mardi 25 août 2020

Trump promet la colonisation de la Lune

 Les Sélénites sérieusement inquiets, sur la défensive

Voter Trump, c’est voter pour Dieu, les armes, le pétrole et le gaz (tout ce dont les démocrates ne veulent plus), mais aussi pour une présence humaine permanente sur la Lune. Pour l’environnement terrestre, en revanche, pas d’inquiétude, Dieu reconnaîtra les siens.
Le GOP est devenu le LTP, soit du Grand Old Party au Little Trump Party, c’est ce qu’il ressort de la convention républicaine de Charlotte (Caroline du Nord). Ce ne sont pas trop les dissidents déclarés du GOP qui l’ont rétréci, mais le fait que qui ne plébiscite pas Donald Trump n’a plus sa place parmi les républicains. Qui doivent pourtant avaler quelques couleuvres, avec un président qui en a fait tant et plus pour les homosexuel·les et les Noir·e·s depuis Washington (le premier président). Qu’importe, Dieu, les armes et les énergies fossiles d’abord.
Rien ne peut dissuader la Trumpland de vouer une admiration sans bornes à l’homme aux cinq faillites désormais poursuivi par la justice pour pratiques financières douteuses (comme surévaluer ses biens afin d’obtenir des prêts bancaires et les sous-évaluer pour le fisc). La Providence a donné Trump à la Trumpland. Le Donald, faute de pouvoir échanger Porto Rico contre le Groenland, promet désormais la colonisation durable de la Lune. On ne sait si les Sélénites ont reçu le message de Jésus ou de Mohamed, mais, quoi qu’il en soit, ils devront plier ou subir la déportation au Mexique, de l’autre côté du mur. ET s’exposer au covid chinois.
On croyait que le Donald avait plus d''une fois touché le fond, mais c’était pour mieux rebondir afin que la fiction dépasse la réalité.
Les États-Unis comptent à présent plus de 176 000 décès du fait de la covid, mais qu’importe, au-delà des 100 000, ce ne sont plus que des statistiques, et les survivants feront que la Lune sera plus grande qu’elle ne l’était auparavant. Make Moon Great Anew.
C’est la nouvelle frontière, la Lune et Mars. Dieu le veut. On voudrait croire que les Étasuniens qui ont crompris que les armes étaient certes un don de Dieu mais qu’il fallait quand même un peu de pouvoir d’achat pour s’en fournir, soient encore en état de réfléchir. C’est sans doute le cas pour une majorité mais qui pèsera fort peu. Selon l’un des politicologues de premier plan, Frank Luntz, Trump a toutes les chances d’être réélu s’il emporte les voix des grands électeurs du Minnesota.
Vu d’ici, cela semble surréaliste, au point de penser que seul un putsch militaire pourrait en finir avec Trump. Mais comment voulez-vous que des militaires songent seulement à s’en prendre au Messiah ?
Lequel, à l’instar d’un Kim Jong-Un, pourrait très vite se déclarer immortel. Croyez-le ou non, la Trumpland en serait illico persuadée.
Vous souriez peut-être en finissant de lire cette logorrhée. J’en suis, à tout prendre, à préférer envisager rire jaune (sous la férule d’une orwellienne dictature communiste chinoise) qu’avec le sourire Colgate imposé par la Trumpland importée et dominante. Posez-vous la question, au-delà du cercle des plus proches, quid du pourtour favorable à Trump ? C’est là où je voulais en venir : allez à la halle (du Bellay), et voyez comment Trump s’est trouvé des partisans ou sympathisants dans votre pas si lointain entourage. Étonnez-vous Benoît (titre de Françoise Hardy).
La convention républicaine a ensuite ovationné Kimberly Guilfoyle, une ex de Trump et de Fox News qui a prédit que la défaite de Trump entraînerait les É.U. sur la voie de la socialiste Cuba et du Vénézuela. Biden et Harris détruiront le pays et réduiront ses habitants en esclavage. Ce fut un temps l'épouse de Gavin Newsom, l'actuel gouverneur démocrate de la Californie. Un État ruiné par les démocrates. Bref, agenouillons-nous pour prier et dressons-nous pour le drapeau étoilé. Et ne laissez pas les démocrates vous fouler aux pieds, détruire vos familles, vos vies, votre futur, ne les laissez pas tuer les futures générations (elle avait fortement insisté sur la consommation de drogues dures en Californie).
Un autre intervenant a estimé que Trump était « le garde du corps de la civilisation occidentale ».
Tout cela peut sembler irréel. Mais si cette mentalité gagne l'Europe (c'est déjà partiellement le cas), il y a vraiment de quoi se faire des cheveux.


lundi 24 août 2020

La Turquie veut se doter de porte-avions

 Un expansionnisme ottoman illimité

La Turquie veut se doter d’au moins trois porte-avions a déclaré Recep Erdogan. Pas uniquement pour affronter la Grèce en méditerranée, comme le laisse présager l’ex-vice-amiral Cem Gürdenizg. L’expansion militaire et idéologique ottomane ne fait plus guère de doute.

Consulter le site Hüriyet Daily News (en ang. comme son intiulé l’indique) est chaque jour plus instructif et corrobore parfaitement le point de vue d’Oliver Delorme dans Marianne (article en accès libre donnant une vue d’ensemble de la situation).

Je passe peut-être du coq à l’âne en présumant que la décision de Darmanin d’expulser une famille bosniaque pour avoir tondu et molesté une jeune fille à Besançon sera interprétée comme une nouvelle provocation française en Turquie. Pays qui se vante de posséder divers sites gréco-romains classés par l’Unesco mais semble vouloir s’empresser, comme les fondamentalistes musulmans afghans, de les faire disparaître. Que ce soit en Bosnie ou ailleurs (en d’ex-régions restées peu ou prou turcophones ou ayant été sous domination de la Grande porte puis de l’empire ottoman), la propagande fondamentaliste est à l’œuvre depuis des décennies. Et qu’importe qu’un pays, comme l’Allemagne –(enfin, ses anciennes composantes) ne fut que très partiellement touchée par les conquêtes de Soliman et ses descendants.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux yeux d’une partie des musulmans, là où se dresse une mosquée, la contrée l’entourant devient terre musulmane pour l’éternité. Qu’importe d’ailleurs qu’elle ait été transformée en église (orthodoxe pour la plupart d’entre elles).

C’est cette mentalité que veut propager Erdogan dont la transformation des deux églises à Istanbul (Sainte-Sophie, Saint-Sauveur-in-Chora pour le moment, sans compter Saint-Haoutioun l’arménienne d’Ergan, détruite) vise à se poser en défenseur des croyants. À Haga Sophia (Ayasofya, ex-Sainte-Sophie), les sermons sont à présent prononcé sabre à la main « le symbole de la conquête », indique le prêcheur Ali Erbas.

Jusqu’à nouvel ordre, la mission de l’Oruç Reis, le navire de prospection turc, n’est prolongée que jusqu’au 27 août. Prônant un renforcement de l’industrie militaire turque autonome, Erdogan a assorti son allocution d’une mise en garde : « ceux qui sont gênés par l’influence (…) de notre pays font leur possible pour condamner la Turquie à l’instabilité » (sous-entendu : avec pour relais l’opposition intérieure), rapporte TNT. Quant au porte-parole de l’AKP, vantant le peuple turc, il a déclaré que « son bonheur et ses aspirations sont pour toute l’humanité ». Quant au ministre des Affaires étrangères, il confond aide humanitaire (« depuis la Syrie jusqu’à la Libye en passant par la Méditerranée orientale, la mer Noire, les Balkans et le Caucase ») et intervention militaire et propagande religieuse (même s’il est patent que l’aide sanitaire turque n’a pas été négligeable).

Quant au vice-amiral Cem Gürdeniz, il déclare franchement que la puissance navale turque doit s’exercer en mer Rouge, d’Oman, et en Atlantique.

Sur le plan intérieur, depuis fin juillet, l’Internet est désormais muselé en Turquie, la censure s’est généralisée. Si Lovier Demorme, dans Marianne, n’a pas tort de souligner que les coups de menton d’Erdogan visent aussi à se rallier une opinion intérieure islamiste et ultra-nationaliste, il n’en reste pas moins que le concept de « Patrie bleue », élaboré par le vice-amiral Gürdeniz (de souveraineté maritime, pour résumer) est aussi un objectif expansionniste beaucoup plus large. Si on peut comprendre qu’à court terme l’Allemagne n’ait guère envie de le contrecarrer (plus de trois millions de turcophones, un excédent commercial, la crainte d’un renforcement de l’immigration), elle devrait aussi réaliser que la Turquie ne se contentera pas d’annexer l’île grecque deKastellorizo. Et que le sultan omnipotent d’Ankara n’est pas loin de considérer l’Allemagne tel un pays vassal.

En sus, si, tel le Belarus Alexandre Louckacheno, Erdogan se sentait progressivement déstabilisé ou désavoué, que lui resterait-il d’autre pour se maintenir si ce ne sont de nouvelles provocations contre les « occidentaux » ? Et en Allemagne, il peut compter sur une base arrière bien endoctrinée.

Pour le moment, la propagande turque ne s’en prend qu’à la France, pays soutenant des organisations terroristes (le Lybien Khalifa Haftar, l’YPG/PKK kurde), allié des Émirats (traitres à l’islam en normalisant leurs relations avec Israël), xdlon une tribune d’un universitaire que vient de publier l’agence Anadolu. Ce texte explique la position française en Méditerranée par une volonté d’Emmanuel Macron de réduire l’influence de Marine Le Pen et de se placer en chef de file de l’Union européenne. La politique poursuivie serait aussi de favoriser Total face à l’Italien ENI. C’est parce que la France serait en passe d’échouer en Lybie qu’elle s’en prend agressivement à la Turquie. Anadolu insiste aussi sur les iniques traités de Sèvres (de 1920) et Lausanne (1923) en mettant en valeur les fortes paroles d’Erdogan selon lequels la Turquie ne pliera pas devant les « pouvoirs colonialistes » (soit la France et ses alliés, Grèce et Égypte). En gros, le temps de la revanche est venu pour l’empire ottoman islamique (et plus largement pour les pays musulmans).