Presse écrite : quel monde d’après ?
Donald Trump a été à deux doigts de se féliciter que la
pandémie puisse avoir raison de la lamepress écrite. Ne trouve plus
grâce à ses yeux que la chaîne One America News (OAN). Effectivement, on se
demande si la presse écrite passera le cap. Et si Siné mensuel reparaît
(provisoirement) en version numérique, j’éprouve comme des appréhensions pour
de nombreux titres.
Demi (ou semi, ou hémi) digression. Depuis le confinement,
je me rends chez un dépositaire de presse de proximité (plus éloigné que mon
habituel kiosque fermé) régler rituellement 1,20 euros pour un Canard
enchaîné réduit à quatre pages (et sucrant les dessins de Delambre).
Manière de remercier « ces Messieurs » d’avoir baissé leur prix de
vente lors du passage à l’euro. De même me suis-je fendu de quatre euros pour
le dernier Marianne. Soit quatre fois le montant de la version
numérique.
Là, je reçois de Catherine Sinet ce petit poulet de presse : « Il
vous manque peut-être le bruit du papier et l’odeur de l’encre, le plaisir de l’acheter
(vous êtes d’ailleurs très nombreux à nous expliquer sque si vous ne voulez pas
vous abonner, c’est pour garder ce plair et soutenir les marchands de journaux) ».
Oui, en mémoire aussi des àlas (santé du confrère…) un peu trop prolongés
au mettage mulhousien qui me valait de rentrer en départementale voisine dans
la carriole du chauffeur faisant la tournée des kiosques « territoriaux »
(du Neuf-zéro).
Aussi est-ce fort marri (mais non en instance de divorce) que
je vous invite à consulter en ligne le sommaire de ce nº 96 de Siné mensuel.
Je ne sais plus combien de sommaires j’ai pu commenter (d’abord sur le site de
Come4News, puis ici). Là, je résume : c’est pendant covid et après covid, plus
les crobars et les chroniques (Berroyer salue l’arrivée de l’essoreuse à
maillots de bain dans sa piscine municipale, mode Arrivée du train en gare
de La Ciotat, mais sans les images).
Revenons au sujet plus global avec rappel de la cessation de
parution du Démocrate de l’Aisne. Et la mise au chômage de la dernière
typote (ou linote, sans jeu de mots) de presse au plomb au monde. De presse, voire de labeur (comprendra qui pourra, je demandais à l’ami Christian Laucou, de l’éditeur-imprimeur-libraire
Fornax, s’il avait encore connaissance d’une
femme linotypiste en activité dans un musée de l’imprimerie ou un atelier de
labeur).
Et je me demande sérieusement quelles seront les dépouilles
papetières du monde d’après. Comme chacun ne le sait, je fus stagiaire chez The
Independent, lequel, tout comme The Evening Standard, ne paraît plus qu’en
ligne. Andrew Marr n’officie plus que sur les ondes (de la BBC). Glissons.
Avec tant et tant de kiosques fermés, voire d’imprimeries en
sous-effectifs, de routeurs et livreurs frileux ou contaminés, la presse écrite
endure et endurera encore (avec des annonceurs frigorifiés accentuant l’achat d’espaces
télévisuels pour les plus riches, en ligne itou, comme trop d’autres : les
éditeurs renoncent à sortir de nouveaux titres, donc à les faire connaître,
pour ne donner qu’un exemple). Combien de temps durera-t-elle ? Elle
mollit grave pour le moment.
Je signale que dans les transports, une tablette ou une
liseuse font un moindre barrage qu’un hebdo ou un quotidien déployé. Siné
mensuel consulté sur téléphone ? Espérons que cela sera provisoire.
Catherine Sinet l’assure : « de meilleurs jours vont arriver ».
Le covid sera un fossoyeur massif. Je ne sais trop si les
abonnés renouvelleront, resterons fidèles.
Pour finir, une anecdote. J’ai passé aussi le temps à
établir des attestations de déplacement dérogatoire pour des ami·e·s et
connaissances (nom, adresse, &c.). Voici… longtemps… J’en poste pour un
bled de l’Aisne et un arrondissement parisien voisin. Au bout de trois
semaines, la lettre pour l’Aisne (sur-affranchie comme la parsienne) est
réceptionnée. Pour Paris, rien aux dernières nouvelles.
Je vous résume : hormis Le Monde et Libération,
tous les titres (ceux de la SPQR inclus) ont vu leurs ventes chuter fortement.
Quant à Paris-Normandie, déjà en difficultés, le glas a sonné.
Et puis, faute d’activités diverses, pour longtemps, les
actualités sont en berne. C’est un peu comme pour le Rodong (Corée du
Nord), faute d’activités du Dirigeant Suprême à relater. Selon Reuters, Kim
Jon-un serait au large de Wonsan à bord d’un yatch de luxe. Cuisine-t-il à bord ?
Quels sont ses recettes préférées ? Guère de quoi passionner les foules.
Et puis, imaginez « les conseils minceur avant les vacances ».
Quelles vacances ? Mince au balcon, juillet-août à la maison.
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