Roger Vailland-Emmanuel Rybinski ? Aucun rapport
Voilà des semaines que je bassine visiteuses et visiteurs à
propos de Roger Vailland. Moi aussi, je me lasse. Interlude : Juste après la pluie, Thomas Vinau…
Thomas Vinau, né en 1978, n’a pas connu Roger Vailland.
Émilie et Emmanuel Rybinski, dit·e·s les Sorcièr·e·s de Cahors, non plus. Trop jeunes
aussi. Ouf. Lit-on Vailland au Cap Blanc, à Villesèque ? Vailland et
Gurdjieff (ah ben, non, c’est de Paul Gégauff qu’il s’agit) se poivraient-ils le
nez au Cahors ? Aucune importance…
Belle découverte à La Curieuse Compagnie, cave à boire et
manger (un bar à vins-mâchon parisien de la rue de l’Échiquier, dans le Sentier
turc ou La Petite Turquie parisienne). Le K-Or. Un fluide non glacial (mais qui
m’évoque les diminutifs de Fluide Glacial,
le mensuel). Comme tout ce que sélectionne le taulier, ex-sommelier, cela
glisse. C’est un surfeur au palais céleste, ce mec.
Et puis, au dos du col, cette étiquette. Avec ce qui suit :
Pour y voir plus
clair, je ferme les yeux
pour me relever je me
couche
pour arriver plus vite
je ralentis
pour échanger je donne
pour parler je me tais
pour apprendre je
pratique
pour avancer je m’arrête
pour construire je détruis
pour savoir j’oublie
pour tenir je relâche.
C’est de Thomas Vinau. Aux éditions Alma (donc extrait soit
de Juste après la pluie, soit de Bric à brac hopperien). Thomas Vinau a
aussi publié aux éditions La Boucherie littéraire, qui m’en rappellent une
autre, du côté de Pleurs, humaine… Aussi au Castor Astral (mais son L’Âne de Richard Brautigan le fut Au
Soir et Matin ; je connaissais ceux de Stevenson et d’Éric Poindron, tiens,
en voici un troisième…). Brautigan, Peter Fonda, Jane Fonda et Élizabeth
Vailland… Vailland, sors de mon corps ! Jésus revient parmi les tiens, réincarne-moi
en baudet…
Vailland l’infréquentable (Jehan Van Langhenhoven), Jack
Kerouac, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti… Associations d’idées brumeuses.
Kessel, Cendrars, Vailland, de Monfreid, supplantés par la Beat Generation :
je prends aussi, sur le pouce, le chemin de l’Orient, trop secoué par la route
pour devenir yabi-yum. C’est ainsi que je rentre des lointains pour me raccrocher
au journalisme, pour croûter, certes, mais contrairement à un autre, j’y crois…
Où errais-je, à quel sous-sol ? Ah oui, Vinau « slow fooder ». D’un côté, cet autre
consistant à parer des pinards d’une aura poétique me fait sourire, narquois.
De l’autre, un Pierre Perret, un Ricet Barrier, un Gérard Blanchard, sobres, je
n’imagine même pas. William Sheller, à la rigueur.
Déjà, au Horseman’s (Ali), au Quid (Rony, du Rexy),
devenus La Curieuse Compagnie, pas mal d’écrivains (ou poètes) que j’ai pu
connaître sans deviner ce qu’ils deviendraient, ont copieusement éclusé. Ne
rien exagérer, relire les Croquis de
mémoire de Jean Cau sur le mythifié Saint-Germain-des-Prés. Ne pas faire
non plus du K-Or un cas d’or. D’argent peut-être. Bien bronzé. N’empêche, au
lieu d’avoir du félin Geluck en façade, je préférerais des Vinau au dos des
flacons. Les deux sont conciliables. Un chat devant, un chas poétique derrière.
Un chai, un matou, une fenêtre. Meurtrière de rien. Urbi et orbi proclamant que l’une des deux espèces fut chantée par
Omar Khayyâm. « Buveur d’eau ne fut
jamais artiste ». Bien sûr, c’est faux. Mais alors qu’on retouche les
photos de Gainsbourg et de Prévert afin d’estomper qu’ils fumaient, je vois
dans cette étiquette un rappel salutaire. Un bon et joyeux compagnonnage.
Un très bon livre de Thomas Vinau :
RépondreSupprimerhttps://2012fragmentaire.wordpress.com/2018/08/18/le-camp-des-autres-de-thomas-vinau/
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