinine » au risque de voir des patients en subir les contre-indications serait judicieux. La part de l’ange noir, en quelque sorte : on perd du monde mais dans une moindre proportion. Bien sûr, ayant pris de la quinine en Afrique sans en subir les conséquences, je ne suis pas le mieux qualifié pour abonder en ce sens.
Plus embêtante, la suggestion de Charles Duchêne, dit Charly Chapo (sur FB) qui énonce : « garder le virus sous le coude, comme une menace permanente, ne permettrait-il pas d’éviter toute révolte ou révolution, tout en laissant aux labos le temps de proposer un vaccin super-cher, qui achèverait notre sécu ? ».
Denis Kesler, ex du CNPF, serait aux commandes, en quelque sorte. Il est certain qu’un virus de type grippal permettrait aux compagnies d’assurances de faire passer un relèvement des cotisations. Denis Kessler est membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Morales ? Quand l’escroc Juan Carlos Ier et un pape en retraite anticipée, Joseph Ratzinger, y restent associés ?
Perso, j’ai signé en hosto un papier selon lequel je refuse tout acharnement thérapeutique. Autant dire qu’avec un peu de « chance », si j’étais victime d’un déconfinement un peu trop hâtif et généralisé, l’enfer qu’on vécu les cas graves ayant survécu me sera épargné. Mais si je détenais un mandat électif, j hésiterais à imposer mon choix à quiconque.
Bien, je ne vais pas faire de Charly le membre d’un complot fomenté par des révérends évangélistes américains soucieux de voir leur denier du culte réduit à la portion congrue, faute de pouvoir rassembler leurs ouailles en masses compactes. Ou influencé par les compagnies fabricant des sodas, anxieuses de voir les ventes de boissons alcoolisées grimper d’un cinquième à leurs dépens depuis le confinement aux États-Unis.
Je relève simplement que les Pays-Bas comptent désormais près de 3 000 décès liés au virus, et la Suède près de mille. J’attendrai un peu encore avant de me prononcer.
De toute façon, dans ce type de controverse, de disputation, tout élément peut être réfuté. Par exemple, si le centre de pharmacovigilance de X constate des cas graves ou des décès dus à la méthode Raoult, il pourra toujours être répliqué que les constatations sont erronées, voire volontairement faussées. Pour mon compte, je veux bien que seulement x ou y % des moins de 25 ans contre plus de 50 % des 256-65 ans sont affectés par le virus, que me rétorquer si j’estime que x ou y c’est encore beaucoup trop ?
Ma fille, ma bru, sont professeures de collège (et l’une a été infectée, semble s’en sortir). Mais comme la question de rouvrir les écoles ne sera pas soumise à référendum (et tant bien même… je risquerais de m’abstenir), à quoi bon me prononcer ?
En revanche, il ne me semble pas sûr qu’achever la sécu séduise tant que cela les actionnaires des compagnies d’assurances et des labos (surtout ceux qui ont des placements dans les deux paniers mai aussi d’autres).Ma seule certitude : je préfère la charlotte en dessert à celle en couvre-chef.

lundi 13 avril 2020

Confinement : on en a vu d’autres, mais quand même !


En guise d’hommage aux routiers en pandémie

J’évite quelque peu d’écrire sur ce blogue-notes ou d’apparaître sur Facebook en mode « et moi & moi, émois ». Mais le hasard faisant les choses telles qu’elles sont, petite entorse à ma déontologie intime.
Les routiers sont sympas (Max Meynier et d’autres), notamment avec les routards, dont je fus longuement de 15 ans à beaucoup plu longtemps (puis un temps rouleur à l’international, au volant d’un 3,5​t.). De fil non-télégraphique à pneumatique toilé (d’Internet), voilà que je tombe sur un article de presse reproduit sur le site fierdetreroutier. Article dont je doute l’avoir signé puisque j’apparaissais sur la photo (imberbe mais le nez chaussé de lunettes). En revanche, l’autre article reproduit sur le site est de ma pomme. Pas trop faux-cul, restant à peu près factuel et distancié. Pas de quoi en rougir. Mais, saluant ici une nouvelle fois Jean-Pierre Obert, qui en avait vraiment bavé pour rejoindre Erevan depuis Lyon et peut-être plus encore pour revenir dans l’Aisne, j’en profite pour me faire l’écho de ses successeurs, les routiers qui, en cette période de pandémie, font un boulot difficile en des conditions plus difficiles qu’auparavant.
C’était en septembre 1989. L’association lyonnaise Équilibre, qui ne défrayait pas encore la chronique judiciaire (on peut lire Equilibre : une faillite humanitaire, de Michel Deprost, Gollas éd.), lance une opération de convoyage de baraques préfabriquées vers l’Arménie.
Or donc, parvenir à Erevan fut un périple très pénible (litote) pour tous les utiles, un peu moins (euphémisme) pour d’autres (la chefferie). J’étais le passager d’un ex-jeune délinquant qui avait suivi fructueusement un stage de réinsertion lui ayant valu d’obtenir le permis poids-lourd. Nous ne parcourions les grandes villes ou capitales (vague souvenir de Varsovie) que de nuit. Par souci d’économie, nous n’avions embarqué que des conserves données par des industriels (genre rations de sardines à l’huile). Digression : de retour du Moyen-Orient, quand j’approchais 17 ans, j’ai vécu plusieurs mois de sardines à l’huile, de patates et de Quaker Oats. J’en avais vu d’autres. Mais quand même, sans doute afin d’éviter d’éventuels incidents avec les populations locales, le « haut-commandement » ne faisait bivouaquer qu’à forte distance de petites localités. L’état-major ambulant, à bord de Renault Combi, ou similaires, avait à sa tête un toubib dont la suffisance confinait à la morgue. Toujours impeccablement vêtu de frais, genre Lawrence d’Arabie, ou plutôt touriste en méharée saharienne, il faisait souvent traîner l’immense convoi, histoire de pouvoir photographier à l’envi l’ensemble de nos véhicules. D’où des retards importants. J’imagine que ces bivouacs hors de tout contact avec les populations visaient à éviter d’éventuels incidents.
Sauf erreur, je pense aussi que j’étais le seul à balbutier quelques mots de russe. J’avais relu tous les albums de la série BD Le Goulag, de Dimitri (épuisée, hélas) et je m’étais efforcé, avant le départ, de pouvoir décrypter l’alphabet de Cyril et Méthode (enfin, le moderne). Donc je prononçais à ma manière ce qui figurait sur les panneaux routiers.
Parvenus à Rostov (Ростов-на-Дону), je suis logé à L’Intourist local. Première douche depuis Lyon. J’étais logé avec infirmier marseillais qui lui aussi s’inquiétait du retard disproportionné du convoi et voulait reprendre son service à Marseille. Bref, on retrouve, dans un restaurant des étudiants marocains. Et grâce au truchement de Tatiana Olegovna Sokova, lui et moi parvenions à trouver un vol de nuit vers Erevan. De mémoire, Rostov, pour je ne sais quelle raison, fut la seule halte citadine du parcours.
Pour l’anecdote. À Erevan, à point dh'eure, un taxi nous dépose devant l’Intourist. Le veilleur de nuit (l’ascari, terme retenu depuis Taez, Yémen-du-Nord) ne veut pas nous laisser rentrer. Je prends mon accent le plus armée des Indes, stiff upper lip, et en mêlant quelques mots en « mon » russe, j’obtiens qu’ils nous ouvre les portes. Là, je me saisis de l’une des rares clefs encore pendues aux clous de la réception. C’est une suite. Avec balcon donnant sur la grande place. J’allais apprendre par la suite que Staline avait donné une allocution depuis ce balcon. Nous étions épuisés. Au matin, téléphone. Je pris un semblant d’accent allemand suisse (ou me l’imaginais-je) pour dire que nous étions de la Croix-Rouge.
Quelques temps après, subrepticement, je déposais la clef de la suite dans la boîte de la réception. Grâce à un logisticien de Médecins de monde, qui fit beaucoup pour la « cheffe des filles » de l’hôtel, entendez des accompagnatrices des clients fortunés — toutes ou presque trilingues, diplômées du supérieur — j’obtins un billet d’avion.
Saurf que… Erevan se sentait en état de siège. L’aéroport était pris d’assaut en prévision d’une offensive de l’Azerbaidjan. Juste avant de le rejoindre, je croise Alain Michel, le président d’Équilibre, venu en avion constater la réussite de son opération de com’. Il me somme de l’accompagner pour se faire prendre en photo en compagnie d’un ministre arménien. J’ai décliné « l’invtation », soucieux de rejoindre ma rédaction, avec près de trois semaines de retard.
Seoconde digression. Avec l’aide d’une accompagnatrice russe d’un groupe de Mexicains (mes souvenirs de la langue de Cervantès aidant), je pus me faire passer pour un membre de son groupe. Plusieurs fois, nous irons auprès d’un appareil. Finalement, un mixte (mi-cargo, mi-passagers) dont l’état des pneus de son train me fit songer au pire, nous admit à bord. Retour en France via Moscou.
Tout ce qui précède est dérisoire et je ne m’étends pas sur les effets du confinement sur les ex-routards ou reporters confinés. J’ajoute cependant que, pour le retour, les chauffeurs furent laissés à eux-même et galèrèrent grave. Le «haut-domm&nent » avait sa moisson ede visuels utiles pour sa propagande. Nombre de chauffeurs en ont vraiment bavé pour rejoindre notre frontière. Car la plupart n'avaient aucune autre expérience de l'international.
Vous voudrez bien concevoir que, depuis, je reste circonspect à l'endroit des dirigeant·e·s des associations humanitaires les plus médiatisées. Précision : Thérèse Guérin, de mémoire alors conseillère municipale rémoise, était restée au-dessus de tout reproche, et n’était animée que de bonnes et louables intentions en soutenant l’action d’Équilibre.
Reste que, en tant que journaliste, je ne suis pas du tout fier de n’avoir pas poursuivi en m’intéressant au fonctionnement de l’association Équilibre. Sur le moment, on pense à « ne pas désespérer Billancourt ». Ensuite, on doit vite passer à autre chose. Et Lyon se situant hors zone de diffusion, difficile d'obtenir du temps. Autre digression : je déplore la fin du Démocrate de l’Aisne. Cherchez. Partout dans le monde, la presse écrite est fragilisée ou devenue moribonde du fait de cette pandémie.
Vous l’aurez choisi. Comme certaines et certains ont choisi de ne pas réserver le meilleur accueil aux routiers. Cetains, en s’arrêtant, quand je tendais le pouce —thumbing my way — ont fait que je puisse encore m’entretenir avec vous. Pardonnez cette logorrhée larmoyante, mais quand vous applaudissez soignantes et soignantes, pensez aussi aux routières et routiers
Pensez qu’ils ont déjà pas mal enduré pour venir livrer, et qu’il serait indécent que vous en rajoutiez.