samedi 23 novembre 2019

Colloque « Littérature & Libre Pensée »

Anticléricaux : reste-t-il de vieilles gens en colère ?

Il me semble quelque peu prématuré de faire état d’un colloque qui se tiendra les 14 et 15 février 2020. Mais comme j’y reviendrai, en temps plus utile, effleurons. Littérature et libre pensée ? Vaste programme…
La Libre Pensée et la Société Octave Mirbeau, avec de cette dernière, Alain (Georges) Leduc pour cheville ouvrière, ont mis sur pied un savant colloque portant sur l’athéisme et la libre pensée dans la littérature. Il se tiendra le vendredi 14 février 2020 à la Bourse du Travail de Paris, puis le lendemain au Palais du Luxembourg (avec en interlude, le vendredi soir, la projection du film de Jean-Pierre Mocky, Le Miraculé, au siège de la Libre Pensée).
Parmi les oratrices et orateurs, prédominance de vieux hommes blancs, mais quand même présences de Nicole Aurigny, Élizabeth Legros-Chapuis (qui traitera de Roger Vailland), Marie Bat, Anita Staron, Lucia Campanella (trois… mirbelliennes ?), Julie Palussière (qui s’intéresse toujours à la littérature soviétique). Six sur une vingtaine, ce pourrait être pire.
Pourquoi cette incongrue remarque ? Comme cela… Histoire de tenter de justifier un sous-titre farfelu, et peut-être trompeur (je n’ai pas cherché à déterminer la moyenne d’âge de ces « gens » ; on peut être libre penseur et a-clérical autonome), qui m’est venu en lisant l’intitulé de l’intervention de l’angliciste Fabien Jeannier portant sur le mouvement des Angry Young Men (Royaume-Uni, années 1950 et 1960). Je retirerai bien ce sous-titre, mais aucun autre, quelque peu incitatif, ne me vient à l’esprit. Alors…
Vous trouverez sur ce blogue-notes diverses choses sur l’athéisme d’Octave Mirbeau et de Roger Vailland ; donc, je glisse pour le moment…
Pierre Roy traitera de l’individu dans les littératures de la Renaissance aux Lumières, Pierre-Yves Ruff d’Höderlin, et Raymond Roze des Ordons brossera un tableau plus large de l’anticléricalisme dans la littérature.
Michel Sidoroff reviendra sur Les Châtiments de Victor Hugo. Ne les ayant pas relus depuis des lustres, je ne m’attarde pas. Et comme je n’ai aucun souvenir de La Revue blanche (1889-1903, Liège, Paris), si ce n’est qu’y parurent Le Journal d’une Femme de chambre et Bubu de Montparnasse, je ne vais pas risquer de déraper en augurant de ce qu’en dira Paul-Henri Bourrlier (sans doute l’état de ses recherches postérieures à la parution de son La Revue blanche chez Fayard, en 2007).
Gilles Candar abordera Jaurès et Jules Renard. Alain (Georges) Leduc évoquera Anatole France (je ne l’attendais pas sur ce sujet). Sur Mirbeau, Lucia Campanella, universitaire uruguayenne, dressera l’état de lieux de sa postérité en Amérique hispanophone (et sans doute au Brésil, présumerai-je). Laurent Doucet s’attardera (pas trop longuement) sur les surréalistes et Christophe Bidaud sur BHL, Onfray, Finkielkraut et d’autres…
Dans la mesure où vous trouverez le PDF du programme pas loin, et que l’ami Leduc me fournira des précisions orales l’un de ces soirs prolongés ou petits matins naissants, consultez la brochure, and stay tuned.
Transition faiblarde, je le concède, pour évoquer Fabien Jeannier et les Angry Young Men (« dans l’Angleterre conservatrice »). Ah bon, je croyais Jeannier plutôt spécialiste de l’Écosse, peut-être de l’urbanisme d’East-Kilbride (présupposé gratuit de ma part). Les Jeunes Gens/Hommes en colère… J’ai bien dû lire antan quatre ou six de leurs bouquins ou pièces, dont je ne me souviens aucunement. Je subodore encore que Colin Wilson, auteur de The Angry Years: The Rise and Fall of the Angry Young Men (Pavillon pub., 2014), fut plus ou moins rattaché à ce courant. On le dit oublié, ce mouvement. Pas du tout l’expression « jeunes gens en colère », s’appliquant à présent (surtout en anglais, évidemment) à un peu tout, voire son contraire, et à divers groupes mixtes ou non, des deux côtés de l’Atlantique.
Oui, il s’agissait très majoritairement des jeunes hommes, romanciers et dramaturges, que l’on pourrait qualifier de nouveaux pauvres ou de « déclassés » (selon l’expression de Jean-François Bizot, ultérieure). Voire, « d’établis » (Daniel Rondeau) en exagérant (s’établir, en France, fut surtout un choix, pas toujours car les boulots auxquels destinaient les études ès lettres, langues, sciences humaines, étaient déjà rares dans les années 1970). Des Jules Vallès ? J’approxime grave, mais cela peut donner une vague idée qu’absorbe le sable au ressac moribond. Pas vraiment des Down and Out (Orwell), parfois pas loin non plus. Mais, se remémore Wilson dans son ouvrage, Chris Logue, copain de Kingsley Amis, séjourna un temps à Paris. En Jack-of-all-trades (factotum, saisonnier, arpète, manœuvre) ?
Jeunes hommes en rogne. Je retrouve en ligne des noms comme celui d’Arnold Wesker (auteur de Chips with Everything ; lesquelles ? Bintje ou Peter Marris ? Avant que me parvienne ce programme, je m’intéressai aux ingrédients des frites pour accompagner un coq au vin ou un steak and ale pie au paleron d’âne, passons…). Pour me rafraîchir un peu la mémoire, je retrouve diverses pistes, dont celle de Pete Townshend (The Who) qui ne doit être au mieux qu’une impasse de traverse. Il fut classé des leurs, un temps. Aussi ce morceau des Kinks, Where Are They Now :
Where are all the angry young men gone?
Barstow and Osborne, Waterhouse and Sillitoe
Where on earth did they all go?
Ben, par après, si athées ou agnostiques, au purgatory ou to hell, selon que vous y accordiez foi ou non. Ou au paradis (celui de Fred Zeller, par exemple, ou de Michel Polnareff).
Cela pour vous signaler que, qu’il réunisse de vieilles ou moins vieilles gens, désabusées, apaisées ou toujours fâchées à la Siné, assister à un tel colloque n’est pas systématiquement lassant. Parfois on rigole longuement. On s’exclame, on s’étonne. Il y a de la verdeur là-dedans (avec Mirbeau, aux divers sens du terme, avec Vailland aussi).
Enfin, notez que l’inscription est gratuite, ou plutôt la participation laissée à votre gré, mais que 20 euros vaudront souscription à l’exemplaire des Actes.

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