Emmanuel
Macron dévêtu pour quatre saisons par Charly (Charles Duchêne)
Surprise !
Parti ! Après ce Macron Lajoie (JBDiffusion éd.), vingtième essai-pamphlet
politique de Charly, le voilà qu’il nous jure ses grands dieux qu’on ne l’y
reprendra plus…
Ce serait donc le tout, tout, tout dernier opus de Charly. Là, on a envie de se
teindre en blond·e pour rejoindre le chœur scandant « laissez-lui une chance, laissez-lui une chance ! »
(retrouvez la blague sur divers sites humoristiques…). Perso, je n’en crois pas
un mot : ce sera plus fort que lui, il récidivera (finaude allusion
subreptice à son Il présidera, sorti
en 2005, premier de la série). Avant de parvenir au grand âge atteint par Aznavour,
il nous réitérera ses adieux. Cabotin, va, chemine, trottine, et pêche et
repèche encore !
Quand même,
ils sont forts, Charly et Delambre, le dessinateur du Canard enchaîné. Après la première de couverture, dès le bas de la
page 12, on trouve cet aphorisme de Confucius : « Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la
montagne, mais dans la façon de la gravir. ». Rassurez-vous, la langue
de Charly n’est pas celle de Lao Tseu et consorts. C’est sur le mode
conversationnel, entrecoupé de brèves de comptoir, que Charly nous démolit
Emmanuel Macron. Comme toujours avec lui, c’est soigneusement documenté, ciselé
(hormis un « j’entends les cris de
vierge effaroucgée (sic) de l’Élysée ;
la coquille ayant été corrigée à la main sur mon exemplaire, ce qui est
dommage, car ce sibyllin néologisme est savoureux).
Mais commençons
par le milieu, situé aux trois-quarts (vers la page 120). L’un des tics sympathiques
de Charly est que son grand (nerf trisplanchnique, qui se titille via les
narines, ce pour éviter la répétition) a le chic pour dénicher de bonnes
adresses de restaurants. Donc, se glisse dans chaque bouquin un chapitre
consacré à la bagnole (radars, limitations de vitesse, macroéconomie de l’automobile…)
et aux étapes casse-graine. Celles qui proposent des plats du jour goûteux,
copieux, à 8-11 euros. Là, mentionnons La Renaissance des Halles (Saint-Quentin),
La Cigale (Nantes), L’Ardoise (Abbeville), La Graineterie (Amiens), &c.
Cela vous indique aussi « d’où cause » le Charly sillonnant la France
pour rejoindre de petits salons du Livre depuis l’ancienne gare où il réside et
élève des poules améliorant le chiche ordinaire. Ex-habitué des très bonnes
tables, tombé dans la dèche, récent retraité limite impécunieux, s’il traite
des Gilets jaunes, ce n’est guère de plus haut que celles et ceux auxquels il
ne reste qu’entre plus ou moins vingt euros à la fin du mois. Je glisse au
passage qu’avec mes potes à la ramasse financière, obligés de résider à l’étranger
ou en caravane délabrée, les autres, qui manifestent en jeans Diesel, veulent
pouvoir acquérir une télé et une tire plus spacieuses que celles du voisin,
nous gonflent quelque peu. Quand Charly en traite loyalement, ce n’est pas de celles
et ceux-ci dont il se soucie…
Il y parvient – à s’en préoccuper – sans chuter dans les pires égarements des ras-du-front (padamalgam’ ici) désinformateurs qui se
comptent hélas un peu trop en leurs rangs. Mettons que, sur les journalistes,
par exemple, il sait (aussi un peu de l’intérieur, il fut pigiste à l’occasion
antan), en honnête homme lucide, faire la part du grain et de l’i-vrai(e) – avec un i privatif. Cependant, sur
Macron, oh-là-là, c’est volées de bois verts (au pluriel) sur râclées de verges
humides (sans jeu de mot déplacé sur les prétendues tendances du président,
jusqu’à nouvel ordre infondées). Imprécateur, soit, avec quelques mots plus
hauts que l’autre (René-Victor Pilhes), mais précis, pertinent, multiples
exemples scrupuleusement vérifiés à l’appui. « J’ai bien vu, bien relu. J’ai bien cherché, je n’ai vu… [diverses
promesses électorales se concrétiser] ». C’est San Tommaso mettant les
doigts dans les plaies du nouveau quinquennat avec la gouaille d’un San Antonio,
dare-dare. De quoi dessiller les mirettes des incrédules, rendre la vue au
laser aux mal-voyants encore abusés par le capillaire (sanguin) « social »
d’un président qui ne pulse que fortement pincé au forceps (c’est une image ;
mieux vaut avoir recours à d’autre instrument).
En connaisseur
de la langue française et un peu d’autres, glissant çà et là une locution
latine qu’il explicite, Charly résume : la macronnie ambitionne « de nous convertir au grec. ». Nous
z’autres ; quant « à eux, à eux,
à eux » (chanson communarde ?), entonnant « le youppie tralalère des traders »,
ils multiplient les grosses astuces que Charly dénonce savamment. Cela, avec
une verve désabusée qui me remémore le Jean Yanne, complice de Siné, au micro d’Europe 1,
du temps, je crois de Les Routiers sont sympa (de Max Meunier, sur RTL). Mais
en plus désincaustiqué (ou moins incaustiqué, selon les chapitres ou les
pages).
N’empêche, si
je ne crois absolument pas que ce Macron
Lajoie sera l’ultime de Charly, je lui trouve comme une tonalité
testamentaire. Car il aborde un peu tout les sujets (laïcité, technologie
envahissante, écologie poudre au yeux, fuite du temps…) comme s’il n’allait
plus les prolonger.
Un sur lequel
il ne reviendra pas, c’est Méluche. Un Mélanchon qui, « en matière d’Europe, danse la samba »
(un en avant, l’autre en arrière, sur l’air du sans-pas de Gotainer). Il lui
suggère de passer élégamment la main… Ce ne sera pas, pour Charly, afin de palper
d’autres fesses de sitôt… S’il pressent bien quelques émergeants, c’est sans
trop d’enthousiasme…
Bon, ce n’est
pas tout cela, mais je dois filer écouter Bruno Daraquy évoquer Gaston Couté
(trop tard pour vous en faire part avec une avance raisonnable, mais Daraguy remettra
cela : cherchez). Ah si, j’allais oublier.
Comme précédemment, Delambre cloute ces 180 pages de ses caricatures (une douzaine de respirations), et Tym, autre dessinateur, ponctue par deux fois. Et c’est au prix de dix euros le tout. Et attention, tout cela muni d’un ISBN (979-10-93509-07-6) à 13 chiffres à la douzaine, frais comme chez le marchand de primeurs…
Comme précédemment, Delambre cloute ces 180 pages de ses caricatures (une douzaine de respirations), et Tym, autre dessinateur, ponctue par deux fois. Et c’est au prix de dix euros le tout. Et attention, tout cela muni d’un ISBN (979-10-93509-07-6) à 13 chiffres à la douzaine, frais comme chez le marchand de primeurs…
Cochon qui s'en dédit ! Testament est quand même un peu tôt, sauf sur le plan littéraire ! Petite précision au puriste, je l'ai déjà remarqué... MélEnchon, pas MélAnchon, surtout si l'on ne se mélAnge plus ! ;-)
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