Roger Vailland, envoyé par Paris-Soir, se fait éconduire
Loin de moi l’idée de suggérer que Roger Vailland tenta d’obtenir
les faveurs de Zita de Bourbon-Parme, ex-impératrice d’Autriche-Hongrie,
&c. La potentielle seconde sainte Zita (après celle de Lucques, sa canonisation
serait envisagée) reste au-dessus de tout soupçon : honi soit qui mal y pense !
Le plus connu des râteaux que se prit Roger Vailland fut
infligé par Régine Deforges. Avec Zita de Bourbon-Parme, veuve de Charles Premier,
il est patent qu’il ne tenta que de s’entretenir des visées dynastiques d’Otto
de Habsbourg-Lorraine (Othon dans l’article de Vailland pour Paris-Soir).
Il reçut une
fin de non-recevoir : l’ex-impératrice – s’il tant fut qu’il s’agissait
bien d’elle-même – ne lui tint que des propos anodins…
L’anecdote n’a
que peu d’intérêt, mais vaut d’être détaillée sous l’angle de la médialogie de
comptoir… Expédié au château de Bost(z) – les deux graphies sont recevables – à
Bessin-en-Bourbonnais (château orthographié de diverses façons dans l’article –
avec un talent infini, infâme, infime, intime, allez savoir…), Vailland ne peut
rentrer à Paris totalement bredouille…
Médialogie de
comptoir, sémiologie sauvageonne : les quatre colonnes de l’article de
Vailland (accroche en une, en tourne en page trois) sont meublées de trois
photos, supposées prises par un photographe en planque venu auparavant ou peu
après le passage de Vailland, lequel ne put immortaliser la brève rencontre de
l’envoyé spécial avec l’ex-impératrice.
Vailland
brode, faute de mieux, faute de « viande ». Sont évoqués : les
vaches dans les prés, la complexion du fils du maréchal-ferrant (Pierrot), les
propos (apocryphes ?) du curé du patelin (non nommé), et tout aussi abondamment,
l’envoyé spécial se met en scène. Même un Stéphane Bern n’oserait plus…
Comme à son
habitude, Vailland s’étend sur « les
gracieuses jeunes filles » (des petites cousines de la famille impériale)
qui lui assurent qu’il fera choux-blanc. Bref, c’est un cas d’école de tirage à
la ligne… Même sur les bords de la Vologne (affaire Grégory), aucune, aucun d’entre-nous,
n’aurait osé, faute d’infos « dures », broder aussi longuement sur la
couleur locale. Ce qui m’amène à digresser en glissant l’anecdote suivante. Des
confrères reporters-photographes, campant et planquant depuis des semaines à
Épinal, rentabilisèrent leur (trop) long séjour avec un seul cliché… d’un vol
de corbeaux au-dessus d’un clocher.
L’interlocutrice
de Vailland, présumée être l’ex-impératrice, n’est pas véritablement
authentifiée. Vailland évoque une jeune fille l’accompagnant qui présente « dans son visage toute cette malice et tout cet
esprit qu’on remarqua si vivement lorsqu’en 1910 la princesse Zita de
Bourbon-Parme fit ses débuts. ». Du très grand art : jamais
Vailland n’affirme avoir conversé avec l’ex-impératrice, mais le laisse très
fortement imaginer.
Voyez aussi
cette photo légendée « L’ex-impératrice
Zita (…) quitte les bords de l’Allier
où elle a surveillé le bain de ses enfants ». Elle aurait pu être
tapée n’importe où ou presque, mais elle crédibilise le compte-rendu de l’envoyé
spécial.
Le tout est
« pissotant » (patois angevin ? terme détourné pour évoquer le
rire sous cape), divertissant, bien mené, et procure un réel plaisir de lecture…
On y est ! On voit l’ex-impératrice (fusse-t-elle une autre…). Cet article
devrait être, à mon sens, détaillé au Cuej, au CFJ-CPJ, à Lille, ne serait-ce
que pour arpenter le chemin parcouru. Quelle verve ! Lire et relire « Avecl’ex-impératrice Zita dans un château du Bourbonnais » face auquel
Vailland resta devant les grilles…