jeudi 12 novembre 2020

Biden pourrait-il rester président de nom seulement ?

 Après Trump, le Sénat peut jouer la montre

Bizarrement, Tump ne semble pas devoir demander un nouveau compte des mois en Alaska, où il est vainqueur en dépit d’un noimbre important de bulletins par correspondance. En revanche, même si la Géorgie donne deux sièges de sénateurs (ceux de Géorgie) aux démocrates, Biden peut se retrouver dans le rôle de potiche à la Maison Blanche.


Or donc, Trump est largement vainqueur en Alaska qui a aussi élu un sénateur trumpiste. Ne dites plus « républicain », c’est devenu vide de sens. Plus un·e seul·e candidate ne peut se présenter sous une étiquette autre que trumpiste, tant bien même investi·e par un parti autrefois dénommé républicain que la famille Trump va transformer en parti clanique (ce, en vue d’investir, soit le Donald soit l’un des leurs en 2024). Mais, après tout, histoire de squatter la Maison Blanche, Trump peut fort bien aussi réclamer, et obtenir un nouveau compte, manuel cette fois, des votes en Alaska. C’est déjà le cas en Géorgie mais cet État se fait fort d’y parvenir à temps pour le 20 novembre, et la désignation des grands électeurs. Mais Trump peut toujours tenter d’obtenir des recomptages partout et prolonger son bail. S’il parvient à faire converger des milliers de trumpistes le week-end prochain sur Washington (le District qui l’a le plus désavoué, avec seulement 5, 27 § des votes pour lui et 92,41 % pour Biden), il ne se sentira plus tenu de quitter le bureau ovale. Surtout si des heurts violents lui donnent l’occasion de se poser en garant de la loi et de l’ordre.

Mais même s’il doit concéder au final sa défaite, rien n’est joué vraiment pour Biden. Tout dépendra du Sénat où, même si la vice-présidente Harris obtient une voix prépondérante (elle compte double si le Sénat compte cinquante sénateurs de chaque bord), Biden peut se retrouver incapable de former un gouvernement. Le Sénat doit approuver les nominations (comme il l’a fait pour la juge Barrett). D’où le pronostic du site Politico. Ni Bernie Sanders, ni Elizabeth Warren, ne rejoindront l’administration Biden, car ils représentent l’aile gauche du parti démocrate et que Biden ne veut pas prendre le risque de les voir blackbouler par un Sénat trumpiste et des démocrates centristes.

Les démocrates pensent aussi à leurs réélections et il ne leur pas échapper que Biden doit aussi sa victoire à un électorat chrétien ultra-conservateur que Trump croyait acquis mais qui a fait en partie défection.

Trump et les élus trumpistes (faute de pouvoir s’appuyer sur un parti républicain révolu), peuvent donc continuer de tout tenter pour discréditer Biden et les démocrates, jouer la montre au-delà du décent, faire chauffer la base de la Trumpland (visitez vraiment le site OAN, One America News Network pour comprendre ce qui est à l’œuvre).

Biden a certes emporté beaucoup plus de voix que Trump, ce que, faute de pouvoir contrôler le Sénat, ne lui confère que le pouvoir d’inaugurer les chrysanthèmes (selon le mot de de Gaulle). Toute la campagne trumpiste en Géorgie consiste à faire barrage au « communisme » et à l’ultragauche incendiaire, fomenteuse d’émeutes et de pillages.

Le britannique The Independent a passé en revue ce que l’administration Trump (entendez non pas le gouvernement mais les seuls cabinets et agences ou groupes de réflexion) pouvait tenter de faire avec ou sans l’accord du Sénat. Simple, sans accord sénatorial, Biden peut, sans majorité sénatoriale, parler aux journalistes, lancer des campagnes de presse sur la nécessité de porter des masques et de se distancier, ou mettre fin au chantier du mur frontalier, rejoindre l’accord de Paris sur le climat sans les moyens de prendre les mesures préconisées, bref, il peut créer ses machins-bidules, des commissions, mais ne peut rien financer.

Cde qu’il subsiste du GOP révolu (l’ex-parti républicain) peut bien s’égosiller et dire que l’électorat a voté pour lui et non pour Trump, cela reste une prière inexaucée. Restent la formation Save America de Trump et des trumpistes ayant été élus (dont deux femmes proches de la secte QAnon) et qui financera les devenus indépendants de fait alors que Trump pompe les dons via un appel à le financer, lui, au prétexte de couvrir ses frais d’avocats.

On pense ce qu’on veut des sondages, mais celui de YouGov semble significatif, il n’y a que 65% des Étasuniens (dont 92% de démocrates et 62 % d’indépendants) à penser que Biden pourra prêter serment et devenir président. Chez celles et ceux se déclarant républicains, 46 % pensent que Trump prêtera serment et seulement 27 % croient que Biden sera président. Plus étonnant, 13 % du total estime que « quelque chose d’autre » se produira (quoi ? Pas de serment, un coup d’État ? une nouvelle élection ?), et le nombre restant dans l’expectative, ne se prononçant pas est de 15 % (dont 23 % de « républicains » déclarés tels). En déduire qu’il ne reste que 27 % de républicains ancienne manière serait aller vite en besogne, mais non que près de la moitié de cet électorat a viré trumpiste d’abord. Right or wrong, My Trumpland.

L’actuelle Maison-Blanche bloque tout contact avec l’équipe Biden, et le ministère des Affaires étrangères conserve sous le coude des courriers lui étant destinée. Mais l’important, pour Trump, c’est de se réjouir que l’audimat de FoxNews ait chuté depuis que la chaîne eut annoncé la victoire de Biden. Depuis, la Trumpland se reporte sur les chaînes Newsmax et Oann qui répercutent mieux ses « bonnes paroles ». Un aperçu de ce que soutient à présent Oann : les démocrates ont truqué l’élection, la question est de savoir s’ils l’ont fait seuls « ou avec l’aide de puissances étrangères ? ». Tel que.

Comme nombre de sondés de l’institut YouGov, on en viendrait à se demander ce qui pourrait se produire aux États-Unis ces prochaines semaines et même lors du jour prévu pour la passation de serment.

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