Octave Mirbeau,
précurseur de la décentralisation
théâtrale
Presque
toutes les universitaires et tous les auteurs traitant de la décentralisation
théâtrale, soit l’implantation de troupes et lieux de représentations subventionnés
par l’État hors de Paris, en fixent l’origine à l’action de Jeanne Laurent à la
Libération. Ce n’est pas erroné et surtout commode. Pourtant, sans Octave
Mirbeau, ou Catulle Mendès et tant d’autres, il n’est pas tout à fait sûr que
la décentralisation dramatique française ait pris son essor si « rapidement »
et si amplement…
Peu de
spécialistes s’interrogent sur l’action d’André Malraux, qui lance les Maisons
de la Culture, en liaison avec ce qui les précéda, notamment dans ce qu’on nommait
le « bloc communiste », soit les multiples palais et jardins de la
culture… Mais il est reconnu que la décentralisation théâtrale française fut l’objet
d’une lente maturation. Il est souvent fait état de Firmin Gémier, promoteur du
théâtre populaire et du tout premier TNP à Paris, en 1920. D’autres
prédécesseurs, dont Maurice Pottecher et son Théâtre du Peuple de Bussang. Mais
on minimise souvent que le même Firmin Gémier put lancer un Théâtre national
ambulant en 1911. Cela s’explique : l’aventure ne dura que deux saisons,
et les Tréteaux de France, de Jean Danet, créés en 1959, requièrent davantage l’attention.
Pourtant, ce
Théâtre national ambulant doit sans doute beaucoup à Catulle Mendès qui le
préfigura, dans Je sais tout, dès 1905.
Quant à la locution « décentralisation théâtrale », elle est employée,
dans Le Monde artiste, dès août 1903.
Peut-être sans doute même auparavant, sous le Second Empire (1852-1870), mais
je n’ai pu l’établir (faute sans doute d’avoir lu soigneusement Denis Gontard,
auteur de La Décentralisation théâtrale
en France, 1895-1952). M’intéressant incidemment au sujet, à la faveur de
la parution du livre d’Alain (Georges) Leduc, Octave Mirbeau, gentleman-vitrioleur (voir contribution
précédente), et de son nécessaire rappel de l’œuvre de Mirbeau dramaturge, je
me suis adressé à Pierre Michel, fondateur de la Société Octave Mirbeau. Lequel
m’assura que la décentralisation dramatique était au nombre des préoccupations
de l’auteur de Les affaires sont les
affaires, et de nombreuses autres pièces. La suite de mes investigations
(sur le site de la Société, d’autres…) allait amplement le vérifier.
C’est
pourquoi il ne m’a pas semblé superflu, après tant d’autres (et sans doute
avant maints continuateurs), dont Nathalie Coutelet, de m’intéresser aux
contributions d’Octave Mirbeau, et du comité de La Revue d’art dramatique, à la revendication de faire essaimer un
théâtre populaire en province. Cette modeste contribution à l’histoire de la « DT »
(et à l’évolution de son historiographie) a été gracieusement localisée sur l’un
des sites de la Société Octave Mirbeau. Intitulé, faute de mieux, « Décentralisation
théâtrale : une notion restant à préciser… avec Mirbeau », ce
texte n’a d’autre ambition que d’ouvrir (ou plutôt remémorer) quelques pistes
pour traiter de la décentralisation dramatique. Soit de la concevoir un tant
soit peu différemment, de contextualiser sa « légende dorée ». Aussi
que, lorsqu’en 2027, il sera de nouveau question de cette « octogénaire »,
sa généalogie sera au moins esquissée, que ses pionnières et pionniers,
injustement oubliés, auront à minima droit à mention, tout comme sa
descendance, incarnée à présent tout autant par les Scènes nationales que par
les Centres dramatiques nationaux.
Il conviendra
sans doute aussi, avant 2027 puis-je espérer, de s’intéresser plus précisément
aux théâtres confessionnels et aux « scènes » anarchistes, à l’apport
des courants de l’éducation populaire, à l’action de Jack Ralite… L’historiographie
est toujours (trop) sélective.
Quelques
sites de la Société Octave Mirbeau :
et le fonds
Octave Mirbeau qui doit énormément à la Société…
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