vendredi 6 novembre 2020

Soutenir la librairie Shakespeare and Company (Paris)

 Anglicistes, avant de chercher sur Amazon…

Bien, je ne vais pas plagier le papier de Thoimas Adamson d’Associated Press faisant état de l’appel de Sylvia Whitman qui cherche à survivre aux conséquences de la pandémie et sauver sa librairie parisienne anglophone, Shakespeare & Company. Juste quelques souvenirs.


J’admets, j’ai plus fourgué des livres en anglais à Shakespeare & Company que j’en ai acheté là, alors que pourtant, j’adorais parcourir les rayons ou feuilleter gratis, confortablement assis, au premier étage. Le lieu est internationalement célèbre à plusieurs titres (consultez la page en français du site de la librairie pour comprendre qu’avouer en ignorer l’existence c’est proclamer qu’on connaît fort peu Paris).

Quand j’étais un jeune grand voyageur (autostoppeur, tendance beatnik ou du moins m’y assimilant), à chaque fois que je montais à Paris depuis ma province pour solliciter un visa dans une ambassade ou une autre (j’ai encore une page de visa du Royaume d’Afghanistan), je passais aussi à cette librairie, par exemple pour simplement consulter les petites annonces déposées sur des panneaux en façade (colocations, bons plans d’hébergement, tuyaux divers), ou dans le vague espoir de dragouiller dans un anglais encore approximatif.

En revanche, mon dernier souvenir marquant de la librairie remonte à environ une décennie. Le révérend Billy Hults, un ami, beaucoup plus connu en ses qualités de joueur de planche à laver, libraire d’ancien et journaliste-éditeur de Cannonball (Oregon) que de « religieux » agnostique (ou vaguement théiste) fut l’un des hôtes de la librairie. Comprenez qu’après tant et tant d’autres, il déroulait son sac de couchage sur le sol après la fermeture et le rangeait dans son sac à dos à l’ouverture. J’imagine qu’après le déconfinement, il sera possible de consulter sa page autobiographique sur place (les hôtes étaient conviés à en rédiger une).


Deux manières de soutenir cette véritable et vénérable institution. Commander des livres via son site (à venir se voir remettre sur place, 10, rue Saint-Julien-le-Pauvre, ou commander pour livraison à domicile), ou un café à emporter (37, rue de la Bûcherie, rive gauche, face à Notre-Dame). Question choix de livres, certes, c'esst plus restreint que sur Amazon (j’ai fait un test avec les livres de Tom Corraghessan Boyle ou TC Boyle). Mais tentez donc de vous faire héberger ou de lire gratuitement dans un entrepôt d’Amazon…

Vous pouvez aussi commander un bon d’achat (de 15 euros, par exemple, qui vous permettra d’acquérir, à réouverture, la tasse en céramique frappée du logotype de la librairie).

Bien, ce n’est pas que toutes les librairies indépendantes mériteraient moins votre soutien que celle-ci, mais franchement, l’imaginer être transformée en un Starbucks quelconque serait un crève-cœur.

Un mot sur l’article de l’agence AP cependant. Sylvia Whitman, à la suite du premier confinement, a épuisé toutes ses économies. Si les ventes en ligne ont fortement progressé, il semble que ce soient les dons sans contrepartie qui assurent l’ordinaire et les perspectives de reprise de l’activité.

J’avais déjà effleuré l’histoire de cette librairie à l’occasion d’une approche d’un article de Roger Vailland (alias Geores Omer), « la grande dame anglaise ». Puisque, confinés, vous avez du temps à tuer, je vous convie à le consulter. Histoire de vous replonger dans l’ambiance des débuts de la librairie. Cela devrait suffire à vous persuader que, vraiment, ce lieu et ses activités multiples restent essentiels à la vie parisienne ; n’en déplaise à un certain Stéphane Bern, je préférerai voir Notre-Dame rester en ruines que de constater que cette librairie soit reconvertie en une quelconque boutique (de mode, de restauration rapide). Et puis, Notre-Dame pourra attendre au-delà de cinq ans pour se faire refaire, tandis que pour Shakespeare & Co, il y a urgence.

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