lundi 21 mars 2022

Ukraine : se préserver de la stupidité russophobe

Éviter d’alimenter la propagande de Moscou

C’est parce que l’Union européenne serait  devenue une coalition totalitaire que la Russie poutiniste s’est donnée la mission de sauver le monde. Le problème, c’est qu’une majorité de Russes en sont progressivement convaincus. Chaque jour, le thème de la russophobie généralisée est martelé par la propagande du Kremlin. N’en tenons pas rigueur aux Russes que nous pouvons côtoyer.


C’était en 1882 et la France chantait Le Fils de l’Allemand dont le fameux envoi « Va passe ton chemin, ma mamelle est française. » fit le succès de la chanteuse Amiati. Le père de l’enfant, officier uhlan, avait sans doute violé une Lorraine, morte en couches. Du moins, fallait-il le supposer.

Je consulte les sites anglophones des agences Interfax et Tass, qui restent bien sûr dans la ligne officielle poutiniste mais n’en rajoutent pas trop. Il faut consulter celui, par exemple de l’agence Ria Novosti, pour prendre la mesure de ce qui est inculqué à la majorité de la population russe (restée en Russie ou expatriée). Vladimir Kornilov nous y apprend que les réfugié·e·s ukrainien·ne·sont devenu·e·s les nouveaux/nouvelles esclaves de l’Europe. Seul·e·s échappent à ce sort qui se réfugie en Russie ou en Biélorussie. Pas de second degré non plus dans la description récurrente d’une russophobie annoncée véhémentement généralisée.

L’illustration ici employée provient du site Donbass Insider pour lequel s’illustrent Laurent Brayard et Christelle Néant, qui, comme divers aventuriers, pour la plupart issus des extrêmes droites de l’U.E. ont combattu (en paroles) au Donbass, côté pro-russe. Le thème de la russophobie est développé et alimenté constamment depuis 2013 en Russie. Mais il était déjà présent dès la guerre dans l’ex-Yougoslavie et renforcé dès 2004 et ladite révolution « orange » en Ukraine. Bien auparavant, dès Charlemagne, l’anti-slavisme « autorisait » à réduire des peuples slaves en esclavage. En France, à partir de 1871, c’est pourtant la russophilie qui prit le dessus, et la guerre froide, en dépit de l’hostilité suscitée par le stalinisme (dans une partie de l’opinion) ne l’étiola guère. Pour mon propre compte, un séjour en Russie, puis l’exode économique (ou parfois dû à des répressions politiques) de Russes et d’ex-citoyen·ne·s de républiques ex-soviétiques, majoritairement aussi russophones, le russe restant la lingua franca de cette diaspora multiforme, ou même la slavophilie des copains serbes – ou moldaves russophones – m’ont détourné de tout sentiment xénophobe à l’endroit de personnes me conservant leur amitié.

Je ne vais pas remémorer que Dachau (camp ouvert en mars 1933) fut peuplé de communistes, de socio-démocrates et de libéraux allemands. Les religieux allemands opposés au nazisme y furent aussi internés. L’écrivain Günter Grass passa des Jeunesses hitlériennes aux Waffen-SS. On sait comment il évolua à partir des années 1950. Je ne vais pas non plus insister sur l’exode de Russes, opposés à la propagande poutiniste, qui enfle, notamment en Finlande et en Turquie. Et je ne saurais condamner définitivement des Russes gobant la propagande anti-européenne de Poutine et consorts. Nombre de Cambodgiens ayant par la suite rejoint les sinistres Khmers rouges avaient été des boursiers en France. Des tortionnaires iraniens, islamistes chiites, s’étaient aussi ralliés à Khomeini en France. Et c’est pourquoi je ne doute guère qu’il puisse se trouver des Russes (ou autres) pro-Poutine en France. Qui pourraient relayer en Russie l’idée d’une population française russophobe (en inventant au besoin des incidents, des anecdotes). Ne leur en donnons pas l’occasion (surtout stupidement, car nombre de Français sont peu à même de distinguer un Géorgien, voire un Ukrainien, un Arménien, d’un Russe).

Des réfugiés politiques russes en France auraient, paraît-il, été la cible d’incidents russophobes. La propagande poutiniste s’empresse et s’empressera de les monter en épingle. Et puis, je connais un très jeune garçon, Alexandre, de père ukrainien et de mère russe. Il ne vit pas en Bretagne, mais si c’était le cas, et qu’il soit pris à partie par des camarades de classe du fait de ses origines, j’en viendrais à me sentir honteux d’être un Breton. La stupidité ira-t-elle jusqu’à expurger Sacha Distel de la discographie du fait que son père était originaire d’Odessa ? Je suis russophile (et ukrainophile, &c.), comme l’était François Cavanna, auteur des Russkofs et de Maria, et pourquoi pas ? Sans angélisme, mais surtout sans xénophobie. Si, en France, des gens veulent s’en prendre à la propagande poutiniste, au lieu de viser des Russes abusés, ils trouveront assez de Français (ou autres, même si breih-info.com s’abstient à présent, c’est récent, de ne relayer que la propagande du Kremlin) à qui se confronter. Mais, là encore, attention à ne pas se tromper de cible : les convictions évoluent, comme en Russie. Et comme cela s’est vérifié en Biélorussie manifestement après 2010.


mardi 15 mars 2022

UUkraine : vers des guerres civiles larvées en territoires occupés

 La propagande pro-Poutine propose des pendaisons de masse

Inutile de vous seriner ce que les médias français rabâchent. Diverses autres informations sont – au moins momentanément et partiellement – négligées. Une revue de presses étrangères m’en a fait sélectionner quelques-unes que j’estime significatives.


Comme les médias français l’ont signalé, des maires et élus ukrainiens des villes occupées ont été remplacés par d’autres, plus complaisants. Mais la propagande russe veut aller plus loin, et faire le ménage dans les territoires occupés en organisant des pendaisons publiques massives des dissidents ukrainiens. C’est ce que rapporte FoxNews, The Daily Beast et Bloomberg News. Ce qui implique que, dans les territoires occupés, les autorités russes pousseront à la délation, et susciteront un climat de guerre civile. Cela semble en tout cas la conséquence logique de ces menaces relayées sur les chaînes russes.

En Biélorussie, le récent référendum autorise l’immunité pénale des dirigeants, mais aussi l’implantation d’installations nucléaires militaires sur le territoire de ce pays vassal de la Russie. C’est ce qui pourrait advenir aussi dans les républiques autoproclamées de Moldavie et de Géorgie si l'offensive russe vise leur annexion.

Sur FoxNews, sans doute pour fragiliser Biden, des animateurs pro-Poutine ne cessent de relayer la propagande russe. Il s’agit du fameux lèche-bottes de Trump, Tucker Carlson, mais aussi d’invités. En France, le site de France soir et d’autres reprennent quotidiennement les mêmes arguments.

Selon la propagande russe, il faut préserver les monuments historiques et ecclésiastiques. Mais en fait, des églises orthodoxes autocéphales ukrainiennes et d'autres commencent à être visées et détruites en diverses localités. Pour le patriarche moscovite Kirill (ancien du KGB à Genève selon le quotidien suisse Le Temps), toute opposition à la Russie est le fait des « forces du mal ». Poutine voulait éliminer des Tchétchènes jusque dans les toilettes, il fera éliminer des Ukrainiennes jusque dans les églises.

L’Alaska fut vendue par la Russie en 1867. Mais à la Douma, un parlementaire russe a commencé à en réclamer la restitution. Cela semble anecdotique et présomptueux, mais donne un indice des ambitions russes quant aux territoires et pays ayant fait partie de l’ex-Union soviétique. Pour le moment, la Transnistrie, peuplée en partie d’Ukrainiens (l’Ukrainien reste l’une des trois langues officielles de ce territoire), reste dans l’expectative. La Transnistrie ne s’est pas prononcée sur les républiques de Donestk et de Louhansk (au Donbass). Mais cette République moldave du Dniestr est économiquement dépendante des investisseurs et de l’aide russes.

Pour Vassily Nebiza (diplomate russe devant les Nations unies), le journaliste Brent Renaud n’aurait pas été tué à Irpen par des tirs russes, mais ukrainiens. En fait, pour le moment, du fait que des tirs furent échangés des deux côtés, difficile de se prononcer, même sison confrère Juan Arredondo, qui a été blessé, a mis en cause des tirs russes.

samedi 12 mars 2022

Ukraine : mais que veut vraiment Poutine ?

 Annexion au sud ou éradication totale de l'Ukraine ?

Vous l'aurez remarqué, je tente de ne pas vous abreuver d'infos rabâchées par les médias dits occidentaux. Je consulte autant les sites Interfax et Tass que d'autres. En revanche, c'est clair, russophile assumé, je considère Poutine pour ce qu'il est : un ploutocrate brejnevien doublé d'un mégalomane. L'ennui, c'est que pas plus moi que d'autres ne sait ce qu'il souhaite réellement. Deux hypothèses contradictoires dont je ne peux départager les fondements valent d'être évoquées.

D'emblée, il faut relever que les Russes, dans leur ensemble, ne semblent guère unanimes. C'est d'ailleurs identique hors de Russie. Je reste en relations avec des gens sincères, Russes ou autres, persuadés d'un complot américano-sioniste visant à l'anéantissement de la Russie. Eh bien, ces gens partout dans le monde (je ne prends que l'exemple du Maroc où les prix des hydrocarbures et de l'alimentaire fragilisent les populations), ne doivent pas être stigmatisés. Outre les réfugiés ukrainiens, il va falloir faire de la place pour les réfugiés russes dans nos sociétés, sans chercher à les départager entre réfugiés politiques et économiques. Qu'ils soient pro-Poutine ou anti-Poutine, toutes et tous souffrent. De même que nos réfugiés, pro-maréchalistes ou pro-gaullistes souffraient quand ils se repliaient en zone libre.

Il y a deux manières de voir les intentions de Poutine. Soit la vision de divers observateurs pour lesquels, faute de pouvoir occuper l'Ukraine durablement, Poutine en fera une immense jachère (hors, bien sûr l'exploitation des gisements d'uranium et de titane confiée au groupe Wagner appuyé par des troupes régulières). L'autre perspective, que le quotidien La Reppublica avance, consiste à envisager une Nouvelle Russie incluant tout le sud de l'Ukraine (et sans doute annexant l'ensemble de la Moldavie à terme, et peut-être la totalité de la Crimée). Le reste de l'Ukraine étant dévasté, rendu inhabitable.

Je ne saurais trancher, mais quel que soit le cas, nous en souffrirons, durement. Nous et tant d'autres de par le monde. Je ne sais comment m'y préparer (en fait, je sais que je ne saurai comment faire, donc j'improviserai maladroitement). Ce dont je suis persuadé, c'est que nous soyons Bretons, Ukrainiens ou Russes, ou autres, nous allons devoir nous entraider. Entre victimes, ne nous divisons pas. Vœu pieux (pour moi, agnostique, athée) mais faute d'autre perspective, croisons les doigts.


jeudi 10 mars 2022

Ukraine : chairs à canon contre boucliers humains

L’armée russe restera-t-elle en Ukraine pour longtemps ?

L’actualité suffit à être angoissante, mais les suites envisageables, pour l’Ukraine, la Russie et l’Europe sont tout autant anxiogènes. Prévisions, mode imprécateur, que j’espère infondées.


La propagande poutiniste a atteint un point de non-retour. Comme en Syrie, l’Ukraine est accusée de vouloir employer des armes chimiques et biologiques (par conséquent, si l’armée russe en utilise, ce seront en fait les Ukrainiens qui en deviendront désignés responsables, tout comme l’opposition à Assad fut accusée d’y avoir recouru). C’est là l’un des aspects du rôle de la propagande. Notez que des soldats russes risquent aussi d’être victimes de ces emplois.

L’armée russe a finalement admis avoir envoyé des conscrits en Ukraine. Auxquels il est soutenu que leurs victimes civiles sont en fait des boucliers humains utilisés par les combattants ukrainiens. Poutine peut s’inquiéter du retour de ces conscrits et de soldats peu crédules en Russie. Certes, ce souci est mineur : ses sbires fidèles sauront les faire taire, et la plupart se tairont.

Mais des démentis à bas bruit, un bouche-à-oreille s’amplifiant, contrecarrant la propagande officielle peut inquiéter l’autoritaire Poutine. Autant différer le risque en laissant les troupes stationner assez longtemps sur place.

Il y a deux manières de faire cesser ce type de rumeur. La répression, qui sera sans doute efficace. L’autre consiste à faire en sorte que les criminels de guerre le deviennent contraints et forcés, et fort peu enclins à s’exprimer. Pour cela il faut déshumaniser l’adversaire, civils inclus, pousser aux viols, aux exactions. Souffrant de syndromes post-traumatiques ou non, les SS du régiment Der Fürher s’étant illustrés à Oradour ne se sont sans doute pas trop vantés de s’être livrés à un massacre de civils, si ce n'est à de très proches partageant l’idéologie nazie.

En France, le temps n’est plus ou un Laurent Wauquiez qualifiait Macron d’être un dictateur (Wauquiez s’était retracté). Il est vrai qu’en comparaison, depuis, avec Poutine, Macron fait figure de « dictateur » (guilles de distanciation s’imposant) au petit pied, et même de tout petit garçon en ce domaine. Et Jadot se garde bien de redire que Macron fait preuve de complaisance envers Poutine. Mais ce qui m’inquiète, c’est que la propagande poutiniste conservera sans doute des adeptes en France, et cela, durablement. Un Thierry Meyssan poursuit sa reprise des arguments d’intox sur le site du Réseau Voltaire. Pour lui, « l’ambition de la Russie et compréhensible, voire souhaitable. ». S’il se garde d’exprimer que cette ambitieuse fin justifie tous les moyens, c’est de justesse.

Il ne peut être exclu que Poutine décide unilatéralement d’un cessez-le-feu à peu près généralisé. Quitte à reprendre des contre-offensives temporaires, sporadiques, en arguant d’attaques localisées visant ses troupes. Mais retirer massivement des unités qui auraient été engagées dans des combats ou ayant pris possession de localités préalablement bombardées semble exclu à court ou moyen terme. Les combattants russes de retour dans leurs familles risqueraient d’écorner la thèse d’une opération de dénazification ou de destruction de sites ou laboratoires d’armes biologiques américains (Lavrov en avait évoqué deux, à Kyiv et Odessa et le compte twitter anglophone de Sputnik – Spunikint –s’était empressé d’amplifier).

L’opinion russe est majoritairement muselée, et les opposants ont commencé à fuir (ou tenter de…), en particulier vers la Finlande. Des parents mieux informés ou perspicaces dont les adolescents pourraient être appelés sous les drapeaux font de même. L’outrance de sa « propre » propagande finira peut-être par influer davantage que les sanctions occidentales. Mais il n’est pas sûr que Poutine fût en capacité de l’envisager.


mercredi 9 mars 2022

Vers des Jeunesses poutinistes armées ?

Les blindés russes frappés du Z de Zemmour ?

Bien présomptueux de parodier le Volatile entravé (hebdo du mercredi). Mais l’apparente bonne santé de Poutine en atteste : le ridicule — des arguments spécieux — ne tue pas. Un peu d’humour noir dissipe parfois l’angoisse.

La Poutinophobie (ou plutôt détestation) ne doit pas avoir pour pendant la Zelenskydolâtrie. Le second Volodia n’a pas brillé dans son combat contre la corruption, a su aussi en mettre un peu à gauche (voir Le Canard enchaîné de la semaine d’avant celle-ci), et sa position sur le Donbass ne fut guère limpide. Mais le président ukrainien n’a jamais posé en super-héros, en athlète accompli, et s’il n’est pas tout à fait aux premières lignes du front, le Russe n’est pas non plus aux avant-postes. Cela se conçoit, une balle de conscrit russe dans le dos ou d’un fusiller marin de Kronstadt ne serait pas à exclure.

Poutine n’a pas encore expédié des ados de la Lounarmia sur le front ukrainien. Ces successeurs des pionniers soviétiques ou des faucons de la patrie roumains bénéficient d’une formation militaire. La Lounarmia est diriigée, depuis fin 2018, par le vice-ministre russe de la Défense. C’est l’armée de la jeunesse poutinienne. Relevez qu’en 2014, la Russie a réactivé notamment en Ukraine (Kiev, Odessa, Donbass) la Droujina, le corps des auxiliaires de la police, qui s’illustra par des pogroms visant les campements des tziganes. Si, en Ukraine, les ultra-nationalistes sont devenus marginaux (un peu comme l’extrême-droite indépendantiste bretonne), la Droujina pro-Poutine d’Ukraine, hors Donbass, semble avoir depuis virée d’allégeance.

On comprend mieux pourquoi Zemmour se sent si proche des chrétiens. Le patriarche moscovite Kirill a dénoncé la décadence de l’Occident, et soutenu sans réserve l’invasion de l’Ukraine, car son dieu a reconnu les siens. Zemmour, en passe de passer ploutocrate, pourrait rependre à son compte les propos du patriarche pour lequel les « marches de la fierté » sont la manifestation satanique marquant la fin de « la civilisation humaine » (tel quel). Poutine œuvre pour le salut de l’Homme, pour la place qu’il occupera à la gauche ou à la droite du sauveur. Je n’en soutiens pas moins que fermer le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe du quai Branly (mon billet précédent), fusse-t-il un nid d’espions dont les dômes sont garnis de systèmes d’écoute, pourrait être interprété comme relevant de la russophobie.

Les blindés russes d’invasion sont frappés d’un signe Z, lettre ni slavonne ni cyrillique moderne. Serait-ce l’initiale de notre nouveau Zébulon (qui fait du trampoline dans les sondages) ? Les bateleuses et bateleurs des plateaux télévisuels pourraient lui poser la question afin de lever l’ambiguïté. Et tant qu’à faire lui demander si à ses yeux, Poutine est ou non une immonde crapule ou un infâme scélérat, un dépravé. Le Zébulon a fait grand cas de sa liberté de parole, et que je sache le délit d’outrage à chef d’État étranger a été supprimé.

La Russie accuse à présent l’Ukraine de préparer des offensives utilisant des armes chimiques (selon une dépêche Interfax), ce afin de les imputer aux Russes. Une bonne manière de se dédouaner si la Russie emploie des armes chimiques : il suffira de soutenir que ce sont les Ukrainiens eux-mêmes qui se sont contaminés. Si vous regrettez Sputnik ou RT France, il vous reste les fils en anglais d’Interfax et Tass. Édifiant… On y apprend que les soldats russes fait prisonniers sont soumis aux mêmes tortures que les SS nazis infligeaient durant la « Grande guerre patriotique ». Alors que, bien sûr, les prisonniers ukrainiens des Russes seront « rendus à leurs familles ». On y croit très fort. Le ministère russe de la Défense n’ajoute pas : s’il reste des survivants dans leurs familles. On apprend aussi qu’à Melitopol, la population a accueilli les troupes russes en brandissant des drapeaux russes. Ce serait plutôt l’inverse, s’il faut en croire des vidéos parvenues à la presse internationale. Mais l’opinion russe est sommée d’accorder foi aux sources russes.

La Douma prépare la succession lointaine (2036) de Poutine. Aucun candidat soupçonné de terrorisme (intellectuel) ou de menées subversives (enfreindre la censure) ne pourra se présenter à l’élection présidentielle. Même pas besoin d’atteindre moins de  500 signatures pour se voir retoqué. La Finlande accueille déjà des milliers de réfugiés russes. On comprend pourquoi.

mardi 8 mars 2022

Quand le patriarche Kirill bénit les tchétchènes islamistes

 Faut-il fermer le Centre spirituel russe du quai d'Orsay ?


Interpellé par Sveta, Ukrainienne d'IdF, afin de signer une pétition demandant la fermeture du Centre orthodoxe du quai d'Orsay (dépendant du patriarcat de Moscou et de l'ambassade russe en France), je reste circonspect.
Beaucoup d'habitants du quartier de la porte Saint-Denis ont connu ou côtoyé Sveta (Svitlana mais surnommée Sveta). Devenue peu à peu nationaliste ukrainienne véhémente, au point de se brouiller avec des amies russophones (de diverses nationalités nominales, baltes et autres, dont la russe). Voilà qu'elle m'interpelle pour que je signe une pétition sur Change.org afin d'obtenir la fermeture du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe de Paris. Au motif d'une mise en ligne sur son site d'une sorte d'exorde justifiant la propagande de Poutine et du patriarche russe Kirill. Lequel approuve de facto l'envoi d'un contingent de soldats tchétchènes (musulmans traditionalistes pour user d'un euphémisme) en Ukraine.
Il y a donc matière à se formaliser. On pourrait aussi s'inquiéter du silence du Séminaire russe de Sainte-Geneviève (à Épinay-sous-Sénart), ou des prises de position de l'institut Saint-Serge de Paris.
D'autres entités relevant du patriarcat de Moscou ont pris nettement position en faveur de la paix en Ukraine et interpellé vivement le patriarche Kirill. Il en est de même d'une partie du clergé (le site egliserusse.eu en rend compte) de diverses paroisses.
De ce fait, je reste circonspect. D'une part parce que je ne saurais dire si la prise de position poutiniste émane de l'ambassade ou du clergé du Centre du quai d'Orsay. D'autre part car j'ignore ce que pourraient en penser les Russes orthodoxes de France.
Lesquels sont divisés, certains restant persuadés d'une partie du bien-fondé (à leur entendement) de la propagande du Kremlin, d'autres s'y opposant ouvertement.
Il faut aussi prendre en compte ce qu'implique la moindre manifestation de dissidence lorsqu'on est russe, vivant en Russie ou partout ailleurs (U.E., Royaume-Uni, reste du monde). Les Russes ayant rejoint des manifestions de soutien à l'Ukraine ont pris des risques. Faibles, s'ils sont lambda, tant qu'ils ne cherchent pas à rentrer en Russie, forts, y compris en France ou dans leurs pays de résidence s'ils (elles et ils) sont susceptibles d'exercer une quelconque influence sur l'opinion russe de l'émigration.
S'en prendre à des Russes, celles et ceux se gardant de s'exprimer inclus, est aussi inutile que de dénoncer la cuisine québécoise et les établissements préparant de la poutine (frites, fromage et sauces). Nombre d'entre elles et eux, j'ai pu le constater, ne consultent que les chaînes officielles russes. D'autres, mieux informés, ne ménagent pas leurs critiques, car sachant à quoi s'en tenir sur Poutine. Ce avant même qu'il décide l'invasion de l'Ukraine et vise des cibles civiles.
Pour beaucoup, croyants ou non, se rendre à un culte orthodoxe relève autant d'une envie de retrouver des connaissances que d'autre chose. Cela vaut aussi pour des Ukrainien·ne·s hostiles à Poutine mais non russophobes et qui fréquentent des paroisses du patriarcat de Moscou hors Russie.
En conclusion, il faut se méfier des effets pervers des bonnes intentions. Oui, indubitablement, s'aligner sur les propos du Kirill (un oligarque vivant somptueusement) est condamnable. Le dénoncer s'impose. Fermer tous les lieux de culte relevant du patriarcat de Moscou me semble, pour le moment du moins, hasardeux. Même si on pourrait souhaiter que tous les lieux de culte (de quelque obédience qu'ils relèvent) soient fermés. On ne va pas non plus trier les réfugiés d'Ukraine entre laïcards et autres, plutôt russophones ou plutôt ukrainophones.
On peut d'ailleurs s'attendre à constater que des contingents de dissidents russes ne tarderont guère à se joindre à ce considérable exode. Risquer plus d'une décennie de prison, sans pouvoir espérer en sortir les pieds debout peut en inciter à chercher refuge hors de Russie. Puissions-nous leur réserver le même accueil.


jeudi 3 mars 2022

Macron pour une force nucléaire ouest-européenne ?

 Quand l’insomnie porte moins conseil que billevesées et calembredaines

Avant de tenter de rire jaune à propos de l’Ukraine, un peu de sérieux avec un échantillon fort partiel (et partial) de l’opinion en Russie.

Je la prénomme Olga pour préserver son anonymat. Elle peut être qualifiée d’intellectuelle, a vécu et séjourné à l’étranger (divers pays occidentaux et autres). Pour elle, nous sommes abusés par une propagande pro-Otan et étasunienne. En gros, elle considère que « les Ukrofascistes » se sont comportés en criminels de guerre au Donbass et ont « brûlés vifs des Russes à Odessa. ». Il s’agit donc d’une guerre fomentée par les États-Unis et l’Union européenne et en quelque sorte une riposte préventive en Ukraine. Je résume, mais c’est à peu près cela, et la guerre serait justifiée par le fait que l’Ukraine aurait été (et serait) armée en vue de s’en prendre à la Russie.

Que les affrontements au Donbass aient pu donner lieu à des exactions, notamment de la part du bataillon Azov (ukrainien et formé un temps avec des militants d’extrême-droite), c’est fort probable. Que les médias ouest-européens aient davantage insisté sur les menées russes dans les territoires de Donetsk et Lougansk que sur les atrocités dénoncées par des ONG et imputables aux ultra-nationalistes ukrainiens me semble, de mémoire, assez plausible. Que ces mêmes médias aient passé sous silence l’importance, un temps (depuis plutôt révolu), de l’extrême-droite en Ukraine me paraît (toujours de mémoire) quelque peu exagéré. Quant à l’affaire de la Maison des syndicats d’Odessa, je vous renvoie à Wikipédia. Si j’étais un propagandiste complotiste stipendié, ce qui n'est pas mon cas, je soutiendrais que des éléments du FSB infiltrés parmi les manifestants pro-russes ont provoqué cet incendie dans le but de faire passer tous les pro-ukrainiens pour des néo-nazis. En matière de propagande guerrière, tout est envisageable. Et il est fort possible que, de part et d’autre, tout puisse être envisagé sous peu. Essayons de ne pas inventer n'importe quoi déjà, et de ne pas accréditer n'importe quoi.
Toujours est-il que la réaction de cette Olga doit rester en mémoire lorsqu’il est fait grand cas des manifestant·e·s anti-guerre en Russie. Pour elle, et d’autres, oui, l’armée ukrainienne s’apprêtait à se livrer à un génocide dans le Donbass. Dont acte. Car à moins de supposer qu’Olga soit rétribuée pour s’exprimer de la sorte, j’ai la conviction qu’elle est réellement sincère.

Tentons aussi d’ironiser, maladroitement, forcément, mais sans animosité.

Emmanuel Macron semble plaider pour une défense européenne plus que renforcée. Elle ne pourra être désormais qu’appuyée sur la dissuasion nucléaire. C’est comme si c’était fait. Les Néerlandais vont camoufler des silos sous des serres de tulipes et doter leurs militaires de vélos lance-roquettes (des orgues de Staline sur deux roues ?). Cela laisse sceptique.

Mélenchon comprend fort bien les questions de journalistes mais répond à côté afin de répéter sa réclame prémâchée. Veut-il contraindre tous les pays limitrophes de la Russie à opter pour la finlandisation (non-adhésion à l’Otan, pas de système défensif), ou inciter la Roumanie et la Turquie (désormais limitrophes d’une mer contrôlée par la Russie) au désarmement ? Ce, histoire de pouvoir négocier ? C’est en termes moins explicites l’une des questions qu’il a esquivées.

Le Méluche veut s’en prendre en priorité aux oligarques. Dont les biens sont détenues par des sociétés opaques de divers pays tiers. Pour ne plus être étiqueté orthodoxo-gauchiste, il peut lui être suggéré de s’en prendre aux popes et aux églises du patriarcat moscovite. Cela étant en France, la plupart des orthodoxes russes se sont prononcés pour la paix, et le soutien aux réfugiés). Autant le relever… et le prendre en compte. Ce serait sans doute une fausse bonne idée.

 Au nombre des questions qui génèrent du blabla sur les plateaux télévisés, j’attends celle-ci : « La Chine attendra-t-elle que la Suède ait annexé l’Oblast russe de Kaliningrad pour envahir Formose ? ». Cette région exclave (externe) est lourdement militarisée depuis 2008. Les bateleurs (animateurs de plateaux) posant souvent des questions convenues appelant des réponses prévisibles l’étant tout autant, pourquoi pas une ouvertement saugrenue à l’occasion.

Macron veut toujours laisser ouverte la porte d’un dialogue avec Poutine. Si Zelensky (au passage intéressant portrait de lui, sans complaisance, dans le Canard enchaîné de cette semaine) était encore un comique, il lui conseillerait de dire qu’il attend un coup de fil de Poutine pour l’inviter à venir rependre des discussions à Paris. Poutine pourrait venir avec une yourte bouriate qu’il pourrait dresser (comme naguère Kadhafi) dans le parc de l’hôtel de Marigny. Un point de négociation pourrait être suggéré pour apaiser Poutine : lui proposer de transférer les Jeux Olympiques de Paris à Kharkiv, devenue russe, où presque tout est à reconstruire.

Cela frise le ridicule de censurer des artistes russes et de supprimer des programmes des œuvres de compositeurs russes. Que Zemfira, chanteuse que j’apprécie, subisse des sanctions financières, soit, mais elle s’est déclarée opposée à cette guerre. Alors ? Et même si elle s’était tue sur le sujet, quoi ? Irait-on jusqu’à retirer les œuvres des écrivains russes des rayons des bibliothèques ? Plus de livres sur la cuisine russe dans nos librairies ? Le site franco-russe Russie.net relaie l’appel de personnalités russes exigeant la fin de la guerre. Ne nous laissons pas choir dans une russophobie de façade au gré de prétextes farfelus.

lundi 28 février 2022

Ne dites plus, n'écrivez plus Kiev, mais... ? Kyiv

 Dérisoire mais symbolique, Kyiv est la capitale de l'Ukraine

Kyiv est la translittération la plus courante (et désormais adoptée au Royaume-Uni) de la graphie cyrillique ukrainienne correspondante. Je sais, c'est quelque peu dérisoire de l'adopter et de la répandre. Vous pouvez aussi opter pour  la vyshyvanka (en faisant gaffe à ne pas choisir un motif, des couleurs biélorusses).


Dans un message du ministère britannique de la Défense, cette graphie Kyiv, pour désigner la capitale de l'Ukraine. Ce n'est pas si anodin qu'il puisse y paraître. Les Ukrainiennes et le Ukrainiens (enfin, celles et ceux du Donbass, je ne sais) y sont sensibles.
Tout comme le président ukrainien s'est montré sensible au fait qu'un de ses homologues baltes ait revêtu la chemise traditionnelle ukrainienne pour manifester visuellement sa solidarité.
Mais ne pas se tromper. Si en Bretagne, se gourer de broderie ne porte pas trop à haussements de sourcils, il n'en va pas de même tout à fait au Banat (sud-ouest de l'actuelle Roumanie) et dans les divers pays et contrées d'Ukraine, de Biélorussie. Dans le doute choisir des motifs et couleurs de la Bucovine (région commune au nord de la Roumanie et au sud de l'Ukraine).

Cela étant, cela reste quelque peu (litote) dérisoire au regard des besoins.
Je me méfie toujours des appels aux dons sur les réseaux sociaux s'ils n'émanent pas d'une organisation de longue date reconnue (HCR, Croix-Rouge, Cimade...). Mais une source fiable, Mariana, que j'ai connue à Paris, ancienne journaliste ukrainienne ayant dû fuir l'Ukraine d'avant ce qui fut dénommé la Révolution orange (soit du temps de l'osmose relative entre le pouvoir russe et le gouvernement ukrainien d'alors), communique les coordonnées d'un compte fiable.

THE NATIONAL BANK of UKRAINE has opened a multi-currency fundraising account:
Details in EUR SWIFT Code NBU: NBUA UA UX
DEUTSCHE BUNDESBANK, Frankfurt
SWIFT Code: MARKDEFF
Account: 5040040066
IBAN DE05504000005040040066
Wilhelm-Epsteinn-Strabe 14, 60431 Frankfurt Am Main, RFA.

La chemise traditionnelle (modèles féminins et masculins) est un symbole fort de l'Ukraine qui, chaque année passée — là, cela semble compromis — organisait une grande marche (Megamarche, voir l'illustraton).

mercredi 23 février 2022

Ukraine et Poutine : Méluche moins Déat que l’original…

 Volte-face ou poudre aux yeux de distanciation ?

Pour ne pas sombrer dans le ridicule, tentons d’éviter, au sujet de la crise ukrainienne, l’usage d’invectives visant à discréditer les prises de position des candidat·e·s à la présidentielle. De toute manière, ce que d’aucunes et certains peuvent déclarer à présent ne les engageront pas ultérieurement. En revanche, tenant compte du rapprochement sino-russe, les orientations de l'Union européenne méritent que toutes les opinions soient soupesées.

Ce n’était point la résultante d’un abus de Ricard™ (en fait, au réel, de Lidanis® ou d’un breuvage anisé moins coûteux), ni d’une intoxication au Voleur dans la maison vide (de Jean-François Revel, père de Matthieu Ricard), mais dans la semi-hébétude d’un hémi-sommeil, me vint confusément un soupçon d’amalgame entre Jean-Luc Mélenchon et Marcel Déat. Force m’est faite de revenir au réel et de constater que le Méluche a fait évoluer la teneur de ses propos sur Vlad (euh, Volodia) Poutine et l’annexion du Donbass élargi.

En revanche, il subsiste des convergences entre les propos de l’Insoumis maximo et des alignés moscovites apparents (stipendiés ou non ? Je ne vois guère le Kremlin soutenir financièrement un Dupont-Gnangnan, pour la Marine et le Zorro-Zéro, son féroce usurpateur en devenir, je ne saurais fonder des supputations). L’approche du point Godwin, c’est de rappeler que les maréchalistes soutenaient que l’intérêt de la France avant tout reléguait au second plan d’autres aspects et respects des principes (Sauver la France en la protégeant du pire). Bref, pour un peu, il nous serait soutenu que demander notre rattachement à la Confédération helvétique (entraînant avec nous la Wallonie aussi ?) nous épargnerait les conséquences de l’hostilité russe. C’est exclure par avance que la Russie de Poutine puisse se déliter de l’intérieur. Ou que les sorts et orientations du Donetsk resteront immuables. Je ne peux prévoir ce que ses populations déplacées à Rostov retiendront de leur séjour contraint et forcé. La précarité de leurs prédécesseurs en Crimée peut faire évoluer leurs appréciations.

Celle de l’oligarchie russe, quant au soutien économique devant être accordée à la Transnistrie, aux conquêtes de Géorgie, et à ces deux nouvelles républiques de fait annexée, me semble — confusément, je l’accorde volontiers — quelque peu plus cruciale que ce qu’on tente d’imputer à la psychologie de Volodka Poutine. Mais bon, ce type d’approche farfelu devra attendre quelque temps pour se voir différemment qualifié ou non.

Souffrez que j’en revienne à Revel, qui, page 750 de ses Mémoires (voir le sous-titre supra), feignait de s’offusquer que Régis Debray, dans Les Empires contre l’Europe, l’ait comparé à Marcel Déat. Selon Revel, son antitotalitarisme doublé de son libéralisme lui valaient seuls cette comparaison abusive. « Ben voyons ! » rétorqua-t-il en substance avant Zemmour.

L’Union européenne semble dans une impasse. Les plus fortes sanctions visant la Russie proviendront du Royaume-Uni où les capitaux russes balisent la Tamise. L’Allemagne risque de se montrer circonspecte. Quand j’étais à Rostov, du temps de Gorbatchev, on voyait les investisseurs français venir faire de l’esbrouffe et raccourcir leurs séjours alors que leurs homologues allemands restaient des mois sur place, soucieux d’aboutir à des accords solides. Et puis, Bruxelles constate que des régimes comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie soulèvent des questions problématiques. Les ouvertures vers la Russie, que les États-Unis contrecarreraient, entraîneront des exigences de concessions supplémentaires de la part de Moscou.

J’étais encore trop jeune, à l’automne 1956, pour prendre la mesure des polémiques et de la logorrhée verbale qui suivit l’écrasement de l’insurrection hongroise. La situation actuelle est fort différente, mais l’invasion de la Hongrie eut pour conséquence indirecte la fin de l’offensive franco-britannique en Égypte (difficile d’envisager un double front et une dispersion des troupes). Les historiens ont relevé l’extrême hostilité des termes employés par les commentateurs français (et il y eut aussi quelques troubles et affrontements physiques en France). Des clivages internes aux formations ou clans politiques envenimèrent les relations personnelles. Les noms d'oiseaux volaient haut et vif.

Je peux regretter, en termes mesurés, qu’un Emmanuel Macron n’ait pas fait mieux qu’un Nicolas Sarkozy lors de la crise en Géorgie de 2008 (la Géorgie considère que la Russie s’est livrée à un nettoyage ethnique en Ossétie du sud ; l’Abkhazie, aussi sous tutelle russe, évoque un État mafieux). Là encore, comparaison n’est pas raison. Sarkozy s’était  fait mousser à peu de frais, Macron, président temporaire du Conseil de l’U.E., pouvait difficilement s’abstenir de rencontrer Poutine. Pas davantage que Daladier de retour de Munich (juin 1933), Macron ne mérite des tomates pourries ou des fleurs. En revanche, si on veut bien créditer François Fillon de n’avoir pas fait preuve de complicité avec Poutine, rien ne devrait l’empêcher de démissionner de ses fonctions dans les instances des sociétés russes Zaroufejneft et Sibur. Et on peut s’étonner que Valérie Pécresse n’ait pas songé à le lui suggérer. Mais elle peut, par le truchement de Fillon, s’empresser de rencontrer Poutine pour lui tenir un langage d’extrême fermeté. Allez, chiche !

Pour l’anecdote, les félicitations de Donald Trump à Poutine pour sa conduite stratégique « géniale » n’ont encore obtenu aucun écho dans la presse russe. Trump s’est aussi déclaré convaincu que l’invasion de Formose (Taïwan) était imminente (manière élégante de pointer que Biden est pusillanime et ventre mou). Républicains et démocrates n’en sont pas au point de s’accuser mutuellement d’être la cinquième colonne du Kremlin, mais, comme disait Geneviève Tabouis, « attendez-vous à savoir… » que ce ne peut être exclu. Espérons que cela ne déteindra pas sur le débat (ou pugilat) interne à la France.

samedi 19 février 2022

Vers une guerre « civile » en Ukraine ?

 L'Orchestre "bleu-blanc-rouge" déjà l'œuvre en Ukraine

Il est clair que je ne suis nullement un prétendu expert de la situation en Ukraine. Journaliste honoraire (retraité) sans en avoir sollicité l'appellation, replié à Kerverner-Raez, je fus vaguement un sachant quand je résidais encore à Paris au contact de « Russes », enfin de russophones et d'Ukrainien·n·es nationalistes.

Un immense gâchis, des drames atroces, et une prévisible épuration, à l'issue incertaine, voici ce que m'inspire la situation ukrainienne du moment. L'anecdote, c'est le pugilat au parlement ukrainien, avec des élus nationalistes en venant aux mains avec un autre élu catalogué pro-russe. L'incident me semble d'autant plus significatif qu'en coulisses, selon un reportage de Gianluca di Feo, du quotidien La Reppublica, les services russes ont formé un véritable orchestre aux couleurs russes. Il faut se souvenir de ce que fut l'Orchestre rouge, du temps du stalinisme, en Europe. Et bien se remémorer les assassinats ciblés, au Royaume-Uni, de dissidents russes, en délicatesse avec le régime de Poutine.
Mon sentiment, c'est que Poutine veut de faire de l'Ukraine une Biélorussie-bis, soit mettre en place et consolider un régime totalement inféodé. 
Au-delà, cela me semble une évidence, gangréner l'ensemble des démocraties (enfin, ce qu'il en reste) européennes, en favorisant des autocrates inféodés. Des Zemmour partout (voyez la complaisance de Sputnik ou RT France à leur endroit, et non égard, car un Poutine n'a aucun égard pour ce type de pantins utiles). Il en fera des exécutants, tout comme le stalinisme et successeurs firent de Thorez un soutien du gaullisme en sous-main.
L'Ukraine n'est pas seulement minée de l'intérieur par les contradictions de ses actuels dirigeants, mais par des stipendiés pro-Poutine. Avec l'appui des services secrets russes prêts à passer à l'action, soit à des éliminations au besoin. 
Logorrhée, vaticination, posture en jouant les Cassandre et les imprécateurs ? Comme il vous plaira, ou cela vous viendra sur le moment, je ne saurais vous reprocher de réfuter l'hypothèse hasardeuse d'un esprit que vous pouvez considérer dérangé et par trop pessimiste, voire parano, mais si ces élucubrations venaient à se vérifier, d'abord en Ukraine, tentez d'imaginer la suite.
Ici et dans un futur qui n'est pas inéluctable mais dépend aussi de vous, de nous. Bien, retournons à la météo et à des activités normales comme nous incitaient les Guignols de l'Info.
Sputnik et l'agence Tass font état d'éléments ukrainiens infiltrés dans les républiques pro-russes et se faisant passer pour des Russes afin de se livrer à des provocations permettant d'offrir à l'Ukraine un prétexte pour débuter une invasion. Et ces sources russes font aussi état de charniers accréditant la thèse d'un génocide des populations pro-russes (ou russophones) du Donetsk. Rien qu'en DPR (Donetsk People Republic) ou RPD (République populaire du Donetsk), plus de 130 tels charniers de dépouilles civiles viennent opportunément d'être découvertes, rapportent les agences russes. Pourquoi si tard ?
Ou plutôt si opportunément ?
De fait, même si les troupes russes et apparentées n'ont pas franchi la frontière, la guerre a déjà commencé.
Y compris à l'intérieur de l'Ukraine. De manière encore larvée. Et même si Poutine trouve le moyen de sauver la face vis-à-vis de l'opinion intérieure russe qu'il modèle, il ne renoncera, pas plus en Ukraine qu'en Moldavie, et sans doute au-delà, à poursuivre ses offensives. C'est du moins mon sentiment. Même si la tension militaire retombait, le conflit perdurera.