Moi, je, ma vie, mon œuvre, l’adoration de mon nombril…
Tiens, voilà que Philippe
Mellet, collaborateur éminent de la revue Les Amis de l’Ardenne, me demande
quelques lignes sur ma pomme… L’occasion de tenter de me présenter à vous,
lectrices et lecteurs connu·e·s et inconnu·e·s…
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Ceci n'est plus Jef Tombeur, mais il y avait comme une ressemblance jadis. |
Et zut, on bavardait avec un confrère de Chauvier (pas l’anthropologue ;
ah, ben, si, re-zut, le Chauvier est devenu docteur en anthropo, et il ne m’en
avait rien dit), de France Culture. Lequel confrère, ami commun avec Éric
Poindron, me disait en substance : « certain que ta biographie trouverait un éditeur ». Flatteur,
va…
Et puis, Philippe
Mellet m’envoie un courriel incluant cette demande : « Pourrais-tu me transmettre quelques lignes
biographiques qui figureront sous ta contribution ? ».
Duraille.
Réponse : faites as you will.
Je vous
copie-colle ma non-exhaustive éventuelle contribution aux Amis de l’Ardenne…
Pas envie d’ouvrir
et de fermer les guilles, cela donne donc cela :
Question bio :
Jef Tombeur tâte du journalisme à Londres vers la fin des
années 1960 (Black Dwarf, International Times ;
beaucoup plus tard, il fera un stage chez The Independent) ; voyage
intensivement (en auto-stop : Europe, Asie, Amérique du Nord...) ;
reprend des études d'anglais, abandonne vite le Centre universitaire
d'enseignement du journalisme de Strasbourg et collabore à Uss'm Follik,
à l'Agence de Presse Libération, Politique-Hebdo... Vend Le
Monde à la criée, et obtient la convoitée qualification de « cycliste »
(livreur...) à l'Agence France Presse. Journaliste municipal à Belfort,
bifurque vers la presse régionale (L'Alsace-Le Pays de Franche-Comté, Le
Courrier de l'Ouest, L'Union...). Entre-temps, il traduit
depuis l'anglais (articles, documents techniques, littérature, sciences
humaines). Redémarrage parisien avec la défunte Agence centrale de presse, des
magazines d'informatique graphique (Pixel, Création numérique, Creanum...) ;
tente en vain d'obtenir le Capes (décroche un DESS de traduction, un DÉA de
civilisations anglophones pour tuer le temps). Rechute down & out : il
refait des tas de petits boulots, genre retour case départ sans caisse de compensation
(hors passage à l'Encyclopædia Universalis en CDD). Frôlant le
grand âge, songe à solliciter la carte de journaliste honoraire (pour les
retraités chenus), mais rien ne le presse. Dadas : contribuer aux sites
consacrés à Octave Mirbeau et Roger Vailland, re-voyager, bukowskies(ti/qui)ver,
promener le chien d'une voisine, alimenter le blogue-notes
jtombeur.blogspot.com. Même non-imposable, finirait bien Breton de la diaspora
à Bouillon (Ardennes belges). Féru de et congru en typographie (plomb,
numérique, autre) au temps jadis qu'il n'en peut plus.
Bon, je sais... je sais... trop
long... Possibilités : couper, condenser, caser un pavé en corps 5,
interligné 6. Pourquoi pas ? Le c. 5 est accessible aux jeunes pas
trop bigleux, et je pourrais tenter de me faire parrainer par des fabricants de
loupes pour les autres...
Version ultra-courte : Jef
Tombeur fut journaliste à L'Union, viré par le tandem Hersant-Bozo pour
avoir mis publiquement torse-à-poil Dominique Raffin, alors faisant indûment
fonction de redchef-adjoint. Vit à Paris quand il n'erre à l'étranger.
Vaguement traçable via jtombeur.blogspot.com...
Version minimaliste letteratura
povere : Lancer la requête "Jef Tombeur" ou 'Jef Tombeur'
(mode expression exacte) : il remontera bien quelque chose. Voir aussi
jtombeur.blogspot.com pour se faire une idée de l'individu.
Fin de copié-collé. Bien sûr, ce n’est pas du Cendrars
affabulateur, mais… En fait, l’International
Times, je le vendais dans la rue, et à l’exception d’une ultra-courte
brève, je n’ai rien pondu dans le Black Dwarf.
J’y étais surtout vendeur du côté de Piccadilly Circus et gardien de nuit (bouclé
par Tariq Ali dans le local après le raout de fin de bouclage du Journal de Che Guevara et obligé de
sortir par la fenêtre de l’escalier, puis en passant par une salle de cinéma pornographique :
c’était dans Soho).
Le reste, je
le certifie authentique. Sauf que… Franchement, plutôt Cadix et sa belle-aux-yeux-de-velours
que Bouillon et les belles des bars montants. Je me souviens d’un jeune gars en
colonie de vacances qui me confiait à propos d’une pré-adolescente : « je l’aimais d’un amour sincère ».
Je ne m’adule
pas, mû par un tel sentiment, mais en me rasant (à l’occasion), je parviens à
me supporter. Eh, c’est presque confortable, cosy comme elles et ils disent. Désolé si j’en insupporte d’autres
(ce que je tente fréquemment, mais sans méchanceté). Of the importance of being earnest… D’écrire qu’il est – et furent
et seront – des êtres tellement plus importants (voire cruciaux) que soi. S’exhiber
(à loilpé, par deux fois, dans un bar
de Montbéliard d’abord ; ensuite, Gilles Grandpierre me le jure-crache et
conserve d’autres photos, de Reims, et là sans prétention artistique), peu me
chaud (sauf pour la déconne… mais ça « c’était avant »). N’empêche. J’ai
signalé par ailleurs (je ne sais même plus où) l’Association pour l’autobiographie
et le patrimoine autobriographique (APA). C’est à la médiathèque d’Ambérieux-en-Bugey.
J’aimerais
bien y retrouver les pages de Stan (ex-contrebandier maritime de tabac, actuel
capitaine de plaisance, auteur de textes inédits exceptionnels, dont je me
reproche d’avoir oublié le patronyme), de ses potes, d’Henri (qui vit au Burkina),
de Philippe Milner (colocataire rue du Delta), de tant et tant d’autres (« Madame
Annie », qui se reconnaîtra peut-être ; Michel Kélif, qui vit à
présent près de Rio ; Gérard le ramoneur ; Zaz ; Tatiana
Olegovna Sokolova ; Emilia Sur ; Danièle Vaudrey… Non, ne croyez pas
que c’est du dropping names pour fabriquer
des mots-clefs). Mon gros regret, c’est de n’avoir pas (déjà, cela viendra peut-être),
bossé avec Mylène Juste sur son autobiographie. Un « cas », Mylène (pseudo
pour le tapin et le Strass). On d’vait l’faire, et puis, la militance a pris l’dessus.
Autre regret :
n’avoir pas même tenté d’aider un prospecteur de métaux en Guyane de rédiger
ses mémoires. J’ai oublié son nom, à mon grand dam. Il me sollicitait : je
n’ai pas estimé qu’il trouverait un éditeur. Le genre de gars à se recoudre une
plaie sur non pas une île, mais un promontoire immergé sur lequel il reste
bloqué par l’Amazone en crue. Faut le faire : à l’aiguille courbe pour les
voiles…
Pour le bouquin,
excellent, de Jean-Guy Rens sur le Zaïre, j’ai mouillé la chemise en vain. C’est
pourquoi, quand Aïssa Lacheb m’a confié le manuscrit de son Plaidoyer pour les justes (écrit en
taule, depuis titre du Diable Vauvert éd.), je n’ai que trop mollement tenté d’en
parler « autour de moi ».
Mon existence n’est pas « ratée »,
juste raturée, biffée à maintes reprises. Ben, c’est mieux qu’un blanchiment
quasi-constant, monocorde et monotone, non ?
Je repense à
tous les personnages de Roger Vailland qui n’ont laissé de traces que dans les
livres du Roger. Que n’ont-elles et ils communiqué, elles et eux-mêmes, leurs
témoignages ! Finalement, rien que pour les gosses, je vais peut-être m’y
atteler (à un succinct descriptif de mes tribulations). D’ac’, je vais cesser de
tirer à la ligne, mais (peut-être, non assurément) à suivre.