Blast pourra mieux faire et fera encore mieux
Spécial copinage, je me sens obligé de signaler le lancement
de Blast, média réunissant autour de Denis Robert une équipe de journalistes de
qualité. Ce qui n’empêche pas un certain recul…
C’est bête, mais c’est ainsi : c’est en découvrant, sur le site de Causeur, un droit de réponse de l’association Anticor, que je découvre, avec retard, l’existence du nouveau média, Blast.
J’en étais resté aux démêlés de Denis Robert avec la chaîne
de LFI, Le Media. Et puis, Trump et le reste, on ne peut pas suivre toute l’actualité.
Erwan Seznec, de Causeur, avait estimé que l’association Anticor roulait « pour
la gauche de la gauche » et en voulait pour indice que sa présidente
soutenait « un projet de web-TV lancé par le journaliste Denis Robert,
Blast ».
Denis Robert est un peu davantage qu’une connaissance. Nous
sommes tous deux issus de la presse un temps définie « ndépendante d’expression
locale », nous avons tous deux collaboré à Libération. Et puis
nous avons des relations amicales. Mais distantes. Ce qui fait que j’ignore ses
réflexions politiques les plus intimes, mais en m’en tenant aux actes, je ne
vois pas ce qui permet de le situer à la « gauche de la gauche ». Ou
il faudrait alors considérer alors que toute expression n’étant pas clairement de
droite vous renvoie à l’extrémisme gauchisant.
Les faits sont les faits, et si l’enquête d’Erwan Seznec sur
Anticor est bien étayée, cela n’en fait pas, même si on sait que Causeur
ne se situe pas tout à fait à gauche, un brûlot d’ultra-droite. Cela étant, le
droit de réponse tient la route. Tant bien même élude-t-il certaines affaires de cuisine interne (dont le Canard enchaîné s'était fait l'écho sans les monter en épingle).
Cela étant, l’argumentaire de Blast, levant
des fonds sur KissBank suscite de ma part quelques réserves. Certes, ce n’est
pas nouveau, la majorité de la presse est aux mains de milliardaires, mais je
ne vois pas l’intérêt de pointer, en particulier BFMTV. Ni de soutenir que les
chaînes d’infos « nous abreuvent d’informations auxquelles nous ne
croyons plus. ». Ces chaînes répercutent des informations, et si des
informations ne nous plaisent pas, si elles sont vérifiées, recoupées, tant
pis. Je vois la terre beaucoup plus plate que sphérique, je ne la sens pas trop
tourner. Et alors ? C’est ballot, mais j’estime que le pluralisme de l’info
reste indispensable, et que des appels sous-jacents à susciter une communauté
de points de vue convergents n’est pas très sain. J’admets qu’il s’agit là d’un
mauvais procès, d’autant que Blast s’adressera à tout le monde. En aucune
manière Blast ne soutient qu’il vise à l’hégémonie ou au repli sur une communauté. Cela, ce ne serait pas Denis. Lequel n'est pas du genre à « servir la soupe ».
Il se trouve nonobstant que quand je lis que l’équipe s’appuiera
aussi sur « des journalistes reconnus pour leur intégrité et leur engagement »,
j’aurais préféré que l’argumentaire ne mentionne que l’intégrité ; je veux
le mettre sur le compte d’une maladresse, bien que l’engagement ne soit pas
disqualifiant ou gage présumé d’une moindre intégrité. Au contraire d’ailleurs,
et la médialogie sait ce qu’il en est d’une neutralité de façade.
Mon second amical reproche tient à mon plus fort préjugé. L’audiovisuel
me gave.
Certes, Salomé Saqué traitant de la campagne
électoralo-sanitaire de McFly et Carlito pouvait difficilement se passer de
documents audiovisuels. Mais pour sympathique que me soit Salomé Saqué, me
taper 18 min d’un sujet qu’un bon « papier » (en encre d’Internet)
aurait pu fort bien exposer pour l’essentiel me paraît trop chronophage. Je
suis un vieux grincheux scrogneugneux partisan quasi inconditionnel de la presse
écrite, féal limite sectateur, et même, allez, j’ose, engagé pro-écrit.
Je veux bien concevoir que, pour lever des fonds, mettre la
charrue site avant les bœufs audiovisuels n’était pas vraiment idoine. J’admets
que 18 min, c’est plus sobre que le baratin de la toute aussi sympathique
Tatiana Ventôse (26 min) sur quasiment le même sujet « Macron,
influenceurs et propagande ». François Ruffin fait à peine moins pire (23 min),
toujours à propos du duo McFly et Carlito.
En sus le câble de mes écouteurs est un peu trop court et je
dois me pencher en avant. Nul besoin de passer des minutes à se remémorer ce qu’écrivait
Jean Yanne, vers 1975 : « les élections présidentielles… c’est du
chobizenesse ». Quoique... McFly et Carlito (enfin, l'usage en étant fait) me semblent plus dignes d'intérêt que Harry, Meghan et Oprah.
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