Pause confiseries : dernier vesse du Donald pour la route
Ne vous inquiétez pas, sauf si je ne passais le
tournant de l’hiver, vous devriez retrouver ce blogue-notes alors que le mur de
Donald Trump n’empêchera pas les Shadocks vents du sud de faire tourner, tourner, tourner
les éoliennes.
Viennent les réveillons qui s’étiolent, les conversations
qui se tarissent : quoi de mieux qu’une histoire du Donald pour les relancer.
Je marque une pause jusqu’à la fin de la première semaine de janvier, mais je ne
voudrais pas prendre congé — provisoirement — sans vous entretenir de la
dernière (en date, il y en aura maintes autres) de Donald Trump.
J’avoue ne pas l’avoir très bien saisie, au départ. Les
éoliennes proviendraient de Chine et d’Allemagne en majorité, fort peu des
États-Unis, et elles diffusent des quantités massives de fumées et de gaz dans
l’atmosphère.
Ah bon, elles rejetteraient de nocives effluves, les dispersant
aux vents mauvais, qu’elles puiseraient aux entrailles du sous-sol ?
Heureusement, les exégètes de la geste trumpiste (ou
trumpienne) savent traduire les propos du Potus : en Floride, lors d’un symposium
de Turning Pont USA, il a commencé par abordé le sujet en disant qu’il n’avait « jamais
compris le vent. ». Mais fort bien celui des occasions de se faire
applaudir.
En fait, il voulait dire que la fabrication des éoliennes
polluait. Moins que l’énergie qu’elles produisent comparée à celle que
généreraient des tonnes d’équivalent charbon ou d’énergies fossiles pour une
même quantité, mais le Donald ne s’attarde pas sur ces détails.
Mais Don Quichotte-Trump, même si on a du mal à comprendre
ce qu’il professe, en connaît un rayon sur les moulins à vent et les éoliennes :
« j’ai étudié le cas bien mieux que quiconque ». Après Elena
Ceaucescu, docteure-ingénieure, présidente de l'académie des Sciences roumaine,
la relève est enfin assurée.
Mais ce qui l’inquiète encore davantage, c’est que, comme
les démocrates, les éoliennes s’en prennent aux symboles mêmes des États-Unis.
Soit aux pygargues à têtes blanches (ou bald eagles). Lesquels figurent
sur les pièces de monnaie, divers drapeaux des États fédéraux, et le sceau du
Potus, Donald Trump soi-même.
Voudrait-on symboliquement le décapiter, lui faire les
plumes ?
Métaphore quasi transparente. Si les éoliennes éliminent
un certain nombre de ces volatiles, on arrête l’arrête l’appareil, et si « on » tue un
pygargue, on vous colle en prison « pour dix ans ».
Cela semble avoir échappé à la plupart des commentateurs qui
admettent que les éoliennes tuent des oiseaux, certes, mais des dizaines de
fois moins que les chats domestiques (ou la circulation automobile). Le Conducator étasunien va-t-il s’en
prendre aux minets, aux minous ? Comme on s’en prend aux chiens errants en
Roumanie (où les détenteurs d’animaux domestiques doivent s’acquitter d’une
taxe). Que nenni.
Déjà, en avril dernier, Trump assurait que les nuisances
sonores des éoliennes provoquaient « des cancers ». La physique,
la médecine (et bien sûr l’économie) n’ont plus aucun secret pour lui.
Il n’a toutefois pas proclamé que le mur à la frontière
mexicaine arrêterait les vents faisant tourner les éoliennes jusqu’au-delà de
la frontière canadienne (celle-là, il se la garde en réserve). Un mur, et comme le nuage de Tchernobyl, les vents mauvais passent au-dessus des États-Unis d'Amérique.
Ce qu’il a vraiment voulu signifier, c’est que les éoliennes
démocrates n’auront pas son scalp, ce qu’on peut lui accorder.
Je ne vais pas vous bassiner avec l’histoire du golf de
Trump dans l’Aberdeenshire et les éoliennes implantées au large qui allaient
gâcher la vue des clients. Elles sont entrées en service en juillet dernier et
Trump a perdu son procès.
Selon Trump, une éolienne doit être démantelée au bout de
dix ans, car elle devient poussive, décrépie, hideuse. Et ce seront les
contribuables qui devront payer son démantèlement.
La survie de la nation est en jeu. Tel que.
Son discours avait pourtant bien débuté. Il avait fait
applaudir Rush Limbaugh (en raison de ses revenus : il se ferait plus que 50
millions de dollars par an). S’était rengorgé de son succès pour faire en sorte
qu’on emploie de nouveau Merry Chistmas (et non plus joyeuses fêtes de
fin d’année), vanté l’intelligence de son fils, s’en était pris à Nancy Pelosi
(« une cinglée »), glorifié la supériorité militaire
étasunienne, et affirmé qu’il en avait fait davantage en un mois « que
presque tout autre président en huit ans ». L’habituel convenu. Comme
d’avoir mis la Chine à genoux. Ou d’avoir viré presque tous les magistrats de l’ère
Obama.
Et tout à coup, il s’en prend aux éoliennes, qui vont ruiner
l’industrie pétrolière, le Texas. Alors que lui, veut de l’eau pure, de l’air
pur, car il est écologiste (si !). Et que question eau et air pur, grâce à
lui, l’on n’a jamais vu cela depuis 40 ans. Mais avec les ultragauchistes qui veulent
tout détruire (soit tout polluer), la subversion environnementale menace.
Applaudissements, et là il promet de rester encore président
pour 16 ans (sixteen more years). Applaudissements.
Je me dois d’être précis : toute la presse ou presque n’a
titré que sur l’histoire des éoliennes, et ce n’est qu’une petite partie de son
discours-fleuve. Pourquoi ?
Parce que tout le reste, c’est du rabâchage, entendu des
centaines de fois…
Sur les démocrates, les Never-Trumper Republicans (hou, hou,
hou, clame l’auditoire). Et l’autocongratulation usuelle.
J’ai quelques (rares) copains qui se disent pour Trump. Je
doute qu’ils auraient lu, en anglais, une seule allocution du Donald. Et qu’ils
puissent vraiment comprendre tout (j’ai renoncé, comme beaucoup, beaucoup d’autres,
anglophones ou bilingues ou proficient).
Macron se ferait applaudir en protecteur de la vraie religion révélée
et des Petites Sœurs des Pauvres (si, si, dans le texte), de la fin du droit à
l’avortement, mes (rares) potes portant Trump aux nues (enfin, entre eux, pas
en échangeant avec moi, car ils se montrent plus mesurés) en diraient pis que
pendre.
Mais tout le monde peut lire (en anglais)
le verbatim du Donald. Version whitehouse.gov. Medicare for All: Do you know how bad it is?
Je ne vois pas trop comment on peut approuver Trump, vivre
en partie à l’étranger (pour cause de toutes petites retraites), et revenir en France
dans les temps impartis pour préserver ses droits à la Sécurité sociale (ils se
reconnaîtront).
Mais bon, ce n’est pas un argument à soulever lors des
soirées de réveillons : Joyeuses Fêtes à toutes et tous, et, si vous le
voulez bien, à l’année prochaine.
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