dimanche 16 septembre 2018

Octave Mirbeau, précurseur de la décentralisation théâtrale


Octave Mirbeau,
précurseur de la décentralisation théâtrale
Presque toutes les universitaires et tous les auteurs traitant de la décentralisation théâtrale, soit l’implantation de troupes et lieux de représentations subventionnés par l’État hors de Paris, en fixent l’origine à l’action de Jeanne Laurent à la Libération. Ce n’est pas erroné et surtout commode. Pourtant, sans Octave Mirbeau, ou Catulle Mendès et tant d’autres, il n’est pas tout à fait sûr que la décentralisation dramatique française ait pris son essor si « rapidement » et si amplement…

Peu de spécialistes s’interrogent sur l’action d’André Malraux, qui lance les Maisons de la Culture, en liaison avec ce qui les précéda, notamment dans ce qu’on nommait le « bloc communiste », soit les multiples palais et jardins de la culture… Mais il est reconnu que la décentralisation théâtrale française fut l’objet d’une lente maturation. Il est souvent fait état de Firmin Gémier, promoteur du théâtre populaire et du tout premier TNP à Paris, en 1920. D’autres prédécesseurs, dont Maurice Pottecher et son Théâtre du Peuple de Bussang. Mais on minimise souvent que le même Firmin Gémier put lancer un Théâtre national ambulant en 1911. Cela s’explique : l’aventure ne dura que deux saisons, et les Tréteaux de France, de Jean Danet, créés en 1959, requièrent davantage l’attention.
Pourtant, ce Théâtre national ambulant doit sans doute beaucoup à Catulle Mendès qui le préfigura, dans Je sais tout, dès 1905. Quant à la locution « décentralisation théâtrale », elle est employée, dans Le Monde artiste, dès août 1903. Peut-être sans doute même auparavant, sous le Second Empire (1852-1870), mais je n’ai pu l’établir (faute sans doute d’avoir lu soigneusement Denis Gontard, auteur de La Décentralisation théâtrale en France, 1895-1952). M’intéressant incidemment au sujet, à la faveur de la parution du livre d’Alain (Georges) Leduc, Octave Mirbeau, gentleman-vitrioleur (voir contribution précédente), et de son nécessaire rappel de l’œuvre de Mirbeau dramaturge, je me suis adressé à Pierre Michel, fondateur de la Société Octave Mirbeau. Lequel m’assura que la décentralisation dramatique était au nombre des préoccupations de l’auteur de Les affaires sont les affaires, et de nombreuses autres pièces. La suite de mes investigations (sur le site de la Société, d’autres…) allait amplement le vérifier.
C’est pourquoi il ne m’a pas semblé superflu, après tant d’autres (et sans doute avant maints continuateurs), dont Nathalie Coutelet, de m’intéresser aux contributions d’Octave Mirbeau, et du comité de La Revue d’art dramatique, à la revendication de faire essaimer un théâtre populaire en province. Cette modeste contribution à l’histoire de la « DT » (et à l’évolution de son historiographie) a été gracieusement localisée sur l’un des sites de la Société Octave Mirbeau. Intitulé, faute de mieux, « Décentralisation théâtrale : une notion restant à préciser… avec Mirbeau », ce texte n’a d’autre ambition que d’ouvrir (ou plutôt remémorer) quelques pistes pour traiter de la décentralisation dramatique. Soit de la concevoir un tant soit peu différemment, de contextualiser sa « légende dorée ». Aussi que, lorsqu’en 2027, il sera de nouveau question de cette « octogénaire », sa généalogie sera au moins esquissée, que ses pionnières et pionniers, injustement oubliés, auront à minima droit à mention, tout comme sa descendance, incarnée à présent tout autant par les Scènes nationales que par les Centres dramatiques nationaux.
Il conviendra sans doute aussi, avant 2027 puis-je espérer, de s’intéresser plus précisément aux théâtres confessionnels et aux « scènes » anarchistes, à l’apport des courants de l’éducation populaire, à l’action de Jack Ralite… L’historiographie est toujours (trop) sélective.
Quelques sites de la Société Octave Mirbeau :
et le fonds Octave Mirbeau qui doit énormément à la Société…

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