jeudi 5 novembre 2020

É.-U. :Trump l’escroc sait qu’il a perdu l’élection

La Trumpland soutient la triche de son veau d’or

Le parti républicain n’existe plus, ne subsiste que la formation trumpiste. Laquelle approuve sans réserve les manœuvres frauduleuses de Donald Trump, lesquelles ne datent pas d’hier.


La première mesure frauduleuse de Donald Trump remonte à juin 2020 avec la nomination de Louis DeJoy à la tête du service postal public (USPS). Déjà, Trump savait que les démocrates, en raison de la pandémie, pousseraient à voter par correspondance. DeJoy s’est donc attelé à démanteler les infrastructure du service postal (mise au rebut de centres de tri, suppression de boîtes postales, &c.). Donc, en dépit d’injonctions judiciaires, tout a été mis en œuvre pour que les bulletins de vote (provenant même d’un même État fédéré, a fortiori d’un autre et évidemment de l’étranger) ne puissent parvenir à temps dans les centres officiels de vote. Il en est d’autres, soit des « urnes » (boîtes de dépôts réservés) que les républicains ont multiplié dans des endroits sûrs (genre boutique vendant la paraphernalia Trump-Maga) et tenté de faire supprimer les autres, situés dans des comtés démocrates, surtout urbains. Ajoutez à cela, en vue de conserver une majorité au Sénat, le gerrymangering (charcutage électoral).

Quant à l’exigence de ne pas prendre en compte les bulletins de vote parvenus après le 3 novembre dernier dans les États qui en autorisent le dépouillement, la manœuvre est limpide. Le graphique de NBC portant sur ces États est plus que parlant.

Dans les districts ruraux, présumés voter massivement pour Trump, on a surtout voté en personne (moins de risque de contracter le virus, ou d’avoir à rester longuement en file pour voter). Donc, dans ces districts ou comtés peu peuplés, les résultats ont été plus rapidement proclamés, laissant penser que Trump l’avait emporté. Et la grande, parfois colossale masse de bulletins présumés démocrates provient des agglomérations urbaines.

Bien évidemment, pour un État comme l’Alaska – Ankorage et son aire ne concentrent que quelque 400 000 h, sur un peu plus de 730 000 pour tout l’État – , le phénomène est marginal car même les urbains votent fortement pour les républicains. En revanche, en Pennsylvanie, Georgie, Arizona et Nevada, il est évident qu’une majorité de la population réside dans des villes et agglomérations importantes (c’est un peu moins marqué en Caroline du nord).

Les Trumpistes savent fort bien qu’il en est ainsi. Mais voyez ce que les bons chrétiens (évangélistes, fondamentalistes) et les nuques rouges (les « bouseux ») soutiennent. Le titre du New York Post (pro-Trump) est éloquent : « Biden peut bien voler une élection au profit des élitistes, mais les démocrates vont le regretter »). Cette tribune de Miranda Devine serait à hurler de rire ; elle soutient en substance que les milliardaires, les patrons de la Big Tech, de la presse généraliste de portée nationale sont tous des communistes, des antipatriotes, mais que, quoi qu’il advienne Trump (présenté tel le Sauveur, le Prophète), grâce au Sénat et à la Cour suprême, paralysera les « traîtres », et que ce n’est que partie remise (elle ne va pas jusqu’à indiquer que ce sera avec Ivanka Trump dans quatre ans ou auparavant, avec des milices lynchant les dirigeants démocrates). J’exagère à peine mais il ne faut pas être grand clerc pour lire entre les lignes de la prose pro-famille Trump.

Ce qui est indéniable, c’est que même si la Trumpland parvenait à ses fins (maintenir Trump au pouvoir), comme lors de l’élection précédente, même si Trump a effectivement progressé en voix (c’est assez simple, du moment qu’on fait beaucoup d’argent, présumément car Trump est au bord de la faillite, même Al Capone aurait passé pour un bon président capable de relancer l’économie), il perdra le « vote populaire » comme ce fut le cas précédemment face à Hillary Clinton. C’est déjà patent avec 89 % des bulletins validés. Le dépouillement tardif devrait accentuer l’écart. La Trumpland le sait, n’en a cure, car elle se persuade d’être d’essence patriotique divine : la secte est devenue une religion.

C’est Trump-Jésus contre Biden-Satan donc si des compatriotes ont voué leurs âmes à Satan, il faut les sauver malgré eux. Sauf que pour la Trumpland, l’exorcisme, c’est souvent avec un colt en guise de goupillon. Certes l’intégralité de la Trumpland n’en est pas à ce point, mais si les milices entraient en action, elle entonnerait Onward Christian Soldiers et applaudirait chaudement, avec Trump en meneur de claque, comme il l’a déjà fait.

Cela peut sembler insensé mais un vieil ami, vétéran du Vietnam dans les Marines, prof d’histoire en fin de carrière, résolument anti-Trump, m’écrivait voici deux jours “my guns are loaded, and I’m ready”. Non pas à provoquer les trumpistes mais à se défendre et forcer leurs barrages s’il le faudra. 

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