Pub exécrable pour faire des sous…
Donc, le mémorial
d’Oradout-sur-Glane a été vandalisé afin de faire de la publicité à un certain
Vincent Reynouard. Que l’acte soit le fait d’illuminés ou de gogos (l’un va
souvent bien avec l’autre), c’est bien à ces Reynouard et consorts qu’il
profite.
Autant demander de suite une possible indulgence pour ce qui pourrait passer pour de l’humour exécrable. Mais on a bien fini par comprendre qu’un Steve Bannon n’était pas qu’un escroc intellectuel mais un aigrefin tout court. Lequel, après sa condamnation, n’a pas manqué de dénoncer « un complot politique » contre lui-même et ses associés, dès sa sortie du tribunal. Il a développé ensuite cette thèse, relayée par des médias divers : il s’agirait de discréditer ceux qui veulent limiter l’immigration mexicaine et faire cesser la construction du mur frontalier. Et bien sûr, l’avenir lui donnera raison.
Dans cette
affaire d’association caritative « bien ordonnée », il n’y avait pas
que Bannon et ses deux co-inculpés mais aussi du beau linge : Kris Kobach,
Erik Prince, David A. Clarke, et diverses personnalités pro-Trump, souligne The
New Yorker. Ce qui fera qu’aux yeux de la Trumpland, Bannon et consorts
passeront pour des symboles d’idéalistes injustement calomniés, par l’État
profond, évidemment.
Je ne vais
pas présumer de l’identité des vandales d’Oradour, ni de leur proximité avec
Vincent Reynouard. Lequel a tenté de faire son beurre avec un livre laissant
entendre que la responsabilité du massacre incombe davantage à la Résistance qu’aux
troupe d’un détachement de la division Das Reich incluant 14 Malgré-nous
alsaciens. Cette présentation des faits est assez bien résumée par
le site Paris Dépêches (même si la conclusion est discutable).
Comme sur
les sites du Monde et du Figaro l’inscription « Reynouard a
raison » n’était pas mentionnée (sans doute pour ne pas contribuer à
sa renommée), j’ai tenté d’en savoir un peu davantage. Et puisque, en janver
2014, la justice italienne avait ouvert une enquête sur le massacre d’Oradour (parmi
les victimes, sept enfants italiens de
Lucia Zocvcarato et Giuseppe Miozzo), j’ai tenté de me tourner, en vain, vers
la presse italienne de ce jour.
En
revanche le Corriere della sera fait grand cas de Juan Romero Romero,
dit El Codobes car natif de Courdoue, né en 1919, vivant à Aÿ (Marne), qui
semble être l’un des tout derniers survivants du camp de Mauthausen. La ministre
Carmen Calvo est venue à Aÿ lui rendre hommage.
Au
passage, au lieu de faire des effets de manche sur l’infamie des dégradations,
Castex et Darmanin auraient gagnés à s’associer à cet hommage, mais il n’y a
pas de quoi leur en intenter un fort mauvais procès.
J’estime
que s’il n’est pas superflu de retrouver et condamner le, la ou les individus
ayant fourni à Reynouard une publicité gratuite (pour lui, non pour le
contribuable qui restaurera la façade en son état initial), il serait tout
aussi indiqué de mettre tout en œuvre, formule d’usage, pour tarir les soutiens
des Vincent Reynouard et émules. Lesquels alimentent les imaginations de
crédules qui les font plus ou moins prospérer. Dont, par exemple, la Fraternité
sacerdotale Saint-Pie X qui employa Reynouard et d’autres.
Je conçois
que l’historiographie soit mouvante. Parmi les derniers exemples, récemment, on
semble mieux se souvenir des faits d’armes des troupes indigènes et de celles des
Républicains espagnols de la DB de Leclerc ayant libéré Paris. La vulgate dominante
reste cependant celle d’une France majoritairement par elle-même libérée. Ce que
des Résistants des premières heures, dont beaucoup ont préféré rester anonymes
et décliner tout honneur ne contrediraient pas non plus, à très juste titre en
ce qui les concerne.
Aucune et
aucun des survivants d’Oradour n’a corroboré l’affabulation de Reynouard, pas d’explosions,
sinon celles de grenades. Mais bien évidemment un affabulateur trouve toujours
une explication, avance un élément de réfutation. Comme Bannon à présent.
La
dernière intervention de Reynouard, sur YouTube ,car l’auditoire favori de ces
escrocs, auditoire qui recommande à son entourage soucieux encore de lire d’acheter
les ouvrages de l’orateur, avait pour slogan « devoir de mémoire égale
embrigadement politique ». Certes Reynouard fut plusieurs fois
condamnés, mais il s’est toujours trouvé des soutiens pour rétribuer ses
avocats ou régler ses amendes.
Tout comme
Hervé Ryssen, Boris Le Lay et d’autres, Reynouard s’appuie sur un réseau et
beaucoup de gogos auxquels ils demandent de les soutenir (en bitcoins pour Bruno
Le Lay).
Tous ces
gens ne sont au service que d’eux-mêmes et de leurs propres intérêts, quelle
que soit la cause qu’ils prétendent défendre ou illustrer. Bons faiseurs et
malfaisants, ayant toujours un ennemi de « nouzôtres » à désigner. Et
toujours la même explication simpliste : « on (les médias) nous
cachent tout, on ne nous dit rien du réel. Moi seul vous révèle le vrai
dessous des choses ».
Cela a
fort bien réussi à Donald Trump qui soutient maintenant que le covid est
propagé par l’État profond pour contrecarrer sa réélection. Et la peste, et la grippe
dite espagnole, et le pleistocène (époque glaciaire), c’était l’État profond de
ces époques ? Cela étant, je soutiendrai que le massacre d’Oradour n’était
pas le fait des SS mais d’extra-terrestres, je suppose avec de fortes probabilités
qu’il se trouverait des gens pour vouloir me croire.