Un papier de « Georges Omer » pas si anodin
Au départ, je glisse dessus… Allez, encore un « article
de genre » (à présent, à divers sens du terme, mais padamalgam, éviter l’anachronisme) de Vailland. Court… Furtif,
même. Pas tout à fait anodin, mais… Et puis, la curiosité… Et si cette « grande dame anglaise » fut Nancy
Cunard ?
Deux quasi-stéréotypes d’époque imbriqués : le
rastaquouère, et la riche anglaise.
Aussi elle-même interlope (équivoque, voire de nationalités
et cultures entrecroisées, cosmopolite au sens que le communisme pudibond
stigmatisait, si j’étends un sens dérivé au-delà des trois-quatre de divers
dictionnaires) que son, ses amants. Et puis, François Buot risque l’hypothèse
que celle qu’esquisse Vailland serait Nancy Cunard. Une éditrice qui me fait
songer, en un autre domaine, au mouvement Arts & Crafts (chacun ses dadas) ;
me remémore la librairie Shakespeare & Company (celle de Whitman où mon
pote, le révérend Billy Hults, washbord
player extraordinaire, obtenait le gîte à Paris – Cannon Beach ; The Upper Left Edge ; et la
congrégation du Buddha réincarné en last cowboy, &c. – bon, plus fiscaliste
que théiste, Billy, mais c’est une autre histoire…), &c. Du coup, et
« en même temps », je relis Vailland/Omer, et me dis, comme Daniel
Schneidermann, mais en total décalé, non pas « j’aurais pu l’écrire aussi », mais qu’est-ce que j’aurais aimé
aussi bien la, les décrire.
C’est qu’après
le journalisme débridé, il a bien fallu me convertir au coincé. Là, je reviens
de la soutenance de thèse d’Annette Gardet sur la Comédie de Reims. Et tout à
trac, Denis Guénoun nous raconte que, de mémoire (la mienne), Touchard ou un
ponte du ministère le nomme à Reims parce qu’il l’estimait plus
« ficelle » (singulier, pluriel ? Tiens, j’aurais dû lui faire
préciser comment il l’avait entendu) que son plus renommé concurrent d’alors.
Belle expression, qui s’applique à merveille à Vailland journaliste. Qui sait
en rallonger certaines, en raccourcir d’autres, jongle, fait sauter son
diabolo, avec une économie de gestes (ici, mots, phrases, signes, lignes…), conciliant
ce qu’attend Lazareff et le lectorat, et ce qu’il a envie de transmettre.
Vailland et
Nancy se poivraient tant le gosier que le nez (ou les veines) à cette époque.
La grande dame anglaise, c’est elle, mais aussi tant d’autres. Ils
fréquentaient nombre de lieux où ils se croisent, côtoient. Peut-être pas au
Rendez-vous des mariniers (j’ai traqué Vailland quai d’Anjou, en vain, mais qui
sait…) ; la différence d’âge ne le retient pas mais… Elle préfère de plus
durs, plus tatoués. Non, je m’égare, j’extrapole. Aucune idée s’il prit un
râteau. Ou non.
Qu’importe.
Mais c’est beaucoup plus drôle de l’imaginer soit snobé, soit réalisant que
s’il s’accrochait, il allait mentalement dérouiller, et se préservant. Bien
sûr, pas davantage que Régine Deforges mélangeant les années, les personnages,
étirant ou rétrécissant l’espace-temps, il ne faut laisser brider l’imaginaire
par la chronologie, la géographie, mais n’embrayez pas là-dessus…
Fausse piste, a priori. Mais toutes les impasses et
culs-de-sac doivent être suivis jusqu’aux murs, quitte à réaliser qu’aucune
balise, aucune fiente ou tracée, ne vous met sur la voie de la vraie. Et ce fut
farce de s’égarer sans pouvoir traquer efficacement « la grande dame anglaise », en beagle heureux de baguenauder. D’où
le retour au plausible : portrait composite. Comme fut sans doute
quadruple la vulve d’Irène (Aragon). Tiens, cela m’entraîne vers les mises en
jambes d’Éric Poindron (pour ateliers d’écriture), Denis Guénoun et Mai, Juin, Juillet (euh, non, gourance,
ce doit être Le Banquet de Platon, et
ce n’est pas la faute à Voltaire, ni à Rousseau, mais à Henriot, Nicolas-Simon,
de la maison de C/c-hampagne, non Georges ou Philippe, autres Rémois – dont les
cols furent sablés ; celui de Philippe « sulfaté ») et La Foire aux cochons (album BD de
Ptiluc).
Et une
quarantaine de lignes de Vailland/Omer vous vaut cette logorrhée ? Eh
bien, chapeau l’artiste. Imagines-tu, jeune, mûr, chevronné plumitif, que ce
qui n’est guère davantage qu’un billet de toi te vaille cette postérité ?
Va voir ce fichier PDF, « Roger
Vailland et la colonie “britannique” de Paris », et imagines, poursuis…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire