mercredi 18 décembre 2019

Donald Trump peut écrire jusqu’à six pages !

Le Donald bêle son innocence et démonise Pelosi

Stupéfiant ! Serait-ce l’effet de sa lotion capillaire ou de son fond de teint ? Donald Trump, apparemment sous influence, a pu écrire six (6) pages (simple interligne) à la démocrate Nancy Pelosi pour l’agonir. L’équivalent de plus d’un millier de tweets.
On reste sans voix. Dans une lettre du 17 décembre 2019, adressée à Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la chambre basse des États-Unis d’Amérique, le président Donald Trump s’explique sur ses relations avec le président ukrainien Zelensky.
Il explique lui avoir dit : fais-nous plaisir, parce que notre pays en a vu des vertes et des pas mûres et l’Ukraine en sait long… « J’ai dit fais-nous plaisir, pas à moi, et notre pays. ». Nan. Si ? Quand il ne tweete pas, le Donald sait utiliser le souligné. Ctrl+U (underline). Ou  le mulot ?
On le disait dérangé du cerveau. Que nenni !
Inculte. Jamais de la vie !
Le voici évoquant les Pères Fondateurs dont il se réclame. Les Americans of faith. Ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur qui bénit l’Amérique (In God we trust, God bless America). Six pages de cette eau, l’eussiez-vous cru (des Sonoma ou Napa, car cela pétille, plus qu'un sparkler d'une maison champenoise) ?
Tout membre du Congrès qui voterait pour sa mise en examen serait démoniaque, foulerait aux pieds la volonté du peuple souverain, et la Constitution. Et quand vous dites, Nancy Pelosi, que « vous priez pour le Président », ce sont des incantations sataniques que vous proférez (il faut savoir que Pelosi est une catholique, et si ce n’est pas suggéré, il faut comprendre que les messes noires… suivez son regard).
D’accord, je ne traduis pas, j’adapte. Mais ne m’éloigne guère de la version originale.
Le mettre en accusation, cela reviendrait à porter sa croix — celle de Pelosi bourrelée de remords — jusqu’au sommet du Golgotha et son trépas. Mais tout le monde a reconnu, qui est qui, l’agneau et la louve. « Pas une seule personne intelligente n’accorde foi à ce que vous dites », car, cela tombe sous le sens, clair comme l’eau de roche, tout ce qu’elle raconte, la Pelosi, c’est que des menteries.
Ensuite, viennent les anathèmes, contre James Comey, Adam Schiff, Rashida Tlaib, et consorts, dont Joe Biden, qui se sont conduits comme n’ont pas osé le faire les procureurs des sorcières de Salem.
En plus, on s’en est pris à la famille du président des États-Unis. Aux êtres chers, « merveilleux et affectueux ». Comment fut-ce donc possible ? Cela dépasse l’imagination !
Mais tout cela se paiera lors des prochaines élections !
Ah-ha, vous avez cru pouvoir manipuler les médias avec le Trump Derangement Syndrome ? La preuve que je ne suis pas un foldingue, un cinglé, un zinzin : lisez attentivement ces six pages.
Allez, il faut que cela s’arrête : retournez bosser, les démocrates, pour le peuple américain. Mais je pisse dans un violon, j’en suis pleinement conscient, vous ne le ferez jamais, c’est pour la postérité que je vous écris. « Dans cent ans, quand les gens se remémoreront cette affaire, je veux qu’ils la comprennent, et en tirent des leçons, pour que cela ne puisse plus jamais arriver à un autre Président ».
C’est grand, c’est généreux, cette conclusion.
Et puis, quand même, le Donald Trump accorde des circonstances atténuantes : le parti démocrate et Pelosi sont les otages des allumés ultragauchistes. Aveuglés qu’ils furent par le complot fomenté contre le Président par le FBI dont la tête était pourrie, corrompue, et qui a tout truqué. Mensonge abject. « J’ai été bien plus dur avec la Russie que le Président Obama n’aurait jamais imaginé qu’il puisse l’être. ». Il y a aussi une référence à Hillary Clinton ayant rétribué « un espion de l’étranger » pour salir la blanche colombe qu’est le Donald.
En d’autres termes : tout ce montage abracadabrantesque a fait Pschitt ! Tel que.
Et 45 millions de dollars ont été dilapidés pour le faire injustement accuser. Remboursez, remboursez !
Comment peut-on s’en prendre ainsi à celui qui a réalisé des miracles, qui a fait tuer al-Baghdadi, dénoncé le coûteux et inéquitable accord de Paris, transféré l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, fait ériger le mur de la frontière sud (j’en passe, cela couvre vingt lignes).
On pourrait croire qu’il s’agit d’un faux document, d’un pastiche… Mais les rares coquilles (genre motherl***r et non mother*****r) laissent penser que soit le Donald a saisi lui-même, soit a su dicter le texte (et dire qu’on ne l’en pensait plus capable… cinglant démenti).
Donald Trump, Mississipi de la Pensée, Phare lumineux des États-Unis, Guide Suprême et Grandissime Timonier, Génie des Appalaches, Étoile polaire dont les branches scintillent dans la nuit, Firmament des lendemains radieux, est là à son meilleur.
Jupiter a brandi ses foudres.
Comment voulez-vous qu’après cela, le Sénat ne balaye pas toutes ces accusations fallacieuses d’un prompt revers de main…
En fait, il suffirait que quatre sénateurs républicains (n'envisageant pas de se représenter ou ayant une dent contre le Donald) fassent défaut, et Trump pourrait se retrouver nixoniqué (s'il choisissait de démissionner plutôt que de se voir révoqué). Tocqueville, reviens, ils sont devenus zinzins !
Mais, selon le Washington Post, cela a fort peu de chances d'advenir. Commentant la lettre (« un président à ce point dérangé qu'il peut envoyer une telle harangue ; une Maison-Blanche totalement incapable de l'arrêter ; un parti à ce point servile que cela n'entraîne même pas la recherche d'un nouveau candidat... »), le quotidien constate l'apathie du GOP (Grand Old Party, les républicains).
En fait, Trump bénéficie d'un regain de popularité.
43 % d'opinions favorables (contre 52 de négatives). Contre 38 % fin octobre (soit +5 points). Et 92 % de l'électorat républicain l'approuve. De quoi effectivement renoncer à l'affronter lors de primaires (quelques candidats républicains se sont déclarés, mais il leur sera dénié l'organisation de ces primaires). Trump fut minoritaire en voix contre Hillary Clinton... Mais il pourrait être encore plus triomphalement reconduit. Tout comme les conservateurs britanniques, dont l'écart en nombre de voix face à leurs adversaires fut faible, ont obtenu une très confortable majorité. Celui ou celle arrivant en tête dans un État ou une circonscription emporte tout.
En novembre prochain, il pourrait être réélu si, d'ici là, sa santé mentale ne se détériore pas. Mais pour le moment, il pourrait trépigner ou s'arracher ses vêtements publiquement, sans que cela lui nuise, car ses partisans l'applaudiraient.

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