vendredi 1 février 2019

Tachdjian l’anartiste se livre en livre


Jean-Jacques Tachdjian répond à huit sommités des arts plastiques et connexes

Je vous remercie de me l’avoir posée est accompagné de l’un des plus longs sous-titres de l’édition française des origines (bon, là, difficile de surpasser les sous-titres incluant dédicace au mécène, et la mention « suivi de… », genre « l’illustrissime histoire du chevalier et de dame… ») à nos jours. Kézako ce dernier chiot ?

Franchement, si je connais assez bien Jean-Jacques Tachdjian, précieux collaborateur de la –défunte – presse graphique numérique, illustre illustrateur, avec lequel je m’entretins x fois en vue d’articles illustrés de ses visuels typographiques et autres, en revanche, je ne connais presque rien aux arts plastiques en général. Donc, prendre le titre pour ce qu’il est, un présupposé. Or, le sous-titre de Je vous remercie de me l’avoir posée est « Questions à Jean-Jacques Tachdjian par Vanina Pinter, Carole Carcilo Merobian (sic), Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Florence Laly, Christine Tarakanov, Dominique Lefèvre, Catherine Cullen », ouf ! Jean-Pierre Duplan… Le nom me dit confusément quelque chose… Ah si, le photographe de Les Nouvelles légendes improbables du Nord et du Pas-de-Calais abondamment illustrées… Livre que j’avais abondamment chroniqué car exceptionnel d’originalité. Il semble ne pas être épuisé partout, et de rares niais connaissant mal leur métier (ou restés tellement impécunieux après avoir tout fourgué chez Ma Tante – le Mont-de-piété) le cèdent à un prix dérisoire. Tachdjian fut de l’épopée de ces Nouvelles légendes… Tachdjian… Me rappelle feu André Villers, dont la mémoire est perpétuée par le Musée de la photographie de Mougins portant son nom, qui me disait : « après ma mort, tout se vendra » (ses photos de Picasso, Prévert, Ferré, mais aussi ses créations et expérimentations photographiques). Il en sera sans doute de même des surabondantes œuvres (ou plutôt « du chemin ») de Tachdjian, lui qui se refuse à vraiment les vendre (ou tout juste à prix coûtant) ; je devrais y revenir plus loin, mais comme je ne le ferai pas, en vérité, en vérité, je vous le dis, cherchez et vous trouverez (via Google, la requête « Jean-Jacques Tachdjian » remonte près de 6 000 résultats).
            Que Duplan soit une sommité est à peine exagéré, il est certainement en passe de le devenir incessamment sous peu (redondance délectable, non ?). Vanina Pinter ? Universitaire, artiste. Carole Carcilo Merobian : non-énigmatique & non-anagrammé pseudo de Carcillo Mesrobian, Carole, auteure de poèmes et ouvrages, pas encore l’Octave Mirbeau de Pissarro, ni le Roger Vailland de Soulages, mais… cela se pressent. Céline Delavaux est entre autres co(n)fondatrice – sans la moindre haine de ma part, ce fut juste un lapsus de saisie, cette n que je balise – du Collectif de réflexion autour de l’art brut (CrAB) et docteure ès-lettres, ornées ou non. Attention, Tachdjian n’est pas un artiste brut, mais un singulier artiste… Les artistes singuliers se situent parfois sur les pourtours de l’art brut, mais il y a de l’atour dans ce pourtour, donc ce n’est pas brut, ne pas confondre (avec [n] cette fois). Florence Laly est experte en plein de choses et sauf confusion dû à une homonymie, auteure d’Art & Social Work in Europe (Invenit éd., maison exigeante). Christine Tarakanov : historienne ; comme elle a dû s’intéresser aux graffiti des détenus de la Bastille et autres geôles pré et post juillet 1789, je la bombarde sommité ès-pixels d’avant et de pendant (format Tiff & Raw réunis). Dominique Lefèvre, universitaire, n’est pas à l’intérieur du livre au même rang qu’en sa couverture, mais last but not least. Catherine Cullen demeure, pour résumer le non-résumable, consultante culturelle et consule honoraire de tas de trucs. Quant à Nicole Esterolle, c’est une ultra-talentueuse postfacière (le préfacier n’est autre que Renaud Faroux, historien d’art), dont, verbeux que je reste, surnommé un temps l’Achille Talon du journalisme, j’envie sournoisement – faute, là, de pouvoir dédaigner – la concision : longtemps elle continuera de se lever à point d’heure pour célébrer « le délire scriptural des typo-graphzeux ». Tout semble dit…
Erreur. Tachdjian ne se cantonne pas à cela, est beaucoup plus divers, prolixe, foisonnant, et surtout, surtout, tout comme la plage sous le pavé, il personnifie la rigueur sous le foutraque. On pourrait dire de « Jiji » Tachdjian que c’est un Crumb qui ferait avec tout plein, tout plein de couleurs et surmultiplierait les cases (sauf que ses cases sont des affiches la plupart du temps, et que s’il use – rarement – d’un phylactère, il donne dans le monumental).
            La métaphore Crumb est quasi-total inepte, mais d’une part j’ai la flemme, et de l’autre j’ai toujours résolument affronté la facilité, et puis je me situe dans le courant post-néo-journalisme, soit celui du paléo-vaurien. Ne sachant trop où et comment situer Jiji, comme d’ailleurs toutes celles et ceux dont les patronymes précèdent supra, je ne vais quand même pas tenter de faire semblant (c’est déontologiquement irréprochable que d’avouer cette incapacité, aveu commode permettant de tirer à la ligne et de ménager une transition en . . .  ; là, je laisse une trace des lettres blanches sur fond blanc de la transition).
            En conclusion, Tachdjian évoque sa « vision de de la création comme moteur de l’espèce gratuit et partagé ». Ce gratuit-partagé que les zoologues voient parfois muter du coq à l’âne et inversement, est à Jiji ce que fut à Fredo (V., Alfred de) la condition militaire. Autant dire qu’il reste grandement asservi à la mouise. Artiste de renommée internationale, Tachdjian, héros d’après les mannes de Cervantès, Wagner vivant du « graphisme » (vocable parfois peu consensuel mais pris ici en son acception passe-partout-couteau-suisse, Jiji étant au Victorinox ce que Vercingetorix est devenu à l’identité française, et puis, zut, voir ci-dessus, j’affectionne m’étendre, mais non point flaubertiser), &c., Jiji, dis-je (comme Truman Capote, je goûte les allitérations, mais les rate) ; oh, et puis, je ne vais pas me creuser pour trouver une suite à cette phrase.
           
Là, c’est une transition encore plus masquée qu’un concombre. Pour introduire qu’il y a comme un truc qui a échappé aux questionneuses et questionneur : l’évolution récente de l’œuvre, de la sente, du sillon. Ce n’est pas qu’ils aient fait le boulot salement, tel·le·s le voleur de Darien, c’est que Tachdjian évolue très vite, Painter (Corel) et autres au plancher. Elles et ils ne pouvaient prévoir que le Jarry-Satie-Saki-Kirby de l’arte non-povere lussureggiantissimo, que le maestro allait, en sa soixante-deuxième année, faire passer un Lalique pour un créateur minimaliste, adepte de l’épure. Il s’est lancé dans le liquéfié translucide (ou quelque chose d’approchant) depuis – approximativement – le dernier en date des Roubaix Comics Festival ; je veux dire peu avant qu’il s’inaugure, le 16 février prochain (festival dont il mit une affiche en ligne le 24 janvier dernier).
Le virage au simili-vitrage – ou pseudo-vitrail – s’est produit circa fin décembre 2018. Fin de la prédominance de l’à-plat simulant parcimonieusement parfois l’embossage. Mettons que L’Œil vulvaire hugolien (posté sur la page FB le 23 décembre 2018) manifestât (c’est conjugué au subjectif imparfait, donc idoine) l’unique annonciateur d’entre les prémices de cet accouchement virginal (virginal, dans le culte marial, vaut synonyme de blanc, tendant ici au translucide ; prémices revêt plusieurs sens du côté de chez Juliette et Justine, les toujours ça de prises).
            J’ai cru comprendre que l’impécunieux Jiji pourrait symboliser bientôt l’écharpe-étendard rouge & noir trouvant refuge sous l’abri d’un rond-point des « Gilets jaunes » (s’ils subsistent et acceptent qu’un fort largement plus démuni qu’eux puisse frayer en leur compagnie ; chez eux aussi, comme chez les protagonistes des études de Michel et Monique Pinçon, on se mélange finalement assez peu). L’anartiste chez les micro-bourgeois (forts désireux, pour la plupart, de se muer en mini-bourgeois, puis de prendre du galon), en quelque sorte. Car nonobstant prestigieux, Tachdjian reste au nième sous-sol, au fond du puits à pépètes de l’ascenseur social. Un choix assumé, revendiqué, de « faiseur » d’images aux antipodes d’autres, même géniaux (Yves Klein, pour n’en mentionner qu’un à mes yeux, parmi de multiples autres confectionneurs de prêt-à-admirer artistique qui n’en étaient pas moins des créateurs féconds). Tout ce Je vous remercie de me l’avoir posée en témoigne.
            Ce livre d’entretiens fut sorti par la maison La Chienne Édith (lachienne.com). C’est le treizième volume de la collection Nonosse (178 pages format absinthe, 148×210, imprimé en noir proche du Pantone 19-0303 TCX pour les surlignages). Au panier, cou-couché, c’est 12 euros (19 pour livraison rapide en France), et la commande en ligne fait du livre une pochette-surprise avec plein de cadeaux-bonus dedans et une enveloppe personnalisée autour. En vente aussi dans les bonnes librairies d’art. « Achetez sain, achetez chienne » et rengagez-vous pour voir des pays insolites (à signaler aussi le Journal d’un curateur de campagne, du commissaire Numa Hambursin, tant d’autres).
            Ah oui, je n’ai point trop causé du bouquin. Suffit peut-être d’évoquer la question de Christine Tarakanov citant le fluxien Robert Filliou (« l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ») et la réponse de Tachdjian : « l’art n’est rien qu’un minuscule épiphénomène de la création, et elle seule est réellement digne d’intérêt ». Entendez par « Art » (ici, capitale initiale) « mode de marchandisation » et affirmation d’un « pouvoir culturel ». Et par « art » l’avatar parmi d’autres d’une genèse sans fin (et trop souvent aussi sans moyens financiers). L’insufflé, l’influx, c’est l’art, pas le boursouflé d’une prétendue critique brosse à reluire et catapulte à « booster » les cotes. Cela étant, Tachdjian s’exprime surtout très simplement et cause d’émois (et non d’et moi, et moi, et moi…). C’est souvent dit aussi potache que potlatch. Et le « dit » (énoncé, parfois poétique cela dit) des inter-voyeuses (de Duplan aussi, incisif, jamais plan-plan) n’a rien d’amphigourié (y compris celui des universitaires).
            Vous avez sans doute saisi que Tachdjian ne sera pas de sitôt au programme des conférences et visites des Dits de l’art (lesditsdel’art.fr), quoique… Allez prévoir. Prévoyez-vous plutôt la visite des sites (en ligne, entrées gratuites) de Jiji. Chopez-les au vol (les versions antérieures, hélas éphémères, dont ceux des périodes pré El Rotringo, s’il en fut, et pré Typoclaste sont devenues in-dénichables, et mêmes les pages canines changent tout le temps), faites le détour par la page FB de l’Internationale Permaculturelle et @icilachienne et surveillez celle d’Ulule (fr.ulule.com proposera le prochain ouvrage en souscription et attendez-vous à le savoir). Ce « dit » d’un érudit du regard se lit mode limpide. Foin ici de relativité ontologique, de dessin épistémique, de fonctionnalisme déjanté, d’autoréflexivité critique, de virage en épingle linguistique, de charabia surréalistic, nulle prétention à chausser les bottes de Chaussard, de vanité plagiatiste. C’est l’Avanti popolo du déverrouillage de la perception des arts, et en particulier de la « culture visuelle ».
            Un mot quand même sur l’objet lui-même. Pas tout à fait comparable à ceux que mentionne la Typoésie de Jérôme Peignot (Imprimerie nationale éds), mais à créateur singulier, livre singulier (et mise en page du répondeur himself à « géographie » variable), avec des visuels pleines pages ou marginaux, un titre de préface plein fausse page. Qu’oubliais-je ?.. Ah, si, l’omis, le colophon listant les polices employées. Dommage. Un colophon très Arts and Crafts eût été bienvenu (d’autant que Tachdjian, comme les « linograveurs » et les tenants du mouvement, ambitionne de partager le plus librement la création et la culture visuelle). C’est un peu la baie molle qui aurait pu accompagner les cerises de ce gâteau. C’est surtout, ici, l’emploi d’un vieux truc groß Fißel : pour ne pas faire trop laudateur, on case un schmoll, un fion, un ch’ti bidule, histoire de feindre avoir écrit distancié. Subtil raffinement de « papier » (pub Mi·Cho·Ko, de la Pie qui chante, années 1960). Et kolossal toron pour suggérer aux créateurs de friandises bio-durables-équitables et tout et tout que Tachdjian est ouvert au troc (quoique… il préférerait son poids en bières). Bon, côté pub, Jiji fait plutôt dans le parodique (Eau de Sent Bon sainte Cyprine, par exemple, et autres pour produits monacaux de Monte-Carlo et d’ailleurs). Et dans le détournement des slogans à la Gotainer. Car c’est un sérieux facétieux. Ce qui se ressent à la lecture de Je vous remercie… Même si, même si, c’est parfois du lourd. J’en veux pour preuve cette réponse : « Toutes les tentatives de “démocratisation de l’art” ont été vouées à l’échec car c’est la notion même d’art qui est à revoir, à remettre en place : à réparer ! ».
            La sphère spéculative spectaculaire-marchande récupérera Tachdjian. Tant pis, tant mieux. Il inspirera d’autres, qui à leur tour… Mais, de son vivant, il reste irremplaçable. Faites-vous vivre, faites-le vivre ! Vibrez, quoi…

lundi 28 janvier 2019

« Gilets jaunes », médias, Roger Vailland et Claude Roy…

Dialogue citoyens/journalistes : c’était mieux avant ?
Voici peu, je recevais un courriel des Assises internationales du journalisme intitulé « Appel : journalistes et citoyens, et si on se parlait ? ». Les « Gilets jaunes » en sont sans doute la plus récente raison. Mais à la lumière de la presse de naguère, je me demande si cette supposée absence de dialogue n’est pas – partiellement – due à l’évolution (salutaire par ailleurs) des médias…

Allez, soyons déontologiques : j’avoue que je prends prétexte de cet appel pour vous entretenir principalement de ma redécouverte fortuite d’une tribune de Claude Roy prenant fait et cause pour Roger Vailland dans La Défense (organe du Secours populaire, année 1952). Ce qui dispensait Claude Roy d’un droit de réplique adressé à L’Aurore. Vieilles lunes ? Finalement, pas tant que cela…
        Mais je relaie d’abord cet appel de l’association Journalisme & Citoyenneté en toute confraternité. En bref, il invite à s’exprimer sur la page Facebook « Journalistes et citoyens, et si l’on se parlait ? », et convie à dialoguer de vive voix, à Tours, les 13, 14, et 15 mars 2019 lors d’Assises « largement consacrées aux questions posées par la crise des “gilets jaunes” » (pardon, la juste irruption dans l’espace public des damnés de la Terre ; crise ? non, les « Gilets jaunes » ne sont pas plus des fauteurs de crise que les maîtres & compagnons de la corporation métiers de bouche ne peuvent être assimilés au « Boucher de Lyon », i.e. Klaus Barbie : se rapporter à la presse de mai-juillet 1987 ; au passage, excusez cet écart d’avec l’orthographe inclusive). Le texte se trouvant en ligne sur le site journalisme.com, vous pouvez le consulter pour en savoir davantage, soit prendre connaissance de l’argumentation de Jérôme Bouvier, président de l’association.
        Cela étant, avant de vous enjoindre à survoler le document PDF intitulé « Roger Vailland, espion soviétique en Égypte ?», quelques considérations générales. Qui lit ou relit la Monographie de la presse parisienne de Balzac se rend compte à quel point les médias d’à présent diffèrent de ceux d’antan, et même de ceux de naguère.
        Le dialogue entre journalistes et lecteurs n’est pas une nouveauté, et il s’est même, pourrait-on penser, amplifié : les sites de nombreux médias sont ouverts aux commentaires, les journalistes se font interpeller via leurs blogues, pages Facebook, « fils » Twitter. Les chaînes, les stations de radio, composent des « panels » d’intervenants divers, d’opinions contrastées, et tous ne sont pas des experts. Qui a fait émerger, puis popularisé, Ingrid Levavasseur, tête de liste des « Gilets jaunes » (plus largement du « Ralliement d’initiative citoyenne ») aux prochaines élections européennes ? Principalement elle-même, mais aussi BFMTV et d’autres médias…
        Mais en consultant le texte de Claude Roy (Claude Orland, dit…) croisant le fer avec Robert Bony (Robert Lazurick de son patronyme), on mesure à quel point les journalistes s’invectivaient. Pour le patron de L’Aurore, Roger Vailland, auteur de Choses vues en Égypte, cachait sous son feutre de journaliste un calot d’agent du Kominform (de l’Union soviétique et du PCF). Claude Roy démentait ; « véhémentement », estimerait-on aujourd’hui, et invectivait : « Il n’arrivera jamais Robert Bony d’avoir du talent, comme il ne lui est jamais arrivé d’être honnête. ». Imaginez de telles passes d’armes publiques entre journalistes, ou même éditorialistes ? Les lecteurs d’un bord ou d’un autre ne mettaient pas alors tous les membres de la profession dans le même sac, et parfois jubilaient sans éprouver le besoin de se manifester, voire de vouer le plumitif du camp adverse aux pires gémonies. Il est vrai que réclamer le couperet ou le peloton d’exécution par voie de presse, comme au temps de l’Occupation puis de l’épuration, semblerait déplacé, outrancier, et exposerait à des poursuites. Il n’est plus à présent qu’en Suisse que le duel reste légal. Le dernier duel notoire opposant un journaliste (Victor Noir) à un adversaire (Pierre-Napoléon Bonaparte) remonte à 1848. Ce dernier s’était vertement exprimé dans L’Avenir de la Corse, La Marseille fit monter le ton d’un cran. La balle touchant Victor Noir fut mortelle…
        Dans ces conditions, la voix « du peuple » était incarnée par les confrères, ce qui dispensait les lecteurs, non d’en venir aux mains à l’occasion, mais de dénoncer une nébuleuse « presse pourrie » présumée monolithique (« les médias »). Chacun avait ses porte-voix, soit aussi des journalistes aux opinions tranchées, au verbe-mégaphone.
        Trop policés, les médias actuels ? Peut-être, mais faut-il vraiment s’en plaindre autant ? Les poursuites pour diffusion de fausse nouvelle se font rares, ce en raison de la qualification du chef de poursuite (l’une des deux considérations impératives est que la nouvelle fausse eût suscité des troubles de l’ordre public), mais surtout parce que les manquements à la déontologie sont peu fréquents et la plupart du temps véniels.
        Le fameux « Messieurs les censeurs, bonsoir ! » de Maurice Clavel (du Nouvel Observateur — émission « À armes égales »), remonte à… presque bientôt quarante ans (décembre 1971). Depuis, rien n’a vraiment marqué durablement les mémoires (sauf peut-être celles des intéressés directs).
        Lors de ces assises, il sera demandé ce que les citoyens attendent des médias. Du mieux, sans doute. Mais qu’attendent-ils – « les gens », terminologie Mélenchon – qu’ils n’aient jamais pu obtenir ? L’opinion serait à ce point muselée, jamais relayée, répercutée ? Ce qui pose question, c’est la grégarité des médias, sans doute aussi les modalités d’accession à la profession (le passage par l’université puis une école de journalisme s’est beaucoup plus généralisé), et un renforcement de la cohésion des usages conformes à ce qui fait consensus entre les professionnels. Aussi sans doute, la raréfaction (faute de temps, moyens, etc.) des grands reportages à la Kessel, Vailland, MacOrlan… Mais qui les lirait encore jusqu’au bout parmi ceux qui conspuent « les médias » ? Quant aux documentaires, leur faible audience découle certes de leur diffusion tardive mais il est fort peu sûr qu’ils réuniraient de meilleures audiences en début de soirée (au cinéma, ils font rarement salle comble).
Et puis, les médias, ce sont aussi YouTube ou DailyMotion. Où certains, au mépris des évidences, confortent le sentiment qu’eux seuls parlent vrai, sont crédibles : la chose est donc entendue d’avance et leurs publics se dispensent de vérifier leurs dires.
N’empêche, une pugnacité plus marquée de la part des consœurs et des confrères – qui trop souvent laissent aux seuls animateurs le loisir de faire appel à des ressorts émotionnels, parfois trop abusivement ; ou à leurs seuls interlocuteurs, sans les recadrer fortement – serait peut-être bienvenue. Au risque d’en faire trop de crainte de n’en faire pas assez en sacrifiant aux diktats de l’audimat. Soit de faire du Robert Bony, pourrait-on penser en lisant la mise au point de Claude Roy (c’est là…). C’était au temps où un journaliste traitait certains de ses « confrères » (entre guillemets de distanciation) de gangsters. Cette période est révolue, et faut-il vraiment le déplorer ?

jeudi 24 janvier 2019

Simplifier la saisie des caractères spéciaux avec Windows


La typographie, c’était mon dada : reparlons car. spé et claviers
Longtemps, je me suis couché à point d’heure, saisissant des traductions et des articles sur divers claviers… Avec l’énervement de recourir à la table des caractères du système Windows pour accéder à des caractères spéciaux… Puis j’ai découvert un tableau de combinaisons avec la touche Alt et des chiffres. Enfin, ouf ! vers 2000, j’ai installé kbdfrac.exe (soit le pilote de clavier français enrichi de Denis Liégeois). Là, je viens d’être informé de l’existence du pilote conçu par Michel Julier. (Re)faisons un point sur la question.

Je révise à présent, bénévolement, divers textes universitaires dans lesquels abondent les x au lieu des ×, les ° en place des º (lettre x et non signe de multiplication ×, signe degré ° et non signe ordinal masculin, ou, l’alternative est correcte le masculin du signe primera, ou a exposant espagnol, soit a, ou indicatrice ordinale si vous êtes adepte de l’écriture inclusive). À – AltGr+è puis Maj+A – propos d’écriture inclusive, savez-vous que le Guide typographique (suisse, ex-roman) préconise l’emploi du point médian (ex. : un médecin, une médecin·e ; euh, non, plutôt ainsi, les/des docteur·e·s) ?
            Mais revenons à notre hispanique ordinale seconde… Soit (Unicode) U000AA. Dont « l’époux » est U000BA ou 186 en ASCII (les dames d’abord, sauf pour l’entrée dans un restaurant). Ces caractères et d’autres (comme le « rond en chef ») peuvent être générés, avec un clavier étendu ou un pavé numérique associé, par le biais des chiffres combinés avec la touche Alt. Parfait, à condition d’avoir assimilé tous ces codes, combinaisons… Voici trois décennies, j’ai débuté ainsi, à l’aide d’un tableau imprimé, puis de mémoire. Autres possibilités, avoir recours à la table de caractères du système d’exploitation, et consigner, grâce (à l’époque) à des graticiels ad hoc, les caractères les plus usités dans le presse-papiers. Enfin, sous MSWord, l’interface affichant les caractères spéciaux, sous InDesign, celui des glyphes, &c. Celui de MSWord affiche aussi les « Caractères spéciaux récemment utilisés ».
            Tout change, voici près de deux décennies, avec la mise à disposition de kbdfrac.exe (pilote enrichi), de Denis Liégeois. Ce pilote remplace celui, standard, livré avec un système Windows. Très facile à installer, kbdfrac… Reste à mémoriser les combinaisons. Avec des systèmes récents, le clavier tactile (dont l’icône s’affiche dans la barre des tâches) permet, bien sûr, de générer les dits signes, mais surtout de les mémoriser (voir le visuel).
            Cela étant, un colisitier de la Liste (d’abonnement) typographique vient de nous signaler l’intéressant pilote alternatif (deux versions, l’une pour clavier étendu, avec pavé numérique, l’autre pour les portables en étant dépourvus) de Michel Julier. Précieux pour qui nécessite d’employer ou veut composer des caractères allemands, espagnols, italiens, roumains… Je pourrais vous signaler les liens, assez faciles à trouver, mais si vous cherchez par vous-mêmes avec un moteur, cela contribuera à fortifier leur référencement (allez, pour les fichiers zip de Michel Julier, cherchez l’expression exacte « clavier français international pour Windows »).
            Pourquoi composer mal, et foutraque (comme le rédigé de cet article), quand on peut faire impeccable et aisé ? Reste un bémol : certaines polices de caractères basiques n’incluent pas les dits caractères en leur intégralité (la plupart, quand même). Pour certains, avoir recours au signe/glyphe d’une autre police est un no-no (interdiction absolue). Pour d’autres, surtout en exposant, personne n’y verra rien (ne décèlera même pas le discret fumet de l’encre d’Internet employée). Mais la plupart des polices gratuites des grandes fonderies (dont les Verdana Pro et demi-grasses de Micromou) incluent des jeux complets.
            Bientôt (ou à la saint Glinglin, vers Saint-Glinglin) je vous entretiendrai de la gestion de multiples polices avec Main Type™ (beaucoup moins cher, voire gratuit, que Suitcase, d’Extensis® ; ou FontExplorer, de Linotype ; d’autres de Monotype), ou de FontBase, SkyFonts, &c. Mais là, « j’écris pour Google ». Ou j’évoquerai par ensuite (et la porte cavalière, ou piétonne) des arial-like et times-like… Ou des variantes évoluées de la Comic Sans (Ban Comic Sans!). À suivre… Ah, j'allais oublier d'évoquer le clavier bepo (pour bépoè!vdeljzw ou BÉPOÈ!VDKHZW,  qui ne sera peut-être pas au français ce que l'azertyuiop reste). Toutes voyelles à gauche (et x), toutes consonnes à droite, le sclam, la gule et le point au milieu. On en trouve facilement le(s) pilote(s) et des autocollants à placer sur les touches de votre clavier, tout comme des modèles de claviers bépo, dans le commerce. Le bépo est au français ce que le dvorak (petit nom, DSK, pour Dvorak Simplified Keyboard), est à d'autres langues, dont, en variante, le français du Canada. Par rapport au bepo, c'est un aoeuiddht (mais en ligne médiane et non supérieure). Évidemment, composer Dvorak, c'est classe, sauf qu'il s'agit d'August, universitaire, et non Antonin ou Tomas, musiciens.  
            Pour ces claviers, outre l'accès par raccourcis à des caractères de langues étrangères et autres, la visée est « ergonomique » (même en disposition rectangulaire classique). C'est le cas aussi des modèles du fabriquant TypeMatrix dont le 2030 place verticalement, au centre, de haut en bas, les touches Sup, Ret. arr., Ent. Le clavier Colemak est, comme le bepo, un clavier à disposition de touches facilitant la saisie (après apprentissage, et c'est tout le problème). Le clavier type « blank » peut être noir ou multicolore... Cela peut être bien pour se former à la dactylographie (les touches sont vacantes de lettres, vierges d'inscription) et si vous concevez votre propre pilote, vous trouverez des autocollants pour les personnaliser. D'autres claviers proposent d'effleurer (comme naguère celui des composeuses Linotype) et non d'enfoncer les touches qui sont en quelque sorte « articulées ». D'autres proposent le rétro-éclairage des touches... D'autres encore sont étanches (pliables ou non) ou permettent une frappe « dématérialisée » (l'image des touches est projetée sur une surface, généralement plane). Ceux dits ergonomiques sont tout en courbes, voire élévations (claviers profilés en creux et bosses : on saisit un peu comme on jouerait de l'accordéon chromatique). Il existe des claviers dédiés à des logiciels (de graphisme 2 et 3D, dont de montage vidéo, d'architecture, soit dont les touches centrales sont aussi des touches de fonction ; ou de jeux) ou à touches librement programmables. En janvier 2019, la société LDLC a proposé le Nemeio, totalement reconfigurable (vous basculez du « romain » au cyrillique, les touches affichent les caractères correspondants). Pour mémoire, l'Afnor a fixé une norme azerty modifiée (les suites azerty, qsdf, ou hjklm restent à l'identique, mais le ç quitte la touche 9 pour rejoindre la C, le copyright ripe en X, &c.). Il est question du clavier normalisé NF Z 71-300 A (pour arzerty, le B est un bépo) depuis... 2015. Cela rappelle très fort les « polices d'apprentissage de l'écriture » destinées aux écoles primaires et aux manuels... Pas à ma connaissance encore de pilote, encore moins d'interface de saisie (de clavier). Mais l'important est que « l'ensemble des N caractères à placer (...) ait été déterminé par le comité d'experts » aux M emplacements, de manière à « minimiser le coût de l'interaction » en faisant le tri entre 10213 (non pas dix-mille-deux-cent..., mais 10, puissance 213, ce que l'interface de ce blogue ne permet pas de placer en exposant) combinaisons possibles. Pour en savoir davantage, consultez le document classé Z 71-300 (57 pages).





mercredi 23 janvier 2019

Surréalistes et Grand Jeu : le divorce version Breton et Aragon


Quand Breton et Aragon firent le procès de Roger Vailland…

Nombre d’universitaires et de chercheurs indépendants font état (amplement ou incidemment) de la brouille entre les Surréalistes et les membres de la revue Le Grand Jeu. Le texte de 32 pages du numéro hors-série de la revue belges Variétés – auquel ils se réfèrent – a été maintes fois partiellement cité, et même reproduit (à trois reprises, à notre connaissance, en son intégralité, dans diverses éditions). En voici une transcription aussi fidèle que possible.

En 1929, à Bruxelles, paraissait dans la revue Variétés, un texte indubitablement dû à Breton et Aragon (signé de leurs initiales) donnant leur version de la mise en accusation de Roger Vailland et des collaborateurs de la revue Le Grand Jeu. Ce texte à été déjà intégralement reproduit (notamment dans une édition de la collection La Pléiade). Mais autrement peu accessible. J’ai estimé qu’il était, sinon urgent, du moins idoine, de le reproduire de manière à ce que qui voudrait s’y référer puisse disposer d’une version en ligne permettant la recherche plein texte. Le lien vers « À suivre – Petite contribution au dossier des intellectuels à tendance révolutionnaire » permet de le consulter. Il m’a semblé idoine d’y adjoindre quelques commentaires et une reproduction de la dédicace de Drôle de jeu adressée à André Breton par Roger Vailland. Breton daigna-t-il répondre à Vailland ? En mode bouteille à la mer, la question est posée… Aucune récompense (autre que peut-être un livre consacré à la typographie) n’est garantie à qui pourrait fournir la réponse… Mais qui pourrait fournir des indications recevra bien sûr l’assurance de mon estime et de ma considération distinguée. J’ai mis l’écrivain Alain (Georges) Leduc sur la piste. En vain… Jusqu’à nouvel ordre. Saurez-vous le précéder ? À vous de jouer…

jeudi 17 janvier 2019

Mieux sanctionner l’infox du gouvernement et des parlementaires

Que soient démis les responsables politiques mentant sciemment

Le site du « Grand débat national » (granddebat.fr) permettra « à compter du 21 janvier » de recueillir « les contributions des Françaises et des Français »… Contributions individuelles, donc, peut-on espérer, et au traitement conforme au règles de la Cnil. En voici une : sanctionner lourdement tout détenteur d’une autorité ou d’un mandat électif public pris en flagrant délit de mensonge délibéré…
Quelle est la différence entre l’eurodéputé Bernard Monot ayant engagé la crédibilité du chef de file de sa formation, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), et un Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, risquant une affirmation contestable ? Rappel des faits…
Bernard Monot (ex-Front national, DLF), eurodéputé, affirme qu’Emmanuel Macron fera « repasser l’Alsace sous gestion allemande : la langue administrative sera l’allemand. ».
Bien sûr, Bernard Monot sait fort bien qu’à la suite de l’adoption du traité d’Aix-la-Chapelle (Aachen), le hochdeustch ne sera pas imposé aux Alsaciens, pas davantage que le luxembourgeois aux Lorrains.
Il saisit tout aussi bien que les destinataires de son mensonge en surajouteront : pour les uns, Macron aura vendu l’Alsace-Lorraine aux Rothschild, pour d’autres à George Soros, si ce n’est aux Martiens. Monot se fait ensuite oublier (retire sa vidéo délirante) dès qu’elle est largement répercutée ; car il est conscient que la rumeur qu’il a lancée perdurera.
Christophe Castaner affirme ne connaître « aucun policier qui ait attaqué un “gilet jaune” ». C’est beaucoup plus subtil… Il pourra toujours affirmer qu’il était clairement sous-entendu qu’il ne connaissait « personnellement » aucun individu de cet acabit… Pourtant, depuis l’affaire Benalla, on sait que le ministre de l’Intérieur visionne les opérations de maintien de l’ordre, au moins dans la capitale. Bien évidemment, il connaît, car il en a le devoir, les noms et grades de chacun de ces malfrats en uniforme enfreignant sciemment des ordres présumés stricts…
Il a peut-être aussi remarqué que les personnes gravement mutilées ne sont généralement pas des casseurs ou des agresseurs de policiers… Enfin, certes, il ne s’agit là que d’une déduction hasardeuse qu’il conviendrait d’étayer en examinant toutes les affaires de ce type traitées par la justice et surtout, surtout, celles qui ne feront jamais l’objet de poursuites judiciaires. Simplement, comme l’Ifop – et non une quelconque officine complotiste – a pu l’établir, il peut être déduit que près de six policiers sur dix ont voté Front national (peut-être faute de pouvoir opter pour une organisation plus extrémisme à visées dictatoriales). Par conséquent, n’ignorant pas que des « camarades » civils sont mêlés aux « gilets jaunes » les plus violents, 60 % des policiers (peut-être un pourcentage moindre de gendarmes mobiles) viseraient, pour mutiler, en priorité des retraités, des femmes, des enfants… D’une part, cette phrase est au conditionnel qui s’impose, d’autre part ce raisonnement est infondé, abusif (même s’il ne peut être exclu que l’un ou l’autre agisse de la sorte, reste impuni ou plaide l’incident involontaire), et enfin, je ne suis investi d’aucune autorité publique… Ce qui ne m’empêche pas de m’efforcer de respecter une déontologie journalistique, et par conséquent, énoncer que ce qui est exposé ainsi n’est que supputation déplacée.
Violences populaires, violences policières
En revanche, en divers entretiens (Le Monde, France Info…), le journaliste David Dufresne, qui recense les violences policières, est formel. Il est fait abondamment usage des grenades GLI-F4 et des munitions LDB 40, en tout connaissance de cause pour certains éléments policiers. Car des journalistes, conspués et violentés par des – et non tous les – « Gilets jaunes » (souvent des faux-nez, des nervis du totalitarisme), le sont aussi par des membres des forces de l’ordre. Collusion ? Complicité active entre certains policiers et certains manifestants ? Christophe Castaner peut-il formellement l’exclure, et exposer dans le détail ce qui l’amène à nier cette éventualité ?
Ce qui est certain, établi, attesté, vérifié, c’est que nos distingué·e·s parlementaires, lors des auditions de l’affaire Benalla, se sont très majoritairement peu penché·e·s sur les violences policières, et beaucoup sur les dysfonctionnements du dispositif de sécurité présidentiel… Bref, c’est ce qu’on nomme mentir par omission…
Il faut donc faire la part des choses : mensonge éhonté, mensonge subtil, mensonge par omission, et mensonge involontaire… (et mensonge à destination de l’étranger justifié par les intérêts supérieurs de la Nation). Ma contribution au « Grand Débat » n’ira pas jusqu’à proposer une graduation des peines (du simple rappel à la loi jusqu’à la réclusion avec peine de sûreté incompressible, lourde amende, privation à vie des droits civiques et pourquoi pas relégation à Cayenne ou, mieux, sur un îlot au large de Petite Miquelon). Mais si tout détenteur d’une autorité élective publique (élu municipal, cantonal, régional, national), tout membre du gouvernement, secrétaire d’État ou ministre, se livrant sciemment à de l’infox (néologisme fondé sur information et intoxication), était immédiatement démis de ses fonctions (et bien sûr privé d’émoluments, d’avantages de fonction), je crois que cela illustrerait bien la nécessaire exemplarité de la sanction qui s’impose. Pour le président, c’est sûr, juré-craché, il ne ment que pour désarçonner et duper l’ennemi, donc la question ne saurait se poser.
Cela éviterait peut-être que j’avance sans l’avoir profondément vérifié que Nicolas Dupont-Aignan s’est bien gardé de désavouer Bernard Monot. Tout ce que j’ai pu constater, c’est que la page Facebook du dit eurodéputé ne fait pas été de son limogeage de DLF et que celle de N. D.-A., ce jeudi 17 janvier 2019 à midi (heure de Paris), ne comporte pas de désaveu des propos du sieur Monot. Dans ce cas, comment le simple adhérent de base ne se sentirait-il pas incité à diffuser de fausses nouvelles ?
Cela vaut aussi pour Emmanuel Macron dont il ne m’est pas apparu qu’il ait déploré publiquement qu’Alexandre Benalla (qu’il connaissait finalement assez mal, admettons) ait frappé des manifestants. L’exprimer ainsi ne présuppose pas qu’il ait apprécié ou approuvé en son for intérieur les agissements du sieur Benalla. J’ajoute qu’on ne l’a pas encore vu, à ce jour, molester lui-même un journaliste ou indiquer à d’autres sbires de le faire.
Délit de « bonne bouille »
En revanche, peut-il vraiment ignorer tout des quelque deux-mille blessés du fait des réactions des forces de l’ordre depuis l’acte 1 des « Gilets jaunes » ? S’est-il inquiété de la centaine de blessés graves, estropiés, handicapés à vie (mains arrachées, yeux explosés, traumatismes irréversibles) ? Pour David Dufresne, « on est dans le mensonge d’État » et il estime qu’il faut remonter à 1961 « pour arriver à un tel déchaînement — sans comparer la situation actuelle avec les morts de la répression au métro Charonne et les Algériens jetés dans la Seine. ». En fait, la comparaison avec les grandes grèves dans les mines, la sidérurgie et la métallurgie de fin septembre à début décembre 1948 serait presque judicieuse (mais il y eut plusieurs morts côté manifestants ouvriers ou porions et contremaîtres , puis, dans Action et L’Humanité Dimanche, l’écrivain Roger Vailland faisait état du slogan CRS-SS lors des grèves de 1954). Admettons que la volonté d’estropier en visant plein front ou pleine mâchoire ne soit pas formellement établie (en cas de poursuites judiciaires, tout policier pourra plaider qu’il visait ailleurs, qu’il fut bousculé, et il ne sera pas ici supputé que les enregistrements vidéo disparaîtront avant de parvenir aux greffes).
Ah, je démens formellement avoir eu l’intention d’insinuer que des policiers aux opinions d’extrême-droite ont soigneusement sélectionné leurs victimes en s’abstenant de viser les casseurs. Simplement, je viens de visionner le compte Twitter de David Dufresne intitulé « allo @Place_Beauvau – c’est pour un signalement ». Quelques images de lycéennes, de jeunes gens blessés font fortement songer au « délit de bonne bouille ». Bref, du tir « au faciès » ? Cela étant, d’autres images pourraient aussi laisser supputer que des policiers d’opinions très à gauche aient pu faire de même, et tirer des « gueules de faf ». Ambiance dans les casernes et les buvettes ou salles de repos…
Impossible « part des choses »
Cela étant, je conçois qu’il y ait des bavures involontaires de la part de policiers et de gendarmes. Je veux simplement espérer que ce ne seront pas ceux-là qui seront les plus lourdement sanctionnés (si sanctions il y avait). Histoire de fournir quelques exemples, et faire oublier le comportement du commandant Didier Andrieux à Toulon (dont il est peut-être, non pas admissible, mais explicable, que, roué de coups par des « Gilets jaunes » auparavant, il ait perdu son sang-froid). Sa défense est du même ordre que celle de l’ex-boxeur Christophe Dettinger (qui, lui, reste en détention provisoire jusqu’au 22 janvier prochain, voire au-delà…).
Bien, pensez ce qui vous voulez de ce qui précède… Simplement, n’espérez pas, que vous soyez de la police, de la gendarmerie, ou de ces prétendus « Gilets jaunes », me coincer lors d’une manifestation ou d’un nième « acte » : désormais, mais ce n’est pas tout à fait nouveau ou inédit, les journalistes sont pris entre deux feux. Trop risqué à mon âge. Et tiens donc, je n’ai pas entendu non plus Jean-Luc Mélenchon le déplorer… Menteur par omission ?
Non pas pour faire « la part des choses », mais simplement saluer au passage Bruno Vincendon, responsable syndical Alternative Police CFDT, je conclus ce paragraphe par sa déclaration : « Nous, forces de l’ordre, nous déplorons toutes les victimes ». De toute façon, les seules manifestations qui ne suscitent pas d’hostilité de part et d’autre envers la presse sont celles où il ne fut pas constaté de violence, ni d’un côté, ni d’un autre…
94 contre 6
Jean-Luc Mélenchon, Bernard Monot, tant d’autres, et la plupart des complotistes, ne sont pas tendres à l’égard de « la presse » (sans trop faire la distinction entre journalistes de terrain, éditorialistes, patrons de presse, &c. ; mais si aucun « Gilet jaune » ne s’en est pris à Bernard Tapie, patron de presse, d’autres ont agressé des journalistes à Marseille). C’est pourtant dans le fort peu gauchiste hebdomadaire Valeurs actuelles que je trouve ce bilan : 94 manifestants gravement blessés selon Libération, six cas d’infirmités permanentes côté policiers, selon RTL. Et cela sous le titre « Il dénonce des violences policières et meurt en prison le lendemain » (affaire signalée à Angers par Ouest-France et Le Courrier de l’Ouest sur laquelle je ne saurais me prononcer, ni en un sens, ni dans l’autre*). Mais, comme chacun sait, on peut faire dire diverses choses aux chiffres…
De même, s’il serait plus que souhaitable, soit nécessaire, que des élus et membres du gouvernement ne puissent rester en place après avoir proféré des mensonges en toute mauvaise foi, on peut se demander si les autorités ayant pris la responsabilité de confier des armes telles les GLI-F4 et LDB 40×46 à des personnels non-formés à leur usage jouiront ou non de l’impunité. J’éprouvais, à juste titre, de la sympathie pour le maire de Forcalquier, je ne veux pas lui imputer la décision déterminée d’avoir fait fournir ces armes à des policiers non aguerris au maintien de l’ordre, tout en mesurant les conséquences prévisibles. Je veux imaginer qu’il soit resté dans l’ignorance de l’avis d’un ancien ministre de l’Intérieur, Jacques Toubon, qui devenu défenseur des droits, considère qu’un tir de LBD est « susceptible de blesser grièvement un manifestant. ». Mais à présent, il ne peut plus faire semblant de ne pas savoir…
Réglera-t-il vraiment proportionnellement autant que nous, simples contribuables ou cotisant à des mutuelles, le coût, pour les hôpitaux, la Sécurité sociale, et la caisse d’allocation aux adultes handicapés, d’au moins une centaine de blessés très grièvement (et de beaucoup davantage de traumatisés parmi les policiers, manifestants et passantes ou badauds, nécessitant des traitements de longue durée). Coût auquel s’ajoutera celui des frais et indemnités judiciaires.
Au-delà, la question est tout simplement : a-t-il été décidé de dissuader de manifester, non pas seulement en interpellant en amont des lieux de rassemblement, mais en prenant le risque d’autant de blessés ? Question à laquelle Christian Castener devrait répondre… en tentant de… paraître sincère.
* faute de recul, de vérification scrupuleuse, documentée ; mais on en arrive au point où ne pas se prononcer est bien la preuve de sa duplicité, d’une volonté de masquer, pour les uns, et se prononcer l’évidence patente d’une autre forme de malignité pour les autres… Ce n’est pas nouveau… En revanche, quand la police fait bien son travail, à présent, on l’applaudit, et c’est nouveau ; quand on est satisfait de la couverture de presse, c’est bien le moindre qu’on puisse en attendre.

mercredi 16 janvier 2019

La Libre Pensée invite à redécouvrir Gaston Couté


Pour goûter Couté : rencontre au siège de la Libre Pensée
La Fédération nationale de la Libre Pensée convie à une après-midi littéraire et musicale le samedi 19 janvier 2019. Intitulée « Pour goûter Couté », cette manifestation se tiendra en présence des auteurs de Gaston Couté – Œuvres complètes, paru aux Éditions Libertaires…

Comme l’indique le verso du carton d’invitation (mais il n’est pas besoin de le présenter pour se joindre aux libres penseurs et férues ou amateurs du poète-chansonnier), publier « dans un coffret deux volumes des œuvres, textes, dessins, pièces de théâtre du poète libertaire Gaston Couté » est une excellente idée des Éditions Libertaires. Je ne reviens pas sur ce coffret, déjà ici présenté, si ce n’est pour dire que le recueil des textes, celui de biographie dû à l’écrivain Alain (Georges) Leduc, et le DVD musical qui les accompagne peuvent être acquis séparément…
Gaston Couté avait indiqué que c’est la lecture des textes de Clovis Hugues, « poète libertaire et libre penseur » qui fit naître sa propre vocation. Lequel Clovis Hugues estimait que « le poète a une fonction sociale. Il lui appartient de glorifier le beau, mais il lui appartient aussi de glorifier le juste qui en est la représentation la plus élevée… La poésie n’est grande que si elle complète le rêve par l’idée, l’idée par l’action. ». Pour situer Couté, la Fédération rappelle que « ses textes sont un cri de révolte permanent contre la bêtise, l’exploitation, la guerre, les capitalistes, les militaires. Il dialogue dans le temps avec Montéhus, Rostand… Il règle ses comptes avec Briand. ». Elle fait aussi mention de sa pièce de théâtre, Les Écus de la vieille « qui fait irrésistiblement penser à la Chanson pour l’Auvergnat de Brassens… ».
Cette après-midi se déroulera au siège de la Fédération nationale, soit 10-12, rue des Fossés-Saint-Jacques (cinquième ar. de Paris – métro Luxembourg), de 14 à 18 heures.
Pour situer un peu le mouvement libre penseur français, signalons que la plupart des pieds de page de son site portent la mention « Ni dieu, ni maître, à bas la calotte, vive la sociale ! ». Cela étant, la Libre Pensée soutient essentiellement « la liberté absolue de conscience » et ne prône pas (ou plus) un durcissement de la loi de 1905 ou une laïcité agressive.

Éric Poindron en dédicaces à Reims...


Éric Poindron et la Môme Moineau réunis à Reims…
L’écrivain-poète Éric Poindron fréquente assidûment des fantômes de toutes provenances et tout acabit… Aussi ne peut-il être exclu qu’il retrouve à Reims celui de la Môme Moineau (Lucienne Dhotelle, † 1968), le 8 février prochain…
À dire vrai, ce qui suit tient du pense-bête destiné à me rappeler que je pourrais faire « retour à Reims » (comme le titre de l’ouvrage de Didier Eribon, diversement mis en scène par Laurent Hatat et Thomas Ostermeier) à l’occasion d’une fin d’après-midi puis une soirée organisée au Cellier le vendredi 8 février 2019 à partir de 17 heures (et peut-être jusqu’à point d’heure). Car de cet événement, je ne sais rien et je découvrirai sur place et le Cellier, et une encore énigmatique soirée-cabaret. C’est le Groupe d’entraide mutuelle (Gem) dont j’ai tout à découvrir qui organise l’événement, invitant Éric Poindron à parler de ses livres (des romans, des trucs inclassables, un recueil de poèmes…) de cinq à sept, puis, évoquer sans doute ses souvenirs rémois.
Suivra une soirée-cabaret dînatoire en la salle de la Môme Moineau.
Du Cellier, j’ai eu ouï-dire : cet ancien bâtiment de maisons de champagne (d’où son nom) serait le nième (dans les dix premiers) élément culturel d’ampleur rémois après La Comédie (le Centre dramatique ex-Macu, maison de la culture), Le Manège, et peut-être d’autres lieux que je n’ai pu connaître… Belle façade, et la rue de Mars vaut le détour… Quant à la Môme Moineau, c’était une chanteuse de rue, « montée » de Reims à Paris vers le milieu des années 1920 et qui connut une fulgurante carrière internationale. C’est en pleine gloire, en 1929, qu’elle épousa un milliardaire porto-ricain. Elle était encore rastaquouère, jeune et délurée : elle fut un temps considérée la femme la plus riche au monde (ce qui était peut-être exagéré, encore que vaguement plausible, vue l’opacité de la fortune des reines du Royaume-Uni, de quelques richissimes héritières…).
En revanche, je me flatte de connaître assez bien Éric Poindron… Nous avions dû faire connaissance chez Jean-Louis Vogt, au célèbre Café du Palais (de justice), faire les pitres ensemble en compagnie d’amis choisis dans la ville des protagonistes du Grand Jeu. Puis nous nous sommes retrouvés à Paris, avant le retour à Reims d’Éric où, avec sa compagne, il lança les éditions Le Coq à l’âne. Nous nous perdîmes ensuite de vue avant de se retrouver au salon du Livre libertaire (ou quelque chose comme cela, c’est à Paris ; celui du livre anarchiste est à Montréal). Comme Éric pond deux-trois livres par an (les bonnes années), qu’il est fréquemment invité à les dédicacer dans des librairies parisiennes, on se revoit à ces occasions. Et comme il a toujours deux-trois projets sous le coude (bon an, mal an), dont, je crois, un livre qui sera co-signé avec l’ex-chanteur et toujours artiste Charlélie Couture, nous nous rencontrerons de nouveau, y compris après vendredi 8 février…
J’imagine bien que les Rémoises et Rémois sont largement au courant de cette soirée labellisée « Cafégem », que je ne leur apprends pas grand’ chose, et que bien peu de gens de Brest, Strasbourg ou Marseille vont converger vers Reims ce soir-là pour bavarder avec Éric Poindron… Mais comme l’écrivain tient un « Cabinet de curiosités » sur Facebook, qu’il parcourt le territoire national (à l’occasion la Belgique et la Suisse francophone), d’autres opportunités se présenteront. Écrivain, Éric est aussi un très prolixe auteur d’aphorismes (environ deux quotidiens, enfin pour ceux qu’il communique, mais il doit en biffer et poubelliser d’autres…). Il reste un écrivain quasi-confidentiel (tout est fort relatif en ce domaine, ses tirages restent inférieurs à ceux des papes apostoliques romains, de feu Simenon, de rares autres, mais bien des consœurs et confrères de la gent « de lettres » les lui envient), donc encore abordable. Éminemment fréquentable. Ce qui n’est pas tout à fait mon cas… Exemple parmi trop d’autres : je n’ai pas souhaité la bonne année à Éric (sans oublier Anne-Laure, Sandra, Tatiana Olegovna…, divers·e·s Leconte et Lecompte, voire Martin – j’en connaissais au moins deux – et Martine, tant d’autres qui se connaissent ou pas…). Amies, amis, copines, copains, « ex », collègues, et même sœurs et frères humains : mes tout meilleurs vœux ; d’ac’, sur le tard, mais sincères. Sans toi, Éric, j’aurais oublié de prononcer mes – enfin, plutôt « ces » vœux –, ou mieux, de les adresser.
Au fait, pour passer du gallinacé à l’asinien, avant le 8 février, il y aura, par la FFLP (en fait, FNLP : Fédération nationale de la Libre pensée), une après-midi Gaston Couté, le 19 janvier prochain (en son siège), j’y reviendrai, et postérieurement, le 26 février, le troisième anniversaire du Programme Vecteur Hugo (je n’y reviendrai pas, cherchez par vous-mêmes ; un indice ? ..
www.lesartsetmouvants.com/actualités).

jeudi 10 janvier 2019

Cache-cache avec Google


Michel Doury lost in googlelization
Enfin, Doury ou d’autres… Je ne sais si vous avez remarqué, mais il devient de plus en plus difficile de concocter des requêtes efficaces pour faire remonter des résultats désirés via le moteur de recherche de Google™ Inc…
Révisant (et à l’occasion contribuant à augmenter quelque peu) une thèse doctorale, il me fut demandé de sourcer un élément que j’avais communiqué — ne sachant trop s’il serait repris par l’auteure, j’avais oublié d’indiquer aussi le lien (soit l’adresse réticulaire). De mémoire, il s’agissait d’une citation d’un ex-magistrat municipal (sans doute Michel Durafour) pestant contre un directeur de théâtre (a priori Jean Dasté). Mais peu importe…
        Impossible, en recasant la citation entre guillemets (en « expression exacte »), ou en associant Durafour et Dasté (patronymes précédés de leurs prénoms, le tout encore entre guilles), de la retrouver… Cela après près de deux heures d'investigations diverses.
        Là, excusez la digression, pour me fournir un titre pas trop rédigé pour Google (un peu quand même), j’ai songé à évoquer Michel Doury, éminent écrivain et traducteur trop tôt disparu. Tout simplement parce que mes dernières recherches portaient sur lui… Déjà, aucune photographie du Doury, Michel (de plus obscurs homonymes figurent), en recherche mode images. Bon, cela se conçoit : je dois bien disposer d’un négatif bichrome, dont le tirage apparut dans le quotidien L’Union, mais c’était circa 1980… Avant la déferlante Internet, donc. Je ne sais si mon confrère, Philippe Mellet, qui m’a commandé un article sur l’écrivain ex-parisien devenu sedanais, a pu retrouver une photo de lui, voire d’eux (Doury enseigna l’anglais à Mellet), mais je suis sûr que nous serions très intéressés de rassembler des portraits de Michel Doury. Or donc, si vous le pouvez, en disposant, numérisez et indiquez-nous un lien…
        Bref, histoire de rafraîchir ma mémoire en vue de cet article, je me suis livré à des recherches assez approfondies sur Michel Doury via Google… Je sais, je sais, il existe d’autres moteurs assez performants, dont Exalead, mais franchement, question nombre de remontées, il n’y a pas non plus photo…
        J’avais enseigné la recherche sur Internet en première année d’école de journalisme et bon, même si j’ai beaucoup oublié – et n’ait nulle envie de dénicher mes fiches de cours – je conserve la prétention d’avoir encore quelques bribes de connaissances du mode d’emploi basique d’un moteur de recherches…
        Voici peu, je reprends, à quelques semaines de distance, les mêmes requêtes et… fais remonter un résultat qui devait être certainement présent quelque part sur la Toile à la mi-décembre dernière et dont je doute très fort qu’il aurait pu m’échapper (pour l’anecdote, il s’agit quelques-unes des premières pages de La Chasse en octobre, roman dont le contenu présente cette particularité d’être précédé d'une biographie résumée de l’auteur).
        Je présume très fort qu’il s’agit d’une autobiographie (ou alors, l’éditeur a confié le soin de présenter l’auteur à une fameuse pasticheuse ou à un imitateur très doué). Fort peu chaut de le signaler en rapport… Avec quoi ? L’objet ou le sujet de ces lignes restent présumés être les mystérieuses évolutions énigmatiques de Google. L'Éloge et illustration de la sybillique et artificieuse intelligente googlelienne reste à écrire... Mais d’une part ces extraits (rubrique « Livres », cherchez au risque de ne pas retrouver) peuvent vous donner envie de lire des romans de Michel Doury, et d’autre part, pour un blogue-notes, je ne veux pas me priver d’écrire foutraque après tant d’années à rédiger « conforme »…
        Revenons à notre mouton, ou plutôt bélier (à bras ? sans doute plus que les frères des écoles ou Shiva) de race Gafa… Déjà, pour pratiquement trois fois rien et davantage, Google vous remonte généralement en premiers résultats tout ce qui peut être commercial. La requête « Michel Doury » fait un peu exception confirmant la règle (premier résultat : la page Wikipedia, suivie d’autres de Babelio, de la BnF, de l’Académie française, de sites de référence, donc, Amazon n’arrivant – bizarrement – qu’en huitième position ; et en option « mot à mot », en dixième). Mais les sites de la Fnac, de Gallimard, &c., ne sont pas loin derrière.
Tentez Google+(opérande AND disait-on naguère) « mode d’emploi », et Google Plus pour les Nuls tient le haut de la liste des bouquins sur le ou plus ou moins proches du sujet – dont celui d’Olivier Andrieu chez Eyrolles, que je salue tout deux amicalement au passage. Que l’année 2019 verra paraître la dixième édition augmentée (cela fait déjà dans les 700 pages) de l’un des ouvrages d’Olivier Andrieu ne me surprendrait nullement… Faut suivre, pister, traquer Google et ce n’est guère une partie de plaisir…
N’ayant plus la moindre envie de me mettre à jour, tâche désormais de moins en moins commensurable, je jette l’éponge. Comme aurait pu le dire Hugo, Victor (Contemplations) – au fait, tentez de comparez les résultats de la requête « Michel Doury » à ceux de cette autre : « Doury, Michel » : c’est assez cocasse – une brume couvre l’ombre du fonctionnement de Google. Je laisse à Olivier Andrieu le soin de tenter de la dissiper (vaste programme, admet-il dans l’une de ses préfaces).
        D’ailleurs, à quoi bon s’étendre… Vous l’avez sans doute décelé, ce qui précède a pour objectif principal de faire remonter le rang – rating Google, disait-on, getting Google review snippets énonce-t-on à présent – de Michel Doury en vous incitant à mener des recherches sur ce mémorable et talentueux auteur…
          Et à délaisser votre écran pour chercher ses livres sur les rayons d’une bibliothèque publique. Vous le constaterez, c’est finalement beaucoup plus intéressant…
        Ah, il est de bon ton d’accompagner un texte en ligne par un visuel. Celui-ci provient du site personnel de Philippe Mellet (sur lequel vous pourrez lire la suite… si, d’ici-là, les évolutions du Wouaibe X-zéro ne l’auront pas faite s’évaporer dans une brumasse post-hugolienne).


mercredi 9 janvier 2019

Les principaux lieux de vie d'Octave Mirbeau


Octave Mirbeau, écrivain nomade…
Nombreux sont les écrivains (et journalistes-écrivains sollicités pour des reportages), artistes ou comédiennes ayant multiplié de longs séjours en diverses résidences, mises à leur disposition, louées ou acquises. Si toutes et tous n’ont pas la bougeotte, ou finissent par se fixer durablement en un lieu (ainsi Joseph Delteil et sa « Deltheillerie » de Grabels, proche de Montpellier), la plupart vagabondèrent. Ce fut le cas d’Octave Mirbeau (1848-1917) qui cumula les lieux de vie…
L'un des tableaux de Pissarro aux Damps, chez Mirbeau
Suivre « les pas » des auteures, écrivains, artistes disparus tient parfois de la gageure. Certains l’ont fait (je songe à l’écrivain-voyageur Éric Poindron sur les traces de Stevenson dans les Cévennes, à Daniel Rondeau évoquant Roger Vailland et tant d’autres, à Philippe Lacoche pour Vailland de même, et bien sûr à nombre d’universitaires spécialistes de telle ou tel…). Bertrand Beyern a même « commis » un Guide des tombes d’hommes célèbres (Cherche-Midi, édition augmentée de 2011, qui aurait gagnée à devenir le guide des tombes de personnes célèbres, même si celles de genre féminin y sont – trop – minoritaires). Ce peut être de même un passe-temps, estival ou autre, d’emboîter les siens dans ceux de personnages défunts…
La plupart des sites voués à perpétuer la mémoire de gens célèbres recensent leurs principaux lieux de vie. Pour celui de la Société Octave Mirbeau, son ancien président, Pierre Michel, s’était attelé à rédiger moult notices sur diverses localités. C’est aussi l’auteur de la fiche « Les demeures d’Octave Mirbeau » sur le site, plus généraliste, Terres des écrivains – Annuaire des lieux littéraires, qui, d’Alton (Jane Austin) à Zurich (Élias Canetti), en passant par les résidences d’Apollinaire, Balzac, Colette, Duras et maint·e·s autres, comporte des centaines de fiches (voir aussi la rubrique « Idées de ballades littéraires »). Pour Mirbeau, vous pouvez aussi vous reporter à ce document, « Octave Mirbeau, Normand de Paris ? Voyages-voyages… », listant une trentaine de localités (et dont les liens renvoient aux notices du site de la Société Octave Mirbeau). L’écrivain a bien évidemment séjourné plus ou moins durablement en de nombreuses autres, mais il s’agit des principales (même si certaines entrées en mentionnent brièvement quelques autres). Si j’en aurais omises de notoires, merci de le signaler en commentaire…
Octave Mirbeau a principalement résidé à Paris, en Normandie, en Bretagne, sur la Côte d’Azur, et séjourné en diverses villes d’eau dont, pour certaines, les cures thermales sont parfois devenues de lointains souvenirs. Sauf erreur, Mirbeau n’a pas fréquenté le casino de Besançon-les-Bains (un temps transformé en salle du futur Centre dramatique national), ni emprunté son funiculaire (inauguré en 1912, abandonné en 1987). Bien d’autres villes de « bains », dont celles où se rendait Mirbeau seul ou avec une compagne, conservent des vestiges que certaines espèrent remettre en valeur, voire revitaliser. Cela mérite souvent le détour… Tout comme d’ailleurs les principales propriétés de Mirbeau, situées la plupart du temps à l’écart des bourgs ou villages (amateur de jardins, émule et quelque peu « rival » en cela de son ami Claude Monet, il privilégiait des demeures entourées d’un assez vaste espace).
Vous pouvez aussi tenter de visiter, en ligne, Le Jardin des supplices, illustré par Auguste Rodin (sur Gallica) ou Raphaël Freida ou encore Pierre Leroy, Edy Legrand, Pidoll… (divers sites). L’une des dernières rééditions (illustrée par Florence Lucas) – en date – de cet ouvrage est dû aux éditions Le Lézard noir (avec Frontispice et En mission en sus). Vous trouverez aussi en ligne des reproductions des quatre tableaux du jardin de Mirbeau aux Damps que réalisa Camille Pissarro au cours de deux semaines de septembre 1892.
Au cas où le lien supra serait caduc, le voici développé :

mardi 25 décembre 2018

Gilets jaunes et Éloge de la politique (R. Vailland)


Gilets jaunes et l’« Éloge de la politique » de Roger Vailland
L’insurrection qui vient, repart, revient : permanence de l’utopie
Il semblerait que tous les objets connectés qu’il nous est fortement incité d’offrir ou de s’offrir en cette période des fêtes de fin d’année (2018) seraient autant dédiés à nous espionner qu’à nous faciliter/compliquer la vie (rayez la mention inutile). Bien sûr, on se remémore Blair/Orwell et 1984. En marche vers le « meilleur des mondes » (d’Aldous Huxley). À moins que la décroissance, souhaitée ou subie, change la donne…
Les « Gilets jaunes » préparent, paraît-il, les actes X ou Y, pour le réveillon du Nouvel An, Pâques et la Trinité. L’église catholique, apostolique, romaine, celle de France, appelle au dialogue, veut leur ouvrir ses édifices entretenus avec l’argent des contribuables, alors que, au Vatican, un pape un peu moins rance que celui du chanteur Québécois Jamil (Irons-nous tous au combat fustigeait « un seizième Benoît »), dénonce « l’homme devenu avide et vorace » et « les ravins de la mondanité et du consumérisme ». Étonnant alors qu’une majorité de « Gilets jaunes » veulent encore davantage de Ferrero Rocher de la réception de l’ambassadrice et consommer encore plus de fringues de marques, changer de voiture (avec un maximum d’options), et surpasser en diagonale l’étrange lucarne du voisin. La garde décroissante croise la garde montante… de loin.
Dès qu’un mouvement social émergeait, naguère – jadis, c’était Lafargue et Le Droit à la paresse, ou d’autres textes –, les médias (enfin, ceux qu’on lit de moins en moins…), nous ressortaient « Éloge de la politique » (publié dans Le Nouvel Observateur fin novembre 1964, dont l’auteur décédait début mai 1965 en ne léguant que des œuvres posthumes). Là, non. Peut-être parce que je me rattache à une génération encore imprégnée des souvenirs de guerre de ses aîné·e·s (il y avait encore des cartes de rationnement au tout début des années 1950), je me demande si ce texte ne serait pas reçu et perçu par la gente « Gilets jaunes » majoritaire comme une critique sous-jacente (de quoi inciter à rosser des journalistes). À l’adresse de la minorité de ce mouvement (celles et ceux vraiment juste au-dessus du seuil de pauvreté, dont j’ai éprouvé diverses fois les abysses), je suggère de le consulter — et de lire aussi quelques romans de Roger Vailland, disponibles en bibliothèques publiques, nul besoin de télécharger un e-bouquin et d’acquérir la liseuse de la voisine. Au cas où le lien ci-dessus ne fonctionnerait pas, le voici en clair (infra, en espérant que cela opère ; sinon, cherchez, ce texte est consultable ailleurs…). En tout cas, depuis bien avant Thomas More et la Croisade des enfants (début des années 1210, puis celle des Pastoureaux), l’utopie marque et perd des points. Au fil des ans, elle surnage… Embarquer alors qu’elle s’enfonce sous sa ligne de flottaison reste un moindre mal.


P.-S. – Pour mémoire, cet article parut dans le numéro 2 du Nouvel Observateur  « nouvelle série » (ou 760 de France Observateur). Je n'ai pu en retrouver le sommaire (mais y figurait un entretien avec Harold Wilson ainsi qu'un texte d'André Pieyre de Mandiargues, et celui de Raoul Seyries, du CNJA, « Jeunesse d'un leader »). Jacqueline Rémy, dans Le Nouvel Observateur, 50 ans de passion, citait Jean Daniel évoquant « d'innombrables encouragements » (« De Roger Planchon et de Francis Perrin (...), de Roger Vailland et de Jacques Le Goff (...), Michel Rocard, Alain Savary, Jacques Monod et Jean-Louis Barrault nous somment de nous engager »). Une réédition du texte dans Le Nouvel Observateur, témoin de l'histoire (Belfond, 1981), précéda la celle de la maison Le Temps des cerises. Parmi les collaborateurs de l'hebdomadaire, François Furet, ex-communiste, qui signe François Delcroix. Pour situer le texte de Vailland, il faut se rappeler que Sartre fit la une du numéro précédent... Le chapeau de son entretien débutait par « La presse le proclame, des enquêtes le démontrent, les dirigeants du régime s'en félicitent : la France se "dépolitise" ».