Joe Biden va-t-il lui accorder une grâce présidentielle ?
Non, tout
n’est pas plié et Joe Biden n’est pas déjà prévu parvenu à la Maison blanche en janvier. Mais
le Donald doit déjà songer à sa reconversion en amuseur de tréteaux. Failli, il saura se trouver des parrains publicitaires.
Un ancien gouverneur-adjoint de Pennsylvanie a trouvé la bonne locution pour qualifier le Donald hurlant qu’il a vaincu son adversaire démocrate : a carnival barker. Soit un crieur de fête à Neuneu ou un aboyeur publicitaire de tréteau de centre commercial vantant des promotions à ne pas manquer.
Je me
souviens des équivalents de mon enfance beuglant « petite jeunesse, ne
vous bousculez pas, les tours seront plus longs » (auto-tamponneuses), ou « Et
voici Louana, notre ravissante suédoise, dans le déshabillé de la Parisienne »
(strip-tease), et encore « Alors, le militaire du bataillon de Joinville relève
le gant du Bucheron des Ardennes » (combat de catch truqué). Jusqu’à la
dernière minute (qui peut se prolonger longtemps), Trump le bateleur d’estrade
s’égosillera.. En témoignent ses derniers messages sur Twitter, fort contradictoires.
Pourquoi cesser de dépouiller des bulletins s’il est si sûr de l’avoir remporté ?
Vous connaissez la réponse, je ne vais pas vous rabâcher mes précédentes explications.
Mais on
peut s’interroger et enfoncer le clou. Dans l’Arizona, des trumpistes armés s’en
sont pris à un bureau de vote de Maricopa pour exiger… que le dépouillement se
poursuive jusqu’à son terme. Ce dans l’espoir que le vote pour Trump rattrape
son retard. Dans une moindre mesure, des réclamations similaires ont été
prononcées dans le Nevada. Mais dans le Michigan, c’est l’inverse, les
pro-Trump réclament la fin du dépouillement. Bref, c'est “count the votes”
là où cela arrange, et “Stop the steal” (arrêtez le décompte, cessez le
dépouillement) là où cela dérange.
Il était,
ce jeudi soir, effectivement envisageable que Tump puisse empocher les grands
électeurs de l’Arizona, mais pour l’agence AP (qui donnait déjà 264 grands
électeurs à Biden contre 214 à Trump), les projections en Pennsylvannie et en
Géorgie semblaient problablement donner l’avantage final à Trump, provisoirement du moins. De toutes
façons, comme Hillary Clinton, Biden remporte l’élection en voix (ou le popular
vote, selon l’expression en cours).
Même cela,
Trump, comme précédemment, vociférera que c’est faux, qu’il l’a emporté, que
seuls les votes en sa faveur sont légitimes et tous les autres frauduleux, trafiqués, ou injectés en douce.
L’ennui, c’est
que cela durera encore et encore. Certes, un juge de Géorgie a débouté les
trumpistes de leur recours qui ne portait que sur un prétexte (53 bulletins
présumés invalides, ce qui est contesté par les autorités locales). Mais ne
serait-ce que pour sa postérité le « vrai Donald J. Trump » (son
pseudo pour Twitter) voudra battre les estrades en se dénommant le « vrai
président », le seul, l’authentique, celui qui n’a jamais rien perdu (mis
à part quelques immeubles restant partiellement vides et quelques litiges
réglés ensuite en coulisses). Donald Trump ne doit pas sa fortune à ses affaires foireuses mais à ses émissions de télévision, des contrats publicitaires (un peu quand même, plus récemment, à des nuitées dans ses hôtels ou golfs payés par les contribuables américains ou des évangélistes, des solliciteurs d'aides publiques).
Pour
préserver l’avenir, certains élus républicains du parti d’avant désavouent « leur »
président, et même Mitch McConnell, son âme damnée au Sénat, prend quelques
distances. Même FoxNews (pro-Trump de longue date) crédite déjà Biden de 264
grands électeurs. Et laisse entendre qu’au Nevada et même en Arizona, dont on
connaîtra les résultats dénitifs cette nuit, Biden devrait logiquement l’emporter.
Mais il ne faut pas négliger la capacité de nuisance de Trump.
La
perspective d’une défaite de Trump ne fait pas que des malheureux dans la
Trumpland. Comme le relate le site The Daily Beast, de nombreux sites de
soutien au Donald en appellent à des donations afin, prétendent-ils, de l’aider
dans ses combats judiciaires à venir. Les casquettes pour Trump, « le vrai
président » ou « Trump 2024 » (à moins que ce ne soit « Ivanka
2024 ») ne sont pas encore confectionnées, mais cela ne saurait sans doute trop
tarder. J’avais reçu autrefois un maillot « la pêche aux moules »’(chanson
popularisée par Jacques Martin), Trump en
labellisera peut-être d’autres avec pour slogan « la pêche aux nouilles »
et il les placera sur les marchés. Comme il le proclamait : « je
pourrais tuer quelqu’un sur la 5e avenue et ne pas perdre des
partisans ». Cela, il l’a prouvé, d’une élection à l’autre, il a
progressé en nombre d’électeurs.
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