lundi 6 avril 2020

L’adresse de Yuval Harari aux covidiots & consorts


Virus, déni de l'écologie, mêmes causes, même effets ?

Je ne vais pas trop m’étendre sur la tribune de Yuval Harari parue dans Le Monde de ce jour. Non pour ne pas faire concurrence aux confrères, mais pour éviter des redites.
À peu près prévisible. Ayant lu en ligne le début de la chronique de Yuval Noah Harari, je pouvais, après achat du quotidien et lecture, en prédire la suite. Ce n’est guère la première fois que j’évoque ici cet auteur dont j’ai lu avidement la trilogie, et pas plus tard que naguère (le 22 mars : « coronavirus : autonomistes et indépendantistes… »), je faisais état de son entretien avec Guillermo Altares du quotidien espagnol El País.
À peu de choses près, Harari développe ce qu’il avait énoncé pour le lectorat hispanisant, avec deux-trois variantes notables. Conscient du paysage politique français, il insiste dans Le Monde, sur la portée néfaste de l’isolationnisme. Celui que prônent durablement certaines composantes de la vie politique française. Bien sûr, il ne dénie pas la nécessité du confinement et des contrôles aux frontières « à court terme ». Et j’imagine qu’il approuve le message du président roumain Iohannis à ses compatriotes expatriés : ne revenez pas au pays pour les fêtes de l’église orthodoxe autocéphale roumaine, le 29 avril. Quand on connaît les rites de cette obédience, on se doute que les rassemblements des évangélistes, au Japon ou à Mulhouse, présentaient moins de risques de contagion. Et il est notoire que les Roumaines et Roumains d'Italie et d'Espagne seront mieux soignés dans les pays d'accueil qu'en Roumanie (qui dispose de bons hôpitaux, de praticiens qualifiés, mais de trop peu de moyens à leur consacrer).
La seconde différence est qu’Hariri ne s’en prenait pas frontalement aux dirigeants républicains étasuniens dans son entretien. C’était incidemment, en évoquant les climatosceptiques, dont Donald Trump est le porte-parole le plus vociférant, qu’il établissait un parallèle entre propagation des virus et dégâts dus au réchauffement climatique. Effectivement. La coopération internationale s’impose plus que jamais.
Encore qu’il faudrait que les dirigeants des divers pays soient en phase, ce qui est loin d’être gagné ou même gagnable.
Les atteintes aux libertés de la presse, en de trop nombreux pays, ont contribué à faire empirer la situation sanitaire. Inutile de les nommer ni de relever que les quasi-théocraties ont le plus souvent privilégié le déni, censuré et fait arrêter des journalistes ou les voix dissonantes (rappelons qu'Harari assimile foi communiste ou libérale à une croyance religieuse). Ce qui ne concerne pas que les pays musulmans, même si la plupart des églises chrétiennes et des cultes israélites ont fait preuve de souplesse pour s’adapter au confinement.
Pour en revenir à Harari, je signale qu’il a aussi donné un entretien à l’hebdomadaire Le Point. Et un autre texte à L’Express. Des propos ont aussi été reproduits par Courrier international (traduisant une tribune de Time magazine).
Cependant, il met aussi en garde : "Si nous ne sommes pas prudents l'épidémie pourrait devenir un tournant important dans l'histoire de la surveillance. Non seulement parce qu'elle pourrait déployer une surveillance de masse dans des pays qui l'ont jusqu'à présent rejetée, mais plus encore parce qu'elle signifie un changement radical de la surveillance "cutanée" à la surveillance "sous la peau". ».
Cela étant, il avait aussi énoncé que « l’ère où l’humanité était démunie face aux épidémises naturelles est problablement révolue. ».
Excès d’optimisme, de confiance en l’adhésion des dirigeants aux recommandations des instances internationales dont l’OMS ? Possible.

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