samedi 23 janvier 2021

Brexit : un os dans les bananes

Y'a a pas bon Ghana’s bananas

Le Ghana et le britannique Department for International Trade se glissent mutuellement des peaux de bananes sous les semelles. Et les importateurs britanniques de bananes trouvent l’os et le régime Brexit quelque peu dur à avaler.


Titre de The Independent : Brexit, £100,000 de taxes frappant les bananes africaines et vouant les fermiers à la ruine. En sus, ce sont des bananes estampillées Fairtrade (développement durable ou un truc mercatique du genre). Le coup a été porté sous le menton de la compagnie Golden Exotics le premier janvier et la Compagnie Fruitiere UK se dit incapable de verser au Trésor britannique jusqu’à un million de livres par an. Ce Fairtrade ne serait plus sustainable (soutenable). Et s’il se produisait un banana split entre le Royaume et le Ghana, qui exporte 40 % de ses produits agricoles vers le Royaume, ce serait la cata à Accra et alentours.

Le Ghana est un pays anglophone (entre autres langues du cru), mais aussi membre de la Francophonie. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Que nenni, assure le Department for International Trade britannique auquel la question n’a pas été posée (je présume donc, Cher Watson, de la réponse).

Le Ghana n’a que ce qu’il mérite, mais des efforts seront faits (de part et d’autre) pour clarifier la situation.

Qu’en pensent Lio et le Grand Orchestre du Splendid, successeur de Ray Ventura et ses Collégiens ? Ventura avait adapté le fameux “I like bananas / because they have nos bones”, des Hoosier Hotshots, un quartet de l’Indiana, l’Hoosier State.

À quoi s’amuse-t-on outre-Manche ? À vouloir renommer l’Eurostar le Britstar car le Chunnel deviendrait le Brit Tunnel. C’est bien sûr le Daily Express qui en fait grand cas. L’Union européenne est à genoux…

Je veux bien, mais le Mark & Spencer de la gare de l’Est est fermé pour travaux et les autres magasins parisiens de la marque ne savent plus comment remplir les rayons. D’autres sont en « fermeture temporaire ». On leur souhaite de retrouver la pèche à défaut de la banane.

Mais qu’à cela ne tienne, les Britanniques restent calmes, connectés et poursuivent leurs activités normales, cela grâce au Trip, une boisson au cannabidiol (CBD) vendu chez Sa Majesté à la Windosor Farm Shop. C’est le Mirror qui s’en félicite.

Selon The Standard, les fruits et légumes sont un dixième plus cher à New Covent Garden (le Rungis londonien). Ce, en raison de la « paperasse » infligée aux grossistes. Les chefs s’apprêtent donc à se tourner vers les navets (en attendant d’accommoder les scorsonères et les rutabagas). Avec un trait de Cointreau angevin ? Selon Rémy Cointreau, les Britanniques feraient des stocks en prévision d’une pénurie d’oranges (d'ac', je viens de l'inventer, il ne m'en voudra pas durablement).

Pour le Guardian, ce sont les fromagers qui morflent. Les producteurs de cheschire en particulier. La compagnie Spurrel’s Cheschire cheese songe donc à s’implanter en France. Fort bien, mais au pays des fromages qui puent, va-t-on laisser s’incruster un frometon peu odorant ? Franchement, si ce n’est en tourte avec des patates, le cheschire, bof… Mais le Dunlop écossais, vaguement caoutchouteux, fait aussi bien l’affaire.

Bien, je veux bien comprendre que les Britanniques ne veulent plus se voir refiler de la viande de cheval de réforme des pays européens orientaux camouflée par des entreprises françaises. Je ne voudrais pas trop manger du cheval (seul moyen de préserver la filière équine) dans ma panse de mouton farcie écossaise.

Mais je ne vais pas déraper davantage sur les peaux de banane. En espérant vous avoir divertis, sous vos quolibets (les applaudissements, c’était du temps de Roger Lanzac et Jacques Martin).

Trump : circulez, y a rien à voir

Les urines sont claires, les selles consistantes

Même œuvrant pour un titre tel The Washington Examiner, un confrère reste un confrère. Et je plains sincèrement Rob Crilly, forcé de tirer frénétiquement à la ligne après avoir rencontré Trump à Mar-a-Lago. RAS, donc il faut délayer.


Je ne vais pas vous gaver en pastichant le papier de Rob Crilly qui a eu le privilège de se retrouver un court instant en tête à tête avec le Donald à Mar-a-Lago. En gros, la seule très mince déclaration du Donald aurait été « je vais faire quelque chose, mais pas immédiatement ».

Et encore, ce n’est pas sûr. Ce propos, c’est celui que Tomas Barrabi, de FoxNews, lui prête. Car Rob Crilly, lui s’est borné à consigner que Trump n’a rien révélé de ses intentions, ni à lui-même, ni aux convives entourant Trump pour partager une bisque de homard. Le pauvre Rob Crilly en a été réduit à interroger un certain Carl Domino, ex-élu républicain local, qui lui a sorti une banalité sur Trump (il serait « très imprévisible »).

Ce qui n’a pas empêcher Fox News de gloser : il se trame quelque chose. Quoi ? Allez donc savoir…

Ce serait total anodin et ne méritant pas une brève, ni même un écho, si Oann, la chaîne qui, avec Newsmax TV, lorgne sur l’auditorat de Fox News), ne s’était pas sentie obligée de clamer que Trump aurait téléphoné à son patron Charles P. Herring. Pour lui dire quoi ? Des banalités. Mais Oann aurait quand même recueilli une info ultra-prévisible : dans l’Arizona, Trump soutiendra Kelli Ward (une ex du Tea Party, trumpiste effrenée) contre ses concurrents républicains.

Newsmax a de même fait état de cette nouvelle sensationnelle : Trump s’exprime. Et il passe le plus clair de son temps à jouer au golf. En aurait-on douté ?

Les deux chaînes ont dû recourir à des photos d’archives du Donald pour mettre en valeur le taiseux.

Histoire, moi aussi, d’allonger la sauce : attendez-vous à savoir (c’est déjà partout dans la presse anglophone) que Melania Trump divorcera… un jour ou l’autre. L’annoncera-t-elle en tailleur ou en tenue de plage ? Ou avec un maillot portant l’inscription : he’s fired (il est viré) ?

Pour la réponse, j’ai tenté en vain de joindre Élizabeth Tessier, l’astrologue prédisant, dans Le Midi libre, ce à quoi tout le monde inéluctablement s’attend au cours de 2021.

Pour l’anecdote, voici quelques décennies, dans L’Union (quotidien régional), j’avais présenté le cru de l’année de l’astrologue en retrouvant, chez un bouquiniste, l’édition de l’année précédente.

Eh oui, n’est pas Geneviève Tabouis qui veut. Cette célèbre journaliste de RTL avait entrées libres au Quai d’Orsay et dans toutes les coulisses du pouvoir des années 1930 à la fin des années 1960 (elle était encore active à 88 ans et s’éteint cinq ans plus tard en 1985).

Le reste de la presse n’a pas daigné faire état des non-révélations de Trump au Washington Examiner, à juste titre.

Toutefois, The Hill (autre quotidien du district colombien avec le Post), signale que Trump avait l’intention de virer divers procureurs qu’il avait lui-même nommé en divers États généraux. C’est du réchauffé.

Moins éculé : on apprend que des banques de Floride, ont clos les comptes du Donald (ce après que d’autres, plus éminentes, aient fait de même).

Qu’on se rassure, il n’en est pas encore à monnayer ses entretiens avec des chaînes conservatrices.

Côté Trump, et sans doute pour quelques jours, That’s all Folks

jeudi 21 janvier 2021

Melania Trump en Soldé & Chabada

 Enfin, soldé à 3 000 euros quand même

Je m’abstiens généralement de répercuter des infos dont la presse francophone s’est faite l’écho. Mais c’est quand même trop cocasse que QAnon ait fait de la robe de Melania un message subliminal.




Que Melania Trump se soit changée dans l’avion l’amenant de la base Andrews à Palm Beach et soit parue (car parée semble excessif) dans une robe de Soldé & Chabada (coût 3 700 USD, selon le New York Post, soit un peu plus de trois mille euros) est un non-événement.

De même qu’il importe peu de savoir si la marque italienne (selon une autre source, ce serait une robe Gucci, peu importe, Soldé & C. et Chanel, c’était au départ d’Andrews) lui a prêté ou donné la robe et même rétribuée pour la porter (Rachida Dati, elle, se rétribuait en ne rendant pas les tenues prêtées par d’autres marques, lesquelles ont fini par mandater des huissiers).

Ce qui retient l’attention, c’est que des déboussolés du mouvement QAnon aient pu imaginer que les motifs géométriques de la dite robe indiquaient aux forces armées de faire se lever enfin l’orage, qu’écris-je, la tempête (The Storm) tant désirée.

En fait, les gens se réclamant de QAnon sont, selon Julia Carie Wong, du Guardian, pour partie, lourdement désillusionnés. Nombreux sont ceux et celles à se sentir blousés. Mais il en subsiste pour entretenir le mythe. Ainsi, comme 17 drapeaux flottaient au vent de la base d’Andrews, et que Q est la dix-septième lettre de l’alphabet, il s’en est trouvé pour estimer qu’il s’agissait d’un signal. Comme rien ne s’est produit, à la sortie de l’avion de Melania, d’autres ont remis le couvert…

La presse anglophone a surveillé divers comptes Parler, ou Telegram, pour tâter le pouls des suiveurs de Q, et de membres de diverses milices.

Mieux encore, Joe Sommerlad, de l’Independent, a constaté que, de plus en plus, via Reddit ou d’autres canaux, les miliciens commencent à désavouer Trump et l’ensemble des républicains.

Je me suis copieusement trompé sur Trump, n’accordant pas assez confiance aux sondages et le voyant emporter sa réélection. En revanche, j’avais prévu cette réaction des miliciens, déçus, voire meurtris de le voir, l’entendre et le lire désavouant l’assaut sur le Capitole. Remonter dans sa voiture après avoir incité à marcher sur le Capitole en a écœuré plus d’un. La suite fut pire encore, et n’accorder une grâce présidentielle qu'à des escrocs patentés, en laissant la piétaille se faire cueillir par le FBI a décuplé l’outrage.

Trump n’est plus un patriote, mais un dégonflé, une lavette.

QAnon, sur Revolver News (restant pro-Trump et proche de Steve Bannon) dénonce à présent QAnon, catce serait une manipulation psychologique d’on ne sait trop qui (peut-être la CIA en relation avec des puissances étrangères, si, si…). Nous sommes priés d'y croire. Rêvez, je le veux, vos membres sont lourds, vos yeux se ferment, la conspiration trotsko-démocrate vous apparaît en sa nudité.

De ces côtés de la coalition MAGA, Trump est mis sur la touche, ou le sera sans doute plus progressivement.

Mais il leur faut un nouveau chef de file, une autre figure tutélaire. Les candidats ne manqueront pas, reste à savoir s’ils pourront compter sur de riches donateurs.

Selon le Washington Post, Mike Pompeo se placerait déjà sur les rangs des successeurs.

Cela étant, les théories complotistes les plus déjantées ne cesseront pas. L’une des plus récentes en date est apparue su Parler. Un certain jEnGMd88 assure que Biden n’est pas Biden, mais Trump : Biden a été arrêté, et Trump, grâce à une chirurgie faciale, a pris l’apparence de Biden. Il fallait y penser. Inutile de rétorquer que les chiens du couple Biden n’ont rien remarqué.

Bien, si Melania Trump posait dévêtue en tenue de soubrette, telle Pierrette Le Pen pour Playboy (en juillet 1987), il se trouverait bien des exégètes pour élaborer une théorie. Melania avait déjà posée nue pour la revue Max en janvier 1996. Elle avait alors 25 ans. C’était Alé de Basseville, photographe français, qui avait tapé les plaques. Franchement, Melania, plutôt que de descendre la moquette rouge en une telle robe, mieux valait le faire avec un truc en plumes, à la Zizi Jeanmaire.

Mais si Melania veut assurer la promotion de ses mémoires, je lui suggère une autre séance photographique : in bed with Meghan Markle. De quoi s’offrir un palace à Izola (Slovénie) avec vue sur le golfe de Trieste et non plus sur le golf de Mar-a-Lago.

Il est donc constaté que, de plus en plus, les miliciens commencent à désavouer Trump et l’ensemble des républicains. Et les Q semblent l'avoir... dedans.

Je me suis copieusement trompé sur Trump, n’accordant pas assez confiance aux sondages et le voyant emporter sa réélection. En revanche, j’avais prévu cette réaction des miliciens, déçus, voire meurtris de le voir, l’entendre et le lire désavouant l’assaut sur le Capitole.

J’avais bien repéré, sur FB, le Comité Trump France. Mais William Audureau, du Monde, me révèle l’existence des DéQuodeurs francophones, eux aussi fort déçus d’avoir été crédules. Que l’on se rassure, avec le site de France Soir, ils peuvent désormais gamberger sur la nocivité des vaccins… Une toubib, Simone Gold, proche du Tea Party, avait participé à l’assaut du Capitole. Elle avait fondé le groupe America’s Frontline Doctors, qui a rassemblé jusqu’à 800 médecins pro-Trump, la plupart pro-quinine. Elle a été arrêtée en compagnie d’un voisin de Beverly Hills, John Strand, contributeur de The Epoch Times (dont l’édition française vantait les mérites de Trump).

Faute de pouvoir suivre Trump père sur Twitter, les médias conservateurs se rabattent sur Junior. DonaldJTrumpJr est en effet le seul de la famille à intervenir encore fréquemment sur sa page Twitter. Il s’en prend à Biden, aux démocrates, et toujours à Fox News, ainsi qu’aux Rinos (les républicains se distançant de la famille Trump). Mais il fait des phrases correctes (avec sujet, verbe, complément). Son style reste très décevant.

On s’occupe comme on peut (et la presse pipeule n’a pas encore retrouvé Barron Trump, le fils de Melania, suspense insoutenable).

Il ne reste plus qu’à espérer que Kamala Harris adoptera des tenues moins conventionnelles. En attendant, on peut toujours retourner à des complots divers. Place à l’imagination : que nous inspirent les motifs des mitaines en tricot de Bernie Sanders ? J’y vois confusément un signe, à vous d’éclairer ma lanterne.


mercredi 20 janvier 2021

Trump et Bannon sont dans un bateau, Trump tombe à l’eau

 Insolite satisfaction sur Revolver News

Or donc, Steve Bannon, qui n’avait pas encore comparu devant la justice pour être jugé sur le fond, a bénéficié d’une grâce présidentielle… Une sur 143 au total (73 ce jour, plus une de dernière minute), mais qui retient toute l’attention.


Insolite, le titre relatif à Steve Bannon sur Revolver News renvoie à une dépêche Reuters intitulée sobrement “Trump pardons ex-aide Bannon but not himself or family”, mais sur Revolver News, le titre est tout autre : “President Trump to pardon unjustly persecuted conservative stalwart Steve Bannon”.

Pour rappel, Bannon avait empoché, avec des complices la majorité des dons des trumpistes voulant contribuer à hâter l’érection du mur frontalier dont Trump assurait que le Mexique couvrirait tous les frais.

Tant pis pour les « lamentables » trumpistes bernés, leur idole ne tient pas rigueur à qui leur a fait les poches.

Pour l’anecdote, j’avais, dans un précédent billet, présumé que le Donald et Madame embarqueraient à bord de Marine One (l’hélicoptère présidentiel) pour rejoindre la base d’Andrews (distante de 15 km). Bonne pioche. Ce n’est guère écolo, mais il se peut que le cortège de voitures n’aurait pas été suffisamment fourni pour faire dignement le trajet. Le Donald a eu droit à ses 21 coups de canon, à la fanfare militaire, et aux ovations d’environ 500 personnes parmi lesquels de nombreux élus républicains brillaient par leur absence.

Pour Newsmax la sortie fut réussie (Oann s’abstenant de commenter, laissant à FoxNews le soin de congratuler le sortant). Foxnews précise que l’horaire choisi visait à ce que Marine One reste ainsi dénommé jusqu’à Palm Beach. Si Biden avait auparavant prêté serment, Air Force One (qui l’attendait ainsi que toute la famille Trump à Andrews, hormis Barron, 14 ans, le fils de Melania, peut-être déjà expédié en pension en Floride) serait resté pour la postérité Special Air Mission 28000. Comme pour de vulgaires Bill Clinton et George W. Bush regagnant les aéroports proches de leurs domiciles respectifs.

Trump a fini son allocution sur le thème de « ce n’est qu’un début, continuons le combat ».

Je vous passe les détails que rapporte la presse francophone. Mais je note que Trump a permis à tous ses anciens conseillers de pantoufler en trouvant des contrats de représentation de gouvernements étrangers (comme, selon les médias trumpistes, Hunter Biden, fils de Joe, l’aurait fait pour diverses puissances, dont la Chine). L’entourage de Trump éprouve en effet quelques difficultés à se faire embaucher dans le secteur privé.

Un fonds destiné à recueillir des dons pour Trump, qui s’intitulait le Committee to Defend the President est à présent dénommé Committe to Defeat the President (entendez Biden). C’est le seul indice patent laissant entendre que Trump ne se considère plus  tout à fait l’unique  légitime président des États-Unis d’Amérique.

Sur Twitter, Ivanka Trump a laissé un message convenu mais Donald Jr a comparé Joe Biden à l’once Scar (personnage du Roi Lion de Disney) finissant dévoré par des hyènes, ses alliées au temps où il espérait monter sur le trône. Comprenez que les communistes du parti démocrate se débarrasseront de l’encombrant Biden.

Eric Trump, pour sa part, s’est félicité que le Trump Store soit de nouveau disponible (c’est celui de la Trump Organization vendant casquettes et gadgets).

Pour le moment, Trump laisse derrière lui des milliers de caricatures, mais on peut raisonnablement espérer que la veine des caricaturistes ne se tarira pas de sitôt. Il est à présent présumé que le Donald voudrait prendre la tête d'un parti des Patriotes pour caser sa progéniture. Le Palm Beach Post rapporte que près de Mar-a-Lago, des trumpistes et des républicains non-trumpistes (never-Trump) se sont invectivés à l'arrivée du Donald (les trumpistes négligeant les très rares manifestants pro-Biden s'étant risqués aux alentours). On retiendra que Ted Cruz et d'autres élus républicains ont, éhontés, assistés à l'inauguration de Joe Biden. Les Rinos (les rosses ayant trahi Trump après l'avoir ardemment soutenu) tentent de se refaire une virginité et des donateurs. Mais environ un tiers des électeurs de Trump lui vouent toujours un culte. Ces girouettes varieront en fonction de la direction du vent.

Panique au Royaume : Guernesey rejoint la France

Le traité de la Baie de Grandville revisité

Titre parodique de ceux du Daily Express : Guernesey et Jersey redeviennent plus normandes qu’insulaires. Vont-elles rejoindre Chausey dans le giron français ?


Chaque jour, le Daily Express nous promet que l’Union européenne se délite, que Boris Johnson va faire plier le continent et que de ce côté, la rage et la fureur alternent avec la panique. Michel Barnier reste à Bruxelles en tant que conseiller spécial : même pas peur. Quant à Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, elle essuie revers sur revers et se ridiculise quasiment à toute heure.

Restons sérieux, hormis l’Express, la presse britannique ne s’est guère alarmée du fait qu’un accord franco-dépendances anglo-normandes de la Couronne devrait succéder au traité de la Baie de Grandville, devenu caduc du fait du Brexit. Les nouvelles dispositions prévoient que les rares patrons de pêche des îles (enfin, de Guernesey dans un premier temps) pourront décharger leurs prises dans des ports français et que leurs concurrents français pourront, poisson d’avril (dès le premier avril) croiser et pêcher dans les eaux domaniales. Cela sans quotas imposés.

L’Express ne va pas jusqu’à soutenir que l’occupation allemande des îles pendant la dernière guerre a laissé des traces. Ou que Island FM (Guernsey) ment et est allemande. Et hors de question d’admettre qu’après Meghan et Harry Windsor (ex-Sussex) partis aux É.-U., les îles pourraient se faire la malle vers le rivage continental.

Bon, pour Jersey, je me suis avancé quelque peu. Pour le moment, le Jersey Evening Post n’annonce pas que l’île rejoindra Guernesey dans la poursuite d’un accord séparé. Mais cela ne saurait tarder. Stay tuna (fish).

La Couronne n’ayant pas ménagé ses efforts pour que le bean crock, un plat aux haricots puisse encore être confectionné, Jersey lui reste fidèle. C’est une sorte de cassoulet aux haricots blancs, rouges et divers. Mmais les Normands en ont une variété de frichti dénommé Pais au fou, plus liquide. Comptez au moins cinq heures dans un pot en céramique ou une mijoteuse.

Bref, tant que l’approvisionnement en haricots restera assuré, Jersey restera fidèle à la Couronne.

En revanche, rien ne va plus avec l’Irlande du Nord. Stormont (qui est à Belfast ce qu’Holyrood est à Edimbourg) et the Anglo-North Irish Fish Producers Organisation, se sentent spoliés par la répartition des nouveaux quotas de pêche.

Beh, à part cela, le Brexit, pour l’Express, c’est tout bénéfice. Cela progresse partout, pour le whisky comme pour les écharpes en cachemire (qui ne seront plus frappés de taxes aux É.-U. depuis que le R.-U. a renoncé à taxer les avions Boeing).

De toute façon, la Guernseyfication du Royaume (terme prêté à Emmanuel Macron) n’est pas proche. Macron cédera l’Élysée à Marine Le Pen qui lancera un référendum sur le Frexit dont l’issue est certaine. Et puis, le Reform Party (ou Reform UK, nouvelle appellation du Brexit Party de Nigel Farage) l’emportera sans aucun doute au Pays de Galles et en Écosse.

Et mieux encore, la Reine va bannir Harry, ex duc du Sussex (en sixième position) de sa ligne de succession (c’est du moins ce que souhaite le lectorat de l’Express).

Enfin, grande victoire : Bruxelles recule et envisage de mettre fin à son mesquin blocus des sandwiches au jambon-fromage (qui étaient jusqu’à présent saisis à l’arrivée sur le continent) ; les produits carnés ou lactés des voyageurs et camionneurs britanniques ne seront plus confisqués. C’est sûr l’Union européenne (ou ce qu’il en restera) finira repentante et à genoux, suppliant le Royaume. Ce n’est qu’une question de temps, Ursula von der Leyen, Barnier et les autres se présenteront la corde au cou et en chemise de nuit à Calais. 

lundi 18 janvier 2021

Donald Trump monnaye ses grâces présidentielles

Le president-eject broie du noir

Histoire de se la jouer présidentiel jusqu’au bout, Donald Trump embarquera-t-il à bord de l’hélicoptère Marine One au matin du 20 pour un trajet d’à peine 15 km jusqu’à la base aérienne d’Andrews ? Il aura jusqu’à midi pour gracier une centaine de condamnés et faire ainsi parler de lui.


Il y aura une centaine de grâces annoncées demain mardi ou, mieux, mercredi matin. Rudy Giuliani, l’avocat dont Trump à mis au panier la lourde note d’honoraires, avait tenté d’obtenir deux millions de dollars d’un grâcié potentiel qui a décliné l’offre. Giuliani, qui sera sans doute cité en tant que témoin lors de la procédure de destitution différée devant le Sénat, risque une radiation du barreau et tentera de se rattraper avec d’autres possibles pardonnés. Certains, des fidèles du Donald, n’auront pas à cracher au bassinet, la piétaille est priée de régler des honoraires (voire des rétro-honoraires inclus).

Comme on pouvait s’en douter, hormis quelques trublions Boogaloo Bois (un ramassis composite d’excités armés, pro-Trump et autres), les manifestations projetées devant les parlements des divers États fédéraux n’ont pas rassemblé grand’ monde. Policiers et contre-manifestants ont surpassé en nombre de petits attroupements.

Certes un tiers de l’électorat trumpiste considère toujours Biden illégitime, mais la Trumpland vocifère dans le vide, sauf sur des réseaux sociaux comme gab.com. Les médias trumpistes s’en prennent toujours au « fascisme » radical ultra-gauchiste censé vouloir « persécuter les chrétiens » (un dénommé David Horowitz sur Newsmax), mais le ton est davantage à la nostalgie. Trump a eu le temps d’instaurer une nouvelle journée nationale, le National Sanctity of Human Life Day, les 22 janvier. Mais les commerçants n’ont pas déjà trouvé ce qu’il conviendra d’offrir aux fœtus. En fait, ce jour béni avait été instauré par Reagan en 1984, mais supprimé par Clinton en 1993. Coucou, le revoilou, merci le Donald. Il a aussi décidé de la création d’un Jardin des héros étasuniens (quelques écrivains, des actrices et des acteurs, Elvis Presley, et quand même un général, Douglas MacArthur, qui finit sa carrière avec la guerre de Corée : rien ne va plus entre le Donald et le Kim Jong-un).

Pendant ce temps, les démocrates tentent de trouver d’éventuels complices de l’assaut du Capitole, en particulier des élus républicains ayant pu faciliter l’intrusion des émeutiers.

Une qui ne désarme pas, c’est Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de la Géorgie, qui avait annoncé son intention d’introduire une motion visant à la révocation de Joe Biden. Cette ancienne de QAnon a vu son compte Twitter résilié.

La petite histoire retiendra que l’ex-Première dame, Melania Trump, n’envisage pas d’accueillir la nouvelle Flotus, Jill Biden (mais l’ex-seconde dame connaît déjà la Maison-Blanche comme le fond de ses poches). Pour sa part, Ivanka Trump a démenti qu’elle refusait l’accès de ses petits coins à ses gardes du corps (non, ils ne tentaient pas de chiper le sent-bon de Jared Kushner).

À défaut de Trump lui-même, son effigie entrera au musée de Londres. Le Museum of London a en effet acquis le Baby Trump Blimp, soit un gigantesque ballon représentant un moutard criard, genre sale gosse, qui fit sa première sortie lors d’une manifestation à l’occasion de la venue de son modèle (aussi caricatural que sa représentation) dans la capitale, en juillet 2018. De nombreuses imitations furent déployées en divers pays. Ce ballon lui avait valu les surnoms de DiaperDon ou DiaperDonnie ou Donniediapers (et DirtyDideeDonnie, soit couche souillée) et de multiples représentations en bébé braillard en couche-culotte. En revanche, alors que le Donald avait souhaité qu’un aéroport porte son nom, il semble que ni même un banc public, un reverbère, ou des toilettes, ni même une décharge ou déchetterie soient envisagés pour l’honorer.

Il se console en conviant une fanfare militaire sur la base d’Andrews et souhaite une salve d’honneur et que des chasseurs escortent Air Force One au décollage, selon ABC News.

Dans une sobre allocution télévisée, Melania Trump a exprimé sa fierté d’avoir été au service des familles et des enfants. Beaucoup de poncifs, mais sa sortie fut digne, même si elle n’a pas eu un mot pour Jill Biden, et relativement discrète.

Le 20, la presse dénombrera les élus républicains venus assister à l’inauguration de Biden et ceux qui se rendront à la base d’Andrews. Trump pourra mesurer l’ampleur de sa claque. Selon les premières informations, elle risque d’être retentissante, et même décoiffante.