Quand Vailland — une fois de plus — rajeunit une belle étrangère…
De Tania Visirova, Roger Vailland fit une éternelle « écolière », voire une « fillette ». Avec Eva Senta Elizabeth Zimmermann
(Berlin - 22 mai 1909 ; Munich - juillet 2001), épouse Busch, son nom de
scène, il se contente de la rajeunir de cinq ans. Ce à l’occasion d’une
évocation de son escapade Outre-Atlantique en compagnie de l’escroc
international Siegfried Wreszinsky (diverses orthographes dans la presse
française).
La plupart des entrées ou contributions de ce blogue-notes
relatives à Roger Vailland incluent des liens vers des documents PDF rédigés d’une
manière un peu plus « sérieuse » ou s’efforçant de le paraître en
regard de ce que que je consigne ici. Au passage, je ne serais pas fâché (je ne
haïrais pas, litote, euphémisme, understatement, au choix…) que les
chercheuses et chercheurs indépendants, voire des universitaires, s’intéressant
à Roger Vailland, rapatrient ces documents dans leurs archives. Google ne renvoie
plus « qu’environ 3 500 résultats » pour mon patronyme en
cet été 2019. Ayant pratiqué l’Internet depuis 1992, puis sa version graphique
(ouaibe-ouone-ziro, then two zero), c’est un millier de moins que circa…
2000 ? C’est dire que, même si l’étiage des mers et océans restait
constant, je crains fort que tout cela parte en brumes (mes écrits de fumiste
peuvent partir en fumée) et vapeurs évanescentes.
Mais revenons à notre Eva Busch voguant au-dessus des « blancs
moutons » de l’Atlantique et de Charles Trenet. Elle fut autant, sinon
davantage, célébrissime que Tania Visirova, et le resta surtout — largement—
plus durablement. Vailland, en 1939, ne pouvait l’ignorer : elle avait été
chanteuse récurrente pour Radio 37, avait déjà enregistré pour Columbia,
&c. Bien sûr, il ne pouvait prévoir la suite, notamment qu’en 1947, elle
sera la cible d’une manifestation d’épurateurs (elle vit déjà avec la consœur
de Vailland, George — comme Sand — Sinclair, qui forma la Françoise Giroud et d’autres).
Et il était où, le Vailland, qui avait siégé au comité d’épuration des intellos ?
En 1947, peut-être prit-il fait et cause pour l’apatride Eva Busch, farouchement
antinazie, ex-pensionnaire du camp de Gurs et de Ravensbrück, qui avait été
forcée, après une libération obtenue à la (très) longue, de se produire devant
les troupes de la Wehrmacht. Ce parce que Goebbels, alors qu’elle était
internée, faisait diffuser ses chansons (en omettant de faire signaler que ses
paroliers ou compositeurs étaient des Juifs). Son répertoire d’avant était d’inspiration
plus libertaire que communiste, alors que son mari, communiste notoire,
interprétait des chants révolutionnaires (il prit part aux Brigades internationales
en Espagne). Il se peut que Vailland protesta en coulisses (ou par voie de
presse, je chercherai ultérieurement).
Quant à Wreszinsky, c’était un anti-Maurice Joffo. Maurice
faisait passer des gens en loucedé en zone libre, prenant de terribles risques.
Wreszinsky, ashkénaze, promettait de faire sortir d’Allemagne des coreligionnaires
contre de très fortes sommes, puis prenait la poudre d’escampette. J'ai un peu
connu Maurice, vaguement aigrefin à la petite semaine à ses heures (encore
que... c'était la thèse d'un certain jeune magistrat, Jean-Louis Debré, qui
voulait se faire un nom : il y parvint très bien). Mais, s’il fut jamais
indélicat, ce fut à mille lieues d’un Wreszinsky et la seule similitude les réunissant
reste que Maurice Joffo fit dans la ferraille, comme peut-être Siegfried à
Dantzig. Autre histoire (celle de Maurice, nègre de son cadet Joseph, pour le Sac
de billes) que j’ai consignée et que les moteurs du Ouaibe ont peut-être
fait s’évaporer. Siegfried mérite des diminutifs, Maurice, tout merlan qu'il fut, des superlatifs.
Je m’intéresse à Vailland, journaleux, en journaliste « honoraire »
(totalement dédaigné de faire passer mon matricule, 47640, de mémoire, au stade
de l’honorariat). Nous en sommes quelques « autres » : Lacoche,
Rondeau… Mais ceux-ci (amicales salutations au passage), écrivains par ailleurs
(et des meilleurs) ont parfois tendance à magnifier le défunt confrère (comme le regretté René Ballet).
Mesquinement, je le replace dans un contexte. Je puise à sa gamelle en
écornifleur indélicat. Pas au point de cracher dans ses gaspachos
(voyez, sur ce blogue, ses reportages en Espagne républicaine), mais remettant
diverses choses en place. Comparant à l’occasion les conceptions d’un Kessel avec
ce que les écrits journalistiques de Vailland révèlent. Confronté à Kessel, Vailland-journaliste fut un temps plus faible (Prouvost et Lazareff trouvèrent en lui un
plumitif plus docile, car davantage désinvolte, détaché, distancié, à mon
humble avis).Cela évolua.
Mais cela, c’est de l’écume, bave de batracien n’atteignant
pas les rémiges du falconidé aux mues multiples. Cependant, Vailland bidonna
(moi pas, sauf une fois, à l’insu de mon plein gré, aiguillonné par des inspecteurs
de police voulant la peau d’une connaissance d’Aïcha Lacheb, devenu écrivain
reconnu à la suite de son abusivement longue détention).
Eh, je n’ai pas eu l’opportunité d’être embauché par un
Lazareff… Je n’aurais peut-être pas tourné syndicaliste comme chez un Hersant... J’évoquais
par ailleurs Morvan Lebesque passant de Je suis partout au Canard
enchaîné (avec étapes intermédiaires). Vailland eut quelques faiblesses (à
l’égard de « Jean-Fesse », le préfet Chiappe, peut-être aussi pour
faciliter aux consœurs et confrères l’accès aux mains courantes de l’époque).
Bon, brisons-là. Goûtez plutôt la prose de Vailland traitant
d’Eva Busch ; lisez « En
marge des crédits gelés (…) Eva Bush a juré de mourir
». Promis, proféré,
c’est beaucoup plus drôle que ce qui, ci-dessus, précède…
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