samedi 27 février 2021

L’écrit inclusif, c’est ch…

Mais libre à tou.t.es de se faire ch…

Alerté par un message Twitter de Marion Maréchal-Le Pen sur l’écriture inclusive « socialement excluante », je suis allé voir la tribune de divers linguistes publiée dans Marianne. Vais-je renoncer à l’inclusif ? C’est déjà fait…


De linguiste, je n’ai qu’un vernis superficiel (licence d’anglais oblige, par la suite, maîtrise et master, on peut s’en passer). Mais quelques restes m’avaient permis d’échanger avec une linguiste québécoise, laquelle aussi, en lexicologue, a su me convaincre que le féminin avait assez bien fonctionné avant que, oui, désolé Chères et Chers Professeurs, non pas la langue, mais les locutrices et locuteurs, aient en quelque sorte masculinisé (d’accord, ce n’est pas un concept scientifique, juste un fait observable) les usages.

Auparavant, puisque écriture inclusif il y avait, je me suis rallié aux collègues suisses francophones préconisant l’utilisation du point médian. Entre divers maux, typographiquement parlant, préférons le moindre.

Et puis, comme quelques docteures avec lesquelles j’ai pu converser m’ont indiqué que les instances européennes recommandaient la « féminisation de la langue », tout comme d’ailleurs les linguistes de la tribune de Marianne. J’ai commencé à faire un peu gaffe à ma pratique de rédaction.

En fait, ce que je reproche à cette tribune, c’est d’avoir utilisé dans son titre que cette écriture « excluante » s’imposerait « par la propagande ». Allons donc, j’en ai fait la réclame, nuance, n’invectivant jamais mes contradicteurs et contradictrices ami·e·s féru·e·s de typographie, et puis… basta !

Basta car, en assez bon angliciste, je perds du temps soit à saisir un terme français (ou admis par l’Office québécois de la langue… québécoise aussi), pour ne pas caser un anglo-américain, ou à chantourner la saisie : voir supra « un message Twitter » et non un twit.

Mais après tout, écrivant abondamment, je finirais peut-être par faire admettre twit,tout comme le néologisme qui n’est pas de mon cru, mais de Pierre Christin, de la série des Valérian), soit tarazimboumant, assez polysémique pour remplacer tant abracadabradantesque (plus long à saisir) et maints adverbes ou adjectifs.

Ne faites pas comme je dis, mais comme je fais. Cette histoire d’inclusif devient tarazimboumant.

Voilà donc que le quoi ? Scriptum inclusivum ? deviendrait « excluant ». Effectivement, Beauvoir est une fausse féministe (une Fafem, comme on emploie Rino pour les républicains étasunien) du fait qu’elle employait un français « patriarcal ». Une masculiniste qui s’ignorait.

Ce n’est pas elles et eux (ces linguistes) qui le soutiennent, mais en poussant un peu-beaucoup cette approche, pourquoi pas ?

La suite de leurs arguments sérieux est mieux fondée. Écriture complexe alors que le français est déjà coton à manier, oralisation difficile pour les bègues (non, là, j’exagère leurs dires). Difficultés accrues pour nos chères petites têtes blondes ou brunes ou « punk multicolore ». Notez la difficulté genrée des dites têtes au passage… Et puis, la Francophonie. Dans sa diversité. Généralement pour les plus instruit·e·s, maîtrisant mieux le français que celui entendu dans nos métropolitaines et ultramarines écoles.

La honte si la Francophonie hors de France pratiquait mieux l’inclusif que nouzôtres.

Après une longue pratique, je renonce à l’épicène tant qu’elle ne me semble pas s’imposer (si jamais je devais recruter par exemple), et à l’inclusif, qui a fini par me barber et devenir chronophage, parfois à l’excès. Qu’on se rassure, c’est au ras des paquerettes mâles ou des marguerits transgenres (s’il en était) et non pour me conformer à une injonction de Marion M-LP ou d’un autre, que je délaisse les inclusi·f/ve·s.

L’illustration supra est d’une ou d’un helvète, nommé·Hermann, et piquée au québécois Le Devoir, via Courrier International. L’article original, d’Annabelle Caillou, c’est « Le débat sur l’écriture inclusive fait aussi rage au Québec ». Assez édifiant car mesuré. Cela étant, pour l'hermaphrodite (n.m & adj.), peut-être pourrait-on employer indifféremment un ou une, voire un·e, car vu le nombre de fois où l'on emploie ce mot dans les textes courants, ce ne serait pas trop fastidieux.

Que la consœur me pardonne, mais je finis par penser que l’inclusif finit par se faire ressentir comme une petite pierre dans le soulier. Cela étant, si l’édition et la presse trouvent leur compte à sortir des publications bilingues, je ne vais pas polémiquer pour polémiquer, qu’on fasse comme il plaira. Eh basta !

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Sur l'écriture inclusive, j'aime bien l'image du caillou dans le soulier.

    Et j'aime lancer en boutade : mais c'est quand qu'on a merdé·e.

    Notez la faute de grammaire avec cet accord du COD.
    Mais il serait totalement anti-féministe et excluant de ne pas considérer qu'une femme, autant qu'un homme, aurait pu merder. non ?

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  2. Ami Jef, bienvenue au club gourd et hagard des futurs lapidés !

    Je viens de passer des jours à piailler sur ce moche et « miteux cache-sexe tricoté à l’arrache » (https://www.24heures.ch/rts-et-langage-epicene-histoire-dun-cache-sexe-648988007273) avec une camarade correctrice qui hait autant que moi la chose, et avec un ami descendu au lance-flammes sur les zéros sociaux (ce n’est pas une fôte de frappe) pour avoir voulu honnêtement s'exprimer sur ce p... de point médian (le p... est de moi) et le fait que ça gêne l'œil du lecteur.
    Il venait échanger sincèrement, réfléchir.
    Tout y est passé, patriarcat & co.
    Dans les échanges, une FF (Féministe Forcenée) expliquait doctement qu'il n'y aurait pas de problème parce que cette écriture serait réservée à la communication administrative.

    Sa réponse :
    Il y a un point sur lequel je refuse de céder : celui de l'accès au savoir par les petites gens. Comme vous le savez mes grand-parents ne savaient ni écrire ni lire, je sais lire et écrire. Ce fut un acharnement de plusieurs générations que de faire entrer dans ma famille l'instruction; elle a payé un prix fort. Que des engagés de salon viennent me dire en face que l'écriture inclusive est sans effet pour l'accès au savoir. Qu'ils viennent juste me le dire en face ! Cette histoire d'avoir deux langues, une administrative et l'autre ailleurs me met en rogne. Quelqu'un qui ne sait ni lire ni écrire et qui reçoit un courrier de l'administration ou doit faire des démarches administratives doit affronter l’humiliation. J'ai écrit des courriers pour des personnes analphabètes et je connais ce regard à la fois de gratitude mais aussi d'humiliation. Qu'ils aillent au diable avec l'écriture inclusive ! Je ne l'utiliserai jamais, jamais, jamais...

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  3. Réponse non à la FF mais à moi, je précise un peu tard !

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  4. C'est tout à votre honneur de vous y être intéressé de si près, Jeff. Moi-même, de crainte d'être contaminée, j'ai préféré ne jamais m'y frotter. Question d'hygiène féminine en somme...
    Si vous deviez recruter, nul besoin de recourir à ce surbalisage à points, car la loi interdit de recruter en tenant compte du sexe, ou du genre.

    L'essentiel du combat me semble tellement siéger ailleurs que dans la cristallisation de la question sur des inclusions en forme de points qui, à moi me prduisent l'effet d'un dénigrement.

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