Le GOP n’est pas fracture, mais purgé
Inutile d’attendre le discours de
Trump en Géorgie pour en deviner la teneur. Si jamais les candidats républicains
de l’État n’étaient pas élus au Sénat, la raison en serait simple : leur
élection aura été truquée.
Ne revenons pas sur l’appel de Trump au secrétaire d’État de Géorgie pour obtenir de lui créer des bulletins de vote. Les démocrates s’en sont gargarisés, tout comme la presse déontologiquement saine. En revanche, les médias pro-Trump (ou ne désavouant pas totalement Trump, comme le New York Post et Fox News), ont soit minimisé la portée de sa tentative de corruption, soit, comme Newsmax, l’ont formellement approuvée. Et lors des étapes de la Marche pour Trump, qui convergera le 6 janvier vers Washington, l’affluence reste forte.
Certes, pour un élu républicain
critiquant Trump, ils ne sont qu’une poignée, il s’en trouve toujours un de
plus pour lui faire allégeance. Le GOP n’est pas fracturé, mais en voie d’être
purgé. Trump s’en prend au Surrender Caucus, qui comprend d’ailleurs nombre d’élus
républicains ne le désavouant pas frontalement, et la Trumpland applaudit,
réclamant une purge. Les plus malins se préservent de se prononcer, de peur de
se voir désavoués par la Trumpland. Au besoin, ils en rajoutent en se prononçant
contre l’Iran, la Chine et le Planning familial, histoire de se dédouaner.
Quelques caciques religieux
(minoritaires) ont certes appelé à ne pas contester la victoire de Biden. Le
seul élément positif est que l’armée devrait rester dans ses casernes si Trump
en venait à instaurer l’état d’urgence.
Les résultats des sénatoriales en
Géorgie ne devraient pas vraiment changer cet état de fait. Si les candidats
républicains l’emportent (ils se sont déclarés derrière Trump, quoi qu’il fasse
ou dise), Trump pourra purger davantage le parti. S’ils perdent, ce sera la
faute de la fraude électorale et des républicains renégats.
Théoriquement, les adversaires
républicains de Trump devraient appuyer les faibles tentatives des démocrates
de le faire révoquer, ou de faire procéder à son arrestation par le FBI
(considéré par la Trumpland aux mains de l’État profond), mais ils s’en
préservent. Il a violé les lois géorgiennes et une loi fédérale, mais qu’à cela
ne tienne.
Pour la Trumpland, Trump est l’élu
de son dieu. Serait-il l’élu du malin que les intentions de leur Très Haut sont
impénétrables, et qu’il se sert parfois d’humains douteux pour arriver à ses
fins. Soit moins de taxes, d’interventions de l’État, moins de contraintes
écologiques et autres, et la possibilité théorique de s’enrichir aussi
démesurément que possible.
Certes, y compris parmi celles et
ceux se pressant aux spectacles de Trump, il s’en trouve de moins dupes. Ce qui
explique en partie sa défaite électorale. Mais pour la majorité, Trump n’est
pas un psychopathe, mais un illuminé de la bonne parole, celle qui les arrange.
Le trumpisme est devenu un culte transversal.
La proclamation des résultats en
Géorgie tarderont sans doute, permettant à Trump de pavoiser devant ses
partisans le 6 prochain.
Trump à contacté Brad Raffensperger
18 fois avant que ce dernier consente à lui répondre. Mais il a aussi passé des
heures à influencer des dizaines de républicains d’autres États, sans aucun
doute en avançant les mêmes exigences. Leur silence en dit beaucoup plus long
sur le devenir du parti républicain que tout autre élément. Trump représente
leur survie électorale et financière, le reste leur importe peu.