Alexandre Langlois : tiens, pour le moment, rien dans L’Humanité ou Le Média…
Ce qui va suivre est sans doute à prendre avec plus de recul
que celui qui l’exprime… Cette affaire de sanction contre le secrétaire
général, Alexandre Langlois, du syndicat Vigi-Ministère de l’Intérieur (et non
« Vigi Police ») mérite peut-être plus d’attention…
Qui est Alexandre Langlois ? Franchement, je n’en sais
rien. Quelqu’un « en recherche d’opportunités pour valoriser [ses]
compétences acquises dans le milieu du renseignement, des ressources humaines… »
(source : l’intéressé sur LinkedIN) et si j’en crois la presse dite prédominante
(mainstream), un policier syndicaliste privé de toute ressource pour six
mois (douze d’exclusion de la police, dont six assortis de sursis).
Ce pour des propos outranciers, injurieux, infamants visant la hiérarchie policière…
Ce pour des propos outranciers, injurieux, infamants visant la hiérarchie policière…
Je ne vais pas trop revenir sur le fond de l’affaire sinon
pour estimer qu’effectivement, Alexandre Langlois n’avait pas trop mâché ses
mots mais qu’à mes yeux, la sanction est lourde, si ce n'est non conforme à la loi. Ce d’autant que le
conseil de discipline ne s’était pas clairement prononcé et que la sanction vient
de la Direction générale de la police nationale (sans doute en toute
indépendance par rapport au ministre Christophe Castaner). Opinion fondée sur
les apparences et la lecture, voici quelques petites heures (deux, trois ?)
du site du Figaro.
En bonne place, on trouvait ce titre « Un syndicaliste
policier suspendu pour ses “critiques outrancières” contre l’institution ».
Ce midi, pour retrouver cet article, il fallait effectuer
une recherche interne au site du Figaro.
Mais quand même, première remarque : comme très
souvent, c’est bien la presse prédominante (et crois-je pouvoir présumer, le site
de L’Express avant quelques autres), qui fournit les informations avant
que les réseaux sociaux les relayent…
Cela étant, il est possible que des réseaux sociaux aient,
avant les sites de presse, répercuté les informations présentées sur le site du
syndicat (vigimi.fr).
Donc, ayant lu l’article d’Alexandre Loch (Le Figaro),
je tente de trouver d’autres sources. Et quels sites remontent en premier
(circa 10:00) ? Boulevard Voltaire et SputnikNews. Avec d’assez longs entretiens
avec l’intéressé et rien d’autre.
Que le site du Fig’ ait relégué son article en archives n’ai
rien de choquant : RTFrance (aussi proche du Kremlin que SputnikNews) a
fait de même (mais l’affichait encore en pied de page d’accueil vers 12:30).
Soutiens divers
Pour le reste, je ne vais pas vérifier toutes les 30 minutes
si le site de L’Humanité a été actualisé, si MediaPresse (salutations
amicales au passage à Denis Robert), vont ou non faire état de cette affaire
Alexandre Langlois. Il convient aussi de signaler que le député Ugo Benalicis
(FI-dpt. du Nord) avait lanterné alors que le policier passait en conseil de
discipline : La France insoumise n’a pas tout à fait lâché son
ex-consultant.
Pourtant, pourtant, quand Vigi-Ministère de l’Intérieur
restait affilié à la CGT, son secrétaire général était fort bien accueilli dans
les colonnes de L’Humanité. Et côté Mélenchon, quand Alexandre Langlois
servait de consultant police à la France insoumise, ses quarts d’heure de
notoriété ne lui étaient pas trop comptés sur les sites proches de FI…
Qu’est-ce que Vigi-MI ? À première vue et au
conditionnel, sous toutes réserves, un syndicat ultra-minoritaire. 0,4 % aux
élections de 2018, aucun siège dans les instances trustées par les trois
formations majoritaires. Ce en raison d’un tripatouillage des suffrages, comme
le dénonce Vigi-MI ? Peut-être, mais de cette ampleur, qu’on me permette d’imaginer
que le phénomène soit resté marginal et que Vigi-MI n’était pas en passe d’égaler
les scores d’Alliance (17 sièges) ou d’Unité(idem), voire de l’Unsa (six sur un
total de 41 ; source : le site d’Alliance, créditant la CFDT d’un
siège). Je ne sais s’il reste des syndicats policiers affiliés étroitement à l’une
des deux grandes centrales que sont FO et la CGT (le site CGT-Police est inactif
depuis 2017, celui la CGT-Police Île-de-France reste actif, mais a soigneusement
effacé toute référence au camarade Alexandre Langlois ; en tout cas, « Désolé,
mais rien ne correspond… » à une recherche interne portant sur lui).
Unité SGP, selon Vigi, resterait affilié à FO.
Alexandre Langlois a reçu le soutien d’une pétition et de
divers Gilets jaunes. Peut-être parce que, soucieux de voir des collègues se
faire taper par des autonomes, et d’autres électrons libres dits d’ultra-gauche,
il avait réclamé une meilleure gestion des manifestations. Et puis un temps
proche de la mouvance Mélenchon et consorts, il avait critiqué non pas trop
fort l’action des policiers de la Bac en civil, mais le fait qu’ils auraient pu
(en gros, et au conditionnel) avoir reçu « des consignes pour laisser
faire des dégâts matériels, mais surtout pas de blessés » (fausse citation
que je lui prête, non verbatim, donc pas d’italique). De fait, depuis la
fin des années 1990, il est très difficile, voire impossible, d’établir la présence de
policiers-casseurs dans les manifestations en France. Cela étant, sur Sud-Radio,
il avait utilisé « chiens fous » pour désigner de jeunes
policiers n’ayant pas été suffisamment formés (c’est du moins ce que je
retrouve mentionné). Et il s’était alarmé des « images catastrophiques
d’un McDonald’s qui brûle avec nos collègues qui le regardent brûler ».
Deux poids, démesure ?
Ce qui est patent : un autre Alexandre (Benalla) avait
écopé le 2 mai 2018 d’une mise à pied de deux semaines (avec « solde », sans
traitement ?), très inférieure aux six mois de celui-ci qui lance une
cagnotte sur le site Le Pot
commun (1 036 participants ce jour à 13:30, 1 046 à 14:00).
Bizarre : à ce moment T, tous les participants sont des anonymes. Mais la
plupart des gens (163) ayant laissé des messages ont usé de leur patronyme (au
pif : moins de la moitié). Pas le moindre signataire se déclarant policier,
ou syndicaliste, et un seul pseudonyme (« un petit fonctionnaire » ;
non policier) fait état d’une… fonction. Peur du « gendarme » ?
Et cela me… quoi ? Interpelle ? Désole ?
Inquiète ? Le pire, excusez que je ne me contente pas de m’en tenir aux
faits, c’est que cela ne me surprend guère.
Sur le fond, il y a défaut d’information de la part d’un peu
tout le monde… Il est clair qu’Alexandre Langlois, ayant usé de termes comme « criminels »
(délictueux, contrevenants aurait sans doute suffi), évoqué une « complicité
de meurtre de fonctionnaires » (visant la DGPN au sujet de suicides de
policiers ; ce qu’il aurait fallu peut-être mieux démontrer, ou employer d’autres
qualifications), syndicaliste ou pas, y est allé fort, même si des points d’interrogation
atténuaient ses écrits. Ce qu’on aimerait savoir, c’est pourquoi ce n’est que
récemment qu’un conseil de discipline a été réuni, et quels autres moyens graduels
(genre blâme, avertissement…) furent ou non employés.
L’intéressé (ou Vigi en tant que personne morale ?)
fait aussi l’objet d’une plainte en diffamation de la part d’un médecin
inspecteur de la région Grand Est, sanctionné lui aussi hiérarchiquement et par
le tribunal de Reims, après avoir fait l’objet de dix plaintes « de
jeunes recrues de la police nationale » (de l’école de Reims ou déjà
en poste, signalait Catherine Daudenhan, de L’Est Républicain). Cette affaire
en diffamation sera débattue devant le tribunal de Metz (audience prévue le 10 juillet prochain).
En fait, Alexandre Langlois affirmait à Boulevard Voltaire :
« ils ont fait ce conseil de discipline parce qu’à chaque fois qu’ils
nous ont envoyé devant un juge, ils ont perdu. » (« ils »
étant sans doute la DGPN). Il serait souhaitable d’en savoir plus…
Enfin, plus de clarté sur les suites des enquêtes menées par
l’IGPN serait souhaitable. Il semble que la sanction infligée soit le double de
celle dont écopa « un cuisinier CRS » ayant prélevé « trois
steaks périmés pour son chien ». Gourmand, le mâtin !
Je ne saurais vraiment (car non assez documenté) me prononcer sur cette sanction ni
sur son traitement… Ce que je remarque, c’est que le site Profession Gendarme
la relate en reprenant deux pages, l’une de SputnikNews, l’autre du site LGS
(Le Grand Soir, pas vraiment droitier). Et met en bonne place « L’Appel à l’aide
d’Alexandre Langlois ». Je serais ministre de l’Intérieur ou patron de
presse vendant encore du papier, cela me donnerait du grain à moudre (et food
for thought). Non ?
Frédéric Carteron, magistrat honoraire, ancien policier, enseignant
en droit, se déclarant « gaulliste social » a confié une
tribune à Profession Gendarme. « Je n’en salue pas moins le courage et
les convictions de Monsieur Langlois. ».
Comme des fuites...
Rien à voir ? Il y avait une page Facebook, « Citoyen
solidaire », qui, semble-t-il, publiait un compteur des suicides de
policiers ou gendarmes. Certaines familles l’ayant mal pris, ce compteur a été
arrêté (vers 56 décomptés). On en trouvera trace sur la page FB (@collectifpoliciersidf).
Un collectif sans doute pas trop proche de Vigi… Si ce n’est dans la critique
des syndicats majoritaires. Son porte-parole, Jean-Pierre Colombies, se déclare
à présent « comédien et auteur ». J’en ai connu d’autres, des
policiers qui ont rangé la casquette ou rendu l’écusson. Loin d’être les moins
compétents, les moins humains, les moins intelligents (au contraire, même).
Certains ont pu atteindre 57 ans (retraite décotée, sauf pour les « actifs »
avec 25 ans de service), d’autres pas. Eh oui, dans la police, ce sont rarement
les pires qui s’en vont…
Ce qui serait vraiment attristant… Ce policier
syndicaliste est diplômé bac+5 (master de droit), et gardien de la paix… Comme
nombre de bac+x (le concours est ouvert aux titulaires du baccalauréat ou
équivalent, aux sportifs de haut niveau, aux parents d’au moins trois enfants,
aux pompiers, militaires, &c.). Le filtrage à l’oral l’aurait-il laissé
passer par erreur ? Bon, je retire : bien sûr que les plus diplômés
ne sont pas systématiquement recalés lors de l’entretien mené avec le jury (quoique
j’ai connu un docteur l’ayant été, reçu à un autre concours de la fonction publique,
il finira peut-être sous-préfet, comme un certain ex-inspecteur des impôts
devenu secrétaire d’État à l’Intérieur). Et puis, je digresse… Mais imaginez le
pauvre capitaine, la pauvre commissaire, devant s’adresser à un gardien de la
paix lui répliquant par une citation d’Euripide… Pitié pour la hiérarchie
policière !
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