Brexit : Theresa May brandit la hache des avantages
fiscaux
Envisageant
sans doute un Brexit « dur » (sans accord), Theresa May a pris le
contre-pied de Bojo (Boris Johnson), mais en laissant entendre qu’elle
accorderait des avantages fiscaux aux entreprises demeurant ou s’installant au Royaume-Uni.
S’adressant
au conservateurs réunis en congrès, Theresa May a très habilement rendu la
pareille à Boris Johnson, son ex-ministre démissionnaire, qui l’avait fustigée
la veille. Bojo avait lancé une forte invective : fuck business. Soit merde à la Banque d’Angleterre, zut au
patronat, et que tous les milieux d’affaires tirant l’alarme dans la
perspective d’un Brexit dur aillent se faire…
Theresa May a donc joué sur les
mots, expliquant qu’elle emploierait un explétif d’une seule syllabe se
terminant « par la lettre k ».
Et ce fut back. Soit “back business (…) back with the lowest corporation tax in the G20.”. En clair : confortons le monde des
affaires en instaurant la fiscalité pour les entreprises la plus avantageuse du
Groupe des 20 (19 pays développés, dont la France, plus l’Union européenne).
Ce n’est pas un argument nouveau… Dès
le début des négociations avec Bruxelles, le Royaume-Uni a menacé de faire
tomber l’impôt sur les sociétés à 10 % si l’accord (ou le non-accord) avec
l’UE était estimé insatisfaisant outre-Manche. Certes, le Liechtenstein (ou
encore la Hongrie, où l’IS est de 9 %) n’est pas membre du G20. Mais 10 %,
ce serait deux fois moins qu’en Arabie Saoudite où les sociétés étrangères ne
sont pas imposées. Pour ces dernières, s’aligner sur l’Arabie, et pour les
autres, faire tomber le taux à ce seuil comporte aussi un risque de surenchère
que tant l’OCDE que le G20 (hors R.-U. donc à l’avenir) veulent éviter…
En revanche, elle a promis que les
spéculateurs immobiliers étrangers seraient frappés au portefeuille. Elle a
réitéré que les dispositions sur l’immigration s’appliqueraient à l’identique
pour les ressortissants de l’Union européenne et les autres. Quelle que soit l’issue,
le Brexit signera aussi « la fin de
l’austérité » (en matière d’investissements publics : écoles,
hôpitaux, collectivités, &c.). Ce qui revient à parier sur la croissance
censée compenser la baisse des recettes fiscales. « Après une décennie d’austérité, les gens [people n’a pas la même connotation mélenchonienne] doivent savoir que leur dur labeur a payé. ».
Elle a aussi promis des logements plus accessibles, ce en laissant les
collectivités emprunter pour construire.
Bref, le Brexit, avec ou sans accord
« convenable », c’est la promesse du beurre et de l’argent du butter. Cela étant, elle n’exclut pas d’arriver
à un accord. Cependant, elle n’a pas abordé la question du rétablissement d’une
frontière en Irlande. Or, après tant d’autres, précédemment, Alès Chmelar,
secrétaire d’État tchèque aux Affaires européennes, s’est empressé d’évoquer à
nouveau la question peu de temps après que Theresa May se soit exprimée. Pas d’accord
signifierait que l’Irlande rétablirait des postes de douane (et pourrait
limiter la libre-circulation entre le nord et le sud de l’île pour les
travailleurs frontaliers). Et dans les airs, le Royaume-Uni pourrait devoir se
passer du recours au programme (satellitaire) Galileo.
Toute (ou presque) la presse
anglaise s’est empressée de commenter l’entrée en scène de la Prime Minister,
dansant sur l’air de Dancing Queen,
du groupe suédois Abba. Pas de faux pas… Sauf que la Suède, adhérente de l’UE
depuis 1995, ne manifeste pas grand désir de la quitter.
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