mardi 28 juillet 2020

Amar Benhomhamed diffamateur, forcément diffamateur ?


Malversations policières, l’infâme affabulation !?

Ministres, hauts fonctionnaires, caciques syndicaux de la police ont été unanimes : les malversations et violences policières relèvent du mythe propagé perfidement par des réseaux sociaux et ceux que sait si bien qualifier Donald Trump. Dans ce cas, un peu de courage, et poursuivez nommément le l’OPJ Amar Benmohamed qui semble — pernicieusement, forcément — vous apporter la contradiction. C’est simple, soit il ment, soit vous avez menti et persistez dans le mensonge. Un peu d’honneur dans votre défense et illustration de la police.
Je ne vais pas vous bassiner avec une info ô combien peu exclusive. Recherchez, entre guillemets « Amar Benmohamed ». Toute la presse en fait état. Mais ô combien avec tant de circonspection et de restriction mentale ces choses là sont dites ! Le médialogue de comptoir confrontera les divers articles avec celui de Street Press signé Mathieu Modard, Christophe-Cécil Garnier et Yann Castanier. Ceux-là, s’ils se recasaient en presse locale et régionale seraient tricards à jamais de main-courante et devraient s’en remettre à la confraternité pour être avertis du moindre fait-divers. J’ai connu cela (à Belfort, du temps du commissaire Tanière ; par la suite, j’ai su faire comme les intérêts commerciaux du titre employeur me le dictaient, enfin, en louvoyant).
Comme usuel, je rajoute que je ne suis pas du tout « anti-flic » systématique, déontologie oblige comme mes propres constatations. Et il me plait de signaler qu’encore récemment, j’ai eu à faire avec trois équipes policières — en tant que témoin — d’un comportement exemplaire. Courtois et tout et tout. De ma longue expérience, plus représentatifs de l’ensemble des forces de l’ordre (police, gendarmerie) que de celles et ceux des « promos Valls » et certaines antérieures qui inspirent au brigadier-chef Benmohamed cette réflexion : « si je ne dénonce pas mes collègues policiers, je suis complice ».
C’est là l’essentiel. Qui moralement oblige les non-dénonciateurs (ministres, hauts-fonctionnaires, &c.) à laver leur honneur. Donc à poursuivre Amar Benmohamed pour calomnies, dénonciations diffamatoires, &c. Ou à revenir sur leurs impétueux propos, pour les nuancer. Pour ne pas donner l’impression d’être et se comporter comme ces épurateurs de la police peu après la Libération de Paris qui se sont débarrassés des Amar Benmohamed de l’époque (beaucoup de subalternes révoqués, voire exécutés, fort peu de responsables — je ne vais pas revenir sur Bousquet ou Papon et consorts).
Voici peu, Patrick Chaimovitch, ayant évoqué la « police de Vichy » et la présente amalgamée trop vite, s’est vu opposé les protestations indignées de Synergie-Officiers et du syndicat des commissaires, ainsi que d’Alliance qui veut se porter partie civile conjointement à la plainte introduite par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lundi 27 juillet. Soyons logiques : les faits rapportés par Amar Benmohamed ne s’apparentent-ils pas  à ceux évoqués par le maire de Colombes ? Soit ils sont établis, et le ministre doit revoir ses prises de position, soit ils ne le sont pas, et il doit laver son honneur et ne pas passer pour complice d'un diffamateur. Mais il est fort loin d’être le seul. Il se trouve en excellente compagnie.
Je me souviens de ces communistes belfortains jugés pour avoir estimé que Mitterrand avait « pacifié l’Algerie au lance-flamme ». Très belle prestation de Robert Badinter pour le Parti socialiste. Avec l’ami Jean Gonnin (qui fut, avant Dupont-Moretti, aussi l’avocat de Patrick Brice), j’avais ensuite félicité Badinter pour la prestance de son plaidoyer. Nous n’en pensions pas moins. Mais vérité partielle ne s’exprime pas à l’emporte-pièce. Je conçois donc fort bien que le maire de Colombes ait par la suite apporté un bémol à ses propos. Mettons que certains faits aient pu le porter à s’emporter.
C’est donc aussi avec pondération qu’il faut mettre en perspective cette affaire Benmohamed. Par exemple en remémorant que le chef de la police de Hesse, Udo Münch, n’avait pas attendu une sanction pour démissionner (et se mettre en retraite anticipée) lorsqu’il fut patent qu’il couvrait les agissements de certains subordonnés.
Amar Benmohamed souligne aussi que, dans le même service, des collègues vraiment très bien, très corrects, exemplaires, doivent cohabiter avec les éléments incriminés. Dont des gradés très convenables, certains de ses supérieurs ne couvrant pas les faits allégués (mais recoupés, vérifiés, recroisés). Dont acte.
Il convenait de rapprocher cette affaire du maire de Colombes de celle-ci. Je pensais avoir eu cette originalité. Or, sur Twitter, voici que je découvre ce message d’Arié Alimi, avocat de M. Benmohamed qui relève : « je regrette profondément que la Licra décide délibérément de ne pas communiquer sur des délits racistes et antisémites au dépôt du TJ de Paris tout en devenant officiellement un organe de communication du ministère de l’intérieur » (à propos du maire de Colombes). Aurait-on, à la Licra, des contredanses à faire sauter ? Connivence ou complicité ?  Ou simple retard d'allumage ? Cependant, Mario Stasi, de la Licra avait déclaré attendre de la police, en matière de racisme, « un devoir d’exemplarité ». Mario Stasi, dans L’Obs ((29 mai dernier) relevait à juste titre que certains « s’enferrent dans une défense irraisonnée des incidents de racisme dans la police » en « accordant des brevets d’immunité corporatiste et figée ». Des noms, des noms ! Et aussi des faits… Et en sus de voir un front syndical policier conspuant le maire de Colombes, on souhaiterait une unité syndicale de soutien au brigadier-chef Benmohamed. Cela clarifierait les choses, on serait mieux à même de savoir à quoi s’en tenir sur les uns et les autres… Et de quel côté penche le ministre. Donc, par ricochet, MM. Castex et Macron.