Des dessous (sol) de la Commune
On a chanté Le Temps des cerises, et puisqu’on tenait
métingue au métropolitain, pourquoi pas une station « Commune de Paris 1871» ?
Avec une plaque en parisine (de J.F. Porchez) et des chiffres elzéviriens (tant
bien même les Brabançons Elzevier auraient-ils été de francs réactionnaires d’ailleurs).
C’est un spécial copinage de plus car si je n’avais pas un pote proche de l’Irelp (La Libre Pensée, pour résumer à l’emporte-pièce), je ne crois pas trop fort que je me serais penché sur la grave question de savoir s’il faut enterrer la Commune de Paris en la commémorant par une station de métro.
L’ennui, laquelle ? Je verrais bien celle d’Anvers au
pied du Sacré-Cœur ; mais je m’en voudrais de m’attirer l’animosité ou les
remontrances de nos amis les Belges.
Je me souviens des débuts de la municipalité belfortaine de
feu Émile Géhant, il fut question de rebaptiser la rue Thiers, longue rue
allant de la Savoureuse à la gare, voie très commerçante. Pour la dédier au colonel
communard Louis Rossel, crois-je me souvenir. Histoire de ne pas obliger les
gens à changer papier à lettres et autres documents, la proposition fut mise
sous le boisseau. Avais-je suggéré de se contenter de la rue de Thiers (ville
de couteliers auvergnate) ? Toujours est-il que Rossel attendit sa rue belfortaine
quelques années…
En revanche, renommer la station Funiculaire (de Montmartre)
ne poserait aucun problème. Cela enrichirait le vocabulaire parigot sur le mode :
« on se prend le communard ou on se tape les escaliers ? ».
C’est pourquoi je lance le mot d’ordre de la clameur qui
doit parvenir aux oreilles de la RATP et d’Anne Hidalgo. Marquons, à la demande
de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris (il y en eut de
brèves autres du côté de Lyon, et en Bretagne, crois-je), la commémoration (150 printemps aux
cerises).
Je ne polémiquerai pas avec la Pensée universelle ou Anne
Hidalgo qui, avec son proche entourage, aurait boudé la proposition. L’adjointe
socialiste Karen Taïeb étant l’une des rares à répliquer à « une
attaque véhémente de la droite ». Je n’y étais pas, que celles et ceux
que j’oublie (Patrick Bloche, par exemple) me pardonnent et joignent à présent
leurs voix à la mienne. Haut le funiculaire, haute la Commune, Montjoie Rossel,
Louise Michel et tant d’autres. Notez que je ne crie pas « à bas la
calotte ! ».
Mais quand même, le chanoine Kir, pourquoi pas, mais le
communard le vaut bien (un tiers de crème de cassis, le reste en pinot noir, l’alsacien
convenant tout aussi bien que le bourguignon).
Amis d’Alsace et de Bourgogne, avec une station « Commune
de Paris », c’est le communard qui se remémore aux esprits parisiens.
Je propose d’ailleurs à l’Irelp, faute de trinquer à ma
brillante initiative Chez Jenny, d’en débattre chez Bofinger (de préférence, ce
sont des voisins), mais Wepler, Zeyer, Zimmer, ou plus prolétairement, dans un
Flam’s (celui des Grands Boulevards si possible, subtile transition qui m’évoque
les Michoko, de Carambar & co, dont la publicité, du temps des Actualités
Pathé au cinoche, reste dans toutes les mémoires, « suprême raffinement
de papier »).
En effet, il ne suffit pas de récriminer, nous devons nous montrer
positifs et porteurs de propositions réalistes. Modifier le nom de la station
Montmartre, devenue Grands Boulevards, eut un coût. Mais que d’économies pour
les internationalistes prolétariens débarquant station Montmartre (sur les
Grands Boulevards) et restant décontenancés (la butte, c’est une trotte plus
haut).
Là, emportés par un grand élan patriotique (Tatiana Ventôse
ne saurait y rester insensible), levons-nous en masse. L’union faisant la
force, pourquoi ne pas penser à une station « Commune de Montmartre -François
Deslaugiers ». Deslaugiers étant le concepteur de la rennaise passerelle
des Bonnets rouges, les Bretons de Paris se mobiliseront avec nous.
L’Irelp résume : « Il s’agit simplement
d’honorer la mémoire des Communards et de célébrer l’œuvre de la Commune de
Paris, l’une et l’autre depuis trop longtemps ignorées de la toponymie
parisienne. ». Delosgiers repose aussi au Père-Lachaise. Pas si loin
du mur des Fédérés.
Emprunter le communard, ce serait aussi rendre hommage à
Paul Lafargue, du Droit à la parasse et à l’économie des semelles.
Ne rabaissons pas le débat. En localités qui furent chouannes,
au moins un temps, je trouve, comme à Montjean-sur-Loire, une rue du-Pilori. Et
un chemin des-Massacres. Eh bien soit.
Sans chercher à polémiquer bêtement, quand je vois et
entends (enfin, surtout lis) une partie de la droite se récrier à propos de la
culture de l’annulation, je conçois.
On en viendra à déboulonner Victor Schœlcher car insuffisamment
abolitionniste. Ou trop tardif. Mais, la Commune, ce fut aussi Nantes et Brest.
Si on veut jouer au plus bête des deux, les Bretons seront plus têtus.
Serge Kerval chantait Botrel ET Jean-Baptiste Clément. Il ne
s’agit pas de hurler avec les loups (Gilles Servat), mais de faire valoir que
censurer la Commune, c’est renier un patrimoine qui, faute d’être commun (ici,
non controversé), vaut d’être remémoré.
Mon point de vue — qui vaut ce qu’il vaut — est peut-être
que François-Jean de La Barre n’était peut-être un trublion, mais qu’avec Voltaire,
il fait partie d’une culture commune à la France et à la Bretagne. Quand je
fais visiter Paris à des étrangers, je m’attarde devant sa statue avant de
faire visiter le Sacré-Cœur. Pour tenter d’intéresser à une culture commune (et
contrastée). Je sais, je reste un idéaliste de basse extraction, donc de bas
étage. Mais avec le funiculaire communard, tentons de remonter la pente. En
espérant, sous vos huées et lazzis, tenter de vous faire sourire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire