La presse alternative peut prendre le dessus
On a craint un coup de mou de Donald Trump. Pas du tout. Il
est reparti dans la défense et illustration de son ego et sa réélection
contestée.
Donald Trump, à peu près conscient que son éviction approchait, semblait apathique, ne relayant plus sur Twitter que des messages de ses partisans. Dont ceux d’un foldingue, le juriste Lin Wood, qui veut que le gouverneur et le secrétaire d’État de Géorgie, des Rinos, finissent en prison. Auparavant, le même Lin Wood incitait la Trumpland à prendre le maquis, à faire le plein de munitions, de piles, de lampes-torches, de bougies, de vivres, pendant que lui restait douillettement au logis. N’exagérons rien, Trump ne décrète pas directement l’insurrection, il se contente de répercuter les appels de ses plus chauds partisans.
Lesquels, très majoritairement, selon divers sondages, sont
davantage crédibles que la presse à peu près sérieuse et déontologiquement dans
les clous. L’ennui, c’est qu’une presse alternative (pas encore émergente en
France, mais cela ne saurait tarder car il y a des pépètes, du flouze, de la
fraîche à se faire), est devenue plus crédible que l’autre pour la Trumpland.
Les voix de la Trumpland ne manquent pas une occasion de pointer,
en l’exagérant, la trahison des élites (forcément autoproclamées), et d’une
presse dominante total complice.
Ces gens des élites pas forcément total obnubilés par le
pognon, enfin pas toujours toutes et tous, savent que pour faire des riches, il
faut des pauvres et de moins pauvres qu’elles et eux-mêmes. C’est clairement, à
mon sens, ce qui a échappé à nombre de trumpistes.
La suspicion généralisée est
fortement contagieuse.
Tump n’a pas encore réagi à
l’injonction d’un procureur de New York de justifier ses étranges impositions
(Ivanka, elle, est poursuivie pour avoir fait surfacturer un raout
d’inauguration réglé par les contribuables dans un bâtiment Trump, elle
dément). Lui ne se contente pas de relayer les louanges de Breitbart News,
louant dieu pour les quatre années de sa présidence. Breitbart continue à
entretenir le mythe de la fraude électorale généralisée. Tout comme Oann, avec,
pour cette chaîne, un titre comme « la manipulation électorale est un
objectif à long terme de la gauche ». FoxNews a étendu sa couverture à dix
nouveaux pays, dont 23 en Europe (hors France). Le New York Post semble
avoir tourné la page Trump et rapporte une anecdote texane. Un ancien capitaine
de la police de Houston était tellement persuadé que les élections avaient été
truquées qu’il s’en est pris à un chauffagiste, projetant sa voiture contre la
camionnette du chauffagiste avant de dégainer pour l’arrêter. L’ex officier
avait reçu plus de 211 000 dollars de la part du Centre pour la liberté,
dieu et le pays de Houston (Liberty Center for God and Country). De quoi
prendre des boulons pour des bulletins de vote truqués.
Mais le NY Post regrette
aussi le départ (ou limogeage) du ministre de la Justice, Bill Barr, qui avait
purgé le FBI de séides de « l’État profond ». L’héritage de Trump,
c’est cela : dénoncer la collusion entre les médias non-alignés sur les
ultra-conservateurs et les élites, l’État profond. Conforter des gens à
considérer que seules les élites alternatives (trumpistes profondes) sont
crédibles, même si elles mentent effrontément. La preuve qu’elles sont dans le
vrai ? Les médias de l’État profond les censurent ou les ridiculisent.
En quatre ans, Trump a relayé
plus de 265 messages émanant de la sphère QAnon. La dernière en date des
campagnes QAnon, c’est #fSubpoenaObama (assigner Obama en justice). De son
côté, Trump veut faire assigner Hunter Biden (le fils de Joe) pour fraude
fiscale (il l'a cependant démenti après l'avoir suggéré). Il dispose encore de pouvoirs jusqu’au 20 janvier. Il n’instaurera
sans doute pas la loi martiale comme l’y incite un candidat gouverneur
trumpiste de Virginie. Mais il vient d’annuler des dispositions du ministère de
l’Énergie visant à réduire la consommation d’eau. Il a aussi limité les mesures
de protection des espèces animales en danger d’extinction. Il peut aussi
gracier, placer des partisans, et opposer son veto jusqu’au 20 janvier. Les
toutes dernières de Trump, il vient de confirmer qu’il opposerait son veto au
budget de la Défense et que l’élection dans le Nevada était due aux votes de
personnes étrangères à cet État. Selon un avocat de Trump, 85 000 bulletins
du Nevada seraient frauduleux. Resterait à le prouver.
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