Boguerai(s)-je sur le blogue ?
Reçu récemment ce
courriel intitulé : « j’harmonise
blog, blogue-notes, OU encore blogue ? ».
Réponse : fais comme te plaira… mais, “blog” n’est pas glop-glop pour moi.
Corrigeant
orthotypographiquement – et quelque peu au-delà – la thèse d’une amie
doctorante, elle vient de me solliciter : doit-elle écrire blog, blogue-notes, blogue ?
Perso, j’avais opté pour blogue-notes.
Abrégé blogue. Finalement, je vais me
caler tant sur la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la
langue française que sur la recommandation parue au Journal officiel de la République française le 16 septembre 2014.
Sauf lapsus de saisie, blogue me suffira
désormais.
J’avais failli virer manuéliste, à
la suite et en compagnie du regretté Robert Guibert, et de diverses autres éminentes
références en la matière, en consultation avec Aurel Ramat (récemment décédé
aussi, hélas). Nous étions bien sûr en relation avec Jean-Pierre Lacroux. Ce
dernier, à titre posthume, et nos amis de la liste typographique, nous coupèrent
l’herbe sous le pied. Nous envisagions un guide orthotypographique raisonné,
soit explicitant nos options. Cet immense chantier mériterait sans doute d’être
repris, en dépit de l’Orthotypographie
de Lacroux et alii. Laquelle indique
par exemple qu’il convient de saisir « Quai d’Orsay », « Place
Beauvau », mais ne dit rien de la rue (ou Rue ?) de Valois. Et pourquoi
pas uniquement « Valois » ? Je me félicite de poser la question,
mais souffrez que je ne me réponde… Inutile de m’enfarger dans les fleurs de
tapis (voir le billet de Dany Laferrière sur le bloc-notes des Immortel·le·s). Mais
est-ce bien si utile de relancer ce chantier ?
Or, je répugne à préconiser, ou
indiquer sans tenter d’exposer causes et effets d’un choix ; donc, pour me
rafraîchir la mémoire, et répondre à ma correspondante, j’optais pour une
visite du site de l’Académie française. Lequel loge un document émanant de la
Commission d’enrichissement de la langue française et de la Délégation générale
à la langue française et aux langues de France. Ce Vocabulaire des techniques de l’information et de la communication
(TIC) – j’allais ajouter sic :
pourquoi pas Tic ? ; n’est-ce point un acronyme ? – préconise « blogue »
(et mentionne le JO, et non Jo, car on prononce comme autrefois on
écrivait J. O., du 16 sept. 2014). Va
pour ce blogue…
Cela étant, nos académiciennes et académiciens,
contrairement aux Acadiennes et Acadiens francophones du Québec, ne l’entendent
pas ainsi. Partout sur le site de l’Académie, antérieurement et assurément
postérieurement à l’arrêté publié au JO,
vous lisez « bloc-notes ». Dernière (et non moindre) occurrence :
le billet « La petite fille et le sabot », de Dominique Bona, daté du
4 octobre 2018. C’est l’insurrection – académique – qui (re)vient. Je me
garderai de médire : ce bloc-notes, si tel est le bon plaisir du Quai
Conti, lui sied fort bien.
M’étant penché sur les vocables d’Octave
Mirbeau et de Roger Vailland que je pressens candidats à la suppression en de
futurs dictionnaires, pour cause d’obsolescence d’emploi, j’ai lu attentivement
le billet de Dominique Bona traitant du sabot, ou plutôt des sabots des
garnements de la comtesse de Ségur. « Les
mots (…) forment désormais, dans
certains textes, un obstacle infranchissable. ». Un peu comme, à
présent, ce sabot qui empêche de ne pas devoir aller rechercher son véhicule à
la fourrière. Qu’en adviendra-t-il lorsque des préposés au contrôle des voies
publiques pourront bloquer tout démarrage d’un simple clic ? Je ne saurai
non plus préjuger du devenir, tant des blogues, et de leurs feuillets finissant
aux feuillées (ou latrines, tels ces sanibroyeurs que deviennent les moteurs de
recherche), que du mot blogue. Quant aux inconvenantes conventions
orthotypographiques, j’ai fini par m’y faire. Niet quand même au blog
qui me bloque, mais tant pis pour mon défunt -notes (sauf « en » bloc[s], bien sûr). Chassé de l’usage
courant, il reste enchâssé à l’Académie où les anatomistes du langage le
préservent. Ainsi soit-il, tel est le
nom du film, chante Louis Chedid.
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