jeudi 28 mai 2020

Recherches & archives : gaffe à la coquille

Trois patronymes pour un seul homme

Devant faire de l’ordre dans sa maison familiale de Fargniers, la fille de Roger Choin retrouve une coupure de presse de l’Aisne nouvelle faisant état de son père, Roger Chuin. Puis dans un livre de Ludivine Broch, publié par la  Cambridge University Press en 20126, je retrouve le même Roger Choin devenu Roger Chouin.
JParis-Midi ou Paris-Soir.
e vous ai déjà fait part de mes recherches sur Roger Vailland m’ayant amené à retrouver des articles d’un certain Roger Vaillant (indubitablement le même Vailland, Roger). Les deux cohabitaient dans
Cette attention aux quasi-homonymes, je la dois au fait que, longtemps, j’ai alimenté un site consacré par Sandy Utley à Tom Coraghessan Boyle, auteur que j’avais traduit. Qui n’est autre que Thomas John Boyle, ou plus fréquemment T.C. Boyle. Je ne me souviens plus du nombre des variantes trouvées en ligne pour ce Coraghessan (avec un, deux r, i inséré superflu). Depuis, je me méfie.
Qu’écrit Ludivine Broch sur ce Roger Choin p. 155 d’Ordinary Workers, Vichy and the Holocaust)? « « En octobre 1943, Roger Charbonnier et deux autres cheminots, Robert Lebrun et Roger Chouin (sic), décidèrent de saboter les voies à Tergnier. Pas un était âgé de plus de 20 ans. » C’est vrai, mais pour Roger Choin, ce n’était que l’un de ses — tardifs – faits de Résistance. Toute la famille Choin avait bien auparavant caché des Juifs ou des parachutistes britanniques. Soit avant février 1943. Date à compter de laquelle un certificat officiel atteste que, rattaché au groupement « B/I Sect. BI/1 »), il « a participé à des actions directes contre l’ennemi. ». Pour cet ennemi en tout cas, ses actions antérieures étaient tout à fait directes.
Roger Choin (alias Roger Chuin pour l’Aisne nouvelle traitant des activités de l’association du Musée de la Résistance et de la Déportation en Picardie de Tergnier), a emporté ses souvenirs avec lui. La mémoire de sa veuve, France Choin, 93 ans cette année, est devenue défaillante, leur fils est décédé, et leur fille, ne se souvient que d’anecdotes orales éparses, non datées.
Roger Choin, né le 9 septembre 1925 à Bellicourt (Aisne), resta un homme discret ne recherchant aucunement les honneurs.
Il est très difficile de retrouver facilement en ligne des informations sur cette période. De plus, les patronymes renseignent souvent moins que les pseudonymes (ainsi, je lis que le futur colonel de Sarrazin se faisait appeler Dauvergne).
Il semble que ce fut Roger Choin qui répartit les détonateurs qui firent exploser les charges posées sur pas moins de 16 locomotives en gare de Tergnier.
Mais, passé de la SNCF à EDF où il fut ingénieur, Roger Choin se laissa peut-être oublier. Avec son entier assentiment. Je ne suis d’ailleurs pas du tout sûr qu’il aurait approuvé que j’honore ainsi sa mémoire.
Si je passe outre, c’est qu’il me semble qu’il ne dénoncerait pas que des journalistes, des historiens, travaillent « en conscience ». La mienne me dicte d’attirer l’attention sur l’éventualité de coquilles dans la transcription des patronymes. C’est certes sans doute dérisoire, mais au moins pense-t-on qu’il serait encore davantage dérisoire de n’avoir pas tenté de dire ou faire ce que l’on croit idoine. Et comme je ne vois pas de conséquence néfaste au fait d’attirer l’attention sur les coquilles et les quasi-homonymies, pourquoi me retiendrais-je ?
Il est plus facile de distinguer DuponD (aux bords des moustaches droits) de DuponT (bords évasés en pointe par Hergé) que de retrouver l’orthographe réelle d’un protagoniste d’un fait historique. Parfois, c’est facile. Je m’étais un peu intéressé à l’affaire du « du pompier Fauveau », condamné, puis acquitté (Me Jacques Isorni étant son défenseur) par les assises de la Seine , du fait que Robert François (pseudo de Roger Vailland) s’y était intéressé. Selon les organes de presse « l’embaumeur Courtot » devient Courtaud ou Courtaut. Je cherche encore un Courtauld ou Courtault, et je ne désespère pas d’en trouver. Jusqu’à nouvel examen minutieux, l’embaumeur Courtaud l’emporte (en nombre de références) sur le préparateur en pharmacie Courtot. Lequel devint même «  le pharmacien Courtot » dans Le Petit Courrier du 10 juillet 1937. L’affaire ne fut jamais élucidée avec la découverte d’une ou d’un coupable, il se peut d’ailleurs que Courtot finisse par l’emporter sur Courtaud, dit « le docteur Michel » (article de l’Œuvre du 11 septembre 1937, l’un des derniers à revenir sur « le garçon de laboratoire Courtot », sous la plume de Pierre Laude). Pour la minime histoire des coquilles, je relève aussi cet article du Petit Parisien du 21 août 1936 dans lequel p. 2, Henri—Michel Courtaud, « dit Michel » en haut de première colonne devient par la suite Michel Courtaut (deux fois même colonne, puis colonne suivante). Il n’est pas mentionné nommément en accroche de première page où l’on apprend que le sapeur-pompier Roger Fauveau est « affecté comme typographe à l’état-major des pompiers, boulevard du Palais. ». Un Pierre Bellemare aurait pu lancer à l’antenne : « Fauveau, ou le typographe injustement affligé ». Je reste, votre serviteur, typographiquement affligeant.

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