mercredi 24 février 2021

La Libre Pensée veut enterrer la Commune de Paris ?

 Des dessous (sol) de la Commune

On a chanté Le Temps des cerises, et puisqu’on tenait métingue au métropolitain, pourquoi pas une station « Commune de Paris 1871» ? Avec une plaque en parisine (de J.F. Porchez) et des chiffres elzéviriens (tant bien même les Brabançons Elzevier auraient-ils été de francs réactionnaires d’ailleurs).


C’est un spécial copinage de plus car si je n’avais pas un pote proche de l’Irelp (La Libre Pensée, pour résumer à l’emporte-pièce), je ne crois pas trop fort que je me serais penché sur la grave question de savoir s’il faut enterrer la Commune de Paris en la commémorant par une station de métro.

L’ennui, laquelle ? Je verrais bien celle d’Anvers au pied du Sacré-Cœur ; mais je m’en voudrais de m’attirer l’animosité ou les remontrances de nos amis les Belges.

Je me souviens des débuts de la municipalité belfortaine de feu Émile Géhant, il fut question de rebaptiser la rue Thiers, longue rue allant de la Savoureuse à la gare, voie très commerçante. Pour la dédier au colonel communard Louis Rossel, crois-je me souvenir. Histoire de ne pas obliger les gens à changer papier à lettres et autres documents, la proposition fut mise sous le boisseau. Avais-je suggéré de se contenter de la rue de Thiers (ville de couteliers auvergnate) ? Toujours est-il que Rossel attendit sa rue belfortaine quelques années…

En revanche, renommer la station Funiculaire (de Montmartre) ne poserait aucun problème. Cela enrichirait le vocabulaire parigot sur le mode : « on se prend le communard ou on se tape les escaliers ? ».

C’est pourquoi je lance le mot d’ordre de la clameur qui doit parvenir aux oreilles de la RATP et d’Anne Hidalgo. Marquons, à la demande de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris (il y en eut de brèves autres du côté de Lyon,  et en Bretagne, crois-je), la commémoration (150 printemps aux cerises).

Je ne polémiquerai pas avec la Pensée universelle ou Anne Hidalgo qui, avec son proche entourage, aurait boudé la proposition. L’adjointe socialiste Karen Taïeb étant l’une des rares à répliquer à « une attaque véhémente de la droite ». Je n’y étais pas, que celles et ceux que j’oublie (Patrick Bloche, par exemple) me pardonnent et joignent à présent leurs voix à la mienne. Haut le funiculaire, haute la Commune, Montjoie Rossel, Louise Michel et tant d’autres. Notez que je ne crie pas « à bas la calotte ! ».

Mais quand même, le chanoine Kir, pourquoi pas, mais le communard le vaut bien (un tiers de crème de cassis, le reste en pinot noir, l’alsacien convenant tout aussi bien que le bourguignon).

Amis d’Alsace et de Bourgogne, avec une station « Commune de Paris », c’est le communard qui se remémore aux esprits parisiens.

Je propose d’ailleurs à l’Irelp, faute de trinquer à ma brillante initiative Chez Jenny, d’en débattre chez Bofinger (de préférence, ce sont des voisins), mais Wepler, Zeyer, Zimmer, ou plus prolétairement, dans un Flam’s (celui des Grands Boulevards si possible, subtile transition qui m’évoque les Michoko, de Carambar & co, dont la publicité, du temps des Actualités Pathé au cinoche, reste dans toutes les mémoires, « suprême raffinement de papier »).

En effet, il ne suffit pas de récriminer, nous devons nous montrer positifs et porteurs de propositions réalistes. Modifier le nom de la station Montmartre, devenue Grands Boulevards, eut un coût. Mais que d’économies pour les internationalistes prolétariens débarquant station Montmartre (sur les Grands Boulevards) et restant décontenancés (la butte, c’est une trotte plus haut).

Là, emportés par un grand élan patriotique (Tatiana Ventôse ne saurait y rester insensible), levons-nous en masse. L’union faisant la force, pourquoi ne pas penser à une station « Commune de Montmartre -François Deslaugiers ». Deslaugiers étant le concepteur de la rennaise passerelle des Bonnets rouges, les Bretons de Paris se mobiliseront avec nous.

L’Irelp résume : « Il s’agit simplement d’honorer la mémoire des Communards et de célébrer l’œuvre de la Commune de Paris, l’une et l’autre depuis trop longtemps ignorées de la toponymie parisienne. ». Delosgiers repose aussi au Père-Lachaise. Pas si loin du mur des Fédérés.

Emprunter le communard, ce serait aussi rendre hommage à Paul Lafargue, du Droit à la parasse et à l’économie des semelles.

Ne rabaissons pas le débat. En localités qui furent chouannes, au moins un temps, je trouve, comme à Montjean-sur-Loire, une rue du-Pilori. Et un chemin des-Massacres. Eh bien soit.

Sans chercher à polémiquer bêtement, quand je vois et entends (enfin, surtout lis) une partie de la droite se récrier à propos de la culture de l’annulation, je conçois.

On en viendra à déboulonner Victor Schœlcher car insuffisamment abolitionniste. Ou trop tardif. Mais, la Commune, ce fut aussi Nantes et Brest. Si on veut jouer au plus bête des deux, les Bretons seront plus têtus.

Serge Kerval chantait Botrel ET Jean-Baptiste Clément. Il ne s’agit pas de hurler avec les loups (Gilles Servat), mais de faire valoir que censurer la Commune, c’est renier un patrimoine qui, faute d’être commun (ici, non controversé), vaut d’être remémoré.

Mon point de vue — qui vaut ce qu’il vaut — est peut-être que François-Jean de La Barre n’était peut-être un trublion, mais qu’avec Voltaire, il fait partie d’une culture commune à la France et à la Bretagne. Quand je fais visiter Paris à des étrangers, je m’attarde devant sa statue avant de faire visiter le Sacré-Cœur. Pour tenter d’intéresser à une culture commune (et contrastée). Je sais, je reste un idéaliste de basse extraction, donc de bas étage. Mais avec le funiculaire communard, tentons de remonter la pente. En espérant, sous vos huées et lazzis, tenter de vous faire sourire.

Avec quand même l’arrière-pensée (ô combien pernicieuse) que si on commence à déboulonner Voltaire (critiquable, certes), on finira par mettre à bas Pascal, ou ses prédécesseurs (Galilée, par exemple, sauf anachronisme, quoique, je crois qu’il ait pu précéder Pascal, là, au pif). Et que restera-t-il ? Une vague notion que Sapiens succéda Neandertal ? Le triomphe du révisionnisme et de l’historiographie orientée ne m’empêche pas de dormir. Jusqu’à l’extinction du Soleil, qui cessera de tourner autour de la Terre. Comme c’est évident. Occultons donc la Commune, qui n’a jamais existé : la Terre est plate. Cela tombe sous le sens.

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