jeudi 18 février 2021

Mélenchon contre Ayaan Hirsi Ali

 Le choix de Mélenchon, l’islamisme électoral

Ce n’est pas Macron et Vidal que Jean-Luc Mélenchon accuse, c’est Ayaan Hirsi Ali et toutes les musulmanes ou musulmans apostats. Par calcul électoral ?


C’est un illusionniste illusionné, le Méluche… Je n’ai rien de personnel contre lui et je ne catalogue pas toute la France Insoumise mélanchonniste (quoi qu’il puisse en penser). Par ailleurs, l’appellation « islamo-gauchiste » me défrise. Cela reste pour moi un phénomène somme toute marginal, et les conversions des gauchistes (en particulier féministes) à l’islam ne me semblent pas gonfler et repousser les murs des mosquées. Mais bon, il faut prendre un tribun-bateleur pour ce qu’il est.

Il n’y a aucune « honte » à suggérer au CNRS de tirer au clair la réalité ou la non-existence d’un islamo-gauchiste (souvenons-nous de l'ultra-gauche de Coupat). Il y a sans doute une volonté de conforter En Marche face à une droite encore plus droitière, pré-trumpiste en quelque sorte.

Mais je ne vois pas la ministre de l’Enseignement supérieur, qui ne suscite chez moi ni antipathie ni sympathie (nous ne nous connaissons pas), s’imaginer instrumenter, au-delà du CNRS, la communauté (disparate, voire clivée) universitaire. Cette communauté n’est ni toute à droite, ni toute à gauche. Elle compte aussi des réacs indurés. Luc Ferry en reste.

Mais en fait, qui incarne « une police politique de la pensée » si ce n’est le Méluche ? Qui ne met guère « un point d’honneur à l’ouverture, à l’attention critique », selon ses termes, si ce n’est lui ?

Qu’il soit bien clair que je ne prêche pas pour une formation politique ou une autre, j’ai la mienne en propre, étant maréchal-præsident du Prout (Parti de rien, revenu de tout). Lequel, faute de programme, et fort d’une troupe en nombre inférieur à celle de Dupont-Gnangnan, ne la ramène pas. Pour vivre politiquement heureux, vivons oubliés.

Ce n’est donc pas ès qualités de Phare de la pensée ou de Sri Aurobindo de l’astrologie bretonne (que je crée de toutes pièces à moments perdus pour me, vous faire sourire), que je poursuis ce propos.

Mais peut-être, et même assurément, parce que mes amis ou connaissances issus de cultures musulmanes diverses, et mêmes variées et contrastées, en ont leur claque de voir, entendre, et subir (pas trop, elles et ils savent faire face, et la victimisation, bof…).

Alors, indirectement, le Méluche, à qui s’en prendrait-il ? À toutes celles et ceux qui considèrent que l’islam est une religion interprétée par des gens qui veulent imposer à d’autres leur police de la pensée. Si ce n’était que cela. Mais aussi la police des comportements.

Il n’est pas seul. Il y a aussi le New York Times, pour qui Ayaan Hirsi Ali est l’une des rares femme au monde à être à ce point haïe. Elle est d’origine somalienne, fut menacée de mort, et son livre Prey: Immigration, Islam and the Erosion of Women’s Rights, lui vaut encore davantage la vindicte de la bien-pensance. Dont je fais partie puisque je ne veux pas stigmatiser toutes et tous les immigrants, indépendamment de leur provenance. Elle non plus d’ailleurs.

Vous croyez vraiment que le Méluche ne s’en prend qu’au gouvernement ? Non, il s’en attaque aussi à quiconque pense qu’un islam rigoriste, qu’il soit à visées politiques ou non, est profondément pernicieux. Il conforte, et le sait fort bien, toutes celles et ceux qui veulent nous empêcher de penser autrement que ce que leur dictent leurs bondieuseries interprétées dans le sens qui leur convient.

Perpétuateurs (et perpétuatrices) de crimes « d’honneur » vous voila confortés. Vous avez trouvé votre chantre, ne l’oubliez pas au moment d’aller aux urnes.

Là, il se goure totalement, encourageant la surenchère, il trouvera plus islamo-radical que lui-même. Je n’irais pas jusqu’à soutenir qu’il voue les gens de culture musulmane dissidents de l’islam dans les bras du Front national (devenu RN), mais je ne suis pas loin de le penser. Où va-t-il ? Jusqu’à « plus vite cette femme [Ayaan Hirsi Ali] sera exécutée » ? J’en viens à me le demander.

Il n’y a pas que Trump à avoir fait voter près de 74 millions d’Étasuniens pour lui. Il y a eu aussi les Mélenchons locaux. Celles et ceux qui demandent la tête d’une Ayaan Hirsi Ali parce que d’origine somalienne et traîtresse à la cause d’un emporwerment qui les froisse. D’accord, je débloque un peu (le couvre-feu pèse), mais, avec Ayan Hirsi Ali, je crois que que conforter la « politique de l’identité », bon, la bretonne mise à part, hein !,  la cancel cuture, ou woke,  et les « identités de groupe », feront au final le jeu du trumpisme que je vois gagner la France et l’Europe. J’ai aussi, heureusement, d’autres chiens à fouetter (je ne fouette aucun chien, faut-il le préciser ? De nos jours…), et je ne vais pas vous bassiner avec mes craintes et appréhensions. Mais quand je lis le Méluche, je me dis qu’il est temps que je passe l’arme à gauche (pas à droite, comme Mélenchon).

mardi 16 février 2021

Trahir Trump, c’est trahir le Bon Dieu

Parole de Trump, parole de l’Esprit saint

Pratiquement toute la famille de l’élu républicain Adam Kinzinger (Illinois) le compare à Caïn et à un démon pour avoir voté contre Donald Trump.


Le New York Times a publié une bien étrange lettre, provenant d’une douzaine de cousins et e parents éloignés d’un membre de la chambre basse étasunienne, Adam Kinzinger. C’est un peu comme s’il était musulman et était devenu apostat. L’opprobre est total, il a osé critiquer Donald Trump.

« Tu agis contre tes principes chrétiens et rejoins l’armée du diable », rien que cela. Il faut comprendre, à défaut d’approuver, ces All American Citizens. Ils n’osent plus apparaître en public dans les comtés ruraux où ils demeurent. L’un des leurs, un parent, a trahi le Donald.

Cet élu républicain a perdu le respect des siens et de toute la bande des animateurs et bateleurs ultra-conservateurs de Fox News et d’autres médias. Il a sali le nom des Kinzinger. Tel quel. C’est un Rino. Impardonnable.

Il est donc vendu aux démocrates, donc aux socialo-communistes athées et pro-avortement. Il a déçu le Très Haut, car Trump, lui, est un bon chrétien. Il y en a deux pages comme cela.

Comme sur gab.com (réseau où les citations bibliques abondent) les rappels à la supposée divine parole ponctuent les affirmations. Pas d’émoticons, mais des exclamatifs en pagaille et des soulignements.

Il faut dire que la brebis galeuse est allée fort loin. Non seulement Trump, mais sa prêtresse, Marjorie Taylor Greene, ont eu droit à ses remontrances.

Ses parents sont donc profondément écœurés et indiquent qu’ils n’en resteront pas là. Il faut qu’il démissionne.

The Independent ayant publié l’original manuscrit (communiqué par le destinataire). On y apprend ce que les médias impies ont censuré. Trump, dans son adresse de Noël, avait indiqué le chemin du salut, et indiqué la manière de se repentir afin de renaître dans le Christ. Bien évidemment, le post scriptum précise que Trump est leur président des États-Unis (sous-entendu le seul véritable).

À ce train, post mortem, la famille Trump ferait bien de vendre des reliques (un vrai lambeau de son caleçon rapportera gros ; alors, pensez une phalange, un ongle du gros orteil ! Payables en bitcoins si possible…).

Cela pourrait faire sourire si d’autres élus républicains ne s’empressaient pas de louanger Trump et de minimiser l’assaut contre le Capitole. Ou encore si Kinzinger n’était qu’un cas isolé. Tous les élus républicains s’étant opposés à Trump sont au ban du parti dans leurs États respectifs (à l’exception de Romney dans l’Utah).

Ils sont sacrilèges, ces Rinos.

Trump a fait une sortie en voiture à proximité de Mar-a-Lago et visiblement, un petit rassemblement de trumpistes avait été prévu afin de diffuser une vidéo sur YouTube. Par ailleurs l’ancien président a fait savoir aux élus républicains qu’ils devaient se désolidariser de Mitch McConnell, devenu ringard et mollasson, rapporte The Hill. On se demandait combien de jours il attendrait pour s’en prendre à son ex-plus fidèle allié ayant osé le critiquer. Cela n’a pas trop tardé.

lundi 15 février 2021

Procès Trump : loto absolution républicaine

 Pas trop de tirage dans les rangs du GOP

On en attendait six, mais ils furent bientôt sept en arrivant au vote. Sept sénatrices ou sénateurs étasuniens ont donc estimé Donald Trump « un peu trop quand même ». Et encore, en prenant des gants.


Depuis 1932, le parti républicain n’a pas connu une seule si mauvaise passe électorale. Mais sans Trump, ce pourrait être pire. Et surtout, la dissidence va se payer. Au total, dans les deux chambres, le parti compte en tout 17 traîtres qui vont devoir affronter l’électorat trumpiste. Les tièdes ne seront sans doute pas épargnés.

Trump ne pavoise pas tout à fait car il n’a pas embauché assez d’historiens pour établir que sa non-réélection fut frauduleuse et que les démocrates ont organisé l’assaut contre le Capitole. Patience, ses séides républicains vont s’en charger. Il a simplement promis qu’on entendrait parler de lui et des siens. C’est d’ailleurs en bonne voie et les médias trumpistes ne se privent pas de donner le ton.

Il n’y a guère que les trumpistes dindons de la farce, poursuivis par le FBI à se poser quelques questions, furent-ils victimes de leur seul patriotisme ? Puisque Trump dit que ses avocats et les élus l’ayant acquitté ont « rétabli la vérité’ », il n’y a pourtant plus de doute à subsister, c’est l’absolution générale. Mais il faudra bien un jour faire le ménage et châtier les organisateurs et suiveurs de la « chasse aux sorcières » que le seul président légitime a dû endurer. Car tout ne fait que commencer.

Sur les sept ayant voté contre Tump, il n’y a que la sénatrice de l’Alaska qui compte se représenter. La base l’incite déjà à renoncer à prolonger la suite de son actuel mandat. Ben Sasse (Nebraska) a évoqué le « tribalisme » de son parti.

Certes le souvenir de Trump finira par s’estomper. Mais Mar-a-Lago n’est pas Sainte-Hélène, et ce n’est pas de sitôt que le parti républicain se retrouvera dans la position des partis bonapartistes (de France, et des Pays-Bas où subsiste une Ligue bonapartiste).

Le sénateur Bill Cassidy, l’un des sept républicains à s’être prononcé contre Trump, a déclaré vouloir croire que si le vote s’était effectué à bulletins secrets, d’autres républicains auraient volté comme lui. En fait, à de rarissimes exceptions près, les élus républicains, ont tous soutenu Trump, et constaté comment les moindres critiques de l’intérieur de son administration se faisaient révoquer. Voter la culpabilité à bulletin secret exposait à ce que plus trumpistes qu’elles et eux-mêmes les suspectent et les poursuivent de leur vindicte. Avec Trump, on n’est jamais assez trumpiste. Il faut en rajouter constamment.

C’est ce qu’à bien compris Marjorie Taylor Greene qui a déposé une motion visant à la mise en accusation de Joe Biden. D’autres surenchériront. Lindsay Graham s’est empressé de suggérer la mise en accusation de la vice-présidente Kamala Harris. Il se rendra bientôt à Mar-a-Lago se faire adouber, et même les plus réticents (face à la personnalité de Trump) lui emboîteront le pas. Pour ne pas se faire aligner par les fils Trump ou voir leurs résidences vandalisées.

jeudi 11 février 2021

Trump humilié, Trump relégué, mais Trump acquitté

 Les républicains moins fracturés qu’il y paraîtrait

Donald Trump, selon diverses indiscrétions, aurait été froissé par le manque d’audace des avocats qui le représentent devant le Sénat. Mais il reste impavide, et pour cause, il reste la référence électorale du parti républicain.


Aucun bookmaker n’a pris des paris sur l’acquittement ou la condamnation de Donald Trump par le Sénat étasunien. Et pour cause, les jeux semblent faits d’avance. La majorité des sénateurs républicains regardent d’un œil distrait les vidéos de l’accusation démocrate, au mieux gribouillent sans prendre de notes ou somnolent ostensiblement. S’ils sont une demi-douzaine à voter contre Trump, ce sera un maximum, selon toutes les prévisions (il faudrait qu’ils soient 17).

C’est d’autant plus significatif qu’il semble établi que l’ex-président avait été parfaitement mis au courant à l’avance qu’une partie de ses partisans préparaient activement un assaut du Capitole. Son équipe de communication, dirigée par Dan Scavino, surveillait activement les réseaux sociaux (dont Reddit, 4 chan et 8kun) depuis des semaines et des mois avant le 6 janvier. Les principaux organisateurs de la convergence vers Washington ont été lourdement financés par le comité de campagne de Trump, via Made Media Consultants LLC et des sociétés écran. Certains de ces organisateurs, dont Alan Hostetter, avaient appelé à l’exécution des traitres et des communistes (démocrates et républicains opposés à Trump).

Certes, une centaine d’éminents républicains, dont beaucoup de retraités des précédentes présidences républicaines, ont organisé une visioconférence pour décider de la formation d’une tendance conservatrice plus traditionnelle au sein du GOP. Voire d’une scission : mais pour créer un troisième parti, il faut des sous, et les donateurs potentiels douteront très fort de la viabilité d’une formation indépendante.

Qu’à cela ne tienne, Fox News et les autres médias plus ou moins nettement pro-Trump ne mettent en avant que les arguments lui étant favorables. Mieux encore, le sénateur Lindsay Graham tente d’insinuer que les démocrates étaient tout aussi au fait des risques d’assaut du Capitole et n’auraient rien fait pour les prévenir. C’est tout juste si la fiction d’une infiltraton d’antifas dans les rangs des fanas de Trump n’est pas remise au goût du jour, alors que, parmi les victimes ou les arrêtés, il ne s’en trouve pas. Mais l’exemplication est simple, c’est tout bonnement que le FBI se refuse à en trouver.

Donald Trump Jr, le fils aîné, laisse entendre que les assaillants étaient surtout des dérangés, aux motivations très diverses. Alors que les démocrates ont encouragé le mouvement BLM (Black Lives Matter) qui a généré beaucoup plus de dégâts.
Le New York Post, qui avait pourtant pris position contre les allégations de fraude électorale de Trump, considère que le débat au Sénat n’intéresse pas son lectorat et titre “Born tu Rum” (Bruce Springsteen ayant conduit alcoolisé).

La plupart des têtes de pont de la marrche du 6 janvier ont indiqué avoir été en liaison étroite avec des élus républicains, ces derniers, nommés, s’abstiennent de commenter ou dénonçent des débordements imprévisibles.

En fait, même si Trump avouait publiquement qu’il a menti (enfin, non, qu’il plaisantait) en faisant état de fraudes électorales que cela ne changerait sans doute pas grand’chose. Il aurait possiblement été abusé par ses opposants infiltrés dans ses propres rangs (si ce n’étaient des démocrates se faisant passer pour des trumpistes). Comme c’est idiot : il en a grâcié quelques-uns par inadvertance.

Cette éventualité est farfelue, bien sûr, mais même si Trump perdait progressivement de sa superbe, il restera peu désavoué par ses électeurs. C’est Trump un jour, Trump toujours pour la majorité des trumpistes (hors ceux qui seront sans doute traînés en justice et n’ont pas été grâciés, et encore...).

Le mouvement Maga soutient désormais que le policier mort peu après le 6 janvier n’aurait jamais été blessé par les assailllants et qu’il s’agit d’une accusation infondée de la presse mal-pensante (entendez non pro-Trump). Les plus flagrantes outrances de la Woke Culture alimentant les craintes des trumpistes qui se sentent assiégés et véritablement en état de légitime défence (non pas face au covid, mais du fait des restrictions), leur fourniront toujours assez d’arguments pour estimer qu’ils incarnent le bien, la religion, le patriotisme, les valeurs fondamentales (à leurs yeux) des États-Unis d’Amérique. God Save Trump’s America. Steve Bannon a beau rester en délicatesse avec la justice (en divers États, notamment en Floride où son associé Andrew Badolato s’est fait pincer par le FBI), sa carrière n’est pas en danger. Trump peut jouer au golf peinard.

lundi 1 février 2021

L’avenir de la famille française…

 Rien que pour embêter les parents

Juste histoire de me procurer quelques éphémères secondes de notoriété (sans commentaires incendiaires pas de visibilité), je partage cette capture d’écran d’une famille étasunienne idéale. C’est l’idéal de la famille française traditionnelle, celle de Frigide Barjeot et consorts. Oui, mais, les lendemains sont incertains.


Voici un bon moment que je m’étonne que la saga de la famille d’Olivier Duhamel ne remette pas au goût du jour celle de la famille de Villiers. Je me m’étends pas, vous saurez retrouver. Laurent et Guillaume de Villiers auraient quelques différends. Comme quoi, avec un nom connu, on fait parler de soi.

Le mien étant totalement inintéressant pour toute maison d’édition, je vais répandre mon fiel et ma bile tout à fait gratuitement. En vain, j’espère, car je n’ai nulle envie de vous gaver avec mes tribulations nombreuses, variées, cocasses, ridicules (et autres), et parfois même tarazimboumantes. Et puis, je suis aussi #metoo-blasblasblas comme une ou un autre (au pluriel, le blablabla, mais un trauma chassant l'autre, on ne se focalise plus). Au train où vont les choses, la littérature française n'évoquera plus que les curistes confis d'ennui se ressassant leurs bobos pour tuer le temps. Ce n'est pas que je dénie toute qualité à la littérature du nombril. J'ai beaucoup de respect pour les auteurs de Poil de carotte et d'autres récits (et j'éprouvais même de l'affection pour feu celui d'Allons-enfants). Aucune animosité ne m'anime.

N’empêche que lorsque j’ai visualisé cette photo de famille sur gab.com (repère de trumpistes, de culs-bénits, et autres que vous saurez qualifier si vous allez consulter les publications de ce site), m’est venue une étrange prémonition.

Trois fillettes armées, dont j’espère qu’elles ne vont pas s’entretuer, par inadvertance, ou quelconque autre raison. J’exagère bien sûr, mais je vois, dans quelques années, deux lesbiennes (grand bien leur fasse si tel est leur bon plaisir) et une transgenre. Rien que pour embêter leurs parents.

Enfin, au moins pour un temps. Un ami qui enseigna en école d’art à l’est de Paris me remarquait qu’en première année, l’homosexualité était tendance, ne serait-ce que pour se démarquer. Depuis, j’ai constaté qu’à l’ouest, il en était de même. Cela dure... un certain temps. Le temps de faire en sorte que défriser les certitudes des parents leur fasse accélérer le blanchiment de leurs cheveux. D'accord, c'est plus complexe, et je m'en voudrais de faire de deux-trois cas dont j'ai pu avoir connaissance des généralités. Il se peut fort bien d'ailleurs que ces trois fillettes s'accommoderont convenablement des valeurs (ou préjugés) de leurs parents et vivront des existences heureuses, sans grands tourments. Grand bien leur fasse. Il ne s'agit visiblement pas d'enfants-soldats, ma tête reste sur mes épaules en un seul morceau. Les « libéraux » étasuniens en ont vu et entendu d'autres.

Attention, je ne soutiens pas que les orientations charnelles ou autres des jeunes gens d’à présent, ne soient que prétences: tout dépend des individus. Elles et ils furent précédé·e·s d’autres se sentant peu mâles ou femelles, ou je ne sais quoi qui les regardaient : qui sommes-nous pour décréter ce qui convient à d’autres ? Du moment qu'il s'agit de véritables choix, non imposés, réfléchis en conscience indépendante, et ne portant pas à contraindre les autres à s'y conformer s'ils ont des vues différentes.

Mais enfin, parent moi-même (j’étais trop peu conscient de léguer une planète aussi fragilisée), je me conforte dans l’idée de n’avoir donné comme exemple à ma progéniture qu’un certain désir de probité non haineux. Ni trop pétri de certitudes à leur imposer.

Je cause, je cause, et ce n’est que bavardage. Je n’éprouve aucune sorte de détestation pour ce couple de parents fier que leur descendance partage leurs valeurs ou convictions. Je ne peux m’empêcher de penser aux Dupont de Ligonnès. Je sais, c’est petit. Tendancieux. Outrancier. Dénué de tout fondement. Impulsif, épidermique. Mais je n'en vais pas moins passer à autre chose. 

Je vous présente donc l’expression de ma sincère contrition : en ces temps de confinement et de couvre-feu, il advient de dérailler. Merci d’oublier.

N’empêche que je n’en crains point nonobstant de voir des photos de famille avec des enfants dépeçant du gibier aux tripes encore fumantes, si ce n’était des sœurs ou frères humains. J’exagère, si fait.

Pardonnez-moi de poser en Cassandre. Mais quand je vois l’acharnement subi par le jeune Yuriy  sur la dalle de Beaugrenelle, je ne peux m’empêcher de présager que les parents des tabasseurs finiront par diffuser des vidéos de leurs enfants faisant de même. Je consulte la presse britannique chaque jour. C’est Orange mécanique quotidiennement. Depuis fort longtemps. En gros : c’était à nos portes, c’est à présent intrinsèque, localiste, communal et bientôt banal. Et je ne sais plus où m’en abstraire.

dimanche 31 janvier 2021

Il y a déjà le feu aux lacs

 Le réchauffement lacustre s’intensifie

Pause café chez Diane, une voisine chasseresse de gaspi et de produits chimiques, ancienne apicultrice ultra-médiatisée, enfilant à présent des perles (au sens propre). La conversation tourne à l’évocation du documentaire 2050. Et là, dans l’aire du Temps (helvète), je vois qu’il y a déjà le feu aux lacs.


Diane (Jos, pour ne la point nommer), nous a fortement déconseillé de visionner 2050, documentaire diffusé sur W9. Trop de baquets de sinistrose en cascades. Il paraît qu’Alyssa Jos (pour ne pas… bis), a préféré s’extraire du canapé pour aller en boulotter d’autres (je galège), loin de l’écran.

Je sais que je ne vous apprends pas grand’ chose. Mais je ne m’en sens pas moins tenu tenu de faire chorus avec la chorale écolo ambiante. Un peu comme mentionner Alexeï Navalny est présumément efficace pour préserver sa survie. Là, il s’agit, loi de proximité géographique et temporelle (2050, c’est après-demain), d’alerter sur la stupidité. La nôtre, et non pas que celle des trumpistes vent debout contre les velléités de Biden de contrecarrer (légèrement) le réchauffement climatique. Ne vous y illusionnez pas : les trumpistes européens préfèrent se gaver encore le plus possible au détriment de notre, de votre survie.

Galimatias abscons ? Que nenni ! Voilà que Le Temps alerte sur « le coup de chaud mondial sur les lacs ». Cela semble en accès libre, je n’insiste pas, inutile de pomper Pacaline Minet, signataire de l’article qui se réfère à une étude de la revue Nature, “Lakes heatwaves under climate change”.

J’envisage d’aller vivre (si c’est encore possible) à proximité de divers plans d’eau(x) situés entre la route bleue et la D5, en Loire-Inférieure, dont l’Étang du Gros-Caillou et celui des Gâtineaux ou celui du Val Saint-Martin (bref, près de Pornic).

Je ne sais si vous vivez ou aller migrer près de lacs ou divers étangs. Mais j’ai l’impression que notre, votre survie, sont liés à celles des têtards, des crapauds et grenouilles, et autres amphibiens (ainsi que leurs prédateurs). Les préserver ne suffira sans doute pas à nous prémunir des moustiques, mais entre batraciens il faut choisir les siens.

Je lance donc un coassement solennel : n’attendons point le feu aux lacs pour réagir (comment ? Donnons les pleins pouvoirs à l’imagination !).

La peur n’est pas si mauvaise conseillère quand il est pris conscience des dangers. Pas seulement de ne plus pouvoir déguster des cuisses de grenouilles au beurre blanc (on peut les préférer au gros plant du pays nantais). Voyez ce qu’il subsiste du lac Baïkal et de la mer d’Aral.

J’imagine déjà le lac d’Enghien mis à profit par les promoteurs et ses futures tours d’habitation sous l’eau des inondations à venir, inéluctables. D’ac’ je pète un câble, mais si bientôt on ne pourra plus dire « il n’y a pas le feu au lac », les adages « il n’est pire aveugle que qui ne veut pas voir », ou « pire sourd, &c. », semblent toujours valides. Et un averti ne vaut pas mieux qu’un vaurien s’il se bouche les yeux et les oreilles.

Lamartine, reviens, ton lac, il a besoin de toi, tralala.

samedi 30 janvier 2021

La base de Trump s’élargirait

 Et cela vaut aussi pour ses soutiens

Donald Trump était bien la « poule aux oeufs d’or » de divers médias, dont Foxnews, qui s’emploient à entretenir la ferveur. Ce qui paralyse encore les élus républicains s’opposant timidement aux trumpistes.


Alors que la sortie du livre de GraigUnger, American Kompromat (voir précédent billet) détaille largement l’influence du Kremlin sur Trump, on aurait pu s’attendre à ce que les élus républicains s’interrogent sur le traitement du Mueller report par la Maison Blanche trumpiste. Que croyez-vous qu’il advint, ce fut le contraire qui survint. La procédure de mise en accusation de Trump au sujet des interférences de la Russie dans l’élection de 2016 doit rester un immonde complot démocrate sans le moindre fondement.

Une escouade d’élus du GOP ont dénoncé le laxisme de la peine judiciaire infligée à un ex-avocat du FBI, Kevin Clinesmith, qui avait contribué à orienter les soupçons de l’équipe Mueller sur collaborateur de Trump, Carter Page. Quimporte qu’il ait été établi que les services russes aient tenté de recruter Page, le mettre en cause n’était qu’un vil acharnement visant Trump.

Ce n’est qu’un détail, mais significatif. Tout comme il n’est guère anondin de constater que Steve Bannon ait laissé longuement déblatérer Rudy Guiliani sur la thèse du complot d’un mystérieux républicain Never-Trumper qui aurait recruté des antifas pour mener l’assaut contre le Capitole. Certes Bannon a fini par contredire Guiliani en exposant qu’il est facile d’accuser ainsi sans apporter la moindre preuve étayant ses dires. Mais en fait, Bannon sait bien que son objection n’a aucune valeur aux yeux des trumpistes : il s’agit d’entretenir le culte, de faire passer Trump pour une victime.

C’est certes de même anecdotique mais l’état-major républicain ne veut absolument pas désavouer Marjorie Taylor Greene, une représentante adepte de Qanon dont l’une des dernières facéties en date consista à accréditer l’idée que la défunte juge suprême Ruth Bader Ginsburg (proche des démocrates))avait été remplacée par une sosie des années durant...

La Trumpland commune veut entretenir le culte et dans les États, l’appareil républicain en rajoute. Ainsi, dans l’Ohio, il est question de faire du jour anniversaire de Trump une journée chômée d'hommage à l’ex-président. En Floride, il est préconisé de renommer la route 27 la Donald Trump Highway. Déjà, dans l’Iowa, un élu républicain, Dave Millage, a dû démissionner, car opposé à Trump. D’autres ont subi le même sort dans le Michigan et l’Arizona.

On pourrait multiplier les exemples. Foxnews se gargarise d’une enquête de Politico selon laquelle « les gens ne veulent rien entendre contre Trump ».

Donald Jr a estimé que le GOP est devenu The Trump Party. Contraint et forcé pour une minorité, enthousiaste pour la majorité.

Toute mise en cause de Trump ou des élus trumpistes est vu tel un acharnement haineux sans le moindre fondement.

La famille Trump veut clairement un parti républicain « à sa main » et ne tolérera aucune dissidence. Trump a placé déjà de très nombreux fidèles dans les divers États, et à défaut de faire total acte d’allégence (ce qui pourrait détourner l’électorat des banlieues), nul candidat ne se risquera à s’aliner la famille Trump. Laquelle est sans doute plus intéressée par collecter des dons que de remporter des sièges. La question est pour elle d’estimer si prendre le GOP en otage est plus rémunérateur que de lancer un parti des patriotes ou un autre.

Melania Trump s’est mise aussi de la partie, elle relance son programme Be Best, un projet éducatif, ce sera peut-être l’occasion de revoir Barron Trump, disparu du paysage médiatique depuis la mi-janvier.

Comme cela va, la seule façon pour le parti républicain de se débarrasser des Trump serait de se rallier massivement à Marjorie Taylor Greene, qui vient de clamer avoir le soutien total des Trump. Au moins, ce serait une clarification.

vendredi 29 janvier 2021

Trump sous influence du KGB de longue date

 American Kompromat, la suite du Mueller report

Sauf erreur, ni Le Monde, ni Le Figaro ne se sont empressés de faire état du livre de Craig Unger, American Kompromat, qui laisse entendre que le KGB cultivait Donald Trump depuis bien avant 1987.


Craig Hunger est un journaliste qui avait déjà écrit House of Trump, House of Putin et qui cette fois, sur la base de témoignages d’anciens agents du KGB (dont en particulier Yuri Shvets), mais aussi de la CIA et du FBI, affirme que Donald Trump fut astucieusement manipulé par le KGB. Jusqu’à quel point ? Il semble difficile de l’établir.

L’intérêt des services tchécoslovaques, rapidement partagé par le KGB, pour Donald remonterait au mariage de l’homme d’affaires avec Ivana Zelnicknova, en 1977. Il s’agit de la mère de Donald Jr., d’Ivanka et Eric Trump. Cela reste une activité de veille jusqu’à la visite de Trump et Ivana en Russie, en 1987.

Le Guardian, qui a pu joindre Yuri Shvets, ex-commandant du KGB ayant fait défection vers le milieu des années 1990, indique que c’est après ce séjour que Trump se serait mis en tête d’avoir un rôle politique.

Sa campagne électorale présidentielle fut financièrement soutenue par le Center for American Progress dont les dirigeants de l’époque entretenaient des contacts fréquents avec la Russie.

Si le Mueller report, chapeauté par le conseiller spécial Robert Mueller, a surtout mis en cause des responsables de la campagne électorale de l’ex-président, la preuve d’une collusion entre Donald Trump et la Russie n’a pu être établie. La Maison Blanche parvint à ce que l’intégralité de cette investigation ne puisse être examinée par le Congrès.

Si divers degrés de collusion ont pu être établis, ils n’ont pas été estimés suffisants pour entraîner des poursuites visant Trump lui-même.

Si, tout au long de sa présidence, Trump s’est gardé de critiquer Vladimir Poutine ou la Russie, il est hasardeux d’avancer que ses décisions à propos de l’Ukraine (des États baltes) ou de la Russie et de l’Otan aient été toutes influencées par le Kremlin.

Ce qui semble sûr, c’est que l’administration Trump a pris amplement le temps de faire le ménage à la Maison Blanche, en divers ministères, voire au Pentagone (où Trump nomma des fidèles).

Le livre de Craig Unger aborde aussi la relation toute particulière qui liait Donald Trump à Jeffrey Epstein qui se suicida en détention.

Par ailleurs, Vanity Fair s’étend sur le cas d’Anna Malova, une dauphine de Miss Russie 1993 qui sera, à partir de 1995, une fréquente invitée d’Espstein et de Trump, tant en Floride qu’à New York. Trump la placera dans le concours Miss Univers de 1998. Une autre jeune beauté, Anouska de Georgiou, retiendra les attentions et faveurs, tant d’Espstein que de Trump. Par la suite, Jean-Luc Brunel, proche d’Espstein aurait fourni les deux hommes en beautés russes, pour la plupart très jeunes. Trump Model Management (une agence de mannequins) fournissant des contrats en toute illégalité puisqu’il s’agissait d’étrangères et se chargeant de l’hébergement. Les jeunes femmes égayaient les soirées du Trump Plaza Hotel.

Les liens entre Epstein et Trump s’arrêtent en 2004, les deux se disputant l’acquisition de la Maison de l’Amitié à Palm Beach. Trump se financera auprès de la Deutsche Bank et doublera sa mise en revendant la demeure au milliardaire russe Dimitry Rybolovlev. Le livre de Graig Unger développe aussi ce type de relations qualifié « d’idylle fraternelle ».

En 2019, lorsqu’Epstein fut arrêté, Trump dira de lui qu’il le connaissait comme « tout le monde à Palm Beach » mais qu’ils ne s’étaient pas parlé « depuis 15 ans ».

Le Daily Mail a aussi fait état du livre qui indique qu’après la faillite des casinos Trump d’Atlantic City, il n’a pu se refaire une santé financière qu’en bénéficiant de fonds russes. Resterait à l’établir indubitablement.

La famille Trump n’a pas commenté ces dires, mais les trumpistes se sont empressés de les qualifier de « fausses nouvelles » en divers commentaires. Pour Oann, commentant les déclarations d’un fidèle de Trump, Corey Lewandowski, Trump serait sur le point d’opérer « un retour en politique majeur » en vue de placer des élus trumpistes à la Chambre des représentants. Oann veut croire que le Republican National Committee invitera Trump et d’autres candidats en vue de l’élection présidentielle de 2024. La perspective que Trump fonde un parti tiers, le parti des patriotes ou le Maga Party semble donc s’éloigner.

jeudi 28 janvier 2021

Covid : ne plus chanter qu’en japonais !

Du danger de chanter la rose de la lande


Dès que je vois un article sur la, le, les covids, je passe à autre chose. Mais là, tombant sur un titre du site de CBS, je n’ai pu m’empêcher. Chanter en japonais répand moins le virus que chanter en d’autres langues…

Röslein, Röslein, Röslein rot/Röslein auf der Heiden. J’aimais entonner cette rengaine, dans la langue de Goethe. Dans l’éventualité où je serais contaminé, je ne la chanterai plus qu’en japonais. Ou pas du tout, en attendant qu’on me communique sa version en japonais.

Car chanter en allemand projette des particules à 111 cm, tandis que si c’est en japonais, c’est quasiment deux fois moins (61 cm). Ce sont des ténors et des sopranos qui ont permis de l’établir. Et non, ce n’est pas en vue d’obtenir un prix Ig-Nobel que de très sérieux chercheurs nippons en sont venus à cette conclusion.

Cela étant, la question d’un biais chauvin peut être posée. Les chanteurs et cantatrices, les Caruso et Castafiore du Soleil levant ont interprété une chanson enfantine japonaise, L’Ode à la joie et la Traviata. Je ne sais si, la chanson japonaise, traduite en allemand et italien, génère ou non plus de particules qu’en version originale.

Toujours est-il que le guttural allemand diffuse 1 302 particules, le plus vocalique italien 1 166, et le plus mélodieux japonais 580 seulement.

Mais que font Macron et l’inepte gouvernement Castex ? Au lieu de songer à nous re-re-confiner (enfin, cela vaut pour Macron), que ne nous incitent-ils pas à l’apprentissage du japonais ?

Pensez donc, à Bruxelles, on échange encore en un sabir anglophone, un pidjin interlope, cela plus de 28 jours après le Brexit. À situation d’urgence, mesures d’urgence. Faisons du japonais l’unique langue officielle de l’Union européenne. Comme disait ma commère, c’est l’évidence même.

Je pressens néanmoins les objections des espérantistes. J’en tiens compte. On a bien transformé des chaînes d’usines diverses en vue de la production de masques et de gels. Pourquoi ne pas inciter Sanofi et l’Institut Pasteur à se muer en centres de recherches linguistiques ?

Mais à quoi pensent-ils donc, à l’Élysée et à Matignon ?

Attendent-ils que le professeur Raoult leur vante la pratique du japonais ou de tout autre idoine idiome ?

J’ai beau soutenir l’apprentissage du breton, je préconise à présent celui du japonais. Une langue inventive, qui fait de Macbeth un Château de l’araignée, et de Hamlet un Les salauds dorment en paix. King Lear devient Ran (chaos), et Le Comte de Monte-Cristo, Gankutsuou. Inutile d’insister, c’est clair comme de l’eau de roche, le japonais s’impose. Les voyelles japonaises restent inoffensives en ce temps de pandémie.

En Espagne, où il y a de la jota en l’air à chaque coin de rue, on constate bien les déplorables résultats. Et d’ailleurs, pourquoi ne pas remplacer l’étouffant masque par un éventail ? En paille ou en chanvre, faute de bambou en quantité suffisante.

En France, on a du covid, mais plus d’idées ; qu’attend donc Bayrou pour développer la filière du rhapidophyllum histrix, lequel, comme son nom l’indique s’adapte fissa à divers sols et convient parfaitement à la production d’éventails.

De l’audace, des actes et moins d’allocutions télévisuelles, que diable, et le covid reculera. 

mercredi 27 janvier 2021

Tristan Corbière, singulier versificateur

Corbière, ou le crapaud grinçant

Quand l’actualité cocasse vous semble étale (un Trump vous manque, tout est dépeuplé), on se retourne vers les valeurs sûres : nostalgie, littérature facétieuse. Alors, pourquoi pas ce jester breton, Tristan Corbière.


En mal de titre ? Antéposez singulier suivi de quasiment n’importe quoi. Quant au sous-titre, il m’est inspiré par Corbière lui-même, pour crapaud, et une anecdote vécue. La Cane, prof de maths ainsi surnommé, entre dans la classe et s’adresse ainsi à Baumier, chargé de consigner les notes des interros orales. « Baumier, levez-vous ! Que signifie PGCD ? Asseyez-vous, Baumier, et mettez-vous un zéro, je vois bien que vous ne savez point. Eh bien non, PGCD, ce n’est pas petite grenouille et crapaud dansant. ». Je vais donc évoquer Corbière et m’attribuer un zéro anticipé. Pourquoi Corbière ? Le vent des occasions, un mien ami prosateur (spécialiste de Gaston Couté, pour ne pas le nommer) est en passe de creuser Corbière pour une revue savante. Il me sollicite parfois en son arrière-garde, et je m’ingénie à lui suggérer de fausses pistes de réflexion menant à des impasses au bout desquelles il déniche des issues imprévues qu’il prolonge. Du fond de mes culs-de-sac, il fait surgir hirondelles et lapins.

Corbière donc. Versificateur breton déconcertant. Ce qui lui vaut une certaine distance des prosateurs magnifiant la Bretagne. Non point que, tel Mirbeau, il se soit montré dédaigneux des Bretons. Au contraire, il est toute compassion pour les gueux des pardons, pour les péris en mer. Mais fort peu lyrique ou folklorique. Et puis, ce n’est guère un monomaniaque de la Bretagne. Tristan, localement, ne visite plus que Jacques Josse, du côté de Liscorno (Lannebert ou Surzur, je m’égare, plutôt Lannebert). Kerguiduff le chante encore, peut-être en raison de La Pastorale de Conlie, mais il est bien le seul. Souffreteux, réformé, Tristan dénonce la concentration de Conlie où les pieds verdis des soldats bretons sortent à fleur de terre, et dont les hâves survivants sont livrés, chairs à canon, aux Prussiens et « des Français aboyaient — Bons chiens ! ».

Conlie, proche du Mans, ex-marche de Bretagne, reste davantage dans les mémoires bretonnes du fait du Mercier d’Erm, un nationaliste breton, que de Corbière.

Il faut dire qu’à Roscoff, le Tristan a laissé le souvenir d’un hurluberlu. Il casse des verres en série chez son logeur, précipite son canot sur des récifs par bravade et défi lancé à son passager, et multiplie les facéties douteuses. Ce canot, il le remise dans la demeure familiale estivale pour y dormir en compagnie de son chien homonyme. Autre fait d’armes, faire ingérer à son chien des monnaies enduites d’une pâte laxative, histoire de voir des gamins courir derrière ses brisées.

De son vivant et même à titre posthume, le grand auteur de Morlaix, c’est Édouard, le père de Tristan. Ce notable fut un romancier coté, connu nationalement. Lorsque la stèle de Bourdelle réunissant père et fils est dévoilée, la foule se presse. L'Ouest-Éclair du 2 oct. 1913 relate l’inauguration. Avec en première page un texte de Théodore Botrel ne glorifiant que le père. Le beau linge se succède à la tribune, enchaînant les éloges du père. Il n’est guère que le ministre de l’Agriculture, Étienne Clémentel, à s’attarder un peu sur Tristan, casant peut-être la prose d’un sous-préfet au champ lui ayant servi de prête-plume. Revint quand même à un causeur local de déclamer des vers de Tristan et à François-Henri Villain, pensionnaire de la Comédie française, de faire de même avant de lui dédier une ôde, élégie assez flonflonneuse pompière de son cru. Je l’ai retrouvée dans L’Éclaireur du Finistère du 4 octobre 1913. Passez muscade, Tristan peut retourner dans l’oubli breton.

Par la suite, la famille éloignée de Tristan le campe en bon chrétien. C’est là sans doute pieux mensonge. Tristan, s’il ne fut pas athée déclaré et militant, mourut sans doute agnostique indifférent. Mais, contrairement à Mirbeau, il ne ridiculise pas la bondieuserie bretonne. Il ironise sans âpreté. Ainsi dans son éloge de saint Tupetu, bienheureux pourrais-tu ?, qui réunit aussi en sa personne diverses madones.

Quitte à passer pour un béotien aux prétentions asinines, je mets en doute les doctes sachants de France et d’ailleurs qui font de Tristan, à la suite de Verlaine « prince des poètes », ou plutôt curiosité pittoresque lui-même, comme Tristan, un immense trouvère injustement méconnu.

De son court vivant (il décède à moins de 30 ans), il plaça quand même trois textes dans La Vie parisienne. Titre lu par des gens bien, voire de biens. En fait, je me demande si ce n’est pas son père qui obtint ces publications.

Tristan fut surtout un peu retors ou insistant écornifleur, vivant aux crochets de sa famille, sans chercher à en abuser. Il se complaît en solitude et modestie. En Italie, à Naples, il s’essaie à mendier en jouant de sa vielle et se fait rosser par la concurrence mendigote locale. Il retournera en Italie aux basques de sa muse et du souteneur d’icelle, un comte manceau. Cette lorette italienne est la Marcelle de son unique recueil publié, Les Amours jaunes.

Toutes et tous les doctes (thésardes et thésards) ont disserté sur cette couleur, peu (ou alors j’ai mal cherché), sur cet énigmatique pluriel. Comme Joséphine Baker, avait-il, en sus de Marcelle, des affections contrariées pour diverses contrées de Bretagne et d’imaginaires ailleurs ?

Sa bohème miteuse dut complaire à Verlaine, puis tout se serait enchaîné. En réalité, cela démarre timidement. Il semble que le supplément du Figaro du 28 mai 1890 ait publié un Paris nocturne et un Paris diurne de Tristan (Je le vois dans Le Mercure de France du premier oct. 1891 ; Claude Lanzmann et Jacques Dutronc s’en inspirairent-ils lors d’une aube blafarde et alcoolisée ? .

C’est en fait surtout Le Mercure de France qui entretiendra la flamme, surtout à partir de 1912-1913.

Il y eut de rares précédents. Sutter Laummann adresse dans La Justice du 22 fév. 1887, une lettre ouverte à Alphonse Lemerre, pour faire rééditer Tristan. Dans cet appel, il estime cependant que la tentative de Verlaine échoua. Laummann veut ajouter Steamboat et À une camarade à cette réédition. Adolphe Sutter, auteur des Meurt-de-faim, de Par les routes et de L’Ironie du sort vit en doute en Tristan un compère ribleur de guigne.

Le recueil parut, financé par le père sentant peut-être la fin du fils prochaine, dans une édition assez luxueuse mais tirée à faibles exemplaires. Il attire l’attention distraite de Raoul Ponchon, Jean Richepin et Maurice Bouchor avant que Verlaine, par un hasard de circonstances, et l’entremise Charles Morice (dit Karl Mohr), fasse grand cas de Corbière et Rimbaud. Tentez, en titre : Kérouac, singulier ribleur. Du temps du CFPJ, nous avions des séminaires « Écrire pour être lu ». Je pourrais animer un stage : écrire sur ce qu’on a pas lu (en n’évitant pas les incongruités vénielles, mais sans sombrer dans le total ridicule). Singulier ribleur vous vaudrait sans doute d’être lu jusqu’à la moitié du second paragraphe. Si une sèche de rédac’ ne vous poubellisait pas ce vocable de ribleur.

Le Tristan avait deux casquettes, écrivain et dessinateur-illustrateur. À Roscoff, il fréquente des peintres en villégiature, son père était à même de faire placer ses dessins. Or Tristan ne tente rien.

J’émets aussi d’ailleurs le présomptueux doute que ses Amours soient ses œuvres complètes. Se sentant proche de la fin, a-t-il aussi adressé un dernier pied de nez à son père, proclamant « tu vois, je suis bien un raté » (côté maso aussi, peut-être, voire sado-maso). En dilettante assumé, adepte d'une sorte dandysme pouilleux, paradoxal, n’aurait-il point voulu ne laisser subsister que la trace de son étrangeté, de sa singularité dérangeante ? Un docte parmi les doctes soutient qu’il fut en mal de notoriété, soucieux d’épater son père, voire son jeune cousin (qu’il rejoignit à Paris), lequel connut peut-être d’éphémères succès littéraires restés marginaux.

Sa postérité se prolonge par à-coups et éclipses. Jules Laforgue eut la dent dure contre Corbières et son « éternel crincrin », mais, comme l’énonçait Barnum, ce ne fut pas une mauvaise publicité car il fut soutenu que Laforgue pompa à Tristan diviers procédés.

Le soufflé Corbière-Verlaine retomba, s’affaissa. Alexandre Arnoux vers 1930, écrit un Une Âme et pas de violon : Tristan Corbière. Allusion peut-être à la vielle de Tristan et au crincrin de Laforgue.

En 1941, on réédite TC à Alger. aux éds Charlot. Camille Bryen, dans L'Effort de Clermont-Ferrand dont les rubriques paraissent sans doute en divers autres titres, salue la réédition mais évoque quelques poèmes « effroyablement ratés ».

Je ne soutiens pas que le personnage de Tristan attire encore davantage que sa production (j'ai eu le temps de survoler pas mal de belles choses de lui), mais je crois aussi que cela influa sur la perception de ses Amours.

Il doit surtout à présent à des auteurs étrangers, irlandais, et à la Beat Generation, dont surtout Allen Ginsberg, de retenir l’attention.

L’ami Éric Poindron lui fera peut-être une place dans son Cabinet de curiosités, pr le même covidien désœuvrement qui me fait, en parfait cuistre incongru, divaguer sur ce Tristan dont Bernard Meulien, l’autre féru de Couté, nous remet encore quelques tournées et fournées.