Les chrétiens chypriotes font fort
Tempête dans un îlot : les orthodoxes chypriotes
veulent exorciser la chanteuse Elena Tsagrinou car sa chanson retenue pour
l’Eurovision serait un « hymne à Satan ». Allons donc…
Plus les proclamés progressistes cherchent des poux dans la tête de presque tout un chacun en avançant les prétextes les plus divers, voire infimes, plus l’autre bord surenchérit. Cela se passe à Chypre, mais c’est significatif d’une vague de fond internationale.
Les orthodoxes chypriotes se prétendent offensés, offusqués,
et bien pire, car Chypre présentera à l’Eurovision une chanson intitulée El
Diablo. On peut présumer que les paroles, en anglais, sont vaguement
comprises. L’interprète, la Grecque Elena Tsagrinou, chante les tourments d’une
jeune femme qui aurait donné son cœur au diable. Soit à un mauvais garçon
surnommé El Diablo. Eh bien si, cela doit casser cinq pattes à un canard…
Tenez-vous bien, cela proclamerait « la soumission de
l’homme aux ténèbres et à l’humiliation. ». Et à rallier ce que
dénonce QAnon ? Et la Salsa du démon (Grand Orchestre du Splendid), blasphématoire ? La culture de l'annulation va-t-elle pousser le prélat des Gaules à l'expurger ? La Java du diable, de Trenet ? Et le Johnny, qui voulait que le diable lui pardonne ? Vite, urgence, si les oreilles des chères petites têtes blondes étaient heurtées par ces appels aux cultes sataniques, péril démoniaque en nos demeures. Le soir, près de l'âtre, dans nos chaumières, Belzébuth s'infiltre. Mais j'ai mes rameaux trempés dans l'eau bénite (ma mère-grand m'aspergeait ainsi en lançant des invocations : « c'est le diable qui te pousse ! »). À présent, quand j'enjoins les prétendus « islamo-gauchistes » à se faire circonscrire, exciser et infibuler, voilà que je deviendrai islamophobe... Ben, je me souviens d'un temps où, pour étudier en lexicologue le jargon des commerçants yéménites, un jeune chercheur se convertissait (pour faciliter ses recherches), au mahométanisme. Ses potes n'en pensaient pas moins (lui non plus d'ailleurs). On marche sur la tête, et la migraine guette. Si cela se trouve, Elena Tsagrinou, comme avant elle le curé d'Ars, finira bienheureuse.
Laissez-lui un chance, laissez-lui une chance ! (blague rigolote sur les blondes ; allez, me voilà sexiste, je cumule, j'aggrave ignominieusement mon cas).
Le siège de la télévision publique chypriote a été cerné par
une manifestation, des croix et des banderoles ont été déployés, des hymnes
chantés. Le Saint Synode s’est prononcé, il faut substituer à la chanson
incriminée, si ce n’est un cantique, du moins un truc célébrant les traditions,
l’histoire et la culture locale.
Faute de disposer d’une Sœur Sourire locale (Dominique,
nique-nique), le synode se contente de mettre El Diablo à l’index
mais suggère des pistes créatives.
Le président de la chaîne s’est cru, tout comme le
gouvernement chypriote, obligé de rétorquer qu’il s’agissait d’interprétations
abusives et montées en épingle.
Sur le clip, l’interprète se déhanche, et vocalise, comme
sans doute les autres concurrentes. C’est une guimauve assez enlevée et
entraînante, plutôt convenue.
Mais le parti nationaliste Elam a embrayé. La chose prend
des proportions faustiennes.
On pourrait certes hausser les épaules mais toute
ressemblance avec des débats aussi oiseux qu’outranciers, avec échanges
d’invectives croisées, abus de langage, ce qui se constate à présent partout
pour un peu tout et n’importe quoi n’est pas tout à fait fortuite.
Bien, la Turquie ne s’est pas déjà emparée du sujet pour envahir la partie sud de l’île, mais s’il s’agit de repousser le Malin, rien ne doit être exclu… De nos jours, n’importe quoi peut prendre des proportions démesurées
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