lundi 25 mai 2020

Brexit : le grand remplacement progresse


Royaume-Uni : les continentaux dehors

Ne nous leurrons plus. Aucun accord soigneusement négocié sur le Brexit ne semble plus envisageable. Et si nous n’ambitionnons pas de bouter l’Anglois hors de France, la réciproque ne semble pas du tout envisagée outre-Manche.
Je plaide évidemment pour revitaliser la Auld Alliance, et que nos concitoyens écossais puissent, en France, redeviennent automatiquement des binationaux. Malheureusement, le gouvernement écossais n’est pas en mesure de garantir la réciproque, limité qu’il reste dépendant des mesures décidées à Downing Street.
L’un des points cruciaux (outre les droits de pêche) d’un accord après Brexit restait la libre circulation et les conditions de résidence des ressortissants européens au Royaume-Uni. Avec, en contrepartie, le maintien de facilités pour les Britanniques expatriés dans l’Union européenne.
Subrepticement, avec sa duplicité légendaire, la « perfide Albion » et son ministère de l’Intérieur ont trouvé des prétextes pour éviter d’accorder le statut de résidents aux aliens, et autres étrangers de plus en plus indésirables.
Il faut concevoir qu’une partie de l’île, comprenez l’Angleterre, veut préserver et renforcer sa splendide isolation. D’une part, il est à présent réclamé que la police des frontières puisse pénétrer dans les eaux territoriales françaises pour refouler les immigrants embarqués dans des canots ou bateaux de fortune : au cas où des Français de France se mêleraient subrepticement aux Maliens ou Afghans ou autres nationaux pour gagner Londres comme après Dunkerque.
Mais à présent il s’agit aussi de repousser des résidents européens de (parfois très) longue date. Le moyen couramment employé consiste à leur refuser un statut de résident : faute de quoi, pas moyen d’ouvrir un compte bancaire, de louer un logis ou d’obtenir un emploi. Mais on leur réclame à présent, s’ils ambitionnaient une naturalisation, aussi la preuve qu’ils aient cotisé à une assurance maladie, rétroactivement. Ce n’était plus une condition impérative, ce l’est redevenu. Il en coûte en moyenne 1 300 livres.
Selon une certaine Laissa, citoyenne européenne, interrogée par The Independent, il lui fut intimé de prouver qu’elle avait souscrit une telle assurance depuis… 2013. Avec le confinement, les démarches administratives ont été rendues difficiles, mais selon le confinement, déjà 400 demanderesses ou demandeurs d’une naturalisation se seraient vues rétorquer ce nouvel argument. Je n’ai pas très bien compris si le but de la manœuvre consiste à inciter les étrangers, Européens ou autres, à retourner dans leur pays d’origine pour solliciter un visa qui leur serait ou plus sûrement non accordé. Sauf s'ils peuvent aligner de forts revenus annuels.
Il s’était produit un précédent, visant des membres de pays du Commowealth, et notamment ceux de pays des Caraïbes. S’ils sortaient du Royaume-Uni et désiraient rentrer, quel que fusse leur nombre d’années de résidence, l’entrée leur était refusée.
La prochaine étape sera-t-elle la déportation des indésirables après juin 2020 ? Cela pourrait concerner 900 000 personnes selon diverses estimations. Quant aux autres, « régularisés », le but semble être de les dégoûter de rester.
Selon le gouvernement britannique, 3,4 millions de ressortissants de l’UE auraient demandé un statut de résident permanent et 38 % d’entre eux l’auraient obtenu. Mais les autorités prennent leur temps pour examiner les dossiers, et au fur et à mesure, des conditions restrictives sont appliquées. S’il n’est pas question de déporter automatiquement les recalés, celles et ceux qui désireraient quitter provisoirement le Royaume-Uni risquent très fort de ne pouvoir être de nouveau admis. Mais une fois le statut obtenu, encore faut-t-il le prouver aux interlocuteurs (employeurs, loueurs, banquiers, &c.). Sauf qu’il n’est pas délivré de carte de séjour ou tout autre document physique. La preuve se fait « en ligne » mais la consultation en ligne peut renvoyer “service curently unavalailable due to maintenance” ou un message d’erreur du type : “we can’t show you your record ”.Ou autre subtils Catch-22 informatiques. C’est perdant-perdant le plus souvent. Le site de l’organisation The3million, co-fondé par deux Français, Nicolas Hatton et Christophe Gaspard, recense tous ces gremlins et glitches fort peu fortuits.
De toute façon, Michel Barnier et le négociateur britannique, David Frost, se renvoient mutuellement la balle d’un blocage des négociations. Et si aucun accord ne régule la rupture, le Royaume-Uni prendra les mesures qui lui conviendront (ce qui agréera la majorité conservatrice). Et en attendant l’issue, s’il lui prend l’idée de fabriquer une catégorie de « coronavirés » expulsés en charters, on ne voit pas trop ce qui pourrait l’en dissuader.
Espérons que, côté français au moins, vis-à-vis de nos amis britanniques résidant en France, il saura être fait preuve d’une moindre, comment dire ? Perversité et duplicité administrative ?

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