vendredi 7 février 2020

Siné mensuel : tout le monde déteste Macron

Macron plus érésipélateux que Sarkozy ?

« Cela vous gratouille ou vous chatouille ? » : en neuf lettres… Réponse d’avant : érésipèle ou érysipèle ; dont l’étymon suggère le sens de « faire devenir rouge ». Synonyme récent : Macron. C'est ce qu’affirme la couverture du Siné mensuel de ce février. Le mode affirmatif s’impose-t-il ? Un conditionnel présageant d’un futur me semble davantage idoine.

Avant de m’atteler (voire m’arrimer) à la lecture attentive des 340 pages du pavé de Fabrice Grimal, —Vers la révolution - Et si la France se soulevait à nouveau ? — éds J.-C. Godefroy, soit la Bible, ou plutôt Le Capital, la somme de référence du mouvement des Gilets jaunes (voir aussi sa chronique sur son site, son Journal d’un Gilet jaune, à paraître prochainement…). Petite pause procrastrinatrice.
Histoire de m’interroger sur un phénomène croissant : la détestation d’Emmanuel Macron. Siné mensuel considère que ce n’est plus la grosse bête qui monte, qui monte, mais déjà le coronavirus français, à propagation mode sinophile.
Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’expose Fabrice Grimal (sur l’Union européenne notamment), ni cette fois avec Siné mensuel nº 94.
Certes, petit dialogue récent avec une compatriote, une avocate brestoise « montée » à la capitale française pour manifester et projeter sa robe en l’air, est significatif :
   mais, vous aussi, vous aviez voté Macron ?
   oui, mais on ne m’y rependra plus…
Moi non plus. Ne serait-ce que par solidarité avec les futur·e s  retraité·e·s. Dont mes deux enfants. Pourtant, il me reste un ami de longue date, et qui le restera, à ne pas vouer Emmanuel Macron au pilori. Proche de certains milieux patronaux, il considère que le macronisme est un remède moins pire que d’autres. Cela doit au minimum être pris en considération. Moi non plus, je ne déteste pas l’actuel président : je veux croire qu’il saur fire tenir bon l’Union européenne face au toutou de manchon de Donald Trump, soit Boris Johnson et son no deal renommé non conclusive outcome. Traduisez depuis la novlangue de Cummings en bon anglais  : inconclusive damage ou indecisive damage.
Vous vous demandez parfois pourquoi vous lisez encore mes verbeuses chroniques ? C’est simple : nous révisons de concert notre anglais.
Perso, je ne suis pas trop adepte de la détestation, car je crains que sa propagation s’accompagne de la contagion de l’outrance, voire de la bêtise.
Un exemple  ?
Épingler Macron peut conduire à cataloguer un peu vite d’autres protagonistes. C’est ainsi qu’un copain fonctionnaire, adhérent de la confédération Solidaires, me fit part d’un slogan récent :« CFDT-UNSA : je suce et j’avale » (soit, sous-entendu, toutes les couleuvres de Macron et Philippe).
Je peux concevoir. Ex-délégué (du personnel) CFDT, j’ai déchanté quand la CFDT s’est mollement opposée à la réforme dÉdouard Balladur allongeant la durée de cotisaion à 165 trimestres et modifiant le mode de calcul du montant des droits (avant 1993, sous la présidence Mitterrand, calculés sur les dix meilleures années, depuis, sur les 25 meilleures). Conséquence : le montant de ma retraite a été divisé par trois et la part « retraite cadre » représente plus de la moitié de celle de base et me sauve de la misère (car le coût de la vie à Paris ne m’a pas déjà fait fuir au sud de l’Andalousie).
Cela étant, vue le nombre de petits boulots que j’ai effectué après mon denier emploi de cadre, il est possible qu’un système à points aurait pu m’avantager au final. Je n’ai pas fait le calcul, et il ne faut pas penser qu’à soi : j’ai déjà trois amis partis en Afrique (du Nord, sub-sahélienne), au Brésil, du fait de montants de retraite étiques (et fort peu éthiques). Balladur voulait déjà introduire un système de retraite par points. Je ne sais si la CFDT a préféré reculer pour ne pas mieux déjà sauter.

Mais revenons au sommaire de ce Siné mensuel nº 94. Y figure l’un des arguments justifiant que « tout le monde déteste Macron ». Soit l’article de Camille Van Belle, ainsi résumé :
« Handicap, une priorité du quinquennat et ”en même temps”, l’État reste sourd et aveugle aux problèmes auxquels [les handicapés] sont confrontés qui, entre entres autre, doivent régulièrement prouver que leur bras coupé ou leur jambe amputée n’a pas repoussé.’ » Absurde ? Que nenni…
Je vous entretenais de ces Britanniques qui demandent la nationalité française et se voient rétorquer, en avançant tous les prétextes inimaginables, que c’est beaucoup trop tôt, qu’il faut représenter leur demande dans deux ans.
Pour les handicapés, c’est un peu pareil. Non seulement les MDPH minorent quasi systématiquement les niveaux (ou catégories) de prises en charge, mais, en sus, en limitent la durée.
J’ai ainsi une amie dont le fils est reconnu autiste, et donc incurable. La MDPH consent à revoir son taux mais jusqu’en août prochain seulement. Histoire sans doute de trouver un prétexte pour revoir ce taux à la baisse, au mépris de tous les avis des spécialistes hospitaliers dont il n’est absolument pas tenu compte.
Et vous croyez vraiment que « le roi » et sa « Première dame » ne le savent pas ? Allons donc, associations, particuliers, élus locaux n’ont eu de cesse de les alerter.
Ce n’est pas parce qu’un·e fonctionnaire commet une erreur à mon détriment que la contagion de la détestation finira par me toucher. Mais du fait de ce que constate autour de moi, je ne réponds plus de rien.
Cela peut aller plus loin. Ainsi, sur le site de Siné mensuel, un billet de Jean-Marie Laclavetine sur la remise de la Légion d’honneur à Daniel Cordier, compagnon de Jean Moulin et de Stéphane Hessel, et le Caracalla du roman Drôle de jeu de Roger Vailland. Cordier siégea au Conseil national de la Résistance. Laclavetine fut l’éditeur, pour Gallimard, de Cordier (Alias Caracalla). Il a entendu Macron se prétendre « toute honte bue, l’héritier » du CNR. Et il Laclavetine) cite Denis Kessler, du >CNPF (devenu Medef), intimant « de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du CNR. ».
Les MDPH vont-elles réclamer aux amputés et éborgnés des manifestations de justifier sans cesse leur handicap permanent  Du coup, et en même temps, si Emmanuel et Brigitte Macron veulent fabriquer des kamikazes, ils ont déjà trouvé le bon mode d’emploi : persévérer dans le mépris et le déni des réalités. Et leurs soutiens (au couple présidentiel) devraient aussi se méfier de celles et ceux estimant ne plus en avoir pour longtemps.
Quant à Castaner, pour lequel la police a toujours raison, il devrait peut-être suivre l’évolution de l’opinion en Chine où la police de Wuhan avait aussi toujours raison. Cre qui précède n’est ni une rumeur, ni un avertissement « répandu en ligne », mais un constat : lancez la requête Macron+détestation, etcela donne 46 000 résultats (en0,54 econdes). Certes sur les quatre pages de résultats Google, certains ne sont pas vraiment pertinents ; mais la majorité est concordante.
Comme le fait remarquer Jérôme Fourquet (de l’Ifop), auteur de L’Archipel français (éds Le Seuil), dans un entretien pour La Montagne : « Il y a une colère et une détestation d’Emmanuel Macron qui se sont installées (…) et qui feront que des électeurs iront soit jusdqu’à voter Marine Le Pen, soit ne viendront plus voter ». En résumé, Emmanuel Macron, pourrait rester dans l’histoire le fossoyeur du front républicain celui dont se détournent « les gens qui ne sont rien ». Auxquels s’ajouteront ceux qui ne sont plus rien et savent à qui ils le doivent…

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