mercredi 23 janvier 2019

Surréalistes et Grand Jeu : le divorce version Breton et Aragon


Quand Breton et Aragon firent le procès de Roger Vailland…

Nombre d’universitaires et de chercheurs indépendants font état (amplement ou incidemment) de la brouille entre les Surréalistes et les membres de la revue Le Grand Jeu. Le texte de 32 pages du numéro hors-série de la revue belges Variétés – auquel ils se réfèrent – a été maintes fois partiellement cité, et même reproduit (à trois reprises, à notre connaissance, en son intégralité, dans diverses éditions). En voici une transcription aussi fidèle que possible.

En 1929, à Bruxelles, paraissait dans la revue Variétés, un texte indubitablement dû à Breton et Aragon (signé de leurs initiales) donnant leur version de la mise en accusation de Roger Vailland et des collaborateurs de la revue Le Grand Jeu. Ce texte à été déjà intégralement reproduit (notamment dans une édition de la collection La Pléiade). Mais autrement peu accessible. J’ai estimé qu’il était, sinon urgent, du moins idoine, de le reproduire de manière à ce que qui voudrait s’y référer puisse disposer d’une version en ligne permettant la recherche plein texte. Le lien vers « À suivre – Petite contribution au dossier des intellectuels à tendance révolutionnaire » permet de le consulter. Il m’a semblé idoine d’y adjoindre quelques commentaires et une reproduction de la dédicace de Drôle de jeu adressée à André Breton par Roger Vailland. Breton daigna-t-il répondre à Vailland ? En mode bouteille à la mer, la question est posée… Aucune récompense (autre que peut-être un livre consacré à la typographie) n’est garantie à qui pourrait fournir la réponse… Mais qui pourrait fournir des indications recevra bien sûr l’assurance de mon estime et de ma considération distinguée. J’ai mis l’écrivain Alain (Georges) Leduc sur la piste. En vain… Jusqu’à nouvel ordre. Saurez-vous le précéder ? À vous de jouer…

jeudi 17 janvier 2019

Mieux sanctionner l’infox du gouvernement et des parlementaires

Que soient démis les responsables politiques mentant sciemment

Le site du « Grand débat national » (granddebat.fr) permettra « à compter du 21 janvier » de recueillir « les contributions des Françaises et des Français »… Contributions individuelles, donc, peut-on espérer, et au traitement conforme au règles de la Cnil. En voici une : sanctionner lourdement tout détenteur d’une autorité ou d’un mandat électif public pris en flagrant délit de mensonge délibéré…
Quelle est la différence entre l’eurodéputé Bernard Monot ayant engagé la crédibilité du chef de file de sa formation, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), et un Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, risquant une affirmation contestable ? Rappel des faits…
Bernard Monot (ex-Front national, DLF), eurodéputé, affirme qu’Emmanuel Macron fera « repasser l’Alsace sous gestion allemande : la langue administrative sera l’allemand. ».
Bien sûr, Bernard Monot sait fort bien qu’à la suite de l’adoption du traité d’Aix-la-Chapelle (Aachen), le hochdeustch ne sera pas imposé aux Alsaciens, pas davantage que le luxembourgeois aux Lorrains.
Il saisit tout aussi bien que les destinataires de son mensonge en surajouteront : pour les uns, Macron aura vendu l’Alsace-Lorraine aux Rothschild, pour d’autres à George Soros, si ce n’est aux Martiens. Monot se fait ensuite oublier (retire sa vidéo délirante) dès qu’elle est largement répercutée ; car il est conscient que la rumeur qu’il a lancée perdurera.
Christophe Castaner affirme ne connaître « aucun policier qui ait attaqué un “gilet jaune” ». C’est beaucoup plus subtil… Il pourra toujours affirmer qu’il était clairement sous-entendu qu’il ne connaissait « personnellement » aucun individu de cet acabit… Pourtant, depuis l’affaire Benalla, on sait que le ministre de l’Intérieur visionne les opérations de maintien de l’ordre, au moins dans la capitale. Bien évidemment, il connaît, car il en a le devoir, les noms et grades de chacun de ces malfrats en uniforme enfreignant sciemment des ordres présumés stricts…
Il a peut-être aussi remarqué que les personnes gravement mutilées ne sont généralement pas des casseurs ou des agresseurs de policiers… Enfin, certes, il ne s’agit là que d’une déduction hasardeuse qu’il conviendrait d’étayer en examinant toutes les affaires de ce type traitées par la justice et surtout, surtout, celles qui ne feront jamais l’objet de poursuites judiciaires. Simplement, comme l’Ifop – et non une quelconque officine complotiste – a pu l’établir, il peut être déduit que près de six policiers sur dix ont voté Front national (peut-être faute de pouvoir opter pour une organisation plus extrémisme à visées dictatoriales). Par conséquent, n’ignorant pas que des « camarades » civils sont mêlés aux « gilets jaunes » les plus violents, 60 % des policiers (peut-être un pourcentage moindre de gendarmes mobiles) viseraient, pour mutiler, en priorité des retraités, des femmes, des enfants… D’une part, cette phrase est au conditionnel qui s’impose, d’autre part ce raisonnement est infondé, abusif (même s’il ne peut être exclu que l’un ou l’autre agisse de la sorte, reste impuni ou plaide l’incident involontaire), et enfin, je ne suis investi d’aucune autorité publique… Ce qui ne m’empêche pas de m’efforcer de respecter une déontologie journalistique, et par conséquent, énoncer que ce qui est exposé ainsi n’est que supputation déplacée.
Violences populaires, violences policières
En revanche, en divers entretiens (Le Monde, France Info…), le journaliste David Dufresne, qui recense les violences policières, est formel. Il est fait abondamment usage des grenades GLI-F4 et des munitions LDB 40, en tout connaissance de cause pour certains éléments policiers. Car des journalistes, conspués et violentés par des – et non tous les – « Gilets jaunes » (souvent des faux-nez, des nervis du totalitarisme), le sont aussi par des membres des forces de l’ordre. Collusion ? Complicité active entre certains policiers et certains manifestants ? Christophe Castaner peut-il formellement l’exclure, et exposer dans le détail ce qui l’amène à nier cette éventualité ?
Ce qui est certain, établi, attesté, vérifié, c’est que nos distingué·e·s parlementaires, lors des auditions de l’affaire Benalla, se sont très majoritairement peu penché·e·s sur les violences policières, et beaucoup sur les dysfonctionnements du dispositif de sécurité présidentiel… Bref, c’est ce qu’on nomme mentir par omission…
Il faut donc faire la part des choses : mensonge éhonté, mensonge subtil, mensonge par omission, et mensonge involontaire… (et mensonge à destination de l’étranger justifié par les intérêts supérieurs de la Nation). Ma contribution au « Grand Débat » n’ira pas jusqu’à proposer une graduation des peines (du simple rappel à la loi jusqu’à la réclusion avec peine de sûreté incompressible, lourde amende, privation à vie des droits civiques et pourquoi pas relégation à Cayenne ou, mieux, sur un îlot au large de Petite Miquelon). Mais si tout détenteur d’une autorité élective publique (élu municipal, cantonal, régional, national), tout membre du gouvernement, secrétaire d’État ou ministre, se livrant sciemment à de l’infox (néologisme fondé sur information et intoxication), était immédiatement démis de ses fonctions (et bien sûr privé d’émoluments, d’avantages de fonction), je crois que cela illustrerait bien la nécessaire exemplarité de la sanction qui s’impose. Pour le président, c’est sûr, juré-craché, il ne ment que pour désarçonner et duper l’ennemi, donc la question ne saurait se poser.
Cela éviterait peut-être que j’avance sans l’avoir profondément vérifié que Nicolas Dupont-Aignan s’est bien gardé de désavouer Bernard Monot. Tout ce que j’ai pu constater, c’est que la page Facebook du dit eurodéputé ne fait pas été de son limogeage de DLF et que celle de N. D.-A., ce jeudi 17 janvier 2019 à midi (heure de Paris), ne comporte pas de désaveu des propos du sieur Monot. Dans ce cas, comment le simple adhérent de base ne se sentirait-il pas incité à diffuser de fausses nouvelles ?
Cela vaut aussi pour Emmanuel Macron dont il ne m’est pas apparu qu’il ait déploré publiquement qu’Alexandre Benalla (qu’il connaissait finalement assez mal, admettons) ait frappé des manifestants. L’exprimer ainsi ne présuppose pas qu’il ait apprécié ou approuvé en son for intérieur les agissements du sieur Benalla. J’ajoute qu’on ne l’a pas encore vu, à ce jour, molester lui-même un journaliste ou indiquer à d’autres sbires de le faire.
Délit de « bonne bouille »
En revanche, peut-il vraiment ignorer tout des quelque deux-mille blessés du fait des réactions des forces de l’ordre depuis l’acte 1 des « Gilets jaunes » ? S’est-il inquiété de la centaine de blessés graves, estropiés, handicapés à vie (mains arrachées, yeux explosés, traumatismes irréversibles) ? Pour David Dufresne, « on est dans le mensonge d’État » et il estime qu’il faut remonter à 1961 « pour arriver à un tel déchaînement — sans comparer la situation actuelle avec les morts de la répression au métro Charonne et les Algériens jetés dans la Seine. ». En fait, la comparaison avec les grandes grèves dans les mines, la sidérurgie et la métallurgie de fin septembre à début décembre 1948 serait presque judicieuse (mais il y eut plusieurs morts côté manifestants ouvriers ou porions et contremaîtres , puis, dans Action et L’Humanité Dimanche, l’écrivain Roger Vailland faisait état du slogan CRS-SS lors des grèves de 1954). Admettons que la volonté d’estropier en visant plein front ou pleine mâchoire ne soit pas formellement établie (en cas de poursuites judiciaires, tout policier pourra plaider qu’il visait ailleurs, qu’il fut bousculé, et il ne sera pas ici supputé que les enregistrements vidéo disparaîtront avant de parvenir aux greffes).
Ah, je démens formellement avoir eu l’intention d’insinuer que des policiers aux opinions d’extrême-droite ont soigneusement sélectionné leurs victimes en s’abstenant de viser les casseurs. Simplement, je viens de visionner le compte Twitter de David Dufresne intitulé « allo @Place_Beauvau – c’est pour un signalement ». Quelques images de lycéennes, de jeunes gens blessés font fortement songer au « délit de bonne bouille ». Bref, du tir « au faciès » ? Cela étant, d’autres images pourraient aussi laisser supputer que des policiers d’opinions très à gauche aient pu faire de même, et tirer des « gueules de faf ». Ambiance dans les casernes et les buvettes ou salles de repos…
Impossible « part des choses »
Cela étant, je conçois qu’il y ait des bavures involontaires de la part de policiers et de gendarmes. Je veux simplement espérer que ce ne seront pas ceux-là qui seront les plus lourdement sanctionnés (si sanctions il y avait). Histoire de fournir quelques exemples, et faire oublier le comportement du commandant Didier Andrieux à Toulon (dont il est peut-être, non pas admissible, mais explicable, que, roué de coups par des « Gilets jaunes » auparavant, il ait perdu son sang-froid). Sa défense est du même ordre que celle de l’ex-boxeur Christophe Dettinger (qui, lui, reste en détention provisoire jusqu’au 22 janvier prochain, voire au-delà…).
Bien, pensez ce qui vous voulez de ce qui précède… Simplement, n’espérez pas, que vous soyez de la police, de la gendarmerie, ou de ces prétendus « Gilets jaunes », me coincer lors d’une manifestation ou d’un nième « acte » : désormais, mais ce n’est pas tout à fait nouveau ou inédit, les journalistes sont pris entre deux feux. Trop risqué à mon âge. Et tiens donc, je n’ai pas entendu non plus Jean-Luc Mélenchon le déplorer… Menteur par omission ?
Non pas pour faire « la part des choses », mais simplement saluer au passage Bruno Vincendon, responsable syndical Alternative Police CFDT, je conclus ce paragraphe par sa déclaration : « Nous, forces de l’ordre, nous déplorons toutes les victimes ». De toute façon, les seules manifestations qui ne suscitent pas d’hostilité de part et d’autre envers la presse sont celles où il ne fut pas constaté de violence, ni d’un côté, ni d’un autre…
94 contre 6
Jean-Luc Mélenchon, Bernard Monot, tant d’autres, et la plupart des complotistes, ne sont pas tendres à l’égard de « la presse » (sans trop faire la distinction entre journalistes de terrain, éditorialistes, patrons de presse, &c. ; mais si aucun « Gilet jaune » ne s’en est pris à Bernard Tapie, patron de presse, d’autres ont agressé des journalistes à Marseille). C’est pourtant dans le fort peu gauchiste hebdomadaire Valeurs actuelles que je trouve ce bilan : 94 manifestants gravement blessés selon Libération, six cas d’infirmités permanentes côté policiers, selon RTL. Et cela sous le titre « Il dénonce des violences policières et meurt en prison le lendemain » (affaire signalée à Angers par Ouest-France et Le Courrier de l’Ouest sur laquelle je ne saurais me prononcer, ni en un sens, ni dans l’autre*). Mais, comme chacun sait, on peut faire dire diverses choses aux chiffres…
De même, s’il serait plus que souhaitable, soit nécessaire, que des élus et membres du gouvernement ne puissent rester en place après avoir proféré des mensonges en toute mauvaise foi, on peut se demander si les autorités ayant pris la responsabilité de confier des armes telles les GLI-F4 et LDB 40×46 à des personnels non-formés à leur usage jouiront ou non de l’impunité. J’éprouvais, à juste titre, de la sympathie pour le maire de Forcalquier, je ne veux pas lui imputer la décision déterminée d’avoir fait fournir ces armes à des policiers non aguerris au maintien de l’ordre, tout en mesurant les conséquences prévisibles. Je veux imaginer qu’il soit resté dans l’ignorance de l’avis d’un ancien ministre de l’Intérieur, Jacques Toubon, qui devenu défenseur des droits, considère qu’un tir de LBD est « susceptible de blesser grièvement un manifestant. ». Mais à présent, il ne peut plus faire semblant de ne pas savoir…
Réglera-t-il vraiment proportionnellement autant que nous, simples contribuables ou cotisant à des mutuelles, le coût, pour les hôpitaux, la Sécurité sociale, et la caisse d’allocation aux adultes handicapés, d’au moins une centaine de blessés très grièvement (et de beaucoup davantage de traumatisés parmi les policiers, manifestants et passantes ou badauds, nécessitant des traitements de longue durée). Coût auquel s’ajoutera celui des frais et indemnités judiciaires.
Au-delà, la question est tout simplement : a-t-il été décidé de dissuader de manifester, non pas seulement en interpellant en amont des lieux de rassemblement, mais en prenant le risque d’autant de blessés ? Question à laquelle Christian Castener devrait répondre… en tentant de… paraître sincère.
* faute de recul, de vérification scrupuleuse, documentée ; mais on en arrive au point où ne pas se prononcer est bien la preuve de sa duplicité, d’une volonté de masquer, pour les uns, et se prononcer l’évidence patente d’une autre forme de malignité pour les autres… Ce n’est pas nouveau… En revanche, quand la police fait bien son travail, à présent, on l’applaudit, et c’est nouveau ; quand on est satisfait de la couverture de presse, c’est bien le moindre qu’on puisse en attendre.

mercredi 16 janvier 2019

La Libre Pensée invite à redécouvrir Gaston Couté


Pour goûter Couté : rencontre au siège de la Libre Pensée
La Fédération nationale de la Libre Pensée convie à une après-midi littéraire et musicale le samedi 19 janvier 2019. Intitulée « Pour goûter Couté », cette manifestation se tiendra en présence des auteurs de Gaston Couté – Œuvres complètes, paru aux Éditions Libertaires…

Comme l’indique le verso du carton d’invitation (mais il n’est pas besoin de le présenter pour se joindre aux libres penseurs et férues ou amateurs du poète-chansonnier), publier « dans un coffret deux volumes des œuvres, textes, dessins, pièces de théâtre du poète libertaire Gaston Couté » est une excellente idée des Éditions Libertaires. Je ne reviens pas sur ce coffret, déjà ici présenté, si ce n’est pour dire que le recueil des textes, celui de biographie dû à l’écrivain Alain (Georges) Leduc, et le DVD musical qui les accompagne peuvent être acquis séparément…
Gaston Couté avait indiqué que c’est la lecture des textes de Clovis Hugues, « poète libertaire et libre penseur » qui fit naître sa propre vocation. Lequel Clovis Hugues estimait que « le poète a une fonction sociale. Il lui appartient de glorifier le beau, mais il lui appartient aussi de glorifier le juste qui en est la représentation la plus élevée… La poésie n’est grande que si elle complète le rêve par l’idée, l’idée par l’action. ». Pour situer Couté, la Fédération rappelle que « ses textes sont un cri de révolte permanent contre la bêtise, l’exploitation, la guerre, les capitalistes, les militaires. Il dialogue dans le temps avec Montéhus, Rostand… Il règle ses comptes avec Briand. ». Elle fait aussi mention de sa pièce de théâtre, Les Écus de la vieille « qui fait irrésistiblement penser à la Chanson pour l’Auvergnat de Brassens… ».
Cette après-midi se déroulera au siège de la Fédération nationale, soit 10-12, rue des Fossés-Saint-Jacques (cinquième ar. de Paris – métro Luxembourg), de 14 à 18 heures.
Pour situer un peu le mouvement libre penseur français, signalons que la plupart des pieds de page de son site portent la mention « Ni dieu, ni maître, à bas la calotte, vive la sociale ! ». Cela étant, la Libre Pensée soutient essentiellement « la liberté absolue de conscience » et ne prône pas (ou plus) un durcissement de la loi de 1905 ou une laïcité agressive.

Éric Poindron en dédicaces à Reims...


Éric Poindron et la Môme Moineau réunis à Reims…
L’écrivain-poète Éric Poindron fréquente assidûment des fantômes de toutes provenances et tout acabit… Aussi ne peut-il être exclu qu’il retrouve à Reims celui de la Môme Moineau (Lucienne Dhotelle, † 1968), le 8 février prochain…
À dire vrai, ce qui suit tient du pense-bête destiné à me rappeler que je pourrais faire « retour à Reims » (comme le titre de l’ouvrage de Didier Eribon, diversement mis en scène par Laurent Hatat et Thomas Ostermeier) à l’occasion d’une fin d’après-midi puis une soirée organisée au Cellier le vendredi 8 février 2019 à partir de 17 heures (et peut-être jusqu’à point d’heure). Car de cet événement, je ne sais rien et je découvrirai sur place et le Cellier, et une encore énigmatique soirée-cabaret. C’est le Groupe d’entraide mutuelle (Gem) dont j’ai tout à découvrir qui organise l’événement, invitant Éric Poindron à parler de ses livres (des romans, des trucs inclassables, un recueil de poèmes…) de cinq à sept, puis, évoquer sans doute ses souvenirs rémois.
Suivra une soirée-cabaret dînatoire en la salle de la Môme Moineau.
Du Cellier, j’ai eu ouï-dire : cet ancien bâtiment de maisons de champagne (d’où son nom) serait le nième (dans les dix premiers) élément culturel d’ampleur rémois après La Comédie (le Centre dramatique ex-Macu, maison de la culture), Le Manège, et peut-être d’autres lieux que je n’ai pu connaître… Belle façade, et la rue de Mars vaut le détour… Quant à la Môme Moineau, c’était une chanteuse de rue, « montée » de Reims à Paris vers le milieu des années 1920 et qui connut une fulgurante carrière internationale. C’est en pleine gloire, en 1929, qu’elle épousa un milliardaire porto-ricain. Elle était encore rastaquouère, jeune et délurée : elle fut un temps considérée la femme la plus riche au monde (ce qui était peut-être exagéré, encore que vaguement plausible, vue l’opacité de la fortune des reines du Royaume-Uni, de quelques richissimes héritières…).
En revanche, je me flatte de connaître assez bien Éric Poindron… Nous avions dû faire connaissance chez Jean-Louis Vogt, au célèbre Café du Palais (de justice), faire les pitres ensemble en compagnie d’amis choisis dans la ville des protagonistes du Grand Jeu. Puis nous nous sommes retrouvés à Paris, avant le retour à Reims d’Éric où, avec sa compagne, il lança les éditions Le Coq à l’âne. Nous nous perdîmes ensuite de vue avant de se retrouver au salon du Livre libertaire (ou quelque chose comme cela, c’est à Paris ; celui du livre anarchiste est à Montréal). Comme Éric pond deux-trois livres par an (les bonnes années), qu’il est fréquemment invité à les dédicacer dans des librairies parisiennes, on se revoit à ces occasions. Et comme il a toujours deux-trois projets sous le coude (bon an, mal an), dont, je crois, un livre qui sera co-signé avec l’ex-chanteur et toujours artiste Charlélie Couture, nous nous rencontrerons de nouveau, y compris après vendredi 8 février…
J’imagine bien que les Rémoises et Rémois sont largement au courant de cette soirée labellisée « Cafégem », que je ne leur apprends pas grand’ chose, et que bien peu de gens de Brest, Strasbourg ou Marseille vont converger vers Reims ce soir-là pour bavarder avec Éric Poindron… Mais comme l’écrivain tient un « Cabinet de curiosités » sur Facebook, qu’il parcourt le territoire national (à l’occasion la Belgique et la Suisse francophone), d’autres opportunités se présenteront. Écrivain, Éric est aussi un très prolixe auteur d’aphorismes (environ deux quotidiens, enfin pour ceux qu’il communique, mais il doit en biffer et poubelliser d’autres…). Il reste un écrivain quasi-confidentiel (tout est fort relatif en ce domaine, ses tirages restent inférieurs à ceux des papes apostoliques romains, de feu Simenon, de rares autres, mais bien des consœurs et confrères de la gent « de lettres » les lui envient), donc encore abordable. Éminemment fréquentable. Ce qui n’est pas tout à fait mon cas… Exemple parmi trop d’autres : je n’ai pas souhaité la bonne année à Éric (sans oublier Anne-Laure, Sandra, Tatiana Olegovna…, divers·e·s Leconte et Lecompte, voire Martin – j’en connaissais au moins deux – et Martine, tant d’autres qui se connaissent ou pas…). Amies, amis, copines, copains, « ex », collègues, et même sœurs et frères humains : mes tout meilleurs vœux ; d’ac’, sur le tard, mais sincères. Sans toi, Éric, j’aurais oublié de prononcer mes – enfin, plutôt « ces » vœux –, ou mieux, de les adresser.
Au fait, pour passer du gallinacé à l’asinien, avant le 8 février, il y aura, par la FFLP (en fait, FNLP : Fédération nationale de la Libre pensée), une après-midi Gaston Couté, le 19 janvier prochain (en son siège), j’y reviendrai, et postérieurement, le 26 février, le troisième anniversaire du Programme Vecteur Hugo (je n’y reviendrai pas, cherchez par vous-mêmes ; un indice ? ..
www.lesartsetmouvants.com/actualités).

jeudi 10 janvier 2019

Cache-cache avec Google


Michel Doury lost in googlelization
Enfin, Doury ou d’autres… Je ne sais si vous avez remarqué, mais il devient de plus en plus difficile de concocter des requêtes efficaces pour faire remonter des résultats désirés via le moteur de recherche de Google™ Inc…
Révisant (et à l’occasion contribuant à augmenter quelque peu) une thèse doctorale, il me fut demandé de sourcer un élément que j’avais communiqué — ne sachant trop s’il serait repris par l’auteure, j’avais oublié d’indiquer aussi le lien (soit l’adresse réticulaire). De mémoire, il s’agissait d’une citation d’un ex-magistrat municipal (sans doute Michel Durafour) pestant contre un directeur de théâtre (a priori Jean Dasté). Mais peu importe…
        Impossible, en recasant la citation entre guillemets (en « expression exacte »), ou en associant Durafour et Dasté (patronymes précédés de leurs prénoms, le tout encore entre guilles), de la retrouver… Cela après près de deux heures d'investigations diverses.
        Là, excusez la digression, pour me fournir un titre pas trop rédigé pour Google (un peu quand même), j’ai songé à évoquer Michel Doury, éminent écrivain et traducteur trop tôt disparu. Tout simplement parce que mes dernières recherches portaient sur lui… Déjà, aucune photographie du Doury, Michel (de plus obscurs homonymes figurent), en recherche mode images. Bon, cela se conçoit : je dois bien disposer d’un négatif bichrome, dont le tirage apparut dans le quotidien L’Union, mais c’était circa 1980… Avant la déferlante Internet, donc. Je ne sais si mon confrère, Philippe Mellet, qui m’a commandé un article sur l’écrivain ex-parisien devenu sedanais, a pu retrouver une photo de lui, voire d’eux (Doury enseigna l’anglais à Mellet), mais je suis sûr que nous serions très intéressés de rassembler des portraits de Michel Doury. Or donc, si vous le pouvez, en disposant, numérisez et indiquez-nous un lien…
        Bref, histoire de rafraîchir ma mémoire en vue de cet article, je me suis livré à des recherches assez approfondies sur Michel Doury via Google… Je sais, je sais, il existe d’autres moteurs assez performants, dont Exalead, mais franchement, question nombre de remontées, il n’y a pas non plus photo…
        J’avais enseigné la recherche sur Internet en première année d’école de journalisme et bon, même si j’ai beaucoup oublié – et n’ait nulle envie de dénicher mes fiches de cours – je conserve la prétention d’avoir encore quelques bribes de connaissances du mode d’emploi basique d’un moteur de recherches…
        Voici peu, je reprends, à quelques semaines de distance, les mêmes requêtes et… fais remonter un résultat qui devait être certainement présent quelque part sur la Toile à la mi-décembre dernière et dont je doute très fort qu’il aurait pu m’échapper (pour l’anecdote, il s’agit quelques-unes des premières pages de La Chasse en octobre, roman dont le contenu présente cette particularité d’être précédé d'une biographie résumée de l’auteur).
        Je présume très fort qu’il s’agit d’une autobiographie (ou alors, l’éditeur a confié le soin de présenter l’auteur à une fameuse pasticheuse ou à un imitateur très doué). Fort peu chaut de le signaler en rapport… Avec quoi ? L’objet ou le sujet de ces lignes restent présumés être les mystérieuses évolutions énigmatiques de Google. L'Éloge et illustration de la sybillique et artificieuse intelligente googlelienne reste à écrire... Mais d’une part ces extraits (rubrique « Livres », cherchez au risque de ne pas retrouver) peuvent vous donner envie de lire des romans de Michel Doury, et d’autre part, pour un blogue-notes, je ne veux pas me priver d’écrire foutraque après tant d’années à rédiger « conforme »…
        Revenons à notre mouton, ou plutôt bélier (à bras ? sans doute plus que les frères des écoles ou Shiva) de race Gafa… Déjà, pour pratiquement trois fois rien et davantage, Google vous remonte généralement en premiers résultats tout ce qui peut être commercial. La requête « Michel Doury » fait un peu exception confirmant la règle (premier résultat : la page Wikipedia, suivie d’autres de Babelio, de la BnF, de l’Académie française, de sites de référence, donc, Amazon n’arrivant – bizarrement – qu’en huitième position ; et en option « mot à mot », en dixième). Mais les sites de la Fnac, de Gallimard, &c., ne sont pas loin derrière.
Tentez Google+(opérande AND disait-on naguère) « mode d’emploi », et Google Plus pour les Nuls tient le haut de la liste des bouquins sur le ou plus ou moins proches du sujet – dont celui d’Olivier Andrieu chez Eyrolles, que je salue tout deux amicalement au passage. Que l’année 2019 verra paraître la dixième édition augmentée (cela fait déjà dans les 700 pages) de l’un des ouvrages d’Olivier Andrieu ne me surprendrait nullement… Faut suivre, pister, traquer Google et ce n’est guère une partie de plaisir…
N’ayant plus la moindre envie de me mettre à jour, tâche désormais de moins en moins commensurable, je jette l’éponge. Comme aurait pu le dire Hugo, Victor (Contemplations) – au fait, tentez de comparez les résultats de la requête « Michel Doury » à ceux de cette autre : « Doury, Michel » : c’est assez cocasse – une brume couvre l’ombre du fonctionnement de Google. Je laisse à Olivier Andrieu le soin de tenter de la dissiper (vaste programme, admet-il dans l’une de ses préfaces).
        D’ailleurs, à quoi bon s’étendre… Vous l’avez sans doute décelé, ce qui précède a pour objectif principal de faire remonter le rang – rating Google, disait-on, getting Google review snippets énonce-t-on à présent – de Michel Doury en vous incitant à mener des recherches sur ce mémorable et talentueux auteur…
          Et à délaisser votre écran pour chercher ses livres sur les rayons d’une bibliothèque publique. Vous le constaterez, c’est finalement beaucoup plus intéressant…
        Ah, il est de bon ton d’accompagner un texte en ligne par un visuel. Celui-ci provient du site personnel de Philippe Mellet (sur lequel vous pourrez lire la suite… si, d’ici-là, les évolutions du Wouaibe X-zéro ne l’auront pas faite s’évaporer dans une brumasse post-hugolienne).


mercredi 9 janvier 2019

Les principaux lieux de vie d'Octave Mirbeau


Octave Mirbeau, écrivain nomade…
Nombreux sont les écrivains (et journalistes-écrivains sollicités pour des reportages), artistes ou comédiennes ayant multiplié de longs séjours en diverses résidences, mises à leur disposition, louées ou acquises. Si toutes et tous n’ont pas la bougeotte, ou finissent par se fixer durablement en un lieu (ainsi Joseph Delteil et sa « Deltheillerie » de Grabels, proche de Montpellier), la plupart vagabondèrent. Ce fut le cas d’Octave Mirbeau (1848-1917) qui cumula les lieux de vie…
L'un des tableaux de Pissarro aux Damps, chez Mirbeau
Suivre « les pas » des auteures, écrivains, artistes disparus tient parfois de la gageure. Certains l’ont fait (je songe à l’écrivain-voyageur Éric Poindron sur les traces de Stevenson dans les Cévennes, à Daniel Rondeau évoquant Roger Vailland et tant d’autres, à Philippe Lacoche pour Vailland de même, et bien sûr à nombre d’universitaires spécialistes de telle ou tel…). Bertrand Beyern a même « commis » un Guide des tombes d’hommes célèbres (Cherche-Midi, édition augmentée de 2011, qui aurait gagnée à devenir le guide des tombes de personnes célèbres, même si celles de genre féminin y sont – trop – minoritaires). Ce peut être de même un passe-temps, estival ou autre, d’emboîter les siens dans ceux de personnages défunts…
La plupart des sites voués à perpétuer la mémoire de gens célèbres recensent leurs principaux lieux de vie. Pour celui de la Société Octave Mirbeau, son ancien président, Pierre Michel, s’était attelé à rédiger moult notices sur diverses localités. C’est aussi l’auteur de la fiche « Les demeures d’Octave Mirbeau » sur le site, plus généraliste, Terres des écrivains – Annuaire des lieux littéraires, qui, d’Alton (Jane Austin) à Zurich (Élias Canetti), en passant par les résidences d’Apollinaire, Balzac, Colette, Duras et maint·e·s autres, comporte des centaines de fiches (voir aussi la rubrique « Idées de ballades littéraires »). Pour Mirbeau, vous pouvez aussi vous reporter à ce document, « Octave Mirbeau, Normand de Paris ? Voyages-voyages… », listant une trentaine de localités (et dont les liens renvoient aux notices du site de la Société Octave Mirbeau). L’écrivain a bien évidemment séjourné plus ou moins durablement en de nombreuses autres, mais il s’agit des principales (même si certaines entrées en mentionnent brièvement quelques autres). Si j’en aurais omises de notoires, merci de le signaler en commentaire…
Octave Mirbeau a principalement résidé à Paris, en Normandie, en Bretagne, sur la Côte d’Azur, et séjourné en diverses villes d’eau dont, pour certaines, les cures thermales sont parfois devenues de lointains souvenirs. Sauf erreur, Mirbeau n’a pas fréquenté le casino de Besançon-les-Bains (un temps transformé en salle du futur Centre dramatique national), ni emprunté son funiculaire (inauguré en 1912, abandonné en 1987). Bien d’autres villes de « bains », dont celles où se rendait Mirbeau seul ou avec une compagne, conservent des vestiges que certaines espèrent remettre en valeur, voire revitaliser. Cela mérite souvent le détour… Tout comme d’ailleurs les principales propriétés de Mirbeau, situées la plupart du temps à l’écart des bourgs ou villages (amateur de jardins, émule et quelque peu « rival » en cela de son ami Claude Monet, il privilégiait des demeures entourées d’un assez vaste espace).
Vous pouvez aussi tenter de visiter, en ligne, Le Jardin des supplices, illustré par Auguste Rodin (sur Gallica) ou Raphaël Freida ou encore Pierre Leroy, Edy Legrand, Pidoll… (divers sites). L’une des dernières rééditions (illustrée par Florence Lucas) – en date – de cet ouvrage est dû aux éditions Le Lézard noir (avec Frontispice et En mission en sus). Vous trouverez aussi en ligne des reproductions des quatre tableaux du jardin de Mirbeau aux Damps que réalisa Camille Pissarro au cours de deux semaines de septembre 1892.
Au cas où le lien supra serait caduc, le voici développé :

mardi 25 décembre 2018

Gilets jaunes et Éloge de la politique (R. Vailland)


Gilets jaunes et l’« Éloge de la politique » de Roger Vailland
L’insurrection qui vient, repart, revient : permanence de l’utopie
Il semblerait que tous les objets connectés qu’il nous est fortement incité d’offrir ou de s’offrir en cette période des fêtes de fin d’année (2018) seraient autant dédiés à nous espionner qu’à nous faciliter/compliquer la vie (rayez la mention inutile). Bien sûr, on se remémore Blair/Orwell et 1984. En marche vers le « meilleur des mondes » (d’Aldous Huxley). À moins que la décroissance, souhaitée ou subie, change la donne…
Les « Gilets jaunes » préparent, paraît-il, les actes X ou Y, pour le réveillon du Nouvel An, Pâques et la Trinité. L’église catholique, apostolique, romaine, celle de France, appelle au dialogue, veut leur ouvrir ses édifices entretenus avec l’argent des contribuables, alors que, au Vatican, un pape un peu moins rance que celui du chanteur Québécois Jamil (Irons-nous tous au combat fustigeait « un seizième Benoît »), dénonce « l’homme devenu avide et vorace » et « les ravins de la mondanité et du consumérisme ». Étonnant alors qu’une majorité de « Gilets jaunes » veulent encore davantage de Ferrero Rocher de la réception de l’ambassadrice et consommer encore plus de fringues de marques, changer de voiture (avec un maximum d’options), et surpasser en diagonale l’étrange lucarne du voisin. La garde décroissante croise la garde montante… de loin.
Dès qu’un mouvement social émergeait, naguère – jadis, c’était Lafargue et Le Droit à la paresse, ou d’autres textes –, les médias (enfin, ceux qu’on lit de moins en moins…), nous ressortaient « Éloge de la politique » (publié dans Le Nouvel Observateur fin novembre 1964, dont l’auteur décédait début mai 1965 en ne léguant que des œuvres posthumes). Là, non. Peut-être parce que je me rattache à une génération encore imprégnée des souvenirs de guerre de ses aîné·e·s (il y avait encore des cartes de rationnement au tout début des années 1950), je me demande si ce texte ne serait pas reçu et perçu par la gente « Gilets jaunes » majoritaire comme une critique sous-jacente (de quoi inciter à rosser des journalistes). À l’adresse de la minorité de ce mouvement (celles et ceux vraiment juste au-dessus du seuil de pauvreté, dont j’ai éprouvé diverses fois les abysses), je suggère de le consulter — et de lire aussi quelques romans de Roger Vailland, disponibles en bibliothèques publiques, nul besoin de télécharger un e-bouquin et d’acquérir la liseuse de la voisine. Au cas où le lien ci-dessus ne fonctionnerait pas, le voici en clair (infra, en espérant que cela opère ; sinon, cherchez, ce texte est consultable ailleurs…). En tout cas, depuis bien avant Thomas More et la Croisade des enfants (début des années 1210, puis celle des Pastoureaux), l’utopie marque et perd des points. Au fil des ans, elle surnage… Embarquer alors qu’elle s’enfonce sous sa ligne de flottaison reste un moindre mal.


P.-S. – Pour mémoire, cet article parut dans le numéro 2 du Nouvel Observateur  « nouvelle série » (ou 760 de France Observateur). Je n'ai pu en retrouver le sommaire (mais y figurait un entretien avec Harold Wilson ainsi qu'un texte d'André Pieyre de Mandiargues, et celui de Raoul Seyries, du CNJA, « Jeunesse d'un leader »). Jacqueline Rémy, dans Le Nouvel Observateur, 50 ans de passion, citait Jean Daniel évoquant « d'innombrables encouragements » (« De Roger Planchon et de Francis Perrin (...), de Roger Vailland et de Jacques Le Goff (...), Michel Rocard, Alain Savary, Jacques Monod et Jean-Louis Barrault nous somment de nous engager »). Une réédition du texte dans Le Nouvel Observateur, témoin de l'histoire (Belfond, 1981), précéda la celle de la maison Le Temps des cerises. Parmi les collaborateurs de l'hebdomadaire, François Furet, ex-communiste, qui signe François Delcroix. Pour situer le texte de Vailland, il faut se rappeler que Sartre fit la une du numéro précédent... Le chapeau de son entretien débutait par « La presse le proclame, des enquêtes le démontrent, les dirigeants du régime s'en félicitent : la France se "dépolitise" ».


samedi 17 novembre 2018

Œuvres complètes de Gaston Couté aux Éditions Libertaires

Œuvres complètes, biographie, &c. : Gaston Couté de nouveau en librairies…

Les Éditions Libertaires rassemblent quasiment tous les textes de Gaston Couté dans un coffret incluant aussi une biographie d’Alain (Georges) Leduc et un CD musical de Nicole Fourcade et Michel Di Nocera. 50 euros pour davantage d’un millier de pages (« embarquant » plus de 800 illustrations dont celles de 32 pages en quadrichromie), c’est fort honnête…

Gaston Couté (1880-1911), natif de Beaugency (« Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry, Vendôme… », chanson des partisans du dauphin capétien Charles…), n’atteignit pas sa 31e année. Je ne sais pourquoi il chantait et rimait aussi en patois beauceron (pour l’argot parisien, je peux deviner : il monte à la capitale à l’âge de 18 ans, et comme le français ne s’impose vraiment qu’à la fin de la Grande Guerre, comme le rappelle Claude Duneton, que son public est celui des cabarets montmartrois…), ni la raison de son inhumation à Meung-sur-Loire. Quand j’aurais lu sa biographie par Alain (Georges) Leduc, auteur du volume II du coffret (deux vls et un CD du groupe vocal Les Crieurs, en coffret des Éditions Libertaires), j’aurai sans doute mes réponses, et d’autres interrogations qu’il aura suscité en fournissant des pistes…
Je me contenterai peut-être d’ailleurs de cette biographie de 260 pages, augmentée de 530 visuels, rassemblés comme les autres par Philippe Camus – le graphiste de l’ensemble –, vendue séparément 20 euros (35  € pour le premier tome, 15 €  pour le CD). D’ une part parce que nombreux sont les sites (dont évidemment gastoncoute.free.fr) à publier ses chansons et poèmes, d’autre part, même si je ne dénie aucunement leur talent au duo des Crieurs, il doit se trouver au moins mille vidéos d’interprètes de Couté sur la Toile.
     Cela étant, m’étant remis à lire et écouter les textes de Couté en ligne, je me laisserai peut-être tenter par le coffret…
  Couté, je l’avais un peu oublié. Pas totalement, et vous non plus si La Jolie Julie par Piaf ou La Dernière Bouteille, Le Christ en bois et d’autres, par Lavilliers, vous restent entre les oreilles. Couté demeure encore au répertoire de nombreux groupes vocaux se produisant dans les MJC ou les petites salles rurales (samedi dernier encore, chanté par À côté d’ chez nous, à Verneuil, dans l’ Indre). Je parie que demain, si les veillées des « Gilets jaunes » se prolongeaient, du Couté retentira bien quelque part. Car il est resté vraiment « à tout le monde », en particulier aux protestataires, mais pas que, loin de là. D’accord, Rue Saint-Vincent, de Bruant (Patachou, Montand, Renaud…), reste plus souvent fredonné que Le Gâs qu’a mal tourné, mais quand même.

Toujours actuel, voire « universel »

Couté peut encore surprendre. « Nous sommes les crève-de-faim / Les va-nu-pieds des grands chemins ». Alain (G.) Leduc, qui m’a passé quelques-unes de ses bonnes feuilles, en loucedé – comme Charles-Louis Philippe en avait sans doute fait lire au poète de son roman Bubu de Montparnasse – rappelle que Couté et Maurice Lucas couvrirent les 272 kilomètres entre Meung et Gargilesse, en brodequins usés ou vieux godillots. Qu’ il fréquentât Jarry, possiblement (c’ est moins sûr) Octave Mirbeau, et tout comme Roger Vailland bien plus tard, pratiquement tout le Paris artiste et intello «᠎­­­­­­­ progressiste » ou libertaire de son époque.

Thierry Guilabert a repêché un rapport de police : « pitoyable chansonnier, se montre très satisfait des poursuites dont il est l’objet, cela lui fait une réclame énorme dans les cabarets ».  Un poète dénigré par « la Rousse » ne peut être foncièrement mauvais ni dénué de talent. C’ était aussi un sociologue à sa manière dont les textes (qui « ne contiennent pas de mot d’ordre ») reflétaient « les mentalités collectives ». Celles partagées par qui ne se résignait pas à son destin, ou au contraire, se pliait à tout ce qui était censé représenter « l’ ordre ». Il était pacifiste, voire franchement aussi antimilitariste (sa Marseillaise des requins n’ en est qu’un exemple parmi d’autres) qu’un Darien (pour comprendre, relire Allons z’ enfants, de Gibaud, certes très postérieur, mais tout aussi éclairant que Biribi, discipline militaire ou L’Épaulette).
  Philippe Camus, qui avait aussi conçu le Octave Mirbeau, le gentleman vitrioleur (d’A [G.] Leduc, même éditeur), m’ a laissé feuilleter ce second tome. Belle ouvrage de nouveau… Les Éditions Libertaires assurent que le premier propose « le plus large corpus désormais possible des écrits du poète-chansonnier ». Les visuels et la biographie resituent le contexte. À présent, dans les médias, de doctes causeuses et causeurs évoquent un parallèle entre les années Macron et celles des années 1930. Il ne faut rien exagérer… Comparaison n’est pas raison, et si l’ on remontait à celles de la décennie 1910, ce serait par trop outrancier. Emmanuel Macron, qui a peut-être eu son Ravaillac raté (comme se gausse Le Canard enchaîné), ne connaîtra sans doute pas le sort d’un Jaurès (lequel ne fut pas le seul de son bord « élargi » à y passer). Lire, écouter Couté fait mesurer le chemin parcouru (qui pourrait l’ être à rebours, certes, mais on ne croise pas déjà les doigts jusqu’ à se meurtrir).
  Vous trouverez ce coffret (ou ses composants) un peu partout, dont en ligne, mais si Parisien du quartier ou en transit par les gares de l’Est ou du Nord, faites donc halte à la librairie La Balustrade (25, rue d’Alsace – ouverte aussi chaque dimanche de décembre). Ce n’est pas pour rien que jeudi 22 novembre en soirée, il en sera question, avec prolongation des Crieurs Au train de vie (abreuvoir tout proche). Bon, c’est un peu dommage que les dédicaces d’ Alain (Georges) Leduc ne soient pas aussi élégantes et lisibles que celles de Couté (à Bruant, notamment), mais « on » fera avec…

P.-S. : Couté, né au moulin des Murs (Beaugency), passa son enfance et revint souvent au moulin de Clan (Meung), d’ où il écrit à Aristide Bruant qu’  il usait du pseudonyme Pierre Printemps… sans doute avant 1897. Autre alias : Subeziot. Soit le siffleur/siffloteur dans le parler du Val-de-Loire. L'orléanais-guépinois, le blésois et le vendômois étant apparentés au beauceron, va pour le beauceron...

mercredi 24 octobre 2018

Blogue ou blogue-notes ou... stop ou encore ?


Boguerai(s)-je sur le blogue ?
Reçu récemment ce courriel intitulé : « j’harmonise blog, blogue-notes, OU encore blogue ? ». Réponse : fais comme te plaira… mais, “blog” n’est pas glop-glop pour moi.

Corrigeant orthotypographiquement – et quelque peu au-delà – la thèse d’une amie doctorante, elle vient de me solliciter : doit-elle écrire blog, blogue-notes, blogue ? Perso, j’avais opté pour blogue-notes. Abrégé blogue. Finalement, je vais me caler tant sur la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française que sur la recommandation parue au Journal officiel de la République française le 16 septembre 2014. Sauf lapsus de saisie, blogue me suffira désormais.
            J’avais failli virer manuéliste, à la suite et en compagnie du regretté Robert Guibert, et de diverses autres éminentes références en la matière, en consultation avec Aurel Ramat (récemment décédé aussi, hélas). Nous étions bien sûr en relation avec Jean-Pierre Lacroux. Ce dernier, à titre posthume, et nos amis de la liste typographique, nous coupèrent l’herbe sous le pied. Nous envisagions un guide orthotypographique raisonné, soit explicitant nos options. Cet immense chantier mériterait sans doute d’être repris, en dépit de l’Orthotypographie de Lacroux et alii. Laquelle indique par exemple qu’il convient de saisir « Quai d’Orsay », « Place Beauvau », mais ne dit rien de la rue (ou Rue ?) de Valois. Et pourquoi pas uniquement « Valois » ? Je me félicite de poser la question, mais souffrez que je ne me réponde… Inutile de m’enfarger dans les fleurs de tapis (voir le billet de Dany Laferrière sur le bloc-notes des Immortel·le·s). Mais est-ce bien si utile de relancer ce chantier ?
            Or, je répugne à préconiser, ou indiquer sans tenter d’exposer causes et effets d’un choix ; donc, pour me rafraîchir la mémoire, et répondre à ma correspondante, j’optais pour une visite du site de l’Académie française. Lequel loge un document émanant de la Commission d’enrichissement de la langue française et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Ce Vocabulaire des techniques de l’information et de la communication (TIC) – j’allais ajouter sic : pourquoi pas Tic ? ; n’est-ce point un acronyme ? – préconise « blogue » (et mentionne le JO, et non Jo, car on prononce comme autrefois on écrivait J. O., du 16 sept. 2014). Va pour ce blogue…
            Cela étant, nos académiciennes et académiciens, contrairement aux Acadiennes et Acadiens francophones du Québec, ne l’entendent pas ainsi. Partout sur le site de l’Académie, antérieurement et assurément postérieurement à l’arrêté publié au JO, vous lisez « bloc-notes ». Dernière (et non moindre) occurrence : le billet « La petite fille et le sabot », de Dominique Bona, daté du 4 octobre 2018. C’est l’insurrection – académique – qui (re)vient. Je me garderai de médire : ce bloc-notes, si tel est le bon plaisir du Quai Conti, lui sied fort bien.
            M’étant penché sur les vocables d’Octave Mirbeau et de Roger Vailland que je pressens candidats à la suppression en de futurs dictionnaires, pour cause d’obsolescence d’emploi, j’ai lu attentivement le billet de Dominique Bona traitant du sabot, ou plutôt des sabots des garnements de la comtesse de Ségur. « Les mots (…) forment désormais, dans certains textes, un obstacle infranchissable. ». Un peu comme, à présent, ce sabot qui empêche de ne pas devoir aller rechercher son véhicule à la fourrière. Qu’en adviendra-t-il lorsque des préposés au contrôle des voies publiques pourront bloquer tout démarrage d’un simple clic ? Je ne saurai non plus préjuger du devenir, tant des blogues, et de leurs feuillets finissant aux feuillées (ou latrines, tels ces sanibroyeurs que deviennent les moteurs de recherche), que du mot blogue. Quant aux inconvenantes conventions orthotypographiques, j’ai fini par m’y faire. Niet quand même au blog qui me bloque, mais tant pis pour mon défunt -notes (sauf « en » bloc[s], bien sûr). Chassé de l’usage courant, il reste enchâssé à l’Académie où les anatomistes du langage le préservent. Ainsi soit-il, tel est le nom du film, chante Louis Chedid.

samedi 20 octobre 2018

Optimisation fiscale : quand Kerviel éclairait le Sénat


CumEx & CumCum : quand Kerviel éclairait le Sénat…
Le Fig’ a mis « un certain temps », celui de masser les pieds, « objets de soins constants » des dirs pub en relation avec des annonceurs, avant de répercuter dans ses colonnes l’enquête du Monde (et de titres associés ad hoc) sur les « malversations » fiscales des banques — les guillemets de distanciation s’imposent ; bien évidemment, je ne saurais risquer un procès pour avoir terni la réputation d’institutions financières. De même, Le Figaro avait omis de signaler à ses lecteurs que Jérôme Kerviel avait attiré l’attention des sénateurs sur ces pratiques.

Ineffables Olivia Dufour (dite Aliocha la plumitive) et Stéphane Durand-Souffland. Dont je reconnais nonobstant les indéniables talents : Céline, Brasillach, Déat même, n’étaient pas dénués de talent (et non, l’allusion n’est pas perfide car je ne les catalogue pas prébendés d’une hypothétique « juiverie financière internationale »). Elle et ils eurent raison : Jérôme Kerviel n’était pas « blanc-bleu ». Mais que ne nous avaient-ils éclairés sur les déclarations de Kerviel devant la commission du Sénat à propos « de l’arbitrage de dividendes, “qui représente des pertes fiscales considérables pour la France” » (Le Monde, « “CumExFiles” : quand Jérôme Kervielr alertait les sénateurs… », 18 oct. 2018).
            Il ne fait aucun doute que le sénateur communiste Éric Bocquet avait saisi l’ampleur de l’information que communiquait Kerviel… Mais souvenez-vous du sauvetage de L’Humanité. Et vous remémorez-vous « l’insoumis » Mélenchon – nanti parmi tant d’autres, haridelle de retour parlementaire, blanchie sous le harnois des libéralités des contribuables – qui n’en fit nullement un thème de campagne. Il avait pourtant recueilli les propos de Kerviel. Et n’en fit rien…
            Le dividend enhancement est pourtant largement pratiqué par les banques, ce qu’un Macron, à Bercy, ou désormais à l’Élysée, ne pouvait, ne peut ignorer. Mais tous ces gens (Mélenchon, dégage !), quoi qu’ils puissent dire, proclamer, sont tous d’accord : en parfaite collusion tacite avec les médias (qu’on ne se trompe pas : leurs propriétaires sont contraints de préserver les apparences, et donc laisser des journalistes faire leur travail, ne serait-ce que pour éviter qu’ils publient des samizdats), leur unique ambition est de se gaver. Au détriment de classes populaires à laisser végéter et de classes moyennes – plutôt « déclassées » – à essorer.
            La méthode est simple : faire que la lutte des classes n’oppose plus les déclassés aux classes supérieures et qu’ils ne s’en prennent plus qu’aux diversement davantage démunis. Ce qu’un Olivier Todd fait valoir : petite bourgeoisie fragilisée et lumpenproletariat ne se mobilisent plus que contre ce qui est estimé encore « plus bas ». Ce qui fut la nationalisation des pertes et la privatisation de profits passe désormais par « l’optimisation fiscale ». Mais l’addition est toujours réglée par les mêmes…
            Mais qui conchie les journalistes devrait se poser une question : si elles et ils sont toutes et tous (Mélenchon, les fachos, et consorts, en font leur antienne) si rigoureusement « alignés », quel besoin d’en assassiner autant, d’en faire taire (par des menaces sur leurs très proches) un si grand nombre ? Qui les dénonce – rappelez-vous Breton et les surréalistes – si véhémentement les souhaite simplement davantage de leurs côtés, à leurs ordres, en béats laudateurs de leurs visions totalitaires, ou simplement égocentriques. Allez, les autres, encore un effort pour rester, autant que les contraintes (ou les menaces implicites ou non) vous l’imposent, journalistes.