lundi 25 février 2019

Roger Vailland se prend un râteau de l’impératrice Zita…


Roger Vailland, envoyé par Paris-Soir, se fait éconduire

Loin de moi l’idée de suggérer que Roger Vailland tenta d’obtenir les faveurs de Zita de Bourbon-Parme, ex-impératrice d’Autriche-Hongrie, &c. La potentielle seconde sainte Zita (après celle de Lucques, sa canonisation serait envisagée) reste au-dessus de tout soupçon : honi soit qui mal y pense !

Le plus connu des râteaux que se prit Roger Vailland fut infligé par Régine Deforges. Avec Zita de Bourbon-Parme, veuve de Charles Premier, il est patent qu’il ne tenta que de s’entretenir des visées dynastiques d’Otto de Habsbourg-Lorraine (Othon dans l’article de Vailland pour Paris-Soir).
         Il reçut une fin de non-recevoir : l’ex-impératrice – s’il tant fut qu’il s’agissait bien d’elle-même – ne lui tint que des propos anodins…
         L’anecdote n’a que peu d’intérêt, mais vaut d’être détaillée sous l’angle de la médialogie de comptoir… Expédié au château de Bost(z) – les deux graphies sont recevables – à Bessin-en-Bourbonnais (château orthographié de diverses façons dans l’article – avec un talent infini, infâme, infime, intime, allez savoir…), Vailland ne peut rentrer à Paris totalement bredouille…
         Médialogie de comptoir, sémiologie sauvageonne : les quatre colonnes de l’article de Vailland (accroche en une, en tourne en page trois) sont meublées de trois photos, supposées prises par un photographe en planque venu auparavant ou peu après le passage de Vailland, lequel ne put immortaliser la brève rencontre de l’envoyé spécial avec l’ex-impératrice.
         Vailland brode, faute de mieux, faute de « viande ». Sont évoqués : les vaches dans les prés, la complexion du fils du maréchal-ferrant (Pierrot), les propos (apocryphes ?) du curé du patelin (non nommé), et tout aussi abondamment, l’envoyé spécial se met en scène. Même un Stéphane Bern n’oserait plus…
         Comme à son habitude, Vailland s’étend sur « les gracieuses jeunes filles » (des petites cousines de la famille impériale) qui lui assurent qu’il fera choux-blanc. Bref, c’est un cas d’école de tirage à la ligne… Même sur les bords de la Vologne (affaire Grégory), aucune, aucun d’entre-nous, n’aurait osé, faute d’infos « dures », broder aussi longuement sur la couleur locale. Ce qui m’amène à digresser en glissant l’anecdote suivante. Des confrères reporters-photographes, campant et planquant depuis des semaines à Épinal, rentabilisèrent leur (trop) long séjour avec un seul cliché… d’un vol de corbeaux au-dessus d’un clocher.
         L’interlocutrice de Vailland, présumée être l’ex-impératrice, n’est pas véritablement authentifiée. Vailland évoque une jeune fille l’accompagnant qui présente « dans son visage toute cette malice et tout cet esprit qu’on remarqua si vivement lorsqu’en 1910 la princesse Zita de Bourbon-Parme fit ses débuts. ». Du très grand art : jamais Vailland n’affirme avoir conversé avec l’ex-impératrice, mais le laisse très fortement imaginer.
         Voyez aussi cette photo légendée « L’ex-impératrice Zita (…) quitte les bords de l’Allier où elle a surveillé le bain de ses enfants ». Elle aurait pu être tapée n’importe où ou presque, mais elle crédibilise le compte-rendu de l’envoyé spécial.
         Le tout est « pissotant » (patois angevin ? terme détourné pour évoquer le rire sous cape), divertissant, bien mené, et procure un réel plaisir de lecture… On y est ! On voit l’ex-impératrice (fusse-t-elle une autre…). Cet article devrait être, à mon sens, détaillé au Cuej, au CFJ-CPJ, à Lille, ne serait-ce que pour arpenter le chemin parcouru. Quelle verve ! Lire et relire « Avecl’ex-impératrice Zita dans un château du Bourbonnais » face auquel Vailland resta devant les grilles…

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