L’Ukraine, ou la Saint-Barthélémy de Poutine ? Allez comprendre…
Yeux secs, après avoir pleuré sur
les victimes ukrainiennes ET russes, je les plisse en lisant l’article de Makc
Sokolov pour Ria Novosti. Vl’a que nouzôtres, aurions banni la lettre z
de notre abécédaire. Sérieux. D’ailleurs l’helvète Zurich insurance Group
aurait modifié son logo (faux, je viens de le vérifier à l’instant). Mais bon,
Mackz Sokolov dispose peut-être d’une boule de cristal.
Je lis (presse anglophone) que
des civil·e·s, sans doute russophones, du côté de Kharkiv, auraient empoisonné des
pâtés (pirojskis et autres) offerts aux troupiers russes. Je n’ai pas trouvé de
confirmation côté médias russes. Il n’y est pas fait état de grands-mères
néo-nazies ukrainiennes empoisonneuses. Ce qui justifierait d’en passer
d’autres par les armes. Rien de mieux, pour aguerrir de jeunes recrues, que de
leur faire exterminer des vieilles ressemblant très fort à leurs propres babouchkas (ou mamies quelles que
soient leurs nationalités). Ensuite, le conscrit ou jeune engagé, misérable à
ses propres yeux, ne donne plus cher de sa propre vie, et donc encore moins de
celle de tout autre. Tout bénéfice. J’avais recueilli divers témoignages
indirects (donc, je m’en distancie) de telles méthodes appliquées par des troupes
françaises au Tchad. Mes ami·e·s russes ne m’en voudront pas si je peux
supputer que, oui, de telles méthodes auraient pu avoir été appliquées par certains de leurs
compatriotes en Ukraine. Je n’affirme rien. Cela fut confirmé ailleurs.
J’avoue aussi ne pas trop
comprendre pourquoi les forces russes, qui se seraient (selon la majorité de la
presse occidentale) livrées à un sorte de Saint-Barthélémy, ou vêpres
siciliennes (voire « banquet » des Borgia) dans la Marioupol russophone,
libèrent à présent des maires de localités conquises (les sources ukrainiennes
le confirment). Cette mansuétude s’explique mal. Quel parti compte en tirer la
propagande russe ? Laquelle fut très active en France (notamment en
direction des parlementaires passés chez Zemmour, entre autres, c’est aisément
vérifiable par vous-mêmes)).
Mais l’opération spéciale se poursuit
sur le front des symboles puisqu’il serait allégué que la République tchèque,
mais aussi des Länder de Bavière, de Basse-Saxe et de Rhénanie voudraient rayer
la lettre z de l’usage. Je lis (traduction Google, difficultueusement vérifiée
via l’original) que tout contrevenant traçant un z « sera passible
d’amende », et en cas de récidive « d’une peine pouvant aller
jusqu’à trois ans ». J’imagine que ce n’est pas en utilisant zittern,
zögern, ou zweifen dans la prose courante, mais en « affichant
ce symbole ». J’ai frémi car l’article se conclut ainsi : « la
censure alphabétique actuelle est déjà un ramollissement extrême du
cerveau ». Bref, « l’ukrainisation » gagnerait les
sociétés occidentales, selon Sokolov.
« L’idiotie européenne
actuelle », selon le même, (et surtout passée, semble-t-il révolue) a
surtout consisté, à mon humble avis, à conforter les oligarques russes, et donc
le clan Poutine, à investir sur le marché russe, à y créer des emplois qui ne
furent pas maintenus dans l’Union européenne, et j’admets que cet aveuglement
fut aussi le mien. Je crois encore à la fraternité (et sororité) franco-russe
(et de la Bretagne avec la Russie et l’Ukraine, entités ne s’étant pas toujours
déchirées, et j’en avais eu de multiples témoignages directs). Là, oui, il me faut
commenter. Il est fort possible que, pour ennuyer des voisins, ou manifester
une exécration à l’encontre d’autorités locales, des gens aient tracé des lettres
Z, ce qui ne manifeste guère, dans ce cas, un soutien total au régime de
Poutine. En revanche, durcir les sanctions (qui existent partout) contre les
graffiteurs, permet d’accréditer la thèse d’une russophobie rampante dans
l’Union européenne. Quelques autres manifestations imbéciles l’attestent d’ailleurs,
très minoritaires et anecdotiques dans leur ensemble. Que des Russes patriotes
le soient tout autant que des Français qui, en mars 1947, approuvèrent la répression
féroce à Madagascar, cela peut se concevoir, non ?
Cette présumée russophobie
risque, hélas, de gagner du terrain. À force de tenter de nous convaincre que
nous sommes russophobes, le pouvoir poutiniste pourrait nous finir par nous en
persuader et nous faire adhérer à des sentiments hostiles à la Russie. Je veux
espérer qu’il n’en sera pas ainsi. Toujours est-il que les autorités de Berlin
ont autorisé une manifestation (plus de 400 véhicules) pro-russe, sans incident
majeur. L’organisateur, d’origine russe, vit depuis 2001 en Allemagne. À ce
jour, il n’a pas été déporté à Kaliningrad.
Autre fait relaté par la presse
occidentale. Des chiens sont morts, faute de ravitaillement, dans des refuges
canins en Ukraine (notamment à Borodianka, près de Kiev). Qu’il s’agisse d’une
conséquence de l’invasion russe semble plausible. Je me retiens d’écrire que
les troupes russes avaient à se préoccuper d’autres chats. Vladimir Poutine
affectionne les chiens et s’en fait offrir par des dirigeants étrangers. Les faits
ne semblent pas pouvoir lui être directement imputables. Et contrairement à
ceux du maréchal Göring, il ne s’agit pas de chiens de chasse. La presse
anglophone fait grand cas du sort des animaux de compagnie en Ukraine. Se souvenir
qu’en matière de propagande, en état de guerre, le recours à l’absurde n’est
jamais loin (se replonger dans les archives de presse des deux précédents
conflits mondiaux en persuade assez vite).
Excipit superflu ? : Le
Canard enchaîné épingle en une les « Poutinophiles de fer » s’étant
exprimés dans La Croix du 31 mars. Je n’ai eu accès qu’au titre de La
Croix (« Ce qu’en disent les amis de la Russie en France) ». Mais
je ne sais si la question des libertés d’opinion en Russie leur fut ou non
posée. Leurs arguments sont connus, l’Union européenne aurait bien cherché ce
qui advient en Ukraine. Bien, mais que je sache, le Brexit n’a guère amélioré
les relations entre le Royaume-Uni et la Russie. Cela étant, la question de l’efficacité
et des contrecoup(s) des sanctions reste pendante. Comme tout et son contraire étant
concevables, souffrez que je botte en touche…