Ministre des Affaires culturelles, Malraux tente de mettre au pas les CDN
Une vingtaine de centres dramatiques nationaux en 1969, une douzaine suffirait, estime André Malraux dans ses directives adressées à Philippe Saint-Marc, son directeur des Spectacles. Mais les deux hommes ne resteront au ministère que quelques mois. Les CDN, combien de « divisions » actuelles ? Bientôt une quarantaine...
J'allais (presque) oublier de le signaler : Annette Gardet a été reçue brillamment docteure après la soutenance de sa thèse sur la Comédie de Reims (et la, les troupes permanentes l'ayant précédée) et la décentralisation théâtrale. Comme j'étais dans l'assistance, je me suis ultérieurement intéressé à la question... D'où cette transcription, en PDF, de la lettre d'orientation adressée, en avril 1969, par Malraux à Saint-Marc. Et d'où il ressort qu'une mise au pas, voire au garde-à-vous, petit doigt sur la couture du pantalon, des directeurs-metteurs en scène était à l'ordre du jour.
Qu'en résultat-il pour André Mairal à Reims ? Les dés étaient semble-t-il jetés, il fut conduit vers la sortie, soit l'expatriation vers Besançon. Mais, semble-t-il, il tenta de s'enraciner en Champagne, de se montrer plus conforme aux orientations présumées du ministère. En vain.
L'arrivée de Robert Hossein à Reims, à la Maison de la Culture, semble bien dans le droit fil des intentions d'André Malraux s'inquiétant de ce qu'un Laurent Terzieff (alors dans le privé, au Théâtre de Lutèce) n'obtenait pas la place qui lui revenait, ou qu'un Maurice Béjart (lui aussi dans le secteur privé, qui fila en Belgique en 1970) restait en marge de la politique culturelle ministérielle (alors qu'il aurait pu diriger une structure indépendante de l'Opéra de Paris, ou au moins dissociée).
L'arrivée de Robert Hossein à Reims, à la Maison de la Culture, semble bien dans le droit fil des intentions d'André Malraux s'inquiétant de ce qu'un Laurent Terzieff (alors dans le privé, au Théâtre de Lutèce) n'obtenait pas la place qui lui revenait, ou qu'un Maurice Béjart (lui aussi dans le secteur privé, qui fila en Belgique en 1970) restait en marge de la politique culturelle ministérielle (alors qu'il aurait pu diriger une structure indépendante de l'Opéra de Paris, ou au moins dissociée).
Sauf que, de Gaulle était sur le départ, avec Malraux et Saint-Marc, non pas dans ses valises, mais en sursis. On sait ce qu'il advint. Certaines préconisations furent suivies d'effets, d'autres largement ignorées, d'autres encore contrecarrées.
Ce qui subsisterait actuellement, aux dires de divers comédiens avec lesquels j'ai pu m'entretenir, ce serait le grégarisme opaque des directeurs de CDN et de scènes nationales, ne s'ouvrant qu'aux connaissances, aux copines-copains. Discutable, mais... La décentralisation théâtrale, fortement étendue ces dernières années, fonctionnerait-elle en circuit fermé ? Franchement, je n'ai pas le moindre avis personnel sur la question. L'état actuel m'intéresse assez peu. Les troupes hors-circuit institutionnel me semblent cependant se passer fort bien du soutien des structures que Malraux décrivait « fonctionnarisées ». Et puis, historien au petit pied, je manque de recul.
Mais relire Malraux, ministre, non plus discourant pour la galerie, mais « les mains dans le cambouis » des contingences, sachant que l'intendance ne suivra pas, ne laisse pas indifférent. Il conserve une large liberté de ton, ne mâche guère ses mots. On se souvient de ses interventions devant les chambres, évidemment des discours radiodiffusés, moins de ces courriers internes. En voici un, pièce majeure pour appréhender l'histoire de la décentralisation dramatique.
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