Virus, déni de l'écologie, mêmes causes, même effets ?
Je ne vais pas trop m’étendre sur la tribune de Yuval Harari
parue dans Le Monde de ce jour. Non pour ne pas faire concurrence aux
confrères, mais pour éviter des redites.
À peu près prévisible. Ayant lu en ligne le début de la
chronique de Yuval Noah Harari, je pouvais, après achat du quotidien et
lecture, en prédire la suite. Ce n’est guère la première fois que j’évoque ici
cet auteur dont j’ai lu avidement la trilogie, et pas plus tard que naguère (le
22 mars : « coronavirus :
autonomistes et indépendantistes… »), je faisais état de son entretien
avec Guillermo Altares du quotidien espagnol El País.
À peu de choses près, Harari développe ce qu’il avait énoncé
pour le lectorat hispanisant, avec deux-trois variantes notables. Conscient du
paysage politique français, il insiste dans Le Monde, sur la portée néfaste de
l’isolationnisme. Celui que prônent durablement certaines composantes de la vie
politique française. Bien sûr, il ne dénie pas la nécessité du confinement et
des contrôles aux frontières « à court terme ». Et j’imagine qu’il
approuve le message du président roumain Iohannis à ses compatriotes expatriés :
ne revenez pas au pays pour les fêtes de l’église orthodoxe autocéphale
roumaine, le 29 avril. Quand on connaît les rites de cette obédience, on se
doute que les rassemblements des évangélistes, au Japon ou à Mulhouse,
présentaient moins de risques de contagion. Et il est notoire que les Roumaines et Roumains d'Italie et d'Espagne seront mieux soignés dans les pays d'accueil qu'en Roumanie (qui dispose de bons hôpitaux, de praticiens qualifiés, mais de trop peu de moyens à leur consacrer).
La seconde différence est qu’Hariri ne s’en prenait pas
frontalement aux dirigeants républicains étasuniens dans son entretien. C’était incidemment, en évoquant les climatosceptiques, dont Donald Trump est le
porte-parole le plus vociférant, qu’il établissait un parallèle entre
propagation des virus et dégâts dus au réchauffement climatique. Effectivement.
La coopération internationale s’impose plus que jamais.
Encore qu’il faudrait que les dirigeants des divers pays
soient en phase, ce qui est loin d’être gagné ou même gagnable.
Les atteintes aux libertés de la presse, en de trop nombreux
pays, ont contribué à faire empirer la situation sanitaire. Inutile de les nommer ni de relever que les quasi-théocraties ont le plus souvent privilégié
le déni, censuré et fait arrêter des journalistes ou les voix dissonantes (rappelons qu'Harari assimile foi communiste ou libérale à une croyance religieuse). Ce
qui ne concerne pas que les pays musulmans, même si la plupart des églises
chrétiennes et des cultes israélites ont fait preuve de souplesse pour s’adapter
au confinement.
Pour en revenir à Harari, je signale qu’il a aussi donné un
entretien à l’hebdomadaire Le Point. Et un autre texte à L’Express.
Des propos ont aussi été reproduits par Courrier international
(traduisant une tribune de Time
magazine).
Cependant, il met aussi en garde : "Si nous ne
sommes pas prudents l'épidémie pourrait devenir un tournant important dans
l'histoire de la surveillance. Non seulement parce qu'elle pourrait déployer
une surveillance de masse dans des pays qui l'ont jusqu'à présent rejetée, mais
plus encore parce qu'elle signifie un changement radical de la surveillance
"cutanée" à la surveillance "sous la peau". ».
Cela étant, il avait aussi énoncé que « l’ère où l’humanité
était démunie face aux épidémises naturelles est problablement révolue. ».
Excès d’optimisme, de confiance en l’adhésion des dirigeants
aux recommandations des instances internationales dont l’OMS ? Possible.
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